La Presse Bisontine 52 - Février 2005
LE DOSSI ER
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Trois questions à…
D ÉMARCHE Seulement deux mois d’attente Anticiper pour ne pas désespérer Par précaution, la famille d’Anne-Marie Delavennat a déposé un dossier d’inscription il y a…deux ans. La vieille dame vient d’intégrer une structure d’ac- cueil. Pourquoi la famille a-t-elle choisi l’option de la confier à un établissement ? Réponses de sa fille.
Chef du service gérontologie clinique au centre de soins des Tilleroyes à Besançon, Martine Iehl-Robert fait le point sur l’ampleur des besoins en matière d’accueil. Martine Iehl-Robert : “Les moyens ne sont absolument pas suffisants”
L a Presse Bisontine : Vous n’avez pas attendu que la situation de votremèresedégradepourréagir. Comment avez-vous procédé ? Roseline Denarnaud : Mon père est mort il y a deux ans. Ma mère qui a 89 ans, a toujours souhaité rester chez elle. Il y a deux mois, elle sest trouvée très mal à cause dune pneu- mopathie. Nous avons dû la faire hospitaliser le lendemain de sonmalaise. Cest alors quel- le nous dit quelle ne voulait plus rentrer chez elle. Il a donc fallu réagir très vite. L.P.B. : Comment ? R.D. : Quand notremaman sest retrouvée seule il y a deux ans, mon frère aîné a pris la pré- caution de constituer immé- diatement un dossier pour un établissement bisontin. Car nous savions que lattente est tellement longue quil vaut mieux que le dossier soit au- dessus de la pile au bon
L a Presse Bisontine : Peut-on affirmer que le secteur des personnes âgées est en cri- se sur le Grand Besançon ? Martine Iehl-Robert : Même si il y a eu des progrès, les moyens ne sont absolument pas suffisants sur Besançon. Cest en effet un secteur en crise mais je pense que les
moment. Mais nous navons pas lâché prise et avons réac- tivé le dossier après laccident de notre mère. Notre deman- de a été acceptée après deux mois dattente. Beaucoup de gens se retrouvent dans la détresse faute davoir été pré- voyants. L.P.B. : Votre maman n’est pas beau- coup dépendante. Pourquoi avoir choisi l’option d’un centre de long séjour ? R.D. : Elle na pas voulu retour- ner chez elle et je pense que cest aussi par mesure de sécu- rité pour elle et pour nous. Elle a certes toute sa tête mais elle tient tout juste debout. Elle peut tomber à tout moment. Nous pensons que cest la meilleure solution, pour elle et pour nous. Nous sommes tous tranquillisés. ! Propos recueillis par J.-F.H.
peutiques des personnes âgées. La voca- tion de tels hôpitaux de jour est déva- luer les patients sur le plan médical, fonc- tionnel, social, psychiatrique Tout cela doit tourner autour du médecin généra- liste pour favoriser le lien ville-hôpital et mettre en place un vrai réseau géron-
tologique qui permette de mettre en cohérence tous les acteurs socio-professionnels de la vieillesse. Ainsi, on pour- ra mieux prendre en charge globalement et individuelle- ment les personnes âgées.
responsables locaux en ont pris conscience. Maintenant, il faut faire avancer les projets car si on ne fait rien, on court à la catastrophe dans 10 ans. L.P.B. : Il faut aussi augmenter le nombre de personnel ? M.I.-R. : Prioritairement, il faut
“Sur Besançon, on manque cruellement de places.”
L.P.B. : Il faut créer de nouveaux
améliorer le soin aux malades, avant de créer des postes dans lanimation par exemple. Le soin aux malades en ce qui concerne une personne âgée, ça commence par avoir le temps de sasseoir près del- le quelques minutes, lui remettre son oreiller en place, lui prendre la main. Dans la plupart des structures, le per- sonnel na pas le temps pour tout cela. Il faut aussi dans tous les établissements, créer des structures dévaluation théra-
établissements ? M.I.-R. : Il est clair quen général sur Besan- çon, on manque cruellement de places. Mais il faut dabord commencer par mener rapidement à bien des projets de réno- vation comme Avanne par exemple. Aux Tilleroyes par exemple, nous avons des lits gelés à cause de problèmes archi- tecturaux et de manque de place pour les bureaux. En 2007, nous devrions béné- ficier de la construction dun nouveau
bâtiment de 120 lits qui remplacera lac- tuel. Il est donc fondamental que nous soyons écoutés par nos politiques. Je veux croire en eux pour ça. ! Propos recueillis par J.-F.H. 90 lits de gériatrie aux Tilleroyes.
