La Presse Bisontine 271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr DÉCEMBRE 2024 - JANVIER 2025 N° 271 3 €

L’heure de vérité pour le commerce bisontin Halles beaux-arts, centre-ville, Battant

Le dossier en p. 16 à 22

P. 6 À 8

justice P. 10-11 Parquet de Besançon Tolérance zéro pour les atteintes à l’environnement

L’événement

L’hôpital de jour du C.H.U. Minjoz

Plongée dans le corps et l’âme des femmes

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

Des lettres érotiques de Courbet découvertes dans un grenier

Municipales 2026 : la gauche a entamé les discussions

À l’initiative du P.C.F. local, les cinq forces de gauche qui composent l’actuelle majorité municipale (Parti Communiste Français, Europe Écologie les Verts, Parti Socialiste, Génération.s, À Gauche citoyens !) se sont réunies le 26 novembre dernier pour commencer à discuter des prochaines élections muni cipales de 2026 (voir le dossier consacré à la question dans notre précédent numéro). “Après trois heures de dialogue fructueux où chaque organisation a pu s’exprimer, nous avons pris l’engagement de nous revoir régulièrement afin de poursuivre ces échanges constructifs” se contente de résumer Matthieu Guinebert, le secrétaire de la Fédération du Doubs du Parti Com muniste Français. De son côté, le P.-S. ballotté entre ceux

qui souhaiteraient ouvrir la discussion avec L.F.I. et ceux pour qui les Insoumis consti tueraient une ligne rouge à ne jamais franchir, a réaffirmé son calendrier par la voix de Jean-Sébastien Leuba, le secrétaire de la section locale du P.-S. “On ne souhaite en aucun cas inverser les calendriers. On va commencer par proposer un projet, après échanges avec les Bisontins avec qui nous avons prévu de confronter le bilan de ce mandat. Ce travail sera fait d’ici la fin février. Nous espérons 1 000 à 1 500 retours des Bisontins. En parallèle, nous continuerons les discussions avec nos partenaires de l’actuelle majorité. On discute du bilan avec nos partenaires, on n’en est pas à la question de savoir s’il faut ou non discuter avec L.F.I. Je ne veux pas brouiller les pistes” affirme M. Leuba dont le parti, poussé par son

L a découverte est aussi fasci nante que surprenante, digne d’un feuilleton à rebondisse ments. Tant son contenu - 130 lettres inédites du peintre Courbet dont la plupart dépeint un contenu sulfureux et érotique - que la façon dont cette correspondance a émergé il y a plus d’un an. C’est dans le grenier de la biblio thèque d’études et de conservation qu’attendait dans l’ombre cette cor respondance érotique entre le peintre ornanais et Mathilde Carly de Svaz zema. L’aventurière croqueuse d’hommes prend l’initiative de la cor respondance en novembre 1872, elle enverra 91 missives quand Cour bet, usé, malade, désabusé, retran ché à Ornans, lui répondra 25 lettres. Les échanges épistolaires se termi nent en mai 1873. La retranscription court sur plus de 500 pages. Com ment ces lettres se sont-elles retrou vées pendant plusieurs décennies dans le grenier de la bibliothèque ? “On suppose que le deuxième exé cuteur testamentaire de Courbet, le Docteur Blondon, était en possession de ces lettres, avance le conservateur Pierre-Emmanuel Guilleray. À sa mort, ses héritiers n’ont pas su quoi en faire, ils les ont données à la biblio thèque. Au vu du contenu sulfureux, c’est un secret qui s’est transmis de bibliothécaires en bibliothécaires jusqu’à Jacques Mironneau qui ne transmet pas à son successeur.” Puis au gré des déménagements de mobi liers, les lettres placées dans un meu ble partent au grenier, sombrant dans l’oubli. Quatre conservateurs en 2023 tombent par hasard sur la corres pondance et en comprennent immé

bon score avec Place Publique aux der nières européennes, s’est engagé à formuler les premières propositions programmatiques d’ici le printemps. Viendra ensuite, et pas avant, le temps de l’incarnation pour les municipales du printemps 2026. ■ Jean-Sébastien Leuba, secrétaire de la section socialiste bisontine compte bien faire entendre la voix du P.-S. à l’approche des prochaines municipales.

diatement l’importance. “C’est un aperçu intime et fascinant sur sa psychologie à un moment compliqué de sa vie”, souligne la maire Anne Vignot qui souhaite que “cette découverte soit une source de premier ordre pour comprendre l’homme, le peintre et ses œuvres et compléter la connaissance de l’ar tiste.” La Ville organise en mars prochain une exposition de 36 lettres à la bibliothèque d’études et conservation qui se clora lors de la première jour née du patrimoine en septembre. Une publication de la correspon dance, qui a été par ailleurs numé risée, est prévue aux éditions Galli mard. La question a été posée par Anne Vignot elle-même devançant les critiques : “Quelle responsabilité publique avons-nous de publier ces lettres ? On rentre dans l’intimité d’une personne du XIX ème siècle, quelqu’un qui participe du boule versement de la société.” Pierre Emmanuel Guilleray abonde : “Avec le recul, ces lettres deviennent des documents historiques.” ■ 130 lettres inédites de Courbet ont été découvertes dans le grenier de la bibliothèque d’études et de conservation. Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, Groupe Machurey architecture, Noël Jeannot, Christophe Roy, Matteo Soueï, La Sirène by Incognito. équipe commerciale : Maëliss Aumaitre, Anne Familiari, Anthony Gloriod. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130

L a structure médico-sociale bisontine, dont plusieurs établissements sont ins tallés sur les hauteurs de Bre gille, a été récompensée récem ment dans le cadre de la 4 ème édition du Challenge de la mobi lité organisée par l’A.D.E.M.E. Bourgogne-Franche-Comté. 53 territoires et 361 établisse ments (entreprises et collecti vités) étaient engagés, repré sentant au total près de 6 600 salariés qui ont relevé le chal lenge de se déplacer autrement que seul en voiture pendant une semaine pour leurs dépla cements domicile-travail. “ Un record de participation. Ainsi,

Les Salins de Bregille optent pour la mobilité douce

ce sont 921 651 kilomètres qui ont été parcourus en évitant d’être seul en voiture” se réjouit l’A.D.E.M.E. Parmi les lauréats locaux, les Salins de Bregille ont obtenu un prix “Super-référents”. “Au sein des Salins de Bregille qui compte plusieurs établisse ments, on a adopté une vraie démarche avec un plan de mobilités douces. Nous avions signé un accord pour accorder aux collaborateurs qui jouent le jeu un forfait mobilités dura bles, calculé en fonction du nombre de jours où ils utilisent un autre moyen de transport que la voiture individuelle” note Anne-Sophie Zuber, directrice du centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelles des Salins de Bregille. Pour les sala riés des Salins, la carotte peut être intéressante : entre 150 et 550 euros par an. ■

Parmi les lauréats de ce challenge 2024, la structure bisontine Les Salins de Bregille.

