La Presse Bisontine 49 - Novembre 2004

LE DOSSI ER

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A VANNE Entreprise créée en 1987 La libre concurrence attire les initiatives privées

La création, puis la progression des Pompes Funèbres d’Avanne, illustre bien la façon dont certains privés se sont engouffrés dans la brèche de l’ouverture à la concurrence. Si elle ne domine pas le marché bison- tin, la société d’Avanne est en constante progression.

port à leur principal concurrent les P.F.G., à cause de leur implantation en dehors de Besançon intra muros . La législation funéraire oblige, pour tout transport de corps en dehors de la ville du décès, d’apposer un brace- let au poignet du défunt, délivré par lamairie. Lamairie de Besançon étant fermée à partir du samedi midi (il y a une permanence pour les transports de corps le dimanche matin), les Pompes Funèbres d’Avanne sont donc pénalisées par rapport aux P.F.G. de la rue de Vesoul. De plus, il faut une autorisation écrite de la famille du défunt selon laquelle elle souhaite faire appel à une entreprise extérieure à la ville. Selon un expert en matiè- re funéraire, “ces contraintes admi- nistratives désavantageuses repré- sentent encore une sorte de monopole

P etite entreprise indépendan- te fondée en 1987 par Yves et Laurent Klevezou, les Pompes Funèbres d’Avanne ont béné- ficié de l’ouverture à la concurrence décidée par le législateur en 1993. “Nous avions une entreprise d’ambu- lances. Si nous nous sommes lancés dans les pompes funèbres, c’était pour répondre à une forte demande des familles qui voulaient avoir le choix de passer par une autre entreprise” raconte Laurent Klevezou, le direc- teur. Les Pompes Funèbres d’Avan- ne étaient installées jusqu’en 1990 dans la zone artisanale d’Avanne, rou- te de Rancenay. “Les inondations de 1990 nous ont obligés à trouver un autre site. Nous avons eu l’opportu- nité de nous installer en mai 1993 à l’entrée d’Avanne, côté Besançon.” Avant 1993, et pour cause de mono- pole des Pompes Funèbres Générales sur Besançon, il était nécessaire de passer par les P.F.G. pour la fourni- ture du cercueil au moins, à chaque fois qu’un décès survenait sur la com- mune de Besançon. Les P.F.G. se dépla- çaient systématiquement à l’hôpital ou au domicile du défunt. “Au départ, nous fonctionnions avec la clientèle de Montferrand, Saint-Vit, Franois,

etc. À partir de 1993, beaucoup de familles bisontines ont commencé à faire appel à nous.” Si les critères de proximité géogra- phique et d’accessibilité plaident tou- jours en faveur des P.F.G., installées rue de Vesoul, en ville, les opérateurs privés tels que les Pompes Funèbres d’Avanne avancent d’autres argu- ments. “Par exemple, nous proposons tout au même endroit : le funérarium et le crématorium. L’idée de construi-

déguisé en faveur des P.F.G. Mais elles devraient finir par disparaître grâ- ce à une modification de la loi espérée par de nom- breux opérateurs.” “Il est vrai que cette mesure nous

re un crématorium nous a permis “d’apporter” plus de défunts vers notre entre- prise” reconnaît Laurent Klevezou en entrepreneur avisé. Dix ans après l’ouvertu-

“Une sorte de monopole déguisé.”

re à la concurrence, les Pompes Funèbres d’Avanne annoncent un total de “500 décès par an et autant de crémations. Nous faisons les cré- mations pour des opérateurs de pompes funèbres de Haute-Saône, du Haut- Doubs…” L’entreprise d’Avanne emploie désormais 13 salariés, elle a créé un funérariumà Roche-lez-Beau- pré où elle accueille 5 à 6 défunts par mois en moyenne. Les Pompes Funèbres d’Avanne res- tent toutefois handicapées par rap-

pénalise un peu. Le week-end, on a moins de décès que les P.F.G.” recon- naît le directeur des Pompes Funèbres d’Avanne. Comme dans tout autre secteur d’ac- tivité, Laurent Klevezou estime “qu’il faut créer, entreprendre. Il n’y a que comme cela que l’on s’en sort.” Mal- gré son caractère si particulier, la mort n’échappe donc pas aux lois du marché. C’est d’autant plus vrai depuis que la concurrence est ouverte. ! J.-F.H.

