La Presse Bisontine 46 - Août 2004

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Éditorial

J.O. D ’A THÈNES Des sportifs de plus en plus sollicités Jean-Claude Perrin : “Le professionnalisme est ce qu’il y a de plus dur”

Efforts La caravane du Tour de France a replié ses tréteaux, laissant derrière elle les indémodables images de ferveur popu- laire liées à cet événement hors du temps. La Ville de Besançon, maîtres- se de cérémonie, a montré toutes ses capacités d’accueil. À entendre les com- mentaires d’après-étape, la capitale franc-comtoise a marqué de précieux points. Pourquoi ne pas tenter d’ins- taurer la ville du temps comme une éta- pe récurrente des contre-la-montre du Tour ? Une sorte d’Alpe-d’Huez des chronos. Dans cette optique, les orga- nisateurs de l’étape bisontine ont séduit les dirigeants du Tour. La journée du 24 juillet a certainement contribué aus- si, pour nombre de téléspectateurs, à situer Besançon sur une carte de Fran- ce. Notre ville n’est sans doute plus considérée, aux yeux de nombreux can- dides, comme une ville grise située quelque part à l’Est de la France. Mise à part cette opération de communica- tion rondement menée, Besançon pour- suit ses opérations séduction. Le dos- sier que nous consacrons ce mois-ci aux coulisses de la Citadelle reflète une partiedes effortsdéployéspar les acteurs locaux pour renforcer l’attractivité des lieux. Ce site d’exception, regroupant en un même endroit d’immenses richesses muséographiques et péda- gogiques, souffre justement, on le ver- ra dans ces pages, de la diversité de ses centres d’intérêt qui l’empêche de mener une politique de communication percutante. C’est un peu le cas en géné- ral pour Besançon, ville aux dizaines de monuments classés qui pourtant, a bien dumal encore à se vendre.Mais la volon- té est là : lamise en lumière des édifices remarquables du centre se poursuit cet- te année, la réhabilitation des tours bas- tionnés d’entrée de ville ou les travaux de réfection de l’antique Porte Noire, participent aussi de l’embellissement progressif de la capitale comtoise. En toile de fond avance toujours discrète- ment la probable candidature deBesan- çon, en partenariat avec d’autres villes de France possédant des fortifications comparables, à l’inscription au presti- gieux registre du patrimoinemondial de l’Unesco. En 2007, Besançon s’asso- ciera pleinement au tricentenaire de la mort de l’illustre Vauban. La capitale du Doubs doit impérativement se placer en tête de pont des villes fortifiées fran- çaises, pour continuer à travers ce dos- sier primordial, à montrer sans rougir son pouvoir d’attraction. ! Jean-François Hauser

Figure de l’athlétisme français, il a long- temps été directeur des équipes de Fran- ce. Passionné aussi de tennis et de foot- ball, Jean-Claude Perrin donne son sentiment sur le sport français à quelques semaines des J.O. d’Athènes.

L a Presse Bisontine : Com- ment analysez-vous la défai- te de l’équipe de France de football au Portugal ? Jean-Claude Perrin : Les termes utilisés par les médias sur la défaite de l’équipe de Fran- ce sont ceux utilisés dans les procès d’assise. On n’a pas le droit d’avoir des jugements aussi durs à l’encontre de sportifs. La préparation avait été bien faite mais Santini avait des gens usés par le temps. Les joueurs de l’équi- pe de France étaient vidés depuis longtemps. L.P.B. : Aviez-vous perçu cet état de fatigue ? J.-C.P. : Il y avait des signes avant-coureurs, mais quand on voit la qualité des joueurs de notre équipe nationale, on ne pouvait pas tout prévoir. L.P.B. : Cette sollicitation des spor- tifs s’accentue-t-elle en général ? J.-C.P. : L’évolutionmédiatique a été très forte depuis plu-

football, faire de la publicité pour des grandes marques, se reposer, s’occuper de sa famille, vouloir faire un disque… Tout cela est aber- rant, il faut du bon sens. L.P.B. : Vous annoncez qu’à la ren- trée vous devenez préparateur physique du Racing-club football. Pourquoi repartir dans une aven- ture footballistique ? J.-C.P. : J’habite à côté du sta- de de Colombes depuis 1960 et tout ce qui touche le sta- de et le Racing me touche. Avec l’arrivée d’une équipe en championnat National, cela était prioritaire pour moi que de m’investir. Le cham- pionnat de National est très dur car on doit avoir les exi- gences et la rigueur du pro- fessionnalisme, qui est diffi- cile, alors que l’on n’a pas forcément les moyens maté- riels et humains. Le contre- pied à tout ça, c’est le bon sens, la fureur de vivre et la joie de faire un métier fabu-

Jean-Claude Perrin est chroniqueur sur Europe 1. Il sera très présent à l’antenne durant les J.O.