Q uel que soit le nom du nouveau Premier ministre qui devait sortir du chapeau présidentiel, la France s’enfonce un peu plus encore depuis le vote de la motion de censure dans la crise politique. En faisant tomber le gouvernement Barnier, qu’est ce que les députés ont fait gagner au peuple français ? Rien. Le Rassemblement natio nal a montré là son vrai visage, inchangé depuis sa fondation il y a plus de cinquante ans : celui d’un parti anti-système. Com ment qualifier aussi le comportement de La France Insoumise dont les députés, ces agités du bocal pour beaucoup, terro risés par la présence pesante de leur chef en tribune ont mêlé leurs voix sans ver gogne à celles du parti à la flamme ? Que dire aussi de ce Jean-Luc Mélenchon qui se fout bien du peuple, se pourléchant les Éditorial Anti-système

à une cynique loterie. Quoi qu’il advienne désormais, et c’est sans doute là le seul message crédible envoyé par le leader des Insoumis, la France risque de se trouver quasiment ingouvernable pendant les trente mois que le président de la Répu blique a évoqués lui-même dans sa dernière allocution, bien décidé à rester en poste jusqu’en mai 2027. Il en a le droit évidem ment. Le pourra-t-il cependant si la colère sourde des Français exaspérés de la manière dont M. Macron a provoqué ce chaos né de l’incompréhensible dissolution de juin dernier explose dans les prochains mois ? Rien n’est moins sûr. La seule porte de sortie honorable pour lui sera de créer, enfin, les conditions d’une relative stabilité du prochain gouvernement. Pour cela, il faut d’abord que tous les partis sensés se résolvent enfin pour servir une seule cause : l’intérêt des Français. La seule qui vaille. N’en déplaise aux adeptes de M me Le Pen et de M. Mélenchon. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

babines du spectacle de désolation qu’a offert l’Hémicycle lors de cette séquence ? Et voilà qu’il poursuit son opération de destruction de la gauche en bâillonnant les socialistes dans leur tentative d’ou verture à certains compromis, bien sûr nécessaires en ce moment. En agissant ainsi, le tribun Mélenchon se place chaque jour un peu plus hors des clous de la démo cratie. Tous les censeurs influencés par ces deux partis anti-système ont ainsi blo qué un peu plus la France, rayant d’un trait de plume le projet de budget qui pré voyait, rappelons-leur, de faire payer aux plus riches et aux grandes multinationales plus d’impôts. Laissant aussi dans l’ex pectative des centaines de milliers d’agri culteurs dont le rejet du budget repousse un peu plus encore l’application des mesures de soutien. Ce ne sont que deux exemples qui illustrent le peu de cas que ces députés censeurs font du peuple fran çais avec le sort desquels ils jouent comme

4 L’interview du mois

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LES INVITÉS AU FESTIN

Jean et Marie-Noëlle Besançon

“Il y a trente ans, les Invités au festin, c’était l’innovation, aujourd’hui, c’est toujours la solution”

Fondée en 1990, l’association Les Invités au festin aborde en 2025 un important virage dans son développement. Les deux piliers historiques de la structure qui œuvre pour la psychiatrie citoyenne, Marie-Noëlle Besançon, la fondatrice, et son mari Jean, retracent 35 ans d’histoires tournées vers la rencontre avec l’autre.

Qu’est-ce que la psychiatrie citoyenne ? Le concept de psychiatrie citoyenne repose sur le principe d’une psychiatrie intégrée dans la cité, articulée au tissu local, associatif, politique, sanitaire, social et culturel. Cette psychiatrie hors les murs s’inspire d’une expérience menée pendant 20 ans dans un service de psychiatrie publique de Lille. Le Docteur Jean-Luc Roelandt a mis en place une pratique intégrative, où la question de la citoyenneté des patients est centrale. n

L a Presse bisontine : Qu’est-ce qui vous a poussé, il y a 35 ans à lancer l’aventure des Invités au festin ? Marie-Noëlle Besançon : À l’époque, (fin des années 1970, N.D.L.R.), j’étais interne à l’hôpital psychiatrique de Novillars. J’ai découvert l’univers psychiatrique avec l’enfermement, l’isolement, la ségré gation. ça m’a fait un choc. Je me sou viens dans le pavillon des (maladies, N.D.L.R.) chroniques, il y avait une jeune femme de 18 ans, son seul tort avait été de casser des carreaux. Elle a été inter

1978 pour démanteler les hôpitaux psy chiatriques dans le pays (cette loi 180 ou loi Basaglia du nom du médecin Franco Basaglia qui a milité pour entre autres démanteler les hôpitaux psychia triques à la faveur de services de psy chiatrie dans les hôpitaux généraux et des communautés de soins alternatifs, N.D.L.R.). La psychiatrie citoyenne s’ins pire de Basaglia. J’ai toujours rêvé de créer des lieux de vie.

née, elle n’en est jamais ressortie. Je suis tombée en amour pour eux, j’avais l’impression de les comprendre. Je suis restée pour les sauver, le sort qui leur était réservé était insoutenable. J’ai rencontré toutes des personnalités qui n’avaient rien à faire là. Mais elles étaient là parce qu’il n’y avait pas d’au tres places à l’extérieur. L’hospitalisation détruit les gens, j’ai rédigé ma thèse de médecine sur les lieux alternatifs, com ment on pouvait sortir les gens de l’hô pital. En Italie, une loi est adoptée en

L.P.B. : En 1990, vous créez les Invités au festin.

