La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

LE PORTRAIT

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T HISE La sécurité d’abord À 61 ans, Marc Jouffroy passe une partie de sa retraite à survoler la région de Besançon aux commandes de son U.L.M. Sa règle de conduite : ne pas céder au plaisir de voler à tout prix sans respecter les consignes de sécurité. Un pilote qui a les pieds sur terre

U ne fois parti en retraite de la police, Marc Jouffroy s’était promis de casser sa tirelire pour s’acheter une moto. Il a fini par croquer sa cagnotte. Non pas pour investir dans un deux roues, mais dans un U.L.M. (ultra-léger motorisé). Aux sensations de la rou- te, ce sexagénaire a préféré celles de l’air. Tout vient à point à qui sait attendre. Lui a attendu 58 ans avant de réa- liser son rêve d’Icare, celui de voler. La liberté, il la savoure désormais bien calé aux commandes de son Sky Ranger, un U.L.M. aux allures d’un petit avion qu’il a acquis avec son “vieux copain” Jacques Combasson. Au moins une fois par semaine, si les conditions météo le permettent, Marc Jouffroy décolle de Thise et s’échappe le temps d’une escapade aérienne autour de Besançon. “Voler fait partie de ces sports de loisir où l’on joue avec les éléments naturels au sens noble du terme. Il est donc nécessaire de respecter quelques pré- cautions d’usage. Un bon pilote est un pilote qui devient vieux” confie- t-il avec une pointe d’humour. Lui est encore un “jeune pilote” avec sa centaine d’heures de vol au comp-

passée en l’air. Il s’est vite familia- risé à ce plaisir de voler dont les aléas de la vie l’ont privé 30 ans plus tôt. “J’ai une formation de techni- cien et mon rêve a toujours été d’en- trer dans l’armée de l’air pour deve- nir pilote.” Mais à l’époque, la maladie le cloue au lit pendant une année entière et le prive de ses ambi- tions. “Pour moi, ça a été une pério- de noire. Tous mes projets ont été anéantis.” Mais l’homme n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort. Après un service militaire effectué dans l’ar- tillerie, ce natif du pays de Mont- béliard entre dans les usines Peu- geot pour une durée de 6 ans, jusqu’au jour où la police nationa- le fait un appel du pied auprès des officiers de réserve de l’armée. Alors, Marc Jouffroy quitte Peugeot pour rejoindre le corps des officiers de la police nationale. Il y restera 25 ans. “Pendant toute cette carrière, j’ai fait des choses intéressantes” dit-il. Dans l’institution, des collègues le quali- fient de “mouton noir”, car il est dif- férent. Il a cette capacité à innover pour améliorer l’outil de travail en proposant notamment des cessions de formation aux policiers. “À 55

teur. Il prépare chacune de ses sorties méthodique- ment, respectant scrupu- leusement la règle de conduite à tenir pour éva- cuer les risques. Une défor- mation professionnelle peut-être chez cet ancien policier qui pendant 10 ans s’est occupé de sécurité rou- tière à Besançon. Sur ter- re comme dans les airs, Marc Jouffroy vous dira qu’il est préférable d’évi- ter de jouer les cadors en voulant faire des prouesses

ans, j’étais viré d’office du corps des officiers. C’est à ce moment-là que la ville de Besançon m’a sollicité pour faire évoluer la poli- ce municipale. Je suis deve- nu contractuel de la mai- rie.” Il occupe ce poste de directeur de service jus- qu’à sa retraite. La réalité quotidienne à laquelle ce policier s’est frot- té était moins planante qu’un vol en U.L.M. D’ailleurs, pendant cette période, l’envie de voler s’es-

“Notre but est de garder notre place dans

“Voler fait partie de ces sports de loisir où l’on joue avec les éléments naturels au sens noble du terme.”

léger motorisé pourrait prendre du plomb dans l’aile. “Notre but aujour- d’hui est de garder notre place dans l’espace aérien.” Cela passe par la fédération des pilotes d’U.L.M. et par leur sensi- bilisation aux risques. Réduire le nombre d’accident, c’est aussi péren- niser et développer ce sport en per- pétuelle évolution technique, acces- sible à tous. “Lorsque je faisais beaucoup de sécurité routière, on a mis en évidence le problème com- portemental des individus. Le fac- teur humain entre très souvent en ligne de compte dans un accident. C’est valable aussi pour l’U.L.M.” Alors, Marc Jouffroy rappelle les consignes de prudence au nom d’une liberté de voler. Le monde est beau vu d’en haut. ! T.C.

teurs de la discipline à une question qu’il connaît bien : la sécurité. Les accidents sont rares en ultra- léger motorisé, mais un cas suffit à défrayer la chronique et à remettre en cause la pratique de ce sport res- pecté dans le milieu de l’aviation. “Ce que l’on craint, ce sont les coups d’humeur à la suite d’un accident amplifié par les médias. On a peur aujourd’hui de l’application pure et simple par le législateur du princi- pe de précaution, comme il en exis- te dans l’aviation légère, un secteur qui souffre d’une réglementation contraignante.” L’U.L.M. a cette par- ticularité d’échapper à un cadre rigoureux qui régirait strictement sa pratique. Mais en contrepartie, la responsabilisation des pilotes s’impose, pour préserver cette liber- té. Dans le cas contraire, l’ultra-

l’on conduit à toujours remettre à plus tard son souhait de passer son brevet de pilote. Jusqu’au jour où un incident de santé a failli lui coûter l’existence. Il aura fallu cela pour qu’il se décide enfin à réaliser son rêve à 57 ans. Marc Jouffroy n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié. Dégagé de ses responsabilités policières, il plai- de la cause de l’ultra-léger motorisé avec le même enthousiasme qui l’a animé dans sa profession. Membre du Lépidoptère, le club thi- sien qui compte une trentaine de pilotes, il occupe aussi le poste de président du Comité Régional de Franche-Comté d’U.L.M. (150 pilotes). Selon une directive fixée par la fédé- ration nationale, cette fonction l’in- vite à prendre à nouveau son bâton de pèlerin pour sensibiliser les ama-

l’espace aérien.”

tompe, sans pour autant disparaître. Et puis Marc Jouffroy n’est pas du style à ruminer les regrets de jeu- nesse. Il avance, quel que soit le cap à tenir. Curieux de tout, il multiplie les centres d’intérêts. Entre le bri- colage et le jardin, il a toujours trou- vé de quoi meubler son temps libre en dehors des heures de service. “L’im- portant, c’est de se faire plaisir.” Cependant, les péripéties de la vie

au mépris du danger. De toute façon, à 1 000 m d’altitude, assis dans un U.L.M. d’un peu moins 300 kg, bal- lotté par les vents, on comprend vite qu’il vaut mieux se tenir tranquille. À 61 ans, l’homme se laisse guider par une certaine forme de sagesse qui manque parfois à des pilotes négligents, ce qu’il déplore. Le pri- vilège de l’âge sans doute. En tou- te sérénité, il goûte chaque minute

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