La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

Besançon est toujours sensible à la prostitution S OCIÉTÉ Des chiffres en augmentation BESANÇON 10

Dans la capitale régionale, 2/3 des prostituées sont d’origine étrangère. La plupart viennent des pays de l’Est et, phénomène nouveau, de plus en plus du Nigeria.

C’ est la prostitution qui génè- re le plus d’argent après les trafics d’arme et de drogue. Selon Europol, l’office euro- péen de police, le chiffre d’affaires de la prostitution dans le monde avoisi- nerait les 60 milliards d’euros, dont 10 milliards d’euros en Europe. Une prostituée albanaise peut rapporter jusqu’à 140 000 euros par an à son proxénète. Des chiffres qui en disent long sur la réalité d’un vaste marché du sexe. Il se construit à l’échelle pla- nétaire, sur la traite d’êtres humains victimes d’organisations mafieuses qui les obligent à faire commerce de leur corps. Un crime. militant dans cette association. Régu- lièrement, les membres de ce mou- vement sillonnent les rues de la capi- tale régionale dans le quartier de la gare, pour aller à la rencontre de ses filles sur le trottoir bisontin et leur proposer leur aide, quand ils ne les accueillent pas à leur permanence de la rue Renan. Le constat dressé par le Nid confir- me que le phénomène de la prostitu- tion est loin d’être atténué. Il semble même incontrôlable du fait de l’opa- cité des réseaux qui exploitent les filles de passage dans les grandes agglomérations pour quelques mois. La prostitution est aussi une réalité bisontine. Les chiffres avancés par lemou- vement du Nid, sont en augmentation. “En 2002, nous avons rencontré 45 personnes et 55 en 2003” indique Sébastien Girin,

les aides d’État destinées à financer des mouvements tels que celui du Nid sont en diminution. “En deux ans, les subventions de l’État ont été réduites pratiquement de moitié. À l’inverse, les collectivités locales comme la vil- le de Besançon et le Conseil général sont de plus en plus sensibles à nos missions” constate Sébastien Girin. C’est une des conséquences de la poli- tique gouvernementale qui vise à débarrasser les villes françaises d’une prostitution trop voyante, à sanc- tionner le racolage massif, et à expul- ser les filles étrangères. Mais la réa- lité du terrain est plus complexe que cela. Et l’effet pervers de cette légis- lation est qu’elle aboutit à une pros- titution cachée, dissimulée, occa- sionnelle et difficilement quantifiable. En 2005, le Nid envisage de lancer une enquête sur la prostitution occa- sionnelle dans le Doubs. Un travail qui va de pair avec une action de pré- vention dans les collèges - privés pour l’instant - pour sensibiliser les jeunes aux différentes facettes de ce phé- nomène. “La prostitution, c’est trois acteurs : une prostituée, un proxénè- te, et un client. Pour lutter, il en fau- drait un quatrième : l’opinion publique.” Mais comment tenir un discours cohérent sur ce sujet, lorsque dans des États comme les Pays-Bas, on rouvre les maisons closes, et on évoque la création d’institutions édu- catives pour prostituées ? ! T.C.

Les prostituées restent discrètes sur leur situation et sur les proxénètes par peur de représailles. “Les 2/3 d’entre elles à Besançon sont d’origi- ne étrangère. Elles viennent des pays de l’Est, ou d’Afrique en particulier du Nigeria. Elles n’arrivent jamais seules, mais sont au moins deux. Le réseau est une réalité. Par exemple, les filles duNigeria arrivent par bateau et se retrouvent très rapidement à Besançon. C’est toujours compliqué de savoir dans quelles conditions elles sont venues ici” poursuit Sébastien Girin. Aujourd’hui en Europe, 50 % des prostituées sont originaires du

Nigeria, dont “certaines fuient les violences inter- ethniques dans leur pays.” Par leur action, les béné- voles du Nid tentent de percer cette façade der- rière laquelle les prosti- tuées se réfugient, pour tenter de les aider dans

“En deux ans, les subventions de l’État ont été réduites.”

leur quotidien, en les accompagnant dans des démarches administratives. “Il arrive que les filles nous sollicitent car elles veulent s’en sortir, faire autre chose, trouver un appartement.” Mais une fois encore, ces filles n’ont pas d’attache dans les villes, ce qui com- plique leur suivi. Leur situation irré- gulière sur le territoire français se solde parfois par une expulsion. Et quand elles obtiennent des papiers, ces filles “détruites” tentent de se reconstruire petit à petit. Un travail de longue haleine qui demande l’in- tervention d’acteurs sociaux pour les soutenir dans ce cheminement. Or,

Renseignements : 03 81 87 52 22

En 2003, le mouvement du Nid a recensé 55 prostituées à Besançon.

A MÉNAGEMENT

En bref

Les Hauts-du-Chazal

Fac de médecine : la deuxième phase est à l’étude À l’horizon 2009-2010, la faculté de médecine devrait avoir démé- nagé dans ses nouveaux locaux de Châteaufarine. En attendant, au centre-ville, on s’organise pour accueillir les effectifs.