ASSOCIATION Projet Développement de la formation et création de pensions de famille et de résidences accueil

“C’ est un franchissement de seuil en termes de développement de l’association.” Les mots de Jean Besançon, président des Invités au festin, sont forts et reflètent l’importance du cap qui va être franchi. Bénéficiant d’un prêt conjoint de 400 000 euros consenti par la Banque des Territoires et France Active Franche-Comté, l’association fondatrice de la psychiatrie citoyenne développe son activité via un projet d’envergure. “C’est un projet ambitieux, à fort impact social” , présente David Erbs, directeur de la structure. Ce projet se décline en deux axes majeurs. Le premier concerne la formation des personnels dans les entreprises et des administrations pour une meilleure prise en charge. Un modèle d’accompagnement sera diffusé au personnel pour faciliter le rétablissement psychosocial. Une formation Premier secours en santé men tale existe depuis un an, 150 personnes ont été formées par les Invités au festin. D’ici le Pour les Invités au festin, l’année 2025 est synonyme de renouveau avec un projet de développement d’envergure présenté fin novembre et qui s’accompagne d’un prêt de 400 000 euros de la Banque des Territoires et de France Active Franche-Comté.

associations aient les reins solides pour porter un projet. La M.O.I. est une grosse clé pour nous.” En l’espèce, si elle l’obtient, l’association pourra assurer le portage de projet, la gestion et la maîtrise d’ouvrage. “Construire une pension de famille ou une résidence accueil, ce n’est pas rentable pour les bailleurs sociaux, d’où l’importance de cette M.O.I. pour qu’on aille dans les interstices.” Fondamentalement, les Invités au festin chan gent de paradigme et de manière d’essaimer le concept. Jusqu’à maintenant, l’association accompagnait des porteurs de projets via une aide à l’ingénierie et la méthode à appliquer. En 2025, il s’agira de faire du développement direct. Actuellement, le réseau des Invités au festin compte 146 lieux de vie et d’accueil comme les accueils de jour avec ou sans groupe d’en traide, de l’habitat inclusif, des logements en diffus, et des pensions de famille et des rési dences-accueil. Alors que le gouvernement a annoncé que la santé mentale sera en 2025 grande cause nationale, David Erbs en convient : 2025 est une année à ne pas rater pour les Invités au festin, “une année charnière” pour être plus visible et plus compétent. Une grande campagne de communication en par tenariat avec Grand Besançon Métropole com mencera fin janvier 2025. n L.P.

printemps, une formation Premier secours en santé mentale des jeunes sera disponible. De manière générale, l’association propose depuis 15 ans un catalogue d’une douzaine de forma tions : santé mentale pratiques managériales, santé mentale qualité de vie et conditions de travail, harcèlement, épuisement professionnel, stress au travail, etc. “L’information des citoyens est primordiale, il y aura des actions de com munication percutantes dans le but de sensi biliser aux enjeux de la santé mentale et de la déstigmatiser” , reprend le directeur. Second axe et non des moindres puisqu’il s’agit du plus lourd financièrement, la création de pensions de familles et de résidences d’accueil. L’association aimerait construire trois struc tures de ce type dans le Doubs, l’une à Besançon probablement dans le nouveau quartier Grette Brulard, la municipalité ayant déjà fléché des subventions, une autre dans une ville labellisée petite ville de demain, et la troisième à Pon tarlier. Dans la capitale du Haut-Doubs se pose néanmoins la question problématique du prix du foncier et de sa disponibilité. Au total, ces projets nécessitent entre 8 et 9 millions d’euros. “Le processus est long et financièrement lourd, souligne David Erbs. Nous avons déposé une demande d'agrément pour une maîtrise d’ouvrage insertion (M.O.I.). C’est compliqué d'avoir cet agrément, l’État s’assure que les

David Erbs, directeur des Invités au Festin a présenté l’important projet de développement de l’association qui a reçu un prêt conjoint de 400 000 euros, pour moitié de la Banque des Territoires, pour l’autre de France Active Franche-Comté de l’autre.

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

accompagné 15 associations. Mais nous sommes relativement arrivés au bout de cette méthode, longue, contraignante, et qui ne produit pas beaucoup d’effets financiers pour l’association. On va pas ser du mode essaimage à une franchise et en propriété directe. On vise les lieux de vie qui existent déjà pour implanter notre modèle et développer aussi notre propre réseau de lieux de vie pour pou voir être autonome. L.P.B. : Il s’agit ici du gros projet de développement pour 2025 de l’association. Jusqu’à présent, combien existe-t-il de lieux de vie propres à l’association (et non de ses partenaires) ? M.-N.B. : Il y a celui rue de la Cassotte, et un à Pouilley-les-Vignes en partena riat avec Habitat et Humanisme. Un projet d’un lieu de vie de 24 places est validé à Baume-les-Dames, on a ouvert un accueil de jour l’année dernière pour préparer ce projet. L.P.B. : Quels sont les autres défis de l’association à relever à l’avenir ? J.B. : Trouver un successeur à la prési dence et un trésorier. Et il reste toujours des incertitudes au niveau des finan cements. Le budget 2025 est de 2,8 mil lions d’euros, il y a une incertitude de l’ordre de 20 % des financements à trou ver. M.-N.B. : Quant à moi, je ne fais plus partie du conseil d’administration mais je garde un œil sur l’esprit et le concept des Invités au festin au niveau de l’éthique. Pour autant, nous restons tou jours proches de nos résidents. n Propos recueillis par L.P.

malades mais comme des personnes. On leur demande de participer à la créa tion de ces accueils communautaires, de ne pas être assisté, d’être acteur, de donner une cotisation à l’association. M.-N.B. : Il y a trente ans, les Invités au festin, c’était l’innovation, c’est toujours la solution. Les gens, ils arrivent, ils vont mieux. L.P.B. : Peut-on mesurer l’impact notamment économique des I.A.F. pour la société ? J.B. : C’est justement une étude à financer pour 2025. En 2010, on avait déjà réalisé une évaluation pour mesurer tout ce qui peut être économisé pour la société grâce aux I.A.F., notamment via le S.R.O.I. (retour social sur investissement, N.D.L.R.). À l’époque, pour 1 euro investi, le retour sur investissement était de 2,18 euros. Mais ça a beaucoup évolué depuis. Maintenant, nous sommes plus sur la mesure d’impact social.