Laurent Klevezou, directeur des Pompes Funèbres d’Avanne : “Nous offrons les mêmes services que les autres opérateurs. Nous favorisons l’écoute des familles.”

C HÂTEAUFARINE

100 obsèques par an Le projet de troisième funérarium est bloqué

Pour renforcer sa position sur Besançon, la société Roc’É- clerc prépare un dossier pour édifier vers la zone de Châ- teaufarine une chambre funéraire. Le projet piétine.

I l faut être un automobi- liste bien averti pour atteindre son but lorsque l’on cherche le siège de la société Roc’Éclerc à Besançon. C’est au bout d’une allée, cachée au fond de la zone commercia- le de Châteaufarine, que l’on découvre un petit pavillon ano- nyme. C’est le siège actuel de

la société Roc’Éclerc, opérateur de pompes funèbres, installé en ces lieux depuis début 2004. Roc’Éclerc, présent à Besan- çon depuis 1996, était aupara- vant installé sur la zone com- merciale de Châteaufarine, dans un espace de vente de 300 m 2 . Roc’Éclerc a quitté les lieux en décembre dernier, rem-

placé par l’enseigne “Surgelés Picard” depuis quelques mois. Le gérant, Bruno Jacquet, explique cette situation actuel- le peu confortable : “Nos anciens bureaux étaient en pleine zone commerciale, pas idéalement placés selon nous. Nous avons préféré trouver un endroit plus à l’écart, pour recevoir dans de bonnes conditions les familles. Notre idée est de transformer cette maison en chambre funé- raire et d’aménager un espace de vente à cet endroit. Mais le projet est bloqué sur le plan administratif.” L’argument avancé par la municipalité est motivé par le refus de voir s’ins- taller une société de pompes funèbres à l’entrée de la ville.

Les locaux de Roc’Éclerc sont particulièrement discrets, au bout de Châteaufarine.

lengers, reconnaît Bruno Jac- quet qui estime que le “poten- tiel de développement de Roc’É- clerc à Besançon est trois fois plus important.” Pour cela, il compte sur les prix pratiqués par l’enseigne créée fin 1990 par Michel Leclerc (le frère de Michel-Édouard, créateurs des centres Leclerc). D’après le fondateur, l’enseigne Roc’É- clerc (qui possède 352 maga- sins en France) prétend réa- liser “25% de parts de marché en France, un taux qui pro- gresse de 1,5% tous les ans. Nous réalisons 600 millions d’euros de chiffre d’affaires,

c’est un secteur d’activité qui gagne bien sa vie” reconnaît Michel Leclerc, entrepreneur à l’origine de la loi qui a fait tomber le monopole des pompes funèbres. Certain que pour se battre à armes égales avec ses concur- rents bisontins, il est néces- saire de disposer d’une chambre funéraire, le gérant de Roc’Éclerc Besançon ne désespère pas. Bruno Jacquet est conscient que sans cela, il sera très difficile de poursuivre une activité florissante sur Besançon, dans un endroit si discret. ! J.-F.H.

nistratifs mais le projet est tou- jours en cours” dit Bruno Jac- quet qui ne désespère pas de voir se débloquer le dossier. Comme ses concurrents, Roc’É-

La société Roc’É- clerc prévoit d’édifier sur ce terrain 300 m 2 d’espace com- mercial et d’uti- liser le pavillon pour y installer trois salons funé-

clerc propose des prestations funé- raires complètes. 7 salariés tra- vaillent pour l’en- seigne qui réali- se “une centaine d’obsèques par an” , bien loin des

“Nous sommes manifestement en position de challengers.”

chiffres annoncés par les P.F.G. ou les Pompes Funèbres d’Avanne. “Nous sommes mani- festement en position de chal-

raires. “Le projet date de l’an dernier, nous l’avons déposé en octobre. Nous nous sommes heurtés à des barrages admi-

Bruno Jacquet est également le responsable de Roc’Éclerc à Pontarlier.

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