La Presse Bisontine 58 - Septembre 2005

LE GRAND BESANÇON

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H ISTOIRE Ligne Devecey-Besançon Le nouveau printemps du petit chemin de fer

Construite en 1872, la ligne de chemin de fer qui reliait Vesoul à Besançon a transporté pendant des années des milliers d’ouvriers. Avant de lente- ment décliner et d’être arrêtée pour le trafic voyageur en 1959. Avec la construction de la ligne T.G.V., la ligne va connaître sa seconde jeunesse.

“L es wagons en bois couinaient, ça fai- sait du bruit à chaque aiguilla- ge. Et dans les tunnels, il fal- lait souvent attendre, sans lumière. Quand j’étais enfant, c’était impressionnant.” Jean Sirugue et son épouse, de Devecey, s’en souviennent com- me si c’était hier. Dans les années quarante et cinquante, le petit train de la ligne Vesoul-Besançon musar- de au rythme lent de 64 kilo- mètres parcourus en deux heures, transporte chaque jour, matin et soir, les ouvriers de Devecey et des environs vers la ville. “L’été surtout, on voyait les gens s’éparpiller à partir de la gare, repartir en vélo, souvent à travers champs aus- si. Il y avait une vraie ambian- ce avec ce train. Après le cer- tificat d’études, les jeunes qui allaient travailler le prenaient pour aller à l’usine à Besan- çon. Ils aimaient s’y retrou- ver” , se souvient encore Jean

remplace le train. “C’était une catastrophe de voir le train s’arrêter pour certains. Mais le car, c’était quand même plus pratique” , reprend M me Sirugue. Jusqu’à la fin des années 80, la ligne a continué à servir pour le fret et le transport des chars d’assaut, trop larges pour les routes. Puis la ligne s’est totalement arrêtée. Elle a même été démontée sur une grande partie de son tracé, au Nord de Devecey. Mais près de vingt ans après sa ferme- ture, la ligne va bientôt vivre une seconde jeunesse, entre Besançon et Devecey. Et ce, grâce au T.G.V. Car entre la future gare d’Auxon et la gare bisontine de la Viotte, T.G.V. et navettes devront emprun- ter une grande portion de l’an- cienne petite ligne. “Pour que le débit soit suffisant, il fau- dra au moins la remettre à double voie sur certaines par- ties du parcours” , précise Fran- çois Jannin, de la fédération

Allemands démontent la deuxième voie. Vers la fin de la guerre, la petite ligne uti- lisée par l’occupant pour son ravitaillement est prise pour cible par les résistants. Pour la seule année 1944, le maquis mène plus d’une soixantaine d’actions contre la voie, trois par jour parfois en juillet et août 1944. C’est la grande heu-

Sirugue. L’histoire de la ligne de Vesoul- Besançon est celle de beau- coup de petites lignes. Construite en 1872, mise en double voie neuf ans plus tard, elle a suivi “son petit bon- homme de chemin de ligne rurale qui décline doucement après la première guerre mon- diale” , selon Jean Cuynet, pro-

re historique de la ligne, mais aussi le début de son déclin. Car les rails sont abî- més, la voie unique la rend moins rentable. La ligne connaît

fesseur à la retrai- te et passionné d’histoire du rail. À la Belle époque, qui est aussi celle de la ligne, cinq trains relient quo- tidiennement les deux chefs-lieux de

Une pré-étude à été financée par la communauté d’agglomération.

Le train de la ligne entre Vesoul et Besançon. Fermée en 1959 au trafic voyageur, la ligne devrait bientôt servir au passage des T.G.V. et des navettes entre la future gare d’Auxon et la gare bisontine de la Viotte.

lui, se prend à rêver à une réouverture complète de la ligne Vesoul-Besançon, “selon un tracé moderne et perfor- mant. La ligne de bus entre les deux villes est un succès. Remettre cette voie en marche, c’est très facile et très possible. En tout cas à la dimension de la région, pour peu qu’on en ait la volonté .” O S.D.

nationale des associations d’usagers du train. Et d’autres projets attendent aussi la petite voie. Une pré- étude à été financée par la communauté d’agglomération pour envisager la mise en cir- culation d’une navette en site propre, sur la ligne, qui des- servirait le Nord de l’agglo- mération. François Jannin,

aussi ses drames. À la fin des années quarante, un accident dû à une erreur d’aiguillage tue quatre personnes près de Rigney. Quatre jeunes filles du village, qui revenaient de l’usine. Puis le déclin s’ac- centue. Il ne passe plus qu’un train par jour, pour un par semaine. En 1959, l’autocar

département. Elle connaît ses heures de gloire et d’impor- tance stratégique pourtant, pendant les guerres. Le petit train devient voie d’achemi- nement du matériel vers les fronts du Nord, en 1914. La seconde guerre mondiale est plus sombre. Pour répondre à leurs besoins en acier, les

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