Comment cela débute ? M.-N.B. : Cela commence par une intui tion. En 1989, je sors de la messe et je rencontre une personne seule. On se dit chrétien mais on vit renfermés sur nous-mêmes. Alors je lance les dimanches communautaires dans des salles paroissiales une fois par mois pour partager des repas. En 1992, je rencontre Jean qui va structurer l’as sociation. Jean Besançon : À l’époque, j’étais directeur financier à Strasbourg. J’ai rencontré Marie-Noëlle qui m’a parlé de son désir d’un lieu de vie. J’ai découvert les Invités au festin et je suis rentré dans le circuit. Le côté entrepreneurial était intéressant pour moi, mais j’ai découvert les gens. Je passais à côté de ces personnes-là. L.P.B. : Comment évolue l’association pour en arriver aujourd’hui au réseau I.A.F. qui ne compte pas moins de 146 lieux de vie et d’accueil et 12 associations partenaires ? M.-N.B. : En 1994, on crée un accueil de jour rue Renan, à côté de mon cabinet. C’était pour ceux qui en avaient besoin mais de plus en plus, il y avait des per sonnes avec des problèmes psychia triques. En 1999, on achète le couvent des Capucins, rue de la Cassotte. Cela a été une nouvelle naissance, on va dou bler les adhérents, lancer des appels à projets. Pendant dix ans, on a vécu avec les adhérents dans l’ancienne infirmerie. (Marie-Noëlle a d’ailleurs sorti un livre en 2006 “On dit qu’ils sont fous et je vis avec eux”, N.D.L.R.) J.B. : Notre originalité, c’est qu’on ne considère pas les gens comme des

“La difficile question de la succession à la présidence.”

En 2006, l’association a été repérée par Ashoka, (une organisation inter nationale qui soutient les entrepreneurs sociaux très innovants dans le monde, les Invi tés au festin fait partie de la première sélection française parmi 5 lau réats, N.D.L.R.). Cela nous a permis de faire de l’essaimage souple, on fournit les principes et une charte signée. Depuis 2008, on a

Jean et Marie-Noëlle dans le cloître de la chapelle des Capucins, rue de la Cassotte, lieu que l’association a acheté en 1999.

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6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

Plongée dans le corps et l’âme des femmes

Inauguré le mois dernier par Geneviève Darrieussecq, alors ministre de la Santé, l’hôpital de jour de santé de la femme du C.H.U. de Besançon est unique en France. Par le biais de trois parcours de soins (cancer du sein, chirurgie du pelvis et endométriose), ce nouveau service propose une prise en charge globale des patientes. Toutes s’accordent sur un point : elles se sentent écoutées et considérées.

l C.H.U. de Besançon Santé de la femme Un hôpital de jour pour redonner du pouvoir aux patientes Initié par Séverine Bey, cadre de santé, l’hôpital de jour de la santé des femmes prend en charge 3 parcours de soins, (7 à terme en 2025). Basée sur l’éducation thérapeutique, la prise en charge se veut globale en tenant compte de l’individualité de la patiente.

D ans les couloirs du C.H.U., à l’étage de l’hô pital de jour de la santé des femmes, Séverine Bey est sur tous les fronts. La dyna mique cadre de santé, à l’initiative de ce nouveau service hospitalier, unique en France (pour l’instant), répond présente à toutes les solli citations. Il faut dire que cet hôpital de jour innovant est un peu son bébé. Séverine Bey l’a mûri, l’a fait grandir jusqu’à lui donner nais sance. Puéricultrice, cadre depuis 9 ans dans le pôle Mère-femme, Séverine Bey est partie d’un constat. Elle a suivi pendant plusieurs années le parcours d’oncologie pédiatrique. “En pédiatrie, il y a une prise en charge plus globale. Mais pour les adultes, ce n’était pas le cas.” Elle obtient alors un diplôme univer sitaire en éducation thérapeutique et valide un master 2 en promotion en éducation et à la santé. C’est dans ce cadre qu’elle élabore la

multiples, tendent tous vers une meilleure prise en charge globale de la patiente, pour améliorer la qualité de vie et réduire la morbi dité et les séquelles. Il s’agit de prendre en compte la patiente dans son individualité tout en la rendant actrice. Pour atteindre ce résultat, l’hôpital de jour s’appuie sur deux principes : la R.A.A.C. (réhabilitation amélio rée après chirurgie) et l’éducation thérapeutique. “L’éducation thé rapeutique est une approche péda gogique centrée sur le patient, éclaire Séverine Bey. On redonne du pou voir au patient. On part des connais sances du patient et on adapte les informations. Il s’agit de prendre

création d’un hôpital de jour pour la santé des femmes. Concrètement, l’hôpital de jour accueille des patientes qui suivent 7 parcours de soins innovants, ces derniers recoupant les pathologies les plus fréquentes chez les femmes. Pour l’heure, alors que l’hôpital de jour n’a ouvert que depuis octobre, seuls 3 parcours de soins sont ouverts : le parcours chirurgie can cer du sein, la chirurgie de pelvis et l’endométriose. Les autres (trou bles de la statique pelvienne, la santé sexuelle de la femme, le par cours endocrino-gynécologie et patients présentant une diversité de genre, et le parcours P.M.A.) suivront en 2025. Les objectifs,

Le Docteur Yolande

Maisonnette, gynécologue et médecin de l’H.D.J.

L’événement 7

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

l Parcours chirurgie du sein et endométriose Les étapes Le rôle clé des patients-experts Les patientes en parcours de chirurgie cancer du sein passent deux journées à l’hôpital de jour en pré et post-opératoire. Celles qui suivent le parcours endométriose ont droit à une journée d’évaluation. Décryptage des différentes étapes de la prise en charge globale. Et notamment le rôle clé joué par les patients-experts.

Lors d’un repas partagé, les bénévoles de Vivre Comme avant offrent un espace d’échanges, sans pression ni jugement.

