La Presse Bisontine 46 - Août 2004

LE DOSSI ER

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P LAN L UMIÈRE Illuminée depuis 1976 Quand la lumière sublime la forteresse Parée de jaune à l’occasion du Tour de Fran- ce, la Citadelle arborera une teinte bleu-blanc- rouge à l’approche du 60 ème anniversaire de la Libération de Besançon en septembre.

L ES COLLECTIONS NON VIVANTES Une centaine d’animaux congelés La deuxième vie des animaux

Des animaux naturalisés aux milliers de planches de botanique, c’est un véritable trésor caché que contiennent les réserves de la Citadelle. Un inventaire étonnant.

A lignés dans des rayons, à l’abri des regards, se dresse véritable bestiaire, figé à jamais. Des dizaines d’oiseaux différents, du plus commun au plus exotique, côtoient lesmam- mifères naturalisés. Ils ont tous très anciens, certains ont plus de 150 ans. Ils attendent une

conservation en charge de la collection non vivante qui démentira cette affirmation. Et si la Citadelle peut s’enor- gueillir de s’appeler “musée”, c’est en grande partie dû à ses collections anciennes. “Nous possédons plus d’un siècle et demi de collections reversées essentiellement par l’Univer- sité de Franche-Comté. Le tra-

hypothétique remi- se en état, une expo- sition au public pour les plus présentables. Nous sommes au cœur des réserves de la Citadelle. On pourrait croire

vail de dépouille- ment est toujours en cours” explique Lionel François. Jamais exposées pour certaines, ces richesses dorment dans les réserves

Une carcasse d’ours envoyée à Bourges.

Une partie des collections non vivantes est exposée dans le parcours de l’évolution.

de la Citadelle, en attendant qu’elles soient un jour réper- toriées ou montrées au public. Le plus intéressant échantillon de ces collections est visible dans le parcours de l’évolution, une des salles d’exposition para- doxalement les plus mécon- nues de la Citadelle. “Nous

que le site n’a de valeur qu’à travers les animaux vivants qu’il abrite. Or, il est des col- lections, beaucoup plus secrètes que les incontournables singes du parc zoologique, qui valent largement que l’on s’y attar- de. Ce n’est certainement pas Lionel François, attaché de

montons aussi des expositions temporaires, un par an depuis trois ans. Notre objectif est de toujours avoir en préparation des projets d’expositions, pour dévoiler petit à petit tout ce que nous avons en réserve.” Parmi ces trésors figure notam- ment une collection de plus d’un demi-million de planches de botanique, datant pour la plupart du milieu du XIX ème siècle, amassé par les plus grands botanistes francs-com- tois de l’époque. Elles sont actuellement en phase de dépouillement, l’objectif étant de les répertorier toutes sur informatique à l’aide de pho- tos numériques. Leur état de conservation ne permettrait pas une exposition prolongée à la lumière. “Parmi les plantes répertoriées, certaines ont dis- paru du sol franc-comtois. L’ob- jectif est de pouvoir un jour montrer aux gens ce qu’on pou- vait trouver en Franche-Com- té il y a 150 ans.” Les réserves de la Citadelle recèlent d’immenses collections zoologiques, de mammifères empaillés, d’invertébrés… Un véritable inventaire à la Pré- vert. “Nous avons aussi des col- lections de géologie, d’instru-

ments scientifiques ou encore d’ethnologie africaine qui n’ont pour la plupart jamais été mon- trées, complète le conservateur. Pour toutes ces collections non vivantes, notamment les ani- maux naturalisés, c’est une deuxième vie qu’on leur pro- pose.” D’ailleurs, une partie de ces animaux naturalisés pro- vient du zoo. “En effet, les ani- maux morts sont en général conservés. S’ils sont trop dépé- rissants, nous ne les gardons pas. Sinon, nous les congelons, avant de les faire naturaliser par un spécialiste.” C’est ain- si que dans les chambres froides de la Citadelle sont gardés un tigre, un loup ou encore un ours, dans l’attente d’une pro- chaine naturalisation. “Nous possédons une centaine d’ani- maux congelés dans nos chambres froides” révèle Lio- nel François. La carcasse d’un des deux derniers ours de la Citadelle, mort en 1995, a d’ailleurs été expédiée dans un musée de Bourges, où elle a été naturalisée. Finalement, les animaux de la Citadelle ne meurent jamais… C’est peut-être aussi en cela que la Citadelle est un véri- table musée. ! J.-F.H.

