La Presse Bisontine 55 - Mai 2005

par T.C.

UN VI LLAGE À L’HONNEUR En passant par… Byans-sur-Doubs 32 Un second souffle pour l’école d’agriculture P ROJET Mieux accueillir les enfants

C ULTURE Un petit vin fait maison

Ah le petit vin d’Byans ! Il y a près de deux siècles, le village était connu pour son vin. Aujourd’hui, dans cette ancienne cité de Bacchus, ils ne sont plus qu’une poignée à perpétuer la tra- dition vigneronne.

“T aille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars.” Michel Déliot se fie au proverbe. Agri- culteur en retraite, il a res- pecté la consigne. Une fois de plus. Désormais, il n’y a plus qu’à attendre que la nature fasse le reste, jusqu’aux ven- danges de fin septembre. Les vignes qui s’épanouissent sur les hauteurs de Byans-sur- Doubs, au lieu-dit la Pièce du Sentier, occupent une partie du temps de cet amoureux de la terre. L’arpent à entrete- nir n’est pas très grand, 12

avant que ces jeunes plans atteignent une maturité suf- fisante pour en récolter le fruit. En attendant, notre vigneron vendangera le reste de la plan- tation, à moins que les blai- reaux ne se chargent de le fai- re à sa place. En 2003, l’animal gourmand ne s’est pas privé de cette pitance en s’attaquant aux raisins noirs. “Ces bêtes travaillent comme une machi- ne à vendanger. En 2004, nous ne les avons pas vues” souligne l’agriculteur avec une pointe d’humour. Reste à espérer qu’il en soit de même pour 2005.

L’ ancienne école d’agriculture de Byans-sur-Doubs a triste mine. Les bâtiments sont vandalisés. Au rez-de-chaussée, la plupart des carreaux ont été fracassés à coup de pierres. On rentre là-dedans comme dans un moulin ! Quelques rive- rains racontent que “c’est devenu un repai- re pour squatters .” Depuis qu’il a fermé ses portes en 2001, l’établissement scolaire privé est en friche. L’acquéreur des murs mis à la vente après le départ des élèves avait l’intention d’en faire de l’habitat. Mais ce projet a capo- té. Finalement, c’est la commune de Byans-sur-Doubs qui a racheté une par- tie de ce site en août dernier. Elle a acquis les locaux les plus récents construits en 1986 pour la somme de 250 000 euros avec en prime les 10 hectares de terre qui vont avec. “Une affai- re” selon le maire Thier- ry Daigre. “Nous ne vou- lions pas que ça tombe en ruine. Il était impor- tant de saisir cette oppor- tunité. Nous ne pouvions pas laisser pas- ser cela.” L’équipe municipale en place a l’inten- tion de transformer ces locaux en un Les études sont en cours pour transformer l’an- cienne école d’agricultu- re en un groupe scolaire bien équipé.

ares hérités de son père. Mais cela suffit à pérenni- ser la tradition vigneronne dans ce village. “La vigne est devenue une passion plus qu’un travail. Elle

“Finalement, je vais peut-être clô- turer cet espace pour éviter que cela ne se repro- duise” et protéger ce qui peut l’être encore. Car le “p’tit vin de

“Dans le pays, je suis le seul à faire du mousseux.”

Byans” est une denrée rare qui se mérite. Ce que cultive Michel Déliot est destiné à sa cave personnelle. “Je tire envi- ron 200 litres de vin blanc et autant de rouge. Je dois recon- naître que le vin rouge n’est pas exceptionnel. C’est pour cela que j’ai décidé de faire du jus de raisin avec la récolte précédente.” Seul le raisin blanc est valorisé, vinifié et trans- formé en mousseux. La pro- duction est suffisante pour ravir les amis de passage à la maison. “Dans le pays, je suis le seul à faire du mousseux. J’essaie d’innover. Il se trou- ve que là, nous avons réussi à faire un bon vin.” Le vigneron est satisfait. Ce qui le préoccupe aujourd’hui est de savoir qui après lui continuera à entretenir ces vignes. Il y a bien la famille qui vient donner un coup de main durant l’unique journée de vendange. L’occasion pour les Déliot de se retrouver. Certes, la parcelle de vigne n’est pas très grande, mais elle demande une attention régulière, celle d’un amoureux de la terre. !

a une valeur sentimentale” dit- il. Et puis cet homme éprou- ve une fierté compréhensible à tirer le vin de sa récolte. À Byans-sur-Doubs, ils ne sont plus que 5 producteurs à tra- vailler la vigne, derniers témoins d’une agriculture spé- cifique qui fit la renommée de la commune. En 1844, le vil- lage comptait 111 hectares de vignes. Dans la cité de Bac- chus, on commercialisait alors la production. Mais le phyl- loxéra et la concurrence des vins duMidi ont fini par décou- rager les exploitants. En 1909, le vignoble ne s’étendait pas au-delà de 45 hectares pour ne représenter aujourd’hui que quelques ares clairsemés. Les vastes caves des bâtisses cossues au centre du village sont des vestiges de cette époque. C’est grâce à une poignée de passionnés que l’on peut voir encore mûrir le raisin sur les coteaux de Byans-sur-Doubs. “Il y a de bonnes conditions ici” lance Michel Déliot qui vient de planter du cépage de savagnin et de chardonnay. Il faudra attendre près de 3 ans

L’ancienne école d’agriculture est en proie au vandalisme.

groupe scolaire pour les enfants du syn- dicat scolaire de Byans-Les Abbans qui

ticulier dans le cadre du périscolaire” poursuit l’élu. L’évolution positive des effectifs encou- rage la collectivité à avancer son projet. Pour l’instant, le syndicat compte 170 élèves. “Il y en aura plus encore à la ren- trée prochaine, ce qui nous permettra d’ouvrir une nouvelle classe” précise Thier- ry Daigre. En revanche, le groupe scolaire ne sera pas opérationnel en septembre. Actuel- lement, le projet qui sera financé par le syndicat est dans sa phase d’étude. Il faudra attendre au minimum trois ans avant de voir les premiers bambins pas- ser au tableau dans leurs nouvelles salles de classe. L’école d’agriculture va retrouver un souffle de vie alors qu’elle a dû fermer ses portes faute d’effectifs suffisants. “En 2000-2001, 116 élèves étudiaient ici contre 250 en 1990 et 300 six ans plus tôt” men- tionne Bernard Lambert, directeur de l’enseignement agricole privé. La cause externe de l’évolution démographique n’est pas la seule raison à la fermeture de cette structure créée en 1949 et qui fut une référence en matière d’ensei- gnement agricole. “Il y a eu selon moi un mal interne à l’établissement qui ne dis- posait pas d’un projet lisible à long ter- me. Nous nous sommes éloignés de la pro- fession agricole.” L’école s’est inclinée face à la concurrence d’autres lycées. Une page est maintenant tournée sur cette époque. Toutefois, la municipalité n’a pas acquis la totalité des bâtiments. Il en reste un qui a été acheté récemment par un pri- vé. Selon la mairie, il projetterait d’en faire des logements. !

regroupe quatre villages. “Actuellement, chaque commune a une classe de primaire. L’école mater- nelle est déjà à Byans. Le but est de toutes les

“Nous apporterons tous les équipements tels que la cantine.”

rassembler dans ce bâtiment où l’on appor- tera des équipements tels que la cantine. Le but est de favoriser l’accueil de nos enfants et leur suivi pédagogique, en par-

Michel Déliot exploite 12 ares de vigne hérités de son père.

L’établissement d’enseignement a fermé ses portes en 2001.

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