La Presse Bisontine 56 - Juin 2005

LE PORTRAIT

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P ORTRAIT

Espoir de l’athlétisme français

Demi-finaliste à Athènes, championne de France du 100 m haies en 2004, la Bisontine Reina Flor Okori fait figure, à 25 ans, de grand espoir de l’athlétisme français. Reina Flor, la reine du stade

A ujourd’hui, Reina Flor a mal au dos. D’une main, elle se tient la zone endo- lorie, la démarche est un peu chaloupée. “Parce que j’ai passé un cap, menta- lement. J’ai gagné en vitesse, il faut maintenant que je me renforce physiquement, que je travaille pour renforcer mes faiblesses, au niveau des ischio- jambiers notamment. C’est comme si vous passiez du die- sel à la formule 1. Il faut tout changer dans le moteur, sinon ça ne fonctionne pas. Et il y a des blessures” , explique-t-elle.

fesseur de sport et entraîneur d’athlétisme du club de Besan- çon -, la gamine longiligne remporte course sur course, devient championne de Fran-

Car la petite Guinéenne, arri- vée à Besançon à l’âge de 6 ans, a bien passé un cap. Et 2004 aura été son année. Demi-finaliste aux Jeux Olym- piques d’Athènes, championne de

ce cadette à 16 ans, championne d’Eu- rope à 19. “C’était facile pour moi, presque trop. En tout cas, plus facile que

Championne d’Europe à 19 ans.

France au 100 m haies et un chrono de 12’71’’ - non homo- logué - qui la cata-

d’aller faire mes devoirs, avoue Reina Flor Okori. Je pensais à tout sauf à gagner. Pour moi, faire du sport, c’était surtout la possibilité de voyager. À la maison, la situation était assez précaire. Ma mère était étu- diante, on n’avait pas les moyens de partir en vacances. Avec l’athlé, j’ai fait le tour du monde.” Et puis à 20 ans, le beau rêve a failli virer court. Le bac en poche, Reina Flor est partie à Paris rejoindre le prestigieux centre de formation de l’I.N.S.E.P. L’expérience n’est pas concluante. “Pour un ath- lète de haut niveau, c’est un moment assez critique, sur- tout si vous n’êtes pas pris en charge par une structure, lais- sée à vous-même” , explique-t- elle. Un an plus tard, elle revient, blessée, à Besançon. Et retrouve son entraîneur de toujours, Gérard Louis. “Entre nous, c’est une relation spé- ciale, très affective. Il s’est un peu substitué à un père. Plus que de chercher à faire de moi un champion, il m’a éduquée” , explique-t-elle d’une voix dou- ce. Suivent trois ans de galères, pour revenir au plus haut niveau. “Il fallait me dire que j’étais capable de le faire, assu- mer enfin d’avoir du talent” , avoue-t-elle. Puis vient la saison 2004 donc. Aux Jeux d’Athènes, personne ne s’attendait, même pas elle, à la retrouver en demi-finale du 100 mètres haies. “Quand on se trouve au milieu du sta- de, on ne se rend pas compte de

pulte parmi les 20 meilleures mondiales. “Pendant long- temps, j’ai été une promesse, je viens d’ouvrir une grande porte” , résume-t-elle. Repérée au collège à 12 ans par Gérard Louis - son pro-

Reina Flor a commencé l’athlétisme dès 12 ans. “C’était facile pour moi, presque trop. Je pensais à tout sauf à gagner. Pour moi, faire du sport, c’était surtout la possibilité de voyager.” (photos Yves-Marie Quemener).

cet été pour la première fois depuis près de 20 ans. “Cela va être émouvant, j’ai des cou- sins, des oncles qui se sou- viennent de moi toute petite. Je me sens Française et en même temps très attachée à mes racines.” Mais de toute façon, sourit-elle, “tout est lié. Ce n’est que si je suis la meilleu- re dans ma discipline que je pourrais mener à bien tout cela.” Presque au-dessus de sa tête, une médaille d’or pend, négligemment accrochée au mur immaculé. O S.D.

déterminée à mener sa vie comme elle l’entend, de ne pas se laisser enfermer dans son rôle de sportive. Quand elle ne s’entraîne pas, elle pour- suit ses études de communi- cation - elle va bientôt ache- ver son B.T.S. -, aimerait travailler dans le journalis- me ou le marketing sportif, “mais je ne suis pas pressée, c’est pour l’après carrière.” Et elle a d’autres rêves. Comme de mener à bien des projets de développement dans son pays d’origine, la Guinée équa- toriale. Elle doit y retourner

ce qui se passe autour de nous, on est dans notre bulle. Mais on ressent une énergie énorme de la foule. Lors de la demi- finale, c’est là que j’ai pris conscience du monde. Ça m’a déstabilisée, je suis sûr que sinon j’aurais pu faire mieux.” Pour cette saison, elle s’est fixée pour objectif de garder son titre natio- nal, de progresser encore. Et de prouver définitivement qu’el- le appartient aux plus grandes. “Je n’ai pas encore ma carte V.I.P.” , s’amuse-t-elle. Reina Flor a le regard doux mais ferme de celle qui est

La petite fille de Guinée équatoriale doit retourner dans son pays cet été, pour la première fois depuis 20 ans.

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