T out commence par une consul tation avec un gynécologue réfé rent du C.H.U. Ce dernier, selon la pathologie de la patiente, lui propose de suivre un parcours dans l’hô pital de jour de la santé des femmes. Peu refusent, celles qui le font sont souvent des personnes âgées ou confrontées à la barrière de la langue. Généralement, la journée à l’H.D.J. est fixée la semaine suivant la consultation. “On évalue quels sont les besoins, les ressources, les pro blèmes pour prioriser les besoins, et orien ter vers un professionnel, illustre Séverine Bey. Si la patiente nous parle de problé matique de garde d’enfant après l’opé ration du sein, on l’oriente vers une assis tance sociale. On anticipe pour que le post-opératoire se passe le mieux possible. À chaque étape, d’autres besoins peuvent remonter.” Si la patiente fume, elle sera orientée vers un spécialiste en addicto logie pour prévenir de l’impact du tabac sur la cicatrisation. Kiné, sage-femme, infirmier… De manière générale, la vigi lance des soignants permet de dépister toutes les vulnérabilités, et notamment les violences intra-familiales. Ce jour-là, justement, une patiente dans

en préopératoire pour appréhender le nouveau corps. De l’auto-hypnose est également prodiguée pour apprendre à gérer le stress et à se mettre seule dans un état de bien-être. Enfin, pilier extrêmement important, les associations de patients-experts inter viennent pour des échanges. “On s’appuie sur des gens qui connaissent bien la mala die, ils deviennent ressources. Seul un patient qui a traversé la maladie, qui l’a vécue dans son corps peut être aidant, nous, nous sommes soignants. Le patient expert est plus audible” , observe Séverine Bey. Marion Diaz de l’association Endofahm (pour femme accompagnement humain multiple) intervient tous les jeudis midi pour ouvrir un espace d’écoute et d’échanges avec les patients souffrant d’endométriose (voir ci-contre). Édith Marmier est bénévole à l’association Vivre comme avant, tout comme Sophie ou encore Cendrine, apprentie bénévole. Elles interviennent lors d’un repas par tagé et visitent également les patientes dans la chambre juste après l’opération. La structure anime aussi depuis 9 ans un café papote dans le Pôle mère/enfant

le service ne souhaite pas se mêler aux autres, victime de violences. L’H.D.J. tient compte des trois pieds sur lesquels s’articule la santé : santé physique, santé psychique, et santé sexuelle. “Il y a un entretien avec un psychologue, avant, on attendait d’être au fond du trou pour y penser” , reprend la cadre de santé. Cer taines témoignent : elles n’y auraient pas pensé toute seule et pourtant, cet entretien leur fait du bien. Les médecines alternatives prennent aussi place dans l’H.D.J. Une sexologue anime un groupe de parole une fois par

de trouver des personnes qui peuvent entendre sans juger. Il y a des questions qu’on ne peut pas poser aux soignants, avec toute leur bienveillance.” Les bénévoles de Vivre comme avant bénéficient d’une formation initiale par une psychothérapeute puis d’une forma tion continue. “Notre rôle de patients experts est reconnu comme ayant une place dans le parcours de soins, reprend Édith. Le rétablissement après l’opération ne se fait pas en 15 jours, il passe par beaucoup de choses qui commencent à être entendues par le milieu hospitalier.” À la suite des deux journées à l’hôpital de jour, des rendez-vous de suivi d’1 mois jusqu’à un an sont aussi programmés. Des comptes rendus sont rédigés à l’at tention des professionnels de la ville pour faciliter la collaboration. n

(hors H.D.J.). “C’est important de partager ce qu’on pense, ce qu’on imagine, les repré sentations. On connaît la force des repré sentations qu’on a, qui on voit dans le miroir. C’est à nous de changer nos repré sentations explique Édith. Même avec un sein en moins, on se dit qu’on est plus belle, même guerrière. Je leur dis toujours de penser aux Amazones, ces guerrières qui se coupaient un sein. Il faut savoir exprimer les choses sans être intrusives, on n’est pas dans le conseil ni pour mettre en avant notre vécu mais relancer pour que les patientes osent parler d’elles.” Pour Sophie, alors qu’elle était patiente, la visite de ces bénévoles l’ont poussée : “J’ai vu des femmes en face de moi rayon nantes, dynamiques, je me suis dit je peux être comme ça. On peut se projeter dans une image positive. Ça fait du bien

mois, car il s’est avéré que beaucoup de couples se séparent à la suite d’une pathologie, celles souffrant d’endomé triose peuvent éprouver des douleurs pendant le rapport sexuel. Pour ces dernières, un entre tien avec une infirmière de la douleur est aussi primordial. Pour les can cers du sein, une séance avec une socio-esthéti cienne est programmée

Dépister toutes les vulnérabilités.

connaître le patient, il faut être très efficient pour donner les informa tions, le patient a peu de temps pour parler de lui, reprend Séverine Bey. À l’H.D.J., on a une approche globale, on formalise les parcours de soins, on améliore aussi la coor dination hôpital-ville, on facilite le travail des généralistes.” L’impact de cette approche globale sur les patientes, le Docteur Yolande Maisonnette, gynécologue et médecin référent de l’H.D.J. le voit au quotidien. “Les patientes arrivent plus sereines à l’opération, elles voient les choses plus positi vement, elles se sentent plus à l’aise.” Le médecin en convient : avant, il n’y avait rien ou peu. “On les voyait en consultation d’annonce, en ren dez-vous puis lors de la chirurgie. Il manquait du liant, on ne pouvait pas tout aborder. Là, on voit que ça leur permet de connaître plus la maladie, on a toute la journée pour aborder plus de choses. Il y a une qualité de prise en charge supérieure, cela nous apporte du confort et une meilleure prise en charge dans la totalité.” À terme, lorsque tout sera fixé, Séverine Bey aimerait aborder aussi la ménopause pour que la patiente soit considérée dans toute sa globalité de femme. Fort d’une équipe pluridisciplinaire, alliant infirmier, sage-femme, psychologue, kinésithérapeute, assistante sociale, associations… l’hôpital de jour plonge au cœur de ses patientes, soignant leur corps et leur âme marqués par la maladie. n L.P.

Séverine Bey a été à l’initiative de l’hôpital de jour santé des femmes.

possession de son parcours patient pour en être le plus acteur possible. On inverse le paradigme sachant patient. D’ailleurs, à l’hôpital de jour, ce sont les soignants qui bou gent, et non les patientes. On remet le patient au cœur de sa prise en charge.” Pour appuyer son propos, la cadre de santé se réfère aux chiffres. Cinq ans après un cancer, 60 % des patients ont des séquelles, un tiers n’ont pas de suivi. L’H.D.J. a donc pour but d’agir en amont pour diminuer les séquelles, et donc gagner en qualité de vie. Le C.H.U. traite environ 500 patientes par an pour une chirurgie de cancer du sein, 160 pour une chirurgie

du pelvis. Quant à l’endométriose, elle concerne 1 patiente sur dix. 5 places d’H.D.J. en hospitalisation sont ouvertes ainsi que trois salles de consultations qui peuvent accueillir 12 patientes au maxi mum par jour. L’H.D.J. a pris en charge 81 patientes sur les par

cours chirurgie du sein et endo métriose. “Aujourd’hui, 72 % des opéra tions se font en ambulatoire, l’in terface soignant soigné a diminué, on a très peu de temps pour

500 patientes par an au C.H.U. pour une chirurgie cancer du sein.

