La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

L’ INTERVI EW DU MOIS

5

Éditorial

L ITTÉRATURE

Entre fiction et réalité

“L’écriture permet d’avoir une vie plus équilibrée”

Abandon En pénétrant dans ce lieu embléma- tique de Besançon, place Leclerc, on sent immédiatement que l’envie n’y est plus. Certes la flânerie est toujours possible dans les quelques hectares de verdure, mais l’entretien approxi- matif des allées et de la signalétique montre un laisser-aller évident. On lais- se mourir à petits feux le jardin bota- nique de Besançon. La faute à qui ? Université de Franche-Comté et ville de Besançon sont censées co-gérer ce lieu de conservation des espèces végétales. Financièrement, ils se par- tagent à parts égales le coût salarial des 6 employés attachés au jardin botanique. L’Université quant à elle finance le fonctionnement courant des lieux, pour environ 30 000 euros par an. Le bâtiment de la place Leclerc qui abrite encore plusieurs laboratoires de l’Université n’est pas mieux entre- tenu. D’ailleurs, il ne répond plus aux normes de sécurité actuelles. Le pôle scientifique de la place Leclerc est devenu totalement inadapté. Toutes les collections de botanique qui y ont été entreposées au fil des décennies ont été transférées à la Citadelle, quand elles n’ont pas été tout bon- nement jetées à la poubelle par contai- ners entiers. L’Université justifie son désintérêt par le fait que le jardin bota- nique tel qu’il est configuré aujour- d’hui ne répond plus du tout aux nou- velles orientations de la recherche. On l’admet volontiers, l’Université ne veut pas d’un musée de la botanique. Ce qui est moins compréhensible, c’est que les deux partenaires n’ont jamais été capables de définir préci- sément les missions de chacun dans la gestion du jardin. Il n’existe même pas de convention écrite pour savoir qui fait quoi. Rien d’étonnant à ce qu’une certaine léthargie gagne les lieux. À la manière dont Besançon dédaigne son jardin botanique, la capi- tale comtoise n’est pas à la hauteur de sont titre de première ville verte de France. Heureusement, certains élus et tous les amateurs de botanique - et Dieu sait s’ils sont nombreux en Franche-Comté - ont compris les enjeux futurs (pédagogiques, touris- tiques, économiques) d’un jardin bota- nique. Ils poussent pour convaincre les collectivités de recréer un nou- veau lieu de conservation du végétal. Qu’ils soient entendus. ! Jean-François Hauser

La star du 20 heures poursuit sa carrière littéraire avec bonheur. Il est de passage à Besançon au salon Les Mots Doubs, avec son dernier roman : “La Mort de Don Juan”. Confessions littéraires

L a Presse Bisontine : Vous avez répon- du présent à Besançon pour Les Mots Doubs, pour quelles raisons ? Patrick Poivre d’Arvor : On m’a souvent parlé des Mots Doubs. J’estime qu’il faut encourager les initiatives favorisant la promotiondu livre. C’est biend’aller vers les lecteurs et pas uniquement à Paris. J’aime bien avoir un retour de lamanière dont les lecteurs perçoivent le livre. L.P.B. : Les échos sur votre dernier roman “La Mort de Dom Juan” sont plutôt favorables. P.P.D.A. : Les critiques sont bonnes, c’est très agréable à entendre et à lire. Cela dit, rien ne vaut l’accueil du public. L.P.B. : Votre roman transporte le lecteur entre réalité et fiction ? P.P.D.A. : C’est le principe du roman fan- tastique. J’aime quand les gens restent entre deux eaux. Le roman doit vous émouvoir, vousdéranger, celadoit provo- quer quelque chose. L.P.B. : Pourquoi un homme public doit-il livr- er des épisodes personnels ? P.P.D.A. : Il n’y a pas tant de personnel

ma fille où c’était du récit. Mon pre- mier roman disait beaucoup de choses surmoi comme l’Irrésoluparu en2000, livre récompensé par le prix Interallié, mais l’action se passait en 1882, les cartes étaient davantage brouillées. L.P.B. : Les thèmes de l’amour, des femmes, de la mort, des enfants, du voyage sont tou- jours présents ? P.P.D.A. : Ce sont peut-être des obses- sions. Tous les écrivains ont tendance à écrire le même livre, présentés de façon différente mais on y retrouve leurs obsessions, leurs fantasmes et leurs passions, sinon ce ne sont pas des livres sincères. J’essaie de ne pasm’oc- cuper de l’effet produit par un livre, j’envie d’être au plus près de la vérité du livre. Il faut qu’un livre soit une mise en danger. L.P.B. : Pour revenir sur cettemise en danger, est-ce de la provocation lorsque vous évo- quez une Claire C. à plusieurs reprises ? P.P.D.A. : Je vous rappelle que lamienne est brune… Tous ceux qui pensent ou font une assimilation à une star du 20 heures se trompent. Ensuite, si j’évoque Claire C., c’est qu’elle est très présente dans l’œuvre de Byron.