Initiatives Quand le privé s’en mêle L es sociétés privées ont com- pris tout l’enjeu lié à la pro- blématique de la vieillesse et du maintien à domicile. Plu- sieurs entreprises proposent désormais leurs services sur le Grand Besançon. Ceux qui ne peuvent ou ne veu- lent accéder à un établissement d’hébergement choisissent de rester chez eux. Dans le secteur dumaintien à domicile, C.C.A.S., A.M.A.D. et A.D.M.R. sont les intervenants principaux. À côté de ce système de fonctionne- ment classique viennent se gref- fer depuis quelques années des enseignes privées. Elles ont pour nom Setra Net Services, A.D.H.A.P. Services ou Âge d’or Services pour la dernière arrivée sur Besançon. “Nous sommes une structure entièrement pri- vée, qui tourne sans aucune sub- vention. Nous avons 36 salariés sur le secteur. Nous intervenons au domicile des personnes âgées pour l’aide à la toilette, au repas, au coucher, les travaux ména- gers, etc. La demande est crois- sante depuis notre installation en 2002” confieBéatrice Lagran- ge, ancienne infirmière aujour- d’hui gérante d’A.D.H.A.P. Ser- vices installé à Planoise. La vieillesse représente aussi un marché en expansion.
P ERSPECTIVES
En 2007 à Clairs-Soleils
L’habitat adapté, nouvelle alternative
De nouveaux services sont en réflexion pour pallier le manque de place dans les structures d’hébergement et favoriser par la même occa- sion le maintien à domicile.
L a ville de Besançon gère, via son C.C.A.S., 5 loge- ments-foyers non médi- calisés. Ce sont des struc- tures intermédiaires entre un logement quon ne peut plus occuper et une mai- son de retraite médicali- sée explique Marie-Gui- te Dufay, ladjointe bisontine à laction socia- le. Ces résidences sont réparties dans tous les quartiers de la ville : Marulaz (quartier Bat- tant), les Hortensias (Pla- noise), les Lilas (Palen- te), les Cèdres (Montrapon), Henri-Huot (Saint-Claude). Ils sont tous complets, eux aussi. Les personnes y rentrent de plus en plus tard. À leur création il y a une trentaine dannées, lâge dentrée était de 65 ans. Aujourdhui, cest plutôt 85 ans. Un 6 ème logement- foyer, à Clairs-Soleils, a fermé ses portes pour cau- se dopération de réhabi- litation du quartier. Il sera remplacé dans ce quartier par des appar-
tements adaptés à la per- te dautonomie. Lhabitat adapté, cest jus- tement le grand thème sur lequel travaillent actuellement les collecti- vités locales, ville de Besançon et communau- té dagglomération en tête. Lobjectif est clair : pal- lier le manque de places
appartements avec autour, un réseau de service incor- poré (infirmières, per- sonnes à demeure pour assurer lintendance, ser- vices publics, petits com- merces ). Dautres initiatives déjà existantes vont dans le même sens : réseau daler- te et de vigilance - 200 personnes isolées ont été repérées et signalées par le réseau de vigilance depuis lété -, dispositif téléphonique Proximso- cial (220 demandes par mois en 2004), service compagnie et accompa- gnement mis en place à titre expérimental qui per- met à la personne âgée, moyennant quelques euros, de se faire aider pour prendre le bus ou faire ses courses Lobjectif avoué de toutes ces opérations pour la plu- part en émergence est bien dinstaurer un état desprit où chacun veille sur lautre et ainsi faire reculer lâge de la dépen- dance. ! J.-F.H.
“Faire reculer l’âge de la dépendance.”
en établissement daccueil et favoriser le maintien à domicile des personnes le souhaitant. Les pre- miers appartements adap- tés seront disponibles fin 2007 à Clairs-Soleils pré- cise Alain Ananos, direc- teur général du C.C.A.S. Il est primordial que lur- banisme sempare de cet- te question du vieillisse- ment, poursuit M me Dufay. Lidée, inscrite dans le futur plan local durba- nisme, sera de construire dans les quartiers des
Marie-Guite Dufay : “Nous avons l’intention de travailler sur la question de l’isolement des personnes âgées.”
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