8 L’événement

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

l Parcours endométriose

Témoignages

Sortir de la toile d’araignée physique et psychique de l’endométriose

Les patientes du parcours endométriose passent une journée à l’hôpital de jour, puis ont une consultation trois mois après celle-ci avec un gynécologue. Maladie doulou reuse, difficile à diagnostiquer, elle plonge souvent les femmes souffrant d’endomé triose dans un parcours médical complexe émaillé parfois des réflexions violentes. Rencontre avec Marion Diaz, de l’association Endofahm et patiente experte.

Reconnue comme une Affection longue durée (A.L.D. 31) soit une maladie grave mais qui ne fait pas partie des A.L.D. 30, les patientes doivent notamment faire les avances de frais médi caux. Il est également devenu possible de déposer un dossier M.D.P.H. pour obtenir des postes adaptés ou une reconnaissance de travailleur handicapé. “Ça avance dans le bon sens, reprend Marion Diaz. Mais qu’au moins, les femmes soient entendues et prises au sérieux. Il n’est pas normal d’avoir mal pendant ses règles.” Paradoxalement, Astrée a été soulagée du diagnostic : “Ce n’est pas dans ma tête, je ne suis pas folle.” La jeune femme suit un traitement hormonal pour limi ter ses règles, les menstruations faisant flamber à chaque fois l’endométriose. “C’est une mala L’endométriose développe des tissus semblables à la muqueuse utérine qui vont coloniser les organes alentour (vessie, ovaires, etc.) et les figer, générant d’im portantes douleurs. L’endométriose, c’est quoi ?

P étillante et solaire. Ce sont les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on croise Marion Diaz à l’hôpital de jour. Malgré la maladie et le handicap qu’elle a généré, la jeune Bisontine a de l’allant et va de l’avant. Elle vient tous les jeudis midi en tant que patiente experte pour parler de la maladie qui l’a durement touchée dans sa chair. C’est en 2008 qu’elle découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. Marion Diaz subit 6 opérations pour retirer des nodules qui avaient envahi son corps, jusqu'au nerf sciatique et à la vessie, rendant la jeune femme invalide d’une jambe. “Je me suis retrouvée avec des séquelles handica pantes, j’ai été licenciée de mon poste de commerciale itinérante. C’est là que je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour que ça n’arrive pas aux autres femmes.” Elle crée en 2022 l’association Endofahm (femme accompagne

dévoilé (l’endométriose ne se voit pas aux imageries), le radio logue lui assène : “Vous n’allez pas emmerder pas un spécialiste pour ça.” Convaincue de souffrir d’endométriose, du moins elle voulait une confirmation ou infirmation de son intuition, “pour moi, tout concordait.” Sou tenue par sa famille, la jeune femme s’entête et se rend en consultation avec un gynéco logue. Il faudra qu’elle subisse une cœlioscopie de diagnostic pour que le corps médical recon naisse l’endométriose. Elle a dû être cautérisée à 4 endroits du corps. “En salle de réveil, j’étais perdue, j’ai vu 4 cicatrices au lieu des trois prévues. Effective ment, l’endométriose était plus étendue que ce que pensaient les médecins.” “Il y a encore des médecins qui ne connaissent pas la maladie” , intervient Marion Diaz. Même si elle constate une évolution depuis 5-6 ans, son objectif est de sortir la maladie de l’ombre.

ment humain multiple). Séve rine Bey, cadre de santé, la contacte pour intégrer le par cours endométriose en tant que patiente experte. “En 2008, l’en dométriose était totalement inconnue.” Marion Diaz a dû cheminer seule dans son par cours pour surmonter les dou leurs qu’engendre la maladie. Douleurs physiques mais aussi morales. Car encore aujourd’hui, les patientes qui partagent le repas avec Marion Diaz font écho de

Marion Diaz (en robe noire), avec une partie de l’équipe de l’hôpital du jour.

dométriose, tu es jeune, tu n’es pas grosse…” Un autre médecin m’a sorti : Tu veux une qualité de vie ou un enfant, il faut choi sir. L’endométriose, c’est une toile d’araignée physique et psy chique. On est atteint dans son psychique féminin. On est confronté à des questions pro fondes comme être mère ou pas. Ça peut détruire certaines femmes.” Astrée souligne : “Je ne veux pas d’enfants donc j’ai plus accepté la maladie.” Lors du parcours endométriose, les patientes ont droit à des entretiens avec une infirmière en éducation thérapeutique, avec une infirmière de la dou leur, avec une sexologue et psy chologue, une séance collective de kinésithérapie et de patiente experte en alimentation. n L.P.

die incurable , souligne Marion Diaz. Mais on peut soulager la souffrance. On ne sait pas com ment elle peut évoluer.” Des nodules peuvent se redévelopper, nécessitant d’autres opérations. À l’hôpital de jour, Astrée se sent accompagnée, elle apprécie notamment les séances avec une psychologue et une sexologue. “Seule, je ne serai jamais allée voir un sexologue, jamais je n’au rais pensé en voir un, un jour.” Et pourtant, à cause de la mala die, les rapports sexuels peuvent être douloureux et cela reste trop tabou. “Moi, un médecin m’a dit : Si tu veux garder ton copain, il va falloir se forcer, intervient une autre patiente. Ce sont des mots pas entenda bles, c’est de l’apologie du viol. J’ai aussi entendu tout un tas d’idées fausses, de représenta tions. “Tu ne peux pas avoir d’en

Une toile d’araignée physique et psychique.

réflexions mal veillantes, par fois violentes de la part de pro fessionnels de santé dans dif férents hôpi taux. Astrée, 24 ans, se souvient qu’après avoir passé un exa men d’image ries, qui n’a rien

l Association Vivre comme avant

Témoignages

Des échanges pour lâcher les tensions et décompresser Lors du repas partagé avec les bénévoles de l’association Vivre comme avant, Maryline, Nicole et Corinne ont accepté

de témoigner de leur vécu, de leur expérience, de leur ressenti face au cancer du sein. Une rencontre où, malgré la maladie, les rires fusent et les liens se nouent.

