La Presse Bisontine 58 - Septembre 2005

par J.-F.H.

UN VI LLAGE À L’HONNEUR

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Un village en expansion Plusieurs lotissements sont en cours sur la commune. L’objectif de la mairie est clair : maintenir la population au-delà du seuil des 500 habitants. H ABITANT 540 habitants En passant par… Busy

L’école se fera finalement à Vorges E NSEIGNEMENT 1,1 million d’euros Après plusieurs mois de discussions et de rebon- dissements, les élus des deux communes voisines ont finalement tranché : le futur groupe scolaire sera construit à Vorges-les-Pins.

V ieilles réminiscences d’un passé conflictuel ou tractations inévi- tables dans ce genre de projet, il n’en demeure pas moins que le dossier “école” a

ce. Actuellement, 2 primaires fonc- tionnent à Busy. Les mater- nelles et une autre classe de primaire sont installées à Vorges. Au total, 105 élèves sont scolarisées sur les deux communes voisines. À la ren- trée, cet effectif passe à 113. Le coût global de ces travaux d’envergure s’élève à 1,1 mil- lion d’euros (650 000 euros pour la première tranche, 460 000 pour la seconde). À titre de comparaison, c’est l’équivalent du budget annuel de la commune de Busy. “Nous espérons obtenir des subven- tions à hauteur de 35 %” com- mente le maire de Busy. O

munal à vocation scolaire) est intervenu mi-juin. La première tranche du pro- jet comprend 3 classes (2 de maternelle et 1 de primaire), une salle de restauration et

une salle informa- tique. La deuxième, qui selon le projet ini- tial aurait dû se situer à Busy, englobe 2 autres classes plus la bibliothèque. Le res- taurant scolaire qui avait élu domicile à

longtemps fait débat au sein des deux conseils municipaux avant de trouver un terrain d’entente. Busy abandonne son projet initial de construire la future école intercom- munale sur son terri-

“Pour la rentrée scolaire 2006.”

U n premier lotissement, en cours de réalisation, a été lancé à l’initiati- ve d’un promoteur pri- vé, la société Jean-François Immobilier de Besançon. Une dizaine de parcelles ont été via- bilisées au quartier du Mouli- not, elles sont à ce jour “prati- quement toutes vendues.” Un deuxième lotissement est “en

viendront gonfler les effectifs de la commune qui comptait au dernier recensement offi- ciel de 1999, 491 habitants. À ce jour, la population s’élève selon le maire à “environ 540” citoyens. Dans quelques années, grâce à toutes ces constructions nouvelles, la commune devrait donc compter au moins 650 âmes. O

cours de préparation” , au che- min de la Criante, en direction de Vorges-les-Pins. En reve- nant dans la direction du vil- lage cette fois-ci, des “tracta- tions sont en cours pour une vingtaine de nouvelles maisons” selon le maire Alain Félice. Si bien que dans les 5 ou 6 pro- chaines années, une quaran- taine de foyers supplémentaires

Busy sera donc transféré à Vorges. La première tranche de ces travaux devrait être terminée “pour la rentrée sco- laire 2006” espère Alain Féli-

toire. L’accord a finalement été trouvé pour édifier le complexe sur Vorges et ainsi tout regrou- per. Le vote au sein du S.I.V.O.S. (syndicat intercom-

Si le berceau de la Fée verte est sans conteste à Pontarlier ou dans le Val de Travers suisse, la culture de la plante d’absinthe était l’apanage des communes “du bas”. Busy a connu la richesse grâce à cette production. Busy, ancienne capitale de l’absinthe H ISTOIRE Au cours du XIX ème siècle

L ucien Javey est né en 1850. Comme la plupart des jeunes villageois de son âge, il se destinait à l’agri- culture. Seulement, Lucien Javey aimait apprendre.Après l’âge de 12 ans - l’école n’était alors pas obligatoire jusqu’à cet âge -, il décide avec une poignée de camarades de suivre un enseignement “supé- rieur” à Quingey, en pension chez des instituteurs. Gabriel Chevanne, le petit- fils de Lucien Javey se remé- more cette période qui paraît si lointaine. Gabriel Chevanne court allégrement vers ses 91 ans. L’alerte nonagénaire est le doyen du village de Busy, c’est aussi sa mémoire. “À Quingey, on a appris à mon grand-père des tas de choses que l’on n’enseignait pas aux enfants : calculer précisément les surfaces d’un champ, cuber le volume des arbres, maîtri- ser la comptabilité, etc. De tel- le sorte qu’il a été curieux de connaître d’autres méthodes de culture, d’autres produc- tions. Il s’est alors mis à cul- tiver l’absinthe, une plante qui rapportait gros” raconte son petit-fils enmontrant dans sa grange les reliques des outils qui étaient utilisées au XIX ème siècle par sa famille pour hisser puis faire sécher les tonnes de plantes d’ab- sinthe cultivées à Busy.

Lucien Javey fait partie de ces agriculteurs audacieux qui ont su se créer leur chan- ce. Mais ce bel essor lié à l’ab- sinthe a pris brutalement fin en pleine Première guerre mondiale, en 1915, quand la loi française a formellement interdit la production de cet- te boisson réputée rendre fou. Un vrai coup dur pour plu- sieurs familles de Busy qui ont réclamé à l’État des dédommagements pour les énormes pertes qu’ils subis- saient. Des réclamations res- tées lettre morte. O

“L’absinthe était ramassée en juin dans les champs, par les femmes. Elle était ensuite entassée dans des grands sacs de cordes que l’on hissait au grenier pour le séchage. Puis ils amenaient tout cela en gare de Torpes et l’absinthe était vendue dans les distilleries de Pontarlier et de Suisse. Grâce à l’absinthe, il a pu se constituer une petite fortune de 50 000 francs-or de l’époque. Hélas, ils les ont placés dans les emprunts russes” évoque avec un petit sourire Gabriel Chevanne.

Alain Félice est maire de Busy depuis 1995.

A MBIANCE

Busy et Vorges : “Je t’aime, moi non plus” “O n se détestait les uns les autres” n’hésite pas à

vieilles rancœurs sont presque oubliées. La population de Vorges a dépassé en nombre celle de Busy, l’école inter- communale sera construite à Vorges et les élus, de part et d’autre, ont tout fait pour que ces querelles de clocher soient définitivement enterrées. Aux dires de plusieurs habitants, c’est désormais le cas. O

paysans ont été contraints d’aller travailler à l’usine. La jalousie des Vorgiens n’a fait que gonfler. “Et Vorges s’est enfoncé dans la déprime.” Dans les années plus récentes, les gens de Vorges repro- chaient à ceux de Busy d’avoir tous les équipements publics sur leur commune (salle des fêtes…). Aujourd’hui, ces

dire un vieil habitant de Busy. “Mais ces vieilles rivalités ont disparu” ajoute-t-il. Il faut dire que le complexe d’infé- riorité de Vorges vis-à-vis de Busy était justifié. “Les ter- rains y étaient peu cultivables, les maisons délabrées, le sous- sol marneux.” Résultat : les

Le grand-père de Gabriel Chevanne, l’actuel doyen du village, récoltait et vendait la plante d’absinthe.

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