La Presse Bisontine 56 - Juin 2005

CULTURE

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M USIQUE Inauguration en 2007-2008 Besançon s’offre sa salle de musiques actuelles

La municipalité a entériné le projet de construction d’une salle dédiée aux musiques actuelles et contemporaines (S.M.A.C.). L’architecte doit être désigné avant cet été. Située aux Prés-de- Vaux, la S.M.A.C. devrait être inaugurée en 2007 ou 2008. Coût du projet, 3 millions d’euros.

“C ela fait 30 ans qu’on l’attend et qu’on la récla- me. 30 ans qu’on nous promettait mais que rien ne se faisait. Besançon était la plus grosse ville à ne rien avoir pour les musiques actuelles.” Marie- France Beuret, la directrice de Découvert autorisé, une asso- ciation qui aide et promeut de

tie intégrante de la S.M.A.C. La douzaine de studios d’en- registrement et les salles de répétition qu’il comprend ont été restaurées l’année derniè- re par la municipalité à hau- teur de 350 000 euros, “ce qui en fait un des 10meilleurs équi- pements de cette qualité enFran- ce” , selon Michel Roignot. Coût de la construction de la salle de concert : environ 3 mil- lions d’euros, dont la majeure partie supportée par la ville. Car les musiques actuelles sont devenues un axe important de la politique culturelle de Besan- çon. “Il y a trois ans, presque aucune subvention n’existait dans ce secteur. Tous les moyens ou presque allait à la musique classique. Il s’agissait juste pour nous de rééquilibrer” explique l’adjoint. Pour fonctionner, la S.M.A.C. devrait recevoir 450 à 500 000 euros de subvention annuelle, l’équivalent des 2/3 de ses recettes. Dix fois plus que ce qui est actuellement consacré aux musiques actuelles. “Com- me la scène est subventionnée, on veut qu’elle soit accessible au public, plaide Franck Mon- neur. Ne pas faire commercial. Les places seront à 10, 15 euros, pas plus.” O S.D.

prement dite, qui doit voir le jour aux Prés-de-Vaux, près du pont de Bregille, à deux pas donc de la Boucle. En fait de salle, le projet en prévoit deux, réunies dans un même bâti- ment. Une petite, pouvant accueillir de 300 à 350 specta- teurs, qui sera surtout réser- vée à des groupes régionaux ou

encore peu connus. Et une autre, beaucoup plus grande, qui pourrait contenir jusqu’à 800 per- sonnes debout. Celle-ci pourra servir à l’organi- sation de concerts de per- sonnalités beaucoup plus

jeunes groupes de musique a tout lieu d’être satisfaite. La créa- tion d’une salle des musiques actuelles et contemporaines - tout ce qui n’est pas musique classique, du jazz à

50 à 60 concerts par an.

confirmées de lamusique. “Typi- quement, un chanteur comme Aldebert y aurait toute sa pla- ce” , explique FranckMonneur. Mais le nouveau bâtiment devrait également contenir des résidences d’artistes et des lieux d’informations et de formations de musiciens. Chaque année, 50 à 60 concerts devraient être organisés, pour tous les goûts. “Ce ne sera pas élitiste, même s’il y en aura de temps en temps. Il faut pouvoir offrir des concerts à la fois pour les jeunes et les moins jeunes” ,explique l’adjoint à la culture, Michel Roignot. Deuxième volet du projet, le Bastion. Dès 2007, il fera par-

l’électro en passant par la chan- son française ou le rock -, la S.M.A.C. est en bonne voie, après être longtemps restée dans les tiroirs. La ville de Besançon a entéri- né le projet et l’architecte devrait être désigné avant le 14 juillet. L’ouverture au public, elle, est prévue à la rentrée 2007 ou 2008. “Le projet de la S.M.A.C. va bien au-delà de la simple diffusion. Autour, on veut éga- lement mettre en place tout un accompagnement de la création musicale” , explique Franck Monneur, le conseiller muni- cipal délégué à la culture. Le projet s’articule en deux volets. D’un côté la salle pro-

C’est à cet endroit précis que sera construite la S.M.A.C., aux Prés-de-Vaux.

