La Presse Bisontine 51 - Janvier 2005

LE DOSSI ER

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I NTERVIEW - VÉRITÉ Les confessions du maire Jean-Louis Fousseret :

“Je suis un maire heureux” Installé aux commandes de la municipalité de Besançon en mars 2001, le mai- re arrive à la moitié de son mandat. Il répond sans détours aux interrogations des Bisontins sur les grands chantiers en cours mais aussi sur la manière dont il perçoit son rôle de maire depuis bientôt quatre ans. Confessions d’un pre- mier magistrat qui semble avoir pris ses aises dans son fauteuil.

L a Presse Bisontine : Un peu cha- huté en début de mandat, vous donnez maintenant l’impression d’avoir pris vos marques ? Jean-Louis Fousseret : Certaines critiques émises à mon égard étaient injustes. Ceci dit, je reconnais avoir rencon- tré quelques difficultés en début de mandat, notamment avec une partie de ma majorité. Il faut dire que l’équi- pe avait été renouvelée à 80 % par rapport à la précédente, les gens ne se connaissaient pas forcément bien, il a fallu un certain temps pour que l’équipe soit tout à fait cohérente. J’ai analysé ce qui n’allait pas parfaite- ment. Quand tout ne va pas forcé- ment bien, il n’y a pas de honte à essayer de faire autrement. Je suis quelqu’un de pragmatique. Avant 2001, je n’étais pas maire. Est-ce hon- teux de dire qu’il y a une nécessaire

central de quartier et un véritable espace de vie. Fin 2007, la première tribune de 4 000 places sera faite et un an après, la deuxième. L.P.B. : Et la S.M.A.C. qui faisait pourtant partie de vos promesses du début de man- dat et qui n’est toujours pas là ? J.-L.F. : C’est un dossier sur lequel on a pris du retard, je le reconnais. Je ferai bientôt des propositions sur son lieu d’implantation, ce sera tranché début 2005. Et je m’engage à ce qu’el- le soit terminée au cours de ce man- dat. L.P.B. : L’îlot Pasteur ? J.-L.F. : Les retards sont dus à des pro- blèmes juridiques. Les travaux de fouilles démarreront l’an prochain. Les travaux du projet îlot Pasteur seront largement avancés d’ici la fin du mandat. L.P.B. : L’avenir de Besançon ne s’arrête pas en 2008. Quel est votre vision à plus long terme ? J.-L.F. : J’ai vraiment le sentiment que Besançon s’affirme et bouge. Mais si mon action consiste à agir proche, je veux voir loin. C’est pourquoi je veux aussi préparer la ville aux grands défis de demain, au sein de l’agglo- mération et dans l’axe du projet métro- politain dans lequel on s’engage en ce moment avec Dijon, Belfort-Mont- béliard et Mulhouse. Pour les pro- chaines années et décennies, ce qui va tout changer, c’est l’arrivée du T.G.V. Nous serons à 35 minutes de Dijon, à une demi-heure de Mulhou- se. Besançon est au milieu de ce bar- reau ferroviaire et c’est une chance à saisir pour créer de la richesse. Autour de la gare d’Auxon, que j’ai réussi à faire appeler Besançon-Auxon, et autour de la gare Viotte, il s’agit de prévoir l’accueil d’activités qui créeront de la richesse, dans le domai- ne industriel et tertiaire. Nous y tra- vaillons activement en ce moment avec la communauté d’aggloméra- tion. Les premiers coups de pioche

Il y a une nuance. Quand je prends une décision, je pense à ceux qui ont voté pour moi, mais aussi à ceux qui pourraient penser que finalement, la ville n’est pas si mal gérée que cela… L.P.B. : Les primaires à gauche entre vous et Paulette Guinchard-Kunstler avaient été douloureusement ressenties par les mili- tants. La douleur est dissipée ? J.-L.F. : Entre Paulette et moi, chacun a trouvé sa place. Il n’y a jamais eu de problème entre elle et moi. Peut- être dans nos entourages respectifs mais pas entre nous. L.P.B. : La ville de Besançon est à gauche, le Conseil général également ainsi que le Conseil régional. De quoi vous faciliter la tâche pour les gros dossiers municipaux ? J.-L.F. : Cette situation politique inédi- te est une chance pour Besançon,

mais également une res- ponsabilité supplémentai- re. Entre nous, les colla- borations se sont resserrées. En 6 mois, j’ai déjà vu le président du Conseil régional plus de fois que je n’avais vu son prédécesseur en un man- dat entier. Raymond For- ni avait dit qu’il s’engage- rait pour le stade, il l’a fait. Même chose pour la

période de mise en route ? Aujourd’hui, je pense pou- voir dire qu’il y a une gran- de estime et beaucoup d’amitié entre les membres de l’équipe municipale. Le climat a totalement chan- gé par rapport au début du mandat. L.P.B. : Arrivé à mi-mandat, vous avez le sentiment d’être désormais à l’aise dans votre fauteuil de maire ?

“Le climat a totalement changé par rapport au

début du mandat.”