" Cheval À l’occasion du 250 ème anni- versaire du haras national de Besançon (voir notre édition précédente), un colloque inti- tulé “le cheval, richesses de Franche-Comté” est organi- sé les 7 et 8 octobre à la mai- son de l’économie à Besan- çon (avenue Villarceau). Rens. 03 81 52 46 97. Natation L’Avenir Natation Besançon organise ses inscriptions pour la saison 2004-2005. Tous les mardis, jeudis et vendredis de 18 à 20 heures à la piscine Mallarmé jusqu’au 24 sep- tembre. Les mercredis à la piscine Lafayette. Langues Cours de langues, séjours lin- guistiques, traductions, for- mations informatiques… La Maison des Langues (29, rue de Vesoul à Besançon) fait sa rentrée. Renseignements sur les programmes : 03 81 53 44 51. " "

Pour l’instant, seule la première phase de la nouvelle faculté de médecine est construite. La seconde est à l’étude.

Ê tre étudiant enpremiè- re année de médecine aujourd’hui demande une bonne dose de cou- rage et demotivationpour espé- rer passer le cap du concours. Entrelesamphissurchargés,une organisationbancaleet les redou- blantsqui chahutent l’assemblée pour déconcentrer les nouveaux arrivants, cen’estpas faciled’être attentif. Leproblème est accentuédepuis que cette première année est désormais commune à ceux et celles qui souhaitent devenir médecin, chirurgien-dentiste, kiné ou sage-femme. En deux ans, les effectifs ont doublé, pas- santde400à800étudiants.Mais les locaux sont restés lesmêmes. Résultat, les cours magistraux se déroulent simultanément à Besançondans trois amphis dif-

férents. Le professeur enseigne dans l’un pendant que dans les deux autres, les élèves suivent le cours par système vidéo inter- posé. Cette organisationa soulevé l’in- dignation des étudiants l’année dernière, dénonçant une inéga- lité de traitement et des chances de réussite. L’Université a donc

re,maisdes efforts sont faits pour améliorer le système” souligne LouisBérion, secrétaire général de l’UniversitédeFranche-Com- té.C’estaussidansunsoucid’équi- té que l’Université envisage cet- tesaisondelouerMicropolispour l’organisationdesexamensdepre- mière année. Malgrétout,cecontexten’estpas

détail, la première phase des tra- vauxacoûtéunpeuplusde10mil- lions d’euros pour 4 300 m 2 construits. La seconde phase du chantier représenteun investisse- ment de plus de 22millions d’eu- ros, pour 8 000 m 2 à réaliser.” L’autre volet de cette opération immobilièreestdepermettreàla faculté des lettres d’investir les locaux actuels de l’U.F.R. méde- cine au centre-ville, en face de Saint-Jacques. Les bâtiments de l’ancien Arsenal seront rénovés, unepartiedel’existantseradétrui- te pour réaliser une bibliothèque universitaire de lettres. La constructiondecettemêmebiblio- thèquefiguraitaucontratdeplan 2000-2006, mais les coûts (9mil- lions d’euros) ont conduit les col- lectivités à reporter ce chantier à plus tard. ! T.C.

phase en est au stade des études” ajoute Louis Bérion. Ledéménagement des locauxdu centre-ville vers ce nouveau pôle santé universitaire devrait être possible à l’horizon 2009-2010. “On voudrait que cette deuxième phase de transfert se fasse par étapes, dont la première serait de réaliser un grand amphi pour accueillir les premières années et déplacer le laboratoire d’anato- miepourqu’ilspuissenttravailler dansdemeilleuresconditionsque cellesactuelles.Cettesecondepha- setiendracomptedelarefontedes étudesdemédecine, qui implique une augmentation de la capacité d’accueil des salles de cours.” Pourl’instant,seulslesétudiants de2 ème et3 ème cyclesuiventlescours dans les nouveaux locaux àChâ- teaufarine,oùaétéaménagéeune partie des laboratoires. “Dans le

des plus favorables pourlesétudiants.Il faudrafaireavec,tant que la seconde pha- sedeconstructionde lanouvellefacultéde médecineàproximi- té de l’hôpital Jean Minjozn’estpasréa-

amélioré le dispositif pour cette rentrée, en composant des groupes d’étudiants à partir de la liste alphabétique. Régu- lièrement, chaque groupe passera d’un amphi à l’autre. Pas

“On déplore que les choses se passent de cette manière.”

lisée. Elle est inscrite dans le contratdeplanÉtat-Région2000- 2006. En aucun cas, les travaux seront terminés avant l’expira- tion de cette échéance. “Cette 2 ème

de jaloux et à chacun son tour de profiter d’un enseignement sur écran. “Ce sera très surveillé et très encadré. On déplore que les choses se passent de cettemaniè-

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