La Presse Bisontine 52 - Février 2005

LE PORTRAIT

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E NGAGEMENT

Du communisme à l’horlogerie Professeur d’économie au lycée Pergaud, cette Bison- tine responsable du groupe communiste local, avoue aussi sa sympathie pour les patrons horlogers. À 54 ans, elle justifie pleinement ses positions. Évelyne Ternant, une militante convaincue

L e paradoxe n’effraie pas Évelyne Ternant. Au contraire, elle défend ses positions face à ceux qui pourraient lui reprocher l’am- biguïté de ses propos. D’un côté communiste convaincue, elle affiche aussi une certaine com- plaisance vis-à-vis d’une caté- gorie de patrons. C’est une ques- tion d’honnêteté que de le reconnaître. À 54 ans, ce professeur d’éco- nomie en classe préparatoire au lycée Pergaud assume ses engagements politiques et pro- fessionnels qui pourtant l’ex- posent à cette contradiction née de ses travaux de recherche sur l’aventure horlogère française. Pendant 10 ans, elle a décorti- qué et décrypté tous les rouages de cette industrie prospère dans les années 70, puis moribonde, à Besançon comme dans le

d’insertion) à l’échelle natio- nale. Évelyne Ternant a gardé de son père “la volonté de changement pour améliorer le sort des plus démunis.” Élève studieuse, diplô- mée de l’école normale supé- rieure de Cachan, elle rejoint le parti communiste comme militante au début des années 70, après avoir suivi d’une façon détachée les événements de 1968. “Une fois les feux de la révolte éteints, je me suis aper- çue qu’il y avait une persévé- rance du côté des communistes qui m’impressionnait. C’est ce qui m’a donné envie d’agir” se souvient-elle. Son engagement au P.C. ne fut pas toujours bien perçu par son entourage. Ça ne correspondait pas avec la tra- dition politique familiale. “Il a fallu surmonter tout cela” pour continuer à militer tout en se passionnant pour l’étude de l’économie qui l’aide finalement à comprendre la société. Petit à petit, Évelyne Ternant s’investit pour la chose publique, jusqu’à figurer sur les listes électorales. En 30 ans de mili- tantisme, elle a multiplié les candidatures aux élections can- tonales, régionales (encore en 2004 comme tête de liste) et législatives. En fait, sur l’en- semble de son parcours poli- tique, elle gagnera un seul man- dat à Besançon : celui de conseillèremunicipale de la vil- le de 1983 à 1989. Aujourd’hui, elle ne cache pas son regret de n’avoir pu accéder à un man- dat régional pour traiter des questions économiques.

montre, elle accorde une recon- naissance à ces patrons horlo- gers qui ont façonné l’image de toute une région à laquelle s’ac- croche encore la ville qui reven- dique le titre de “capitale du temps.” “Il y a eu d’authentiques capitaines d’industrie et des amoureux de la montre. Ces patrons avaient l’amour de leur métier, ce qui n’a rien à voir avec le capitalisme d’aujour- d’hui qui est le capitalisme de la finance. Pendant cette étude, j’ai rencontré des gens atta- chants” admet-elle. Il n’est donc pas question de confondre son analyse objective d’une situa- tion économique donnée avec ses engagements politiques dans le groupe communiste deBesan- çon dont elle assume, d’ailleurs, la responsabilité depuis 2 ans. Au premier abord, cette ambi- valence étonne chez cette fem-

me. Puis on com- prend qu’elle est de celles qui s’in- vestissent sans retenue dans les causes qu’elles jugent impor- tantes. Qu’il s’agis-

Haut-Doubs. Au final, cette ensei- gnante a rédigé une thèse sur le sujet qu’elle a soutenue en février 2004. Son travail universi- taire unique est

“L’économie, le militantisme et le travail.”

Évelyne Ternant : “Je me trouve bien dans l’animation politique de cette ville que j’aime, sans pour autant avoir de mandat.”

tantisme et le travail” au détri- ment parfois de sa famille, va prendre un peu de distance pour se consacrer à d’autres projets. Elle va se lancer dans la rédac- tion d’un livre consacré à l’aven- ture horlogère française et réta- blir ainsi des vérités sur une réalité des faits souvent défor- mée. L’été 2005 de cette Bison- tine s’annonce d’ores et déjà studieux. Mais quand on aime... ! T.C.

Malgré tout, ce professeur est de tous les combats, assumant ses choix, “fidèle jusqu’à ladéchi- rure en dépit des vicissitudes de l’histoire” comme elle l’af- firme en rappelantAragon. Elle est toujours animée par cette volonté inébranlable de faire changer les choses “malgré toutes les déceptions” et les cri- tiques que lui ont values ses convictions. Un idéal. “Mais finalement, je me trouve bien dans l’animation politique de

cette ville que j’aime, sans pour autant avoir de mandat.” Évelyne Ternant reste mobili- sée, faisant aujourd’hui cam- pagne pour le “non” au traité constitutionnel avec le collec- tif du Grand Besançon. Mais pour ce qui est des batailles électorales, elle entend céder sa place à d’autres “camarades” pour les prochaines échéances démocratiques. Et puis celle qui avoue avoir organisé sa vie autour de “l’économie, le mili-

se de son travail aux contours économiques ou de la chose publique qui la passionne. C’est sans doute un héritage de son père, Henri Huot, adjoint aux affaires sociales pendant 25 ans. Un personnage avant-gardiste dans sa manière d’aborder la politique sociale, puisque c’est lui qui, dans les années 60, va mettre en place à Besançon “l’ancêtre” de ce qui sera ensui- te le R.M.I. (revenu minimum

cautionné par la plupart des acteurs de cette industrie qui l’ont encouragée dans sa démarche. Cette étude est donc essentielle pour comprendre tout un pan de l’histoire éco- nomique locale marquée par le traumatisme de la chute de Lip, toujours présent dans une mémoire collective pétrie de tabous. Depuis qu’Évelyne Ternant s’est immergée dans l’univers de la

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