R ÉACTIONS Acteurs de la scène musicale Associations et musiciens vigilants sur la place

réservée à la jeune création Les acteurs du milieu des musiques actuelles se montrent plutôt satis- faits du projet. Mais ils restent vigilants sur la place qui sera laissée à la création locale. Et militent pour que la salle soit accessible à tous.

“P our l’instant, on a vraiment le sentiment que la munici- palité est sur la même lon- gueur d’onde que nous. C’est plutôt rassurant” , affirmeMarie-France Beu- ret, la directrice de Découvert auto- risé. Satisfaites, mais vigilantes. C’est un peu l’état d’esprit de toutes les associations qui œuvrent dans le domaine des musiques actuelles. Les trois grandes, Découvert Autorisé, le Bastion - qui gère des salles de répé- tition - et le Cylindre (la salle de concert de Larnod) se sont d’ailleurs réunies en collectif, pour travailler en colla- boration avec la ville. Car si une nou- velle salle dédiée aux musiques actuelles était pour elles “une néces- sité” , pas question pour autant d’ac- cepter n’importe quoi. Et pour elles, la S.M.A.C. doit aussi permettre à la création musicale locale de se déve- lopper. “Quand on regarde ce qui se

groupe Tennisoap, qui fait dans le “pop énervé”. Anne, Pierre-Marie et Simon tournent dans les bars depuis plusieurs mois et essayent de vivre de leur musique, “avec des petits bou- lots à côté pour compléter.” “La S.M.A.C., on y croira que quand on la verra. Tous les 5 ans, on l’annonce et ça finit toujours par tomber à l’eau” ,

fait ailleurs, dans des S.M.A.C., on s’aperçoit que les groupes locaux en bénéficient rarement. À Angers par exemple, il n’y en a que deux qui tour- nent. Nous, on veut que la scène loca- le soit représentée, que toutes les asso- ciations aient un droit de cité” , affirme-t-on auBastion, où une soixan-

Pour le groupe pop Tennisoap, “la S.M.A.C., ça peut être bien. Mais si en contrepartie on enlève tous les concerts au centre-ville, on n’y aura rien gagné.”

taine de groupes répètent. Dans ces conditions, “la salle peut être un plus pour la création, créée une cer- taine émulation, une effer- vescence” , soutient Marie- France Beuret. Une aubaine donc pour dyna-

s’amusent-ils. Ils vont sor- tir leur premier disque dans deuxmois et doutent que l’arrivée de la S.M.A.C. soit un avantage pour eux. “La S.M.A.C., ça peut être bien. Mais si en contre-

“Il faut que ça aide le plus grand nombre.”

salles. Mais le problème, c’est l’éloi- gnement. Entre aller au concert à pied ou prendre sa voiture, les gens ne vont peut-être pas beaucoup hésiter” , concè- de-t-on au Bastion. Le Cylindre pour- rait-il être amené à disparaître ? “C’est sûr qu’à partir dumoment où une sal- le se crée sur Besançon, on est bien conscient que la situation change pour nous” , explique-t-on au Cylindre. O S.D.

ne s’ouvre pas davantage, là aussi ça ne va pas changer la création. Si la salle est subventionnée, il faut que ça aide le plus grand nombre.” Enfin, une autre incertitude demeu- re. Celle de l’avenir des autres salles de concert directement concurrencées par la future S.M.A.C. bisontine. Le Cylindre, implanté à Larnod, mais aussi le Moulin de Brainans dans le Jura. “Il y aurait de la place pour deux

miser encore plus une scène musica- le bisontine qui l’est déjà. Surtout en ce qui concerne le rock, sous toutes ses formes. Mais certains sont plus réservés sur les retombés de la future S.M.A.C. pour les jeunes musiciens. Comme le

partie on enlève tous les concerts au centre-ville, on n’y aura rien gagné, au contraire. Parce qu’il ne faut pas croire que tu vas faire ton premier concert dans une S.M.A.C.” s’inquiè- te Simon. Et ajoute-t-il, “si cela reste limité à 4 ou 5 groupes, que la scène

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