Le sprojecteurs donnent au site tout son mystère.

C haque année, Besançon dépense quelque 150 000 euros pour la mise en valeur de son patri- moine bâti. La dernière illus- tration en date, le 5 juillet der- nier, a été l’illumination de la synagogue quai de Strasbourg.

mettait en valeur la pierre et les arbres.” Ce bel édifice lumineux a été démonté en 1995 à l’occasion des travaux de construction du tunnel sous la Citadelle. “De nouveaux types de projec- teurs ont été installés, plus éco-

D’autres édifices seront mis en lumiè- re d’ici la fin de l’an- née : le campanile de l’église Saint-Clau- de, la statue de Vic- tor Hugo sur l’espla- nade des Droits de l’Homme et le pont de la République.

nomes, offrant des effets encore plus spectaculaires.” La Citadelle est désormais subli- mée par 350 pro- jecteurs d’une puissance globale de 100 kW, reliés

350 projecteurs, 2 000 mètres de câbles.

entre eux par 2 000 mètres de câbles et arrimés à la muraille grâce à 600 anneaux. À l’oc- casion du passage de la Gran- de Boucle, 30 projecteurs ont été teintés de jaune. À la fin de l’été, cet habit de lumière sera coloré de bleu- blanc-rouge, pour célébrer la Libération de Besançon le 8 septembre 1944. Forteresse, la Citadelle fait également offi- ce de phare… ! J.-F.H.

La Citadelle a été la premiè- re à faire l’objet de ce traite- ment lumineux. “La première tranche de ce plan Lumière remonte à 1976, rappelle Jean- Claude Roy, l’élu chargé de l’éclairage public à Besançon. C’est l’architecte Roland Jéol qui avait conçu le projet de mise en valeur. Le panorama noc- turne était sublimé par une lumière blanche et chaude qui

Des dizaines de milliers de plantes sont conservées sous planches dans les réserves de la Citadelle.

I NSECTARIUM Bienvenue dans la maternité des insectes L’insectarium est une des attractions les plus intéressantes du muséum. Derrière les vitrines, le spectateur peut apercevoir le laboratoire dans lequel sont élevés les insectes et les araignées. Un univers étrange peuplé de créatures extraordinaires.

L es milliers d’insectes montrés au public sont nés et “élevés” dans un laboratoire où grouille tout une vie, faite de créatures aux formes parfois connues, sou- vent étonnantes, parfois car- rément effrayantes. Plusieurs soigneurs s’occupent de la bonne santé de ces bébêtes,

dus. Les plus éphémères d’entre eux ne vivent que quelques heures, certains comme les phasmes, ces insectes-branches, peuvent atteindre plusieurs années d’espérance de vie. La plus veille locataire de l’insec- tarium est une mygale sur le point d’atteindre l’âge cano- nique de 20 ans… !

beaucoup plus difficiles à domp- ter qu’on pourrait le supposer. “La reproduction des insectes est plus difficile àmaîtriser que celle des mammifères du parc zoologique explique un des spé- cialistes de l’insectarium. Tel insecte peut pondre des cen- taines d’œufs et seuls trois ou quatre individus arriveront à

l’âge adulte. C’est vraiment dif- ficile à gérer. Ce qui est sûr, c’est que nous ne risquons pas d’être confrontés à des surplus ou à des proliférations” 120 espèces d’insectes cohabi- tent dans le laboratoire de l’in- sectarium qui abrite, si l’on inclut les fourmis, plusieurs centaines de milliers d'indivi-

Un des phasmes, ou insectes-branches, élevé au laboratoire de l’insectarium.

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