et que l’on n’a pas les bons temps, c’est très difficile. L.P.B. : Cette méforme a-t-elle un lien avec la lutte antidopage que se durcit actuellement aux U.S.A. ? J.-C.P. : On ne peut pas le dis- sociermais ce qui est sûr, c’est que cela a joué contre elle car son entraînement a été per- turbé. L.P.B. : La lutte anti-dopage à Athènes sera-t-elle aussi dure que celle des championnats du Mon- de à Paris-Saint-Denis ? J.-C.P. : Je ne pense pas. La France bénéficie d’une loi d’É- tat et c’est une grande avan- cée, les autres pays ne sont pas allés aussi loin dans la lutte anti-dopage. L.P.B. : Vous avez suivi la cham- pionne de tennis Amélie Maures- mo, comment jugez-vous son par- cours ? J.-C.P. : Elle joue bien actuel- lement, elle exprime son potentiel physique et psy- chologique. Elle aurait dû gagner en demi-finales de Wimbledon contre Serena Williams. Il lui manque une somme de petites choses, c’est la barre que l’on manque au 3 ème essai et que quelque temps après, on passera sans pro- blème. Il ne faut surtout pas croire à la sorcellerie dans ce domaine, le sport est plus simple que ça. L.P.B. : Quels souvenirs avez-vous de Besançon ? J.-C.P. : Je connais le campmili- taire de Valdahon oùmon père

une très grande inquiétude car on est à 40 jours des finales et le temps va man- quer. C’est la raison pour laquelle Stéphane Diagana a annoncé sa fin de carrière avant les J.O. C’est une déci- sion très lucide car le temps est incompressible. C’est un drame pour lui, car cela fait trois fois qu’il ne peut pas aller aux Jeux Olympiques. Pour moi, qui fais partie du cercle restreint de ses amis, puisque l’on a débuté ensemble notre carrière d’en- traîneur avec son entraîneur, c’est une perte beaucoup plus humaine que technique. L.P.B. : Y aura-t-il une incidence sur le groupe France aux J.O. d’Athènes de l’absence de Diaga- na ? J.-C.P. : L’athlétisme est un sport individuel, son absen- ce peut manquer en cas de conflit dans l’équipe car il est écouté et sa voix est prépon- dérante. L.P.B. : Quels sont les athlètes en bonne forme ? J.-C.P. : On a les gens que j’ai vus à Lausanne, par exemple Leslie Jone. J’ai vu une très bonne Arron, Hurtis et Mes- nil. On a une bonne vingtai- ne d’athlètes en bonne forme et bien préparés. L.P.B. : Quel regard portez-vous sur la non-qualification de Marion Jones ? J.-C.P. : Le miracle aurait été qu’elle se qualifie. Quand on perd de nombreuses courses

avant-guerre faisait des stages. Besançon est le pays de Vau- trot, il connaît bien le sport, c’est un arbitre de football qui a fait partager à de nom- breuses générations son sens de l’éducateur d’arbitrage, ce n’est pas un homme de sys- tème, mais un homme de sport. Je me souviens d’un quart de finale de CoupeDavis victorieux à Besançon contre la Hongrie. Enfin, le club de D.S.A. est un très bon club d’athlétisme. L.P.B. : Au regard de votre expé- rience, qu’implique la notion de professionnalisme ? J.-C.P. : Le professionnalisme est ce qu’il y a de plus dur, il faut une rigueur que l’on ne rencontre même pas dans les organisations les plus rugueuses comme les com- mandos militaires et les élites des différentes nations. L.P.B. : Un dernier mot sur la victoi- re sur la Bisontine Reina Flor-Oko- ri aux championnats de France ? J.-C.P. : Je lui ai dit que j’au- rais aimé l’entraîner, elle apporte ce qui manque le plus à l’athlétisme français, à savoir de l’ambition. Elle était remarquablement bien pré- parée, elle a montré qu’elle était différente des autres. Je l’avais vu il y a quatre ans, elle m’avait fait une très bon- ne impression. Elle est très perfectible et c’est donc très promoteur. ! Propos recueillis par E.C.

leux. On a un des plus petits budgets de National, l’ob- jectif est de recons- truire le club du Racing. L.P.B. : À quelques semaines des Jeux Olympiques, comment se situent les athlètes

sieurs années, avec une demande de plus en plus forte des rédactions, les lecteurs veulent être mieux infor- més. Vous êtes obli- gés de délivrer des compositions d’équipes, des sché- mas tactiques, et

“Besançon est le pays de Vautrot, il connaît bien le sport.”

français ? J.-C.P. : On a 3 catégories d’ath- lètes. Ceux qui sont en très grande forme, débarrassés du souci des qualifications et des minima. On a un deuxiè- me groupe en bonne forme mais qui n’a toujours pas fait les minima, la date se rap- proche et c’est toujours com- pliqué pour un entraîneur de gérer cette période. Les condi- tions météorologiques actuelles faites de vent et de pluie n’arrangent rien car les athlètes ne peuvent s’expri- mer, surtout en hauteur ou à la perche. Enfin, on a la catégorie des gens blessés comme Eunice Barber, c’est

c’est mieux pour tout le mon- de. Le monde des médias a déclenché également dans l’entourage des athlètes la nécessité de briller tout de suite. Souvent, on voit aussi des présidents de clubs de football ou des entraîneurs vouloir être plus médiatiques que leurs joueurs ou clubs. L.P.B. : La contrepartie de cette demande est-elle une fragilité plus grande des sportifs ? J.-C.P. : Non, mais une jour- née ne compte que 24 heures, donc pour les sportifs très sol- licités, c’est une question de choix et d’organisation. On ne peut pas être joueur de

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