La Presse Bisontine 46 - Août 2004
UN VI LLAGE À L’HONNEUR
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A RTISAN Trois ateliers dont un à Montrond L’âme du violon entre les mains du luthier Philippe Bodart est installé à Mon- trond-le-Château depuis plusieurs années. Dans son atelier, il fabrique, répare et restaure des violons, altos et violoncelles principalement. Un métier d’art devenu métier passion. Visite au cœur de son atelier. I l est des endroits mythiques, où lon ressent tout un passé derrière soi, court dans les Vosges, il sinstalle à Marseille en 1973 puis à Besan- çon en 1981. Je fabrique des violons, altos et vio- loncelles principalement dans mon atelier de Montrond-le-Château, explique Philippe
Montrond, berceau de la spéléologie franc-comtoise La première grande cavité explorée en Franche- Comté en 1899 se trouvait à Montrond, com- mune comptant de très nombreuses cavités. Aujourd’hui, Montrond abrite le 4 ème club de spéléologie de France et un gîte spéléo.
C’ est à Montrond quest née la spéléologie en Franche-Comté. La première grande cavi- té explorée en Franche-Comté se trouvait en effet sur la com- mune de Montrond-le-Château. Depuis, beaucoup dautres ont été découvertes. Aujourdhui, 6 cavités intéressantes sont recensées, faisant ainsi deMon-
puis cela continue jusquà du très haut niveau au fond. Dans les années 40-50, cette grotte était la 10 ème cavité de France. Chaque année, la commune de Montrond attire des spéléo- logues dumonde entier. Un gîte géré par des bénévoles permet de les accueillir. Cest une gros- se ferme, avec 28 lits, précise Benoît Decreuse. Nous passe-
La grotte Maeva est à découvrir lors de la visite guidée de la deuxième boucle du sentier karstique.
trond-le-Château la commune de la moi- tié Nord de la Fran- ce possédant le plus de cavités réperto- riées au niveau natio- nal (cest-à-dire pré-
rons bientôt à 45. Cest une structure en ges- tion libre. Le gîte accueille des stages pour lécole française de spéléologie, des stages du spéléo
ce, il propose aujourdhui deux boucles : la première d1,2 km accessible à tous en visite libre, la deuxième en visite guidée débouchant sur la grotte Mae- va. 10 000 à 15 000 visiteurs parcourent la 1 ère boucle chaque année, et 1 400 la seconde. Tous les ans, des chantiers de jeunes sont organisés et permettent ainsi la restauration et len- tretien du site. Cet été encore, près de 80 jeunes passeront ainsi une par- tie de leurs vacances aux côtés des spéléologues du groupe, dans un site authentique et à préserver. !
4 500 nuitées par an au gîte spéléo.
sous-terrain est le dernier domaine, avec le fond marin, où lon peut faire des pre- mières. Tous les ans, nous découvrons des galeries où jamais personne na mis les pieds. Nous apportons des don- nées en permanence, ce qui per- met de valoriser notre activi- té. Quant aux secours, le G.C.P.M. veille à régulièrement se former pour gérer ses secours. Enfin, quelques béné- voles cogèrent le sentier kars- tique de Mérey-sous-Montrond, avec la mairie de Merey et lO.N.F. Premier sentier réalisé en Fran-
tout le savoir-faire de lhomme artisan et artis- te, perpétré de généra- tion en génération. Late- lier de Philippe Bodart, àMontrond-le-Château, y ressemble fortement. Des carcasses de violon accrochées à une poutre, des outils posés sur un coin de la table de tra- vail, des morceaux de bois, lodeur de lépi- céa Et au milieu de tout cela, un artisan, véritable artiste : Phi- lippe Bodart. Depuis 1981, il est ins- tallé en Franche-Com- té où il fabrique et res- taure les instruments du quatuor dans le res- pect des techniques tra- ditionnelles. Il travaille avec des professionnels, musiciens, élèves et amateurs, en France et à létranger sur com- mande et sur mesure. Cest en 1968 quil a commencé à sintéres- ser à la lutherie, pério- de où lon nen trouvait peu. En 1973, il y avait une vingtaine de luthiers en France. Aujourdhui, on en compte 10 fois plus , précise-t-il.Après avoir fréquenté une éco- le internationale de lutherie à Mittenwald enAllemagne et fait un apprentissage à Mire-
sentant plus dun kilomètre de développement ou plus de 100 mètres de profondeur). La grot- te de Cavottes est très intéres- sante au niveau initiation, pré- cise Benoît Decreuse, secrétaire du groupement claustrophile du plateau de Montrond (G.C.P.M.). Plusieurs milliers de visiteurs y viennent chaque année. Cest très progressif au début, et donc accessible à tous,
secours français Le tout repré- sente 4 500 nuitées par an. Le club de spéléologie est le 4 ème en France en termes def- fectif, et le 1 er de la région, avec une centaine de personnes. Ces passionnés sadonnent à la spé- léologie sportive, pour le plai- sir, mais aussi à la spéléologie de recherche. Ils découvrent ainsi régulièrement de nou- velles galeries. Le domaine
Bodart. Un assistant maide à réparer, à res- taurer et à monter les instruments. Jaime le contact que jai avec les musiciens, ce qui me per- met de progresser dans lart de la lutherie, dans la recherche de la sono- rité. Cette relation par- ticulière ma permis de mettre au point deux modèles de violoncelles pliables à la demande de violoncellistes ayant des problèmes de voisi- nage. Il a ainsi créé un violoncelle pliable en érable et épicéa équipé dun préamplificateur. Peu encombrant, il se déplace facilement et offre grâce à sa prise casque la possibilité de travailler sans impor- tuner lentourage. Ce violoncelle a obtenu le prix Liliane Bettancourt de lInnovation et du Patrimoine en 2000. Régulièrement, le luthier ouvre son ate- lier aux groupes et aux écoles afin de montrer son savoir-faire. Une belle occasion de par- tager une partie de son univers. !
