La Presse Bisontine 58 - Septembre 2005

20 REPORTAGE

Récit Solène Davesne

24 heures avec… Christophe Faudot, le directeur sportif de l’équipe Bouygues Télécom

Le Tour de France, vu de l’intérieur. Pendant une étape, de Pforzheim à Gérardmer, on a choisi de suivre le quotidien d’un directeur sportif. En l’oc- currence Christophe Fau- dot, de l’équipe Bouygues Télécom, l’une des cinq équipes françaises enga- gées, et originaire de Byans- sur-Doubs. Et même si lui suit en voiture, une jour- née de directeur sportif est loin d’être de tout repos.

Départ de la 8 ème étape du Tour de France , Pforzheim, en pleine Forêt Noire allemande. La carava- ne publicitaire commence douce- ment à se mettre en marche. Il est 11 heures. À 30 minutes du départ fictif de la course, le bus turquoise, de la couleur de l’équipe Bouygues Télécom, vient juste de se garer sur un parking aménagé, à une centai- ne de mètres de la ligne et de son podium. Aussitôt, les mécaniciens sortent des soutes les vélos et les alignent sagement le long de la car- rosserie. Les coureurs, eux, sont encore à l’intérieur du car. Un car

aménagé : derrière les sièges de cuir, un long vestiaire occupe les deux côtés de l’allée. Au fond, des douches ont été installées. Plus qu’un moyen de transport pour rejoindre les hôtels matin et soir, le car est un lieu central, stratégique. C’est là que tous les matins se tien- nent les conseils de guerre avant l’étape à venir, que se règle à l’abri des regards la tactique du jour. “On part ensemble, on fait le briefing en route. C’est le moment où on repar- le un peu de l’étape de la veille, de celle du jour. Mais on évite de trop les massacrer avec cela, car il y a

déjà la fatigue, l’énervement de la course” , explique Christophe Fau- dot. Ancien coureur professionnel, l’hom- me est l’un des deux directeurs spor- tifs de l’équipe. Affable, il a les traits tirés de celui qui est déjà concentré sur la journée à venir. L’étape, pro- nostique-t-il, pourrait être celle de ses coureurs. “Ça va certainement partir très vite et l’étape est longue. L’idée, pour nous c’est d’avoir quel- qu’un dans une échappée. Dans les derniers cols, Laurent Brochard ou Jérôme Pineau, qui sont solides, peu- vent tirer leur épingle du jeu.”

À l’intérieur du bus Bouygues Télécom,

Avant le grand départ, Christophe Faudot révise les difficultés du parcours.

les derniers préparatifs des coureurs avant le départ de l’étape.

ver, d’imprimer le rythme à l’avant du peloton ou de lais- ser les autres faire. Car même si le cyclisme est un sport indi- viduel, tout est affaire d’al- liances de circonstances et de stratégie. “Hier, Jérôme (Pineau) n’était pas au mieux de sa forme dans une échap- pée. Je lui ai dit de rouler quand même. Parce qu’en donnant un coup demain à d’autres équipes, peut-être plus tard, nous aide- ront-ils aussi ailleurs” , note Christophe Faudot. Une fois sa décision prise, il l’impose ensuite à ses cou- reurs, via l’oreillette. Un ins- trument qui équipe mainte- nant tout le peloton et a complètement “changé les conditions de course. La capa- cité de réaction est beaucoup plus grande. On sait à tout moment comment se sentent les coureurs, si ça ne va pas. Avant, la seule solution pour le directeur sportif, c’était de se faufiler dans le peloton jus- qu’à la hauteur de son cou- reur, c’était beaucoup trop dangereux.”

“Oh, y a Thomas. J’arrive pas à y croire” , hurle une adoles- cente, visiblement fan de Tho- mas Voeckler, en lui tendant son calepin pour un auto- graphe. Autour du bus, un petit attroupement de jour- nalistes et de badauds s’est formé. Un par un, les coureurs descendent de leur bus-ves- tiaire, signent les autographes qu’on leur tend, avant de rejoindre la ligne pour signer la feuille de départ. Christophe Faudot, lui, a rejoint sa voiture. Il s’échine à plier correctement sa carte routière, sur laquelle il a sur- ligné en rouge l’itinéraire et signalé dans une autre cou- leur les cols et principales dif- ficultés. Pour encore mieux conseiller leurs coureurs, d’autres directeurs sportifs ont installé dans leur voiture une petite télévision, avec retransmission en direct de l’étape. Le domaine réservé des directeurs sportifs, c’est la tactique. C’est eux qui don- nent la consigne de rouler dans une échappée ou de se rele-

C’est Christophe Faudot lui-même qui est aux commandes de la voiture en course.

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