Patrick Poivre d’Arvor jongle avec aisance entre son métier de journaliste et celui d’écrivain.

P.P.D.A. : Cela fait 15 ans que je fais des émissions littéraires, 10 ans avec Ex Libris et 5 avec Vol de Nuit. Je m’au- torise de plus en plus d’audace. Une émission sera consacrée par exemple au premier roman, donc à des auteurs inconnus. Je suis content de parler des romanciers, c’est plus facile de traiter des essais car tout le monde a un avis contrairement au roman, où c’est plus difficile. Je suis ravi que cette émission continueàexistermalgré l’horaire tardif et que ce type d’émissions ne figure sur aucune autre chaîne. L.P.B. : Sur quel ouvrage allez-vous travailler à présent ? P.P.D.A. : Je termine avec mon frère un livre sur les pirates et les corsaires qui sortira finoctobre.C’est la troisième col- laborationpourunbeaulivreaprèsCour- rier de Nuit et Coureur des mers. Je suis trèsheureuxdepouvoir écrireavec mon frère. On raconte l’histoire mar- itime. On a commencé par la conquête, la découverte des Océans, des Vikings à Christophe Colomb. Maintenant, on passe aux pirates et aux corsaires et après, on a encore 3 volumes à écrire sur le sujet . ! Propos recueillis par E.C.

chefs-d’œuvre. Il mettait son encrier dans son propre sang. Quand il racon- te la mort de Léopoldine sa fille, per- sonne ne lui a reproché. Quand il dit “Demain, dès l’aube, à l’heure oùblanchit la campagne, je par- tirai” , c’est le poème d’unpère qui souf- fre. Je ne dis pas autre chose lorsque j’évoque en 3 pages dans ce dernier roman ma fille disparue. L.P.B. : Quelles relations avez-vous avec les écrivains au fur et àmesure des ouvrages que vous publiez ? P.P.D.A. : Jeme sens de plus en plus sol- idaire parce que je sais ce que signifie le doute, les moments de grand doute dans l’écriture. Je me sens donc inca- pable d’assassiner les auteur. Si je n’aime pas leurs livres, je ne les invite pas dans mon émission Vol de Nuit. L.P.B. : Comment faites vous le tri dans les livres que vous lisez, par exemple lors d’une rentrée littéraire ? P.P.D.A. : C’est compliqué. Il y a des élé- ments subjectifs comme lehasardd’une rencontre, de ce quedes personnes vous disent d’un livre. L.P.B. : Votre émission Vol de Nuit est à nou- veau dans la grille 2004-2005 ?

que cela. Dans mon émis- sion Vol de Nuit du 11septembredernier,jerece- vais6écrivainsquisontdans les très bons de la rentrée littéraire. Sur ces 6, 3 par- lent beaucoupd’eux-mêmes. La seuledifférence, c’est que l’onconnaîttrèspeudechoses sur eux. Jean-Paul Dubois, Éric Fotorino, le public sait

L.P.B. : Que recherchez-vous dans l’écriture ? P.P.D.A. : Çam’offre une pos- sibilitéd’évasionmagnifique, je décolle de la réalité, qui est parfois cruelle au regard de l’actualité et le fait de m’enextraire le temps d’une nuit, d’un été, celame rend très heureux. Cela permet

“Tout écrivain met beaucoup de lui-même dans un livre.”

d’avoir une vie plus équilibrée.

très peu de choses sur leur vie, ils en disent beaucoupplusque jen’endévoile. Le fait que je sois connu suscite tout de suiteune interprétationbeaucoupplus rapide des écrits, notamment par rap- port à ce que les gens croient connaître demoi. Tout écrivainmet beaucoup de lui-même dans un livre. L.P.B. : Dans ce dernier roman, dévoilez-vous plus d’éléments sur votre vie privée ? P.P.D.A. : Il y a eu des livres où il y en a eubeaucoup, notamment les livres sur

L.P.B. : Le personnage de votre roman est tor- turé, cela tranche avec une certaine sérénité que vous affichez chaque jour ? P.P.D.A. : Quand on est en société, on est appelé à maquiller les sentiments et les émotions, il ne faut pas se laisser abuser par les apparences. Or, un livre ne peut êtreune apparence, il faut aller au fond des choses. À Besançon, vous avez un homme, Victor Hugo qui a beaucoup utilisé sa vie pour écrire des

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