La Presse Bisontine 55 - Mai 2005

UN VI LLAGE À L’HONNEUR

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F IGURE 100 km tous les trois jours

Robert Charton est un briscard de la route À 82 ans, cet homme au teint hâlé passe une partie de son temps assis sur son vélo. En tenue, casquette vissée sur la tête, il parcourt environ 100 kilomètres deux fois par semaine. Quelle santé !

“M on surnom est Rocky. En 1992, à 67 ans, après 661,438 kmpar- courus en 24 heures, je bas le record du monde de distance sur piste au vélodrome de Besan- çon dans la catégorie vétéran.

l’entretient rigoureusement. Avec le retour du printemps, ce cycliste a des fourmis dans les jambes. Il peut reprendre son entraînement : parcourir une centaine de kilomètres (en 4 heures environ) tous les deux à trois jours en passant par Saint-Vit, la forêt de Chaux et Arc-et-Senans avant de ren- trer au bercail. La distance ne l’impressionne pas. “J’aime ça. Le matin je m’occupe de mes arbres fruitiers et l’après-midi je file” dit-il en souriant. Cet homme est un vieux bris- card de la route. Il a commen- cé le vélo à l’âge de 16 ans. “Je faisais partie de l’union cyclis- te bisontine et je suis toujours membre de l’amicale cycliste bisontine.” Robert Charton a

pris, lui qui n’allume la télévi- sion qu’à de rares occasions, pour suivre notamment cette émission quotidienne. À bientôt 83 ans, ce petit bon- homme est un personnage dans ce village. Il passe le plus clair de son temps à l’extérieur. Son

teint hâlé le trahit. Quand il ne s’affaire pas dans son jardin ou n’accompagne pas maître Renoud-Grap- pin sur les ventes aux enchères, il est sur

Chaque année je participe à la Ron- de de l’espoir dont le but est de collec- ter des dons pour la lutte contre le can- cer… Je suis, je

“L’après-midi, je file sur le vélo.”

Robert Charton respecte une certaine hygiène de vie.

couru aux côtés de JeanDe Gri- baldy. En 1942, il est champion du Doubs, du Jura et de l’Ain. Il était aspirant professionnel quand il lève le pied pour se lancer dans le commerce. Mais l’envie de pédaler n’a jamais quitté ce spécialiste des longues distances. “En 1975, j’ai ter- miné 98 ème (sur 559 concurrents)

bonne hygiène de vie. Robert Charton se pèse tous les matins et veille à ne pas faire trop d’ex- cès à table. Les amateurs de cyclisme diraient “qu’il fait le métier.” Et pour l’instant, il n’y a pas de raison que ça change malgré les recommandations de ses proches qui lui disent “va doucement.” !

de la course Paris-Brest-Paris, après 60 heures passées sur le vélo.” À son palmarès, on pour- rait ajouter qu’il est toujours détenteur du record du monde de distance sur piste en 24 heures. Le sport est la manière que cet homme a trouvé pour s’entre- tenir tout en respectant une

son vélo, un sport qu’il pratique avec passion. Certains disent que malgré son âge, ils ne “s’amuseraient pas à le suivre.” Car Robert Charton a de l’éner- gie à revendre. Sa forme phy- sique est étonnante, mais il

suis ?” Si Julien Lepers, l’ani- mateur de “Questions pour un champion” interrogeait les habi- tants de Byans-sur-Doubs, ils répondraient sans trop d’hési- tation : Robert Charton. L’in- téressé serait le premier sur-

A SSOCIATION Deux films par mois

V IEILLESSE

25 pensionnaires

“L’espérance” fait son cinéma C’est une association qui gère la salle de spectacle de Byans-sur-Doubs. Quand il n’y a pas de film à l’affiche, la scène est occupée par le théâtre.

Un château pour les personnes âgées Depuis 1972, cette imposante bâtisse située à l’entrée du villa- ge abrite une maison de retraite aux contours charmants.

E n entrant à Byans-sur- Doubs par la route d’Os- selle, on ne peut pas man- quer le château aux Combes.