E lles ne se connaissaient pas au début de la journée et pour tant, la discussion coule entre elles avec facilité. Bien sûr, leur maladie est au centre des discus sions, c’est bien là tout l’objet de ces échanges entre patients et patients experts de l’association Vivre comme avant. Maryline, Corinne et Nicole sont entrées ce jour à l’hôpital de jour pour leur journée post-opératoire. Elles acceptent de se livrer sur leur maladie et leur vécu au cours du repas partagé avec les bénévoles. “C’est mieux de faire ces échanges plus tard. Quand les béné voles nous visitent juste après l’opéra tion, on n’a pas forcément les questions” , observe Corinne. “Il faut qu’on s’accepte, accepter son corps”, relève pour sa part Maryline qui subit une rechute de son cancer, le premier étant en 2018. La Haut-Doubienne a ainsi fait l’ex périence d’une prise en charge avec et sans l’hôpital de jour. Si elle a été extrê mement bien aidée la première fois par l’équipe médicale mais aussi par

la pratique du sport adapté, elle appré cie aujourd’hui de pouvoir échanger à plusieurs, de pouvoir exprimer les pen sées et les ressentis négatifs, “lâcher toutes les tensions, des choses qui restent coincées.” Seule avec ses deux enfants, Maryline “n’a pas envie de dire qu’elle est malade. Mais là, dans ce cadre, j’ai l’impression de décompresser complè tement, on lâche un coup de pression pour repartir, on s’autorise, on se donne

Maryline, Nicole et Corinne, trois

femmes qui ont partagé leur vécu pour s’aider et aider les autres.

le droit de lâcher des choses qu’on ne fait pas dans la vie actuelle. Ici, on est considérées.” Se sentir moins seules, aider avec leur expé rience pour se faire du bien et faire du bien aux autres, sont les autres bienfaits relevés. À ce moment, Nicole est appelée pour un soin : “Ça fait mal ? Non, pas du tout, je l’ai déjà fait trois fois” , rassure

“On est considérées” disent-elles en chœur.

fait même part à l’équipe soignante qui prend note. Les patientes se sentent libres d’aborder les soignants dans une ambiance légère et bienveillante. Ici, elles ne sont pas des patientes, elles sont Corinne, Maryline, Nicole, Fran çoise, Sylviane… Des femmes qui ne sont pas réduites à leur maladie. n L.P.

de jour, les trois femmes continuent de papoter. Elles entourent Nicole, assise, vêtue d’un sweat jaune pétant, clin d’œil au mouvement des Gilets jaunes qu’elle suit toujours activement. Un peu moins depuis sa maladie, elle en convient. Corinne livre une astuce pour améliorer son confort au niveau de la poitrine et de la cicatrice, elle en

Corinne. “Partager l’expérience ne serait ce que pour la douleur, ajoute-t-elle. Si un soignant nous dit que ça ne fait pas mal, on ne le croit pas, si c’est un patient, on le croit. Moi, c’est surtout la douleur qui me fait peur, mourir c’est une chose mais souffrir… la dou leur me fait plus peur que la mort.” Dans le couloir à l’entrée de l’hôpital

10 Besançon

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

EN BREF

TRIBUNAL JUDICIAIRE

Audience environnementale

Les atteintes à l’environnement dans le viseur de la justice Deux fois par an, le tribunal instruit une audience

Thomas Fersen Le chanteur Thomas Fersen sera en concert le 25 avril 2025 au Théâtre Ledoux à Besançon. Il sera entouré d’un trio de percussionnistes. Billetterie disponible sur https://www.lebruitqui pense.fr/billetterie et dans les points de vente officiels. Musique L’enregistrement par l’Orchestre Victor Hugo des Mélodies d’Adèle Hugo, la fille dont les partitions étaient restées cachées dans une malle pendant plus d’un siècle de Victor Hugo, est désormais disponible. Plus d’infos sur https://www.orchestrev ictorhugo.fr/ Bouloie Le Campus Bouloie Témis a été salué par le prix national d’architecture Équerre d’argent 2024. Ce prix a été décerné par les revues Le Moniteur et A.M.C., il distingue l’ambitieux projet de transformation en cours du campus bisontin. 80 millions y sont investis.

d’obligation, à l’époque, d’identification des espèces protégées. Pour l’avocat de la L.P.O. Maître Liard, “les deux acteurs se renvoient mutuellement la responsabilité, les deux n’ont pas pris le temps ni la mesure des espèces protégées, on intervient à l’aveugle, peu importe la préservation des espèces.” Il souligne également la volonté de l’en treprise de travailler avec les entreprises pour la pédagogie et la sensibilisation. Il demande 10 000 euros de préjudice moral car “tout le travail des bénévoles est sapé” et exige aussi des réparations écologiques par des nouvelles implantations. La com mission de protection des eaux demande également la réparation du préjudice éco logique, elle estime que la responsabilité du commanditaire des travaux est supé rieure à celle du prestataire, et demande 2500 euros de dommages et intérêts. Le procureur Lucas Maillard-Salin, référent du Pôle régional de l’environnement depuis septembre réfute la relaxe des prévenus. “On est sur une infraction de conséquence qui vise la dégradation du milieu. L’entre prise (qui commande les travaux) a les moyens humains et financiers de mettre en place certaines choses comme la demande de dérogation. L’absence totale de faits jus tificatifs demande que l’un et l’autre prévenus soient reconnus responsables.” Le procureur requiert 20 000 euros d’amende pour l’en treprise dans le domaine de l’énergie, 5000 euros pour la seconde assortis de 3 000 euros de sursis, la remise en état des terrains et la publication du jugement dans un journal. Maître Petitjean, conseil de l’entreprise d’élagage, tente de dédouaner son client