S.M.A.C. (N.D.L.R. : salle demusiques actuelles et contemporaines) ou le Fonds régional d’art contemporain où Conseils régional et général seront à nos côtés. L.P.B. : Venons-en à votre bilan à mi-man- dat à travers quelques dossiers. Le Palais des Sports par exemple où le nombre de places est contesté par la Fédération de bas- ket ? J.-L.F. : Une configuration de 4 600 places en version basket répondra largement aux besoins, sachant que la moyenne de spectateurs en Pro A ne dépasse pas 3 300 (et 1 500 en Pro B). Si la fédération de basket ne veut pas modifier sa position, j’irai au Conseil d’État, avec des arguments imparables. Le Palais des Sports ouvrira bien à la rentrée de l’automne 2005. L.P.B. : Le stade et ses dérapages financiers ? J.-L.F. : En effet, c’est un dossier qui dérapait financièrement et c’est jus- tement pour cela que j’ai voulu réagir. Les exigences de la Fédération ont un peu baissé pour la Ligue 2 (8 000 places au lieu de 12 000). Ma res- ponsabilité de maire a été de profi- ter de cette fenêtre de tir pour remettre tout à plat. À terme, il y aura bien 12 000 places avec 2 phases de 4 000 et possibilité de faire 2 000 + 2 000 places en plus. On refera aussi la tri- bune d’honneur pour qu’elle soit ouver- te sur l’extérieur, avec un parking

J.-L.F. : Je mène mon action politique sur le terrain, c’est ce qui compte. Je pense être proche des gens et les écou- ter. J’y passe tout mon temps, c’est cela l’essentiel. Aujourd’hui, je dois continuer à donner de la municipa- lité l’image de tolérance que j’ai vou- lu instaurer. Que chacun puisse s’ex- primer dans le respect, c’est le plus important. Maintenant, je suis un maire heureux. J’ai conscience que c’est une grande chance pour moi qui n’étais pas forcément programmé pour ça au départ. J’ai la chance d’être maire, en plus j’en suis heureux. L.P.B. : Les divisions ou dissensions internes appartiennent donc au passé ? J.-L.F. : Chacun a pris sa place dans l’équipe. J’ai confiance enmes adjoints. Chacun d’entre eux conserve sa capa- cité d’analyse et de proposition. Il y a différentes sensibilités au sein de l’équipe et je l’accepte volontiers. Aujourd’hui, je ne vois pas sur quoi on pourrait se diviser même si sur quelques dossiers je n’ai pas l’as- sentiment de tous mes coéquipiers. Ce sont des choses normales. L.P.B. : Vous pensez avoir réussi à vous imposer en tant que vrai “patron” de la vil- le ? À ce sujet, certains de vos opposants vous taxent d’être un peu autoritaire. J.-L.F. : Je n’aime pas ce terme de “patron”. Je pense avoir de l’autori- té sans être pour autant autoritaire.

Jean-Louis Fousseret : “J’ai pris l’engagement de ne pas trop peser sur la fiscalité et je m’y tiendrai.”

le de Besançon de gabegie financiè- re. Et si la Chambre nous donne des recettes pour gérer encore mieux la ville, je n’hésiterai pas à les appli- quer ! L.P.B. : Avant la fin de votre mandat, il y aura 2007 et les législatives. Souhaitez-vous retrouver votre siège de député perdu en 2002 ? J.-L.F. : La décision sera prise collec- tivement avec les militants du P.S., la réflexion n’est pas encore engagée. L.P.B. : Et sans langue de bois… J.-L.F. : Je suis un des candidats pos- sibles… L.P.B. : Certains gros dossiers municipaux déborderont certainement sur le mandat suivant, après 2008. Vous pensez être le candidat naturel à votre succession à la mai- rie ? J.-L.F. : Rien n’indique aujourd’hui que je m’arrêterai en 2008. Cela dépen- dra avant tout de mon état physique. Une chose est certaine : l’envie est intacte. ! Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Quelles incidences auront tous les dossiers municipaux en cours sur la fisca- lité des prochaines années ? J.-L.F. : J’ai pris l’engagement de ne pas trop peser sur la fiscalité et je m’y tiendrai. Jusqu'à maintenant, le taux de l’imposition était limité à celui de l’inflation, qui était par exemple de 2 % l’an dernier. Je veux continuer non seulement à respecter

cet engagement mais je veux aller encore plus loin. Mon objectif est de des- cendre largement sous le niveau de l’inflation. Mises à part les dépenses de per- sonnel, l’augmentation des dépenses de fonctionne- ment sera proche de zéro

du T.G.V. seront donnés en 2006 pour une mise en ser- vice raisonnable en 2010- 2011. L’avenir de Besan- çon passe vraiment par le T.G.V. Pour le plus long terme, nous prévoyons une gran- de opération intitulée

“L’avenir de Besançon passe vraiment par le T.G.V.”

ces prochaines années. La situation financière de la ville n’est pas ten- due, les clignotants sont au vert. L.P.B. : Vous n’appréhendez donc pas le rap- port consacré à la ville que la Chambre régionale des comptes s’apprête à rendre public début 2005 ? J.-L.F. : Je l’attends très sereinement, sans aucune anxiété. Je suis déjà convaincu qu’on n’accusera pas la vil-

“Besançon 2020”. Dès le début de l’an- née prochaine, nous interrogerons tous les Bisontins sur leurs attentes par rapport à la ville. Puis nous orga- niserons courant 2005 des ateliers dans les différents quartiers, des “ate- liers du futur” qui serviront de base à la rédaction de ce projet “Besançon 2020” présenté fin 2005. La preuve qu’on prépare bien l’avenir !

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