L a prochaine séance est programmée le vendredi 29 avril. À l’affiche, “le promeneur du Champ de Mars”, un film de Robert Gué- diguian. Après cette projec- tion, les amateurs de 7 ème art devront attendre 15 jours avant que “l’écran mobile” ne fasse à nouveau étape à la salle de cinéma de Byans-sur- Doubs. La commune est fière de ses fontaines et de son clocher, mais elle l’est tout autant de cet équipement culturel, exceptionnel pour un village de 660 habitants. La salle fut construite entre 1942 et 1944 à l’initiative de l’abbé Mar- cel Roussel-Galle et “sous la protection du curé d’Ars” peut- on lire sur la plaque commé- morative vissée dans le mur de ce bâtiment en pierre de taille. La gérance est confiée à l’as- sociation “L’espérance.” Ils troupes de théâtre locales dans l’intervalle de deux séances de cinéma. Marie, la petite star de Byans est elle aussi venue chanter sur cet- te scène lors d’une soirée en son honneur proposée par la municipalité. “On continue à s’occuper de cette salle d’une capacité de 210 personnes, surtout pour créer une ani- mation aux alentours” explique Jean Cornu, prési- sont une tren- taine de béné- voles à entrete- nir cet endroit où viennent se produire les

une durée minimum de deux semaines. Il n’y a pas d’obli- gations. Mais on s’accommo- de vite de cet intérieur tran- quille, comme ce résident qui vit là depuis 22 ans mainte- nant. Chacun suit le rythme tranquille du temps qui pas- se à l’abri d’un cèdre du Liban centenaire. En coulisses, le personnel s’affaire pour que les pensionnaires soient aux petits soins. Au total, ils sont 5 salariés et 2 bénévoles pour faire tour- ner l’établissement qui ne peut plus faire face à toutes les demandes. Le manque de pla- ce est le lot de la plupart des maisons de retraite. !

la structure. À l’époque, le défi à relever est de taille. Le châ- teau est dépourvu de toutes les commodités. “Il n’y avait

Ce bâtiment du XIX ème siècle impres- sionne par son architecture et le parc de 4 hectares qui l’entoure. Une certaine sérénité se

ni électricité, ni chauffage. Tous les travaux nécessaires à l’accueil de ce public ont été faits.” Même un ascen- seur a été installé,

“Il n’y avait ni électricité, ni chauffage.”

et récemment ce sont les cui- sines qui ont été entièrement refaites. Le château aux Combes accueille 25 résidents, auto- nomes et semi-autonomes. Il n’est pas adapté aux personnes dépendantes. Les pension- naires peuvent venir ici pour

dégage de cet environnement, propriété de la famille Cretin qui en a fait une maison de retraite. Depuis 1972, ce châ- teau est un établissement qui accueille des personnes âgées. “C’est mon père médecin qui avait eu cette idée” raconte le fils, Henri Cretin, gérant de

Jean Cornu, président de “L’espérance.”

dent de l’association. Les sièges sont un peu vétustes, mais le public s’en accommode.

te. Les recettes nous permet- tent de payer quelques charges comme le chauffage” poursuit Jean Cornu. Une subvention de la municipalité permet de compléter le budget de fonc- tionnement. Mais les principales res- sources de “L’espérance” pro- viennent d’une petite salle annexe, construite dans la continuité du cinéma. Elle est équipée d’une cuisine et sa location est une source de revenus. “Elle a été construi- te il y a une douzaine d’an- nées. Pour la financer, nous avons donné des représenta- tions théâtrales.” C’est à coup de bonne volonté que cette salle peut encore ouvrir ses portes aux publics. !

“Les recettes nous permettent de payer le chauffage.”

Cela fait partie du charme de cet équipement qui traverse le temps. Voir un

film ici, c’est s’imprégner d’une ambiance qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. La séan- ce est encore entrecoupée d’un entracte, le temps pour le chef opérateur de changer de bobi- ne dans la cabine de projec- tion. De leur côté, les spec- tateurs profitent de la pose pour acheter des friandises avant de regagner leur pla- ce. “C’est l’association qui assure la buvette à l’entrac-

Henri Cretin et sa fille Hélène gèrent le château aux Combes.

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