l’adjoint au maire de la commune concernée par une partie de l’élagage qui a sonné l’alarme. La commission de protection des eaux, la L.P.O., la F.N.E. et l’A.S.P.A.S. se sont portées parties civiles aux côtés de la commune. Tout l’enjeu qu’a essayé de déterminer le président du tribunal Guillaume de Lau riston est de savoir qui des deux entreprises aurait dû demander la dérogation. Le pres tataire ou le commanditaire? Car le fait d’avoir élagué haie, bosquets, et arbres sur 6 km de ligne électrique n’a pas été remis en cause. L’entreprise dans le domaine de l’énergie a une obligation de sécurité de la population qui la contraint à élaguer la végétation pour éviter qu’elle ne touche la ligne électrique, et ce même en période de nidification, ce qui est strictement interdit pour les agriculteurs notamment ou les receveurs de la P.A.C., comme l’a précisé le président du tribunal. Mais une autori sation administrative était nécessaire. L’en treprise d’élagage argue le non-classement de la zone concernée en Natura 2000 ou Z.N.I.E.F.F. Autre levier actionné, l’urgence face à un danger immédiat de risque d’arcs électriques, ce qui justifierait l’absence de dérogation. Pour Guillaume de Lauriston, la notion d’urgence n’est pas caractérisée. Le commanditaire, lui, avance l’absence

environnementale. Vendredi 29 novembre, sur trois affaires présentées, deux ont été sources de longs débats, notamment celle de maltraitance animale sur des poneys. Récit.

C e jour-là, les bancs de la salle d’au dience correctionnelle sont particu lièrement remplis. La première affaire concerne la destruction ou l’altération d’habitat d’espèces protégées À la barre sont appelées deux sociétés, l’une prestataire en élagage de la seconde, une importante entreprise dans le domaine de

l’énergie. Il leur est reproché sans aucune dérogation administrative d’avoir en 2019 altéré ou détruit l’habitat d’espèces proté gées, telles la mésange bleue, la mésange charbonnière, la pie-grièche ou encore le milan royal dont deux spécimens avaient pu être observés par les agents de l’O.F.B. (Office français de la biodiversité). C’est

Des milans royaux ont été vus sur le lieu d’élagage, qui a été fait sans

dérogation (photo Noël Jeannot).

CHAUDANNE

Autorisée depuis 20 ans La chasse à l’arc a aussi ses adeptes à Besançon

Victorine Kauffmann fait partie de celles qui préfèrent chasser à l’arc. Une pratique qui montre d’autant plus d’intérêt en milieu urbain, selon elle, qu’on se trouve parfois proche des habitations. Certains secteurs n’autorisent d’ailleurs que cet usage, notamment sur Chaudanne.

Q u’une femme chasse, et de surcroît à l’arc peut sembler étonnant. Ce n’est pourtant pas si rare à en croire les connaisseurs. C’est même de plus en plus fréquent. La pratique attire nombre d’ama teurs ces dernières années, aidée par la présence au niveau local de l’association des chasseurs à l’arc de Franche-Comté (A.C.A.F.C.), qui fait passer non seulement la formation régle mentaire mais propose aussi de la compléter. “Depuis qu’elle a été autorisée en 1995 en France, la chasse à l’arc s’est beaucoup démocratisée” , confirme Victorine. “Le fait que ce soit très répandu aux États Unis et l’appétence des jeunes pour cette culture amène à la faire encore plus rayonner.” Si elle atti rait autrefois surtout des anciens chasseurs au fusil, elle touche essentiellement aujourd’hui la jeune génération en première intention. Des jeunes plus en phase avec cette philosophie de chasse à l’approche et à l’affût.

“Ce qu’on aime, c’est ce contact avec l’animal et la nature. On monte dans les arbres, on attend, on observe. On connaît chaque individu et on suit les traces plu sieurs semaines avant. Rien n’est fait au hasard. Cela nécessite tout un travail de repérage” , explique la jeune femme. Cette Bisontine s’y est mise il y a deux ans, dans le sillage de son compagnon archer, Aloïs. Peu sen

ou sangliers, avec les gens qu’elle croise ou sur les réseaux sociaux. Le couple alimente régulièrement de photos son compte Instagram. Membres de l’association com munale de chasse agréée de Besançon (A.C.C.A.), ils évoluent sur différents secteurs comme la Chapelle des Buis ou Chaudanne, où seule la chasse à l’arc est auto risée par endroits. Plus silen cieuse, elle permet d’intervenir en très courte portée. Ce qui est idéal en zone péri-urbaine. Ils leur arrivent aussi d’être chargés de la régulation des ragondins, classés parmi les espèces enva hissantes susceptibles d’occa sionner des dégâts (E.S.O.D.). Si leur présence surprend parfois les résidents, ils sont générale ment bien accueillis. “C’est plus facile de parler de chasse quand on est archer” , reconnaissent-ils, “notamment sur les grandes ques tions du bien-être animal, de la vie sauvage ou de la régulation.” Et si on a souvent cette impres sion d’une chasse plus respec tueuse, ce n’est un hasard, selon

Avec leur arc, Victorine et Aloïs apprécient

particulièrement le contact avec la nature et la faune sauvage.

sible au départ au milieu de la chasse, rien ne l’y prédestinait vraiment. “J’ai passé mon per mis pour démystifier l’image que j’en avais.” Depuis, elle partage avec enthou siasme ses ren contres avec les troupeaux de chamois et autres che vreuils, biches

Adaptée en zone urbaine et résidentielle.

régulièrement au club de tir à l’arc de Marchaux pour s’exercer sur des cibles 3D ou des formes animales en mousse. “C’est très technique. Chaque archer tire dif féremment et personnalise ses flèches. Ce qui nécessite de tester et développer ses connaissances” , ajoute la jeune femme, qui utilise surtout un arc à poulies, plus facile à manier. n S.G.

sachant qu’on n’a qu’un essai. On doit se rapprocher le plus près possible. C’est beaucoup plus exi geant que la carabine ou le fusil et ce qu’on veut éviter, c’est de blesser l’animal” , indique Victo rine. Elle a elle-même tenu à longue ment s’exercer avant de se lancer. “Au début, je tirais 500 flèches par semaine pour m’entraîner.” Le couple continue de se rendre

eux. “Il ne nous viendrait jamais à l’esprit de tirer sur un petit ou sa maman. On prélève principale ment des animaux blessés” , pré cise Aloïs. “La pratique rejoint, sur bien des points, celle des pho tographes animaliers.” Le relevé des pièges photographiques fait d’ailleurs partie des moments qu’ils attendent. “L’état d’esprit n’est pas forcément de tuer,

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