P ERSONNALITÉ Doyenne du club du 3 ème âge
Marcelle Rousset, 96 ans, pleine de vie
Marcelle Rousset est la doyenne du club du 3 ème âge où elle se rend encore régulièrement. À 96 ans, Marcelle fait encore preuve d’un beau dynamisme. Elle nous rap- pelle quelques-uns de ses souvenirs à Montrond.
même jour que celui de son frère. Mais lessen- tiel de ses souvenirs est gravé dans sa mémoire. Elle se rappelle, avec émo- tion, les prisonniers alle- mands employés à la for- ge après la guerre : Ils ont travaillé à la forge pendant quelque temps. On ne les traitait pas mal. Moi je ne faisais pas de différence entre eux et nous. Par la suite, nous avons gardé des contacts. Et tous les ans à Noël, nous recevons un colis en provenance dAllemagne, avec un petit cadeau. Cest quil ne devait pas être si mal chez nous ! Très vive et encore auto- nome, Marcelle Rousset vit seule depuis le décès de son mari. Nous habi- tons juste à côté, explique un
navions pas de télépho- ne alors on se rencontrait plus. Je suis une fille de la montagne, je viens de Gilley. Là-bas on navait pas la télévision. Nous allions rendre visite aux voisins. Cétait plus vivant, plus familier. Tout change, ce nest plus la même vie. Maintenant on ne connaît plus les gens. Je vais aux réunions des anciens pour continuer à connaître mes voisins. Au club du 3 ème âge, Mar- celle Rousset est la plus âgée. Son mari, décédé en 2000, avait un an de plus quelle. Il était le doyen du village. À 96 ans, Mar- celle Rousset est la doyen- ne du club mais pas cel- le du village. Jai 4 mois décart avec la doyenne de 7 décembre 1907 et moi le 25 avril 1908. Une mémoire des chiffres et de dates sur- prenante ! Marcelle Rousset conser- ve beaucoup de ses sou- venirs : des photos avec ses 12 frères et surs, des bulletins municipaux de Gilley de 1934, sur lequel figure notamment lan- nonce de son mariage, le Montrond, préci- se-t-elle. Mar- guerite Decreuse est née le
C’ est en 1934 que Marcelle Rous- set est arrivée à Montrond-le- hâteau pour y vivre avec son mari, originaire du village. Plus jeune, Mar- celle venait passer des vacances chez lun de ses oncles et cest à ces occa- sions quelle rencontra son futur mari. Il habi- tait en face, se rappelle- t-elle. Il ny avait que la route à traverser En 1934, elle se marie et vient rejoindre son époux au village. Ensemble, ils soccupent dune forge, lui pour tout ce qui est manuel, et elle à la comp- tabilité et gestion. À lépoque, on travaillait tous ensemble. Il ny avait pas des métiers comme maintenant. La forge et la fromagerie étaient au centre du village. Chaque village avait une forge et une fromagerie. Cétait le lieu de rencontre des habi- tants. En travaillant à la forge, on était au courant de tout ce qui se passait dans le village. Nous
Son mari était le doyen du village.
membre de sa famille. Elle sait quen cas de pro- blème nous sommes là. Mais elle se débrouille
et se gère seule. Marcel- le Rousset a encore quelques amis au village quelle rencontre régu- lièrement, dans la rue au ou club. Elle na rien per- du de sa vitalité et tous les habitants de Montrond qui croisent sa route peu- vent en témoigner. !
Philippe Bodart fabrique et restaure des instruments dans le respect des techniques traditionnelles.
À 96 ans, Marcelle Rousset est - presque - la doyenne du village.
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