La Presse Bisontine 269 - Novembre 2024
22 Le dossier
La Presse Bisontine n°269 - Novembre 2024
l Construction Gros œuvre “Dans le secteur de la maison individuelle, on sent un début de frémissement” À la tête d’une des principales entreprises de
temps, les grands groupes comme Bouygues, Eiffage ou Vinci ont leurs carnets de com mandes pleins. C’est donc un constat nuancé pour l’ensemble de la profession. L.P.B. : Le moral est donc au beau fixe dans toutes vos activités ? P.D.G. : Alors non. Le marché de la maison individuelle en revanche s’est complètement effondré. Le volume d’affaires a fondu en deux ans. Il repré sente seulement 10 % de notre activité, donc nous pouvons le compenser aisément avec notre activité dans le gros œuvre. Mais globalement, ce marché de la maison individuelle est toujours en berne. Nous sentons tout de même un léger frémissement depuis quelques semaines. Il a suffi que les taux d’intérêt bais sent un peu pour que les futurs acquéreurs réapparaissent. Il a fallu quelques facteurs pour que le marché de la maison indi viduelle dévisse : le fameux taux d’usure des banques il y a un peu plus d’un an, et la hausse des prix des matériaux. L.P.B. : Vous avez également une activité “promotion”. Comment se porte-t elle ? P.D.G. : La promotion représente environ 15 % de notre chiffre d’affaires. C’est une activité qui se maintient à peu près bien même si elle a enregistré une
construction de la région (240 salariés), Patrick De Giorgi analyse le marché régional avec un brin d’op timisme dans un contexte où de plus petites entre prises traversent de grosses difficultés. Interview.
À Besançon, De Giorgi finalise un projet avenue Fontaine Argent (photo au moment de sa construction).
L a Presse Bisontine : Comment se porte le marché du gros œuvre dans la région ? Patrick De Giorgi : Sur les secteurs où nous travaillons beaucoup comme Besançon, Dijon, Vesoul, Montbéliard ou encore le Jura, le gros œuvre n’est pas forcé ment très impacté par les dif ficultés actuelles dans le secteur du bâtiment. Parce qu’il y a tou jours des projets lancés par les collectivités locales ou les bail leurs sociaux, des donneurs d’or
dres pour lesquels nous tra vaillons beaucoup. Je nuancerais le propos pour le Haut-Doubs où il n’y a plus de gros chantiers pour le moment. Pour nos acti vités gros œuvre, on a même dû embaucher ces derniers mois, nous sommes passés de 200 à 230 salariés. Nous sommes une entreprise de taille moyenne. Je sais aussi que certaines petites entreprises de maçon nerie ont beaucoup souffert ces derniers mois et qu’en même
baisse. En promotion, on a beau coup de clients qui ont la chance de ne pas avoir à emprunter car ce sont des gens qui vendent
intéressante surtout si elle n’est pas limitée aux primo-accédants. L.P.B. : Vous augmentez aussi votre rayon géographique d’action pour assurer un maintien de votre crois sance ? P.D.G. : Nous rayonnons à une centaine de kilomètres autour de Besançon. Nous sommes déjà allés du côté de Reims, mais il y a déjà beaucoup de choses à faire dans la région. Nous sommes en train de faire une tour de 10 étages à Quétigny près de Dijon. Notre activité poursuit sa croissance, notre chiffre d’affaires continue à aug menter tous les ans. Il est dés ormais à 60 millions d’euros. n Propos recueillis par J.-F.H.
bilité avez-vous ? P.D.G. : Notre carnet de com mandes dans le gros œuvre est plein pour une année et nous avons environ 8 à 10 mois de visibilité, ce qui est plutôt bien dans le contexte. Ce qui fait que sur les six premiers mois de 2025, nous sommes à peu près tranquilles. Et même dans le secteur de la maison indivi duelle, on sent un début de fré missement sur la centaine de lots que nous avons en cours. L.P.B. : Qu’attendez-vous des mesures de relance annoncées par le nouveau gouvernement ? P.D.G. : L’annonce faite par le gou vernement sur l’extension du prêt à taux zéro peut être très
leur maison pour venir en appartement. Donc la ques tion des taux bancaires a peu d’impact pour eux. Sur notre projet avenue Fontaine Argent à Besan çon, il nous reste à peine 5 lots à vendre sur 180.
“Sur les six premiers mois de 2025, nous sommes à peu près tranquilles.”
Patrick De Giorgi, P.D.G. de l’entreprise éponyme dont le siège est à Pontarlier.
L.P.B. : Quelle visi
l Tendance Maisons individuelles Les constructeurs réclament “un vrai coup de boost” Après plus d’un an de marasme, les constructeurs de maisons individuelles attendent désormais des mesures pour relancer le secteur qui a littéralement dévissé.
“I l y a urgence à soigner le mal !” exhorte Lionel Jac quet, le porte-parole des constructeurs de maisons individuelles en tant que vice-président du pôle régional Habitat à la Fédération Française du Bâtiment (F.F.B.). Sur le plan national, le marché de la maison individuelle s’est effondré, passant de 120 000 maisons construites il y a une quinzaine d’années à 55 000 cette année. Inflation, hausse des taux, ren forcement des normes de construction, rareté du foncier, exigences bancaires ou encore amorce du Zéro artificiali sation nette (le fameux Z.A.N.) expli quent cette dégringolade. “À l’échelle nationale, un tiers des constructeurs de maisons individuelles ont disparu depuis 2022, dont certains gros faiseurs”
ajoute Lionel Jacquet. Exemples : le groupe Géoxia, propriétaire des Mai sons Phénix, liquidé en 2022, ou encore le groupe Avenir basé à Valence, celui qui avait racheté les Maisons Patrick Barbier à Besançon fait également par tie de ces victimes de la crise, contraintes à mettre la clé sous la porte. À l’échelle de la région, le constat n’est guère plus réjouissant. Les commer cialisations de maisons individuelles ont chuté de 26,5 % en un an (après une baisse encore plus forte en 2023), les autorisations de chantiers accusent, elles, un nouveau recul de 16,1 %. “On sent un léger redémarrage, avec un petit + 0,1 % de ventes depuis cet été, mais pour confirmer cette tendance, on a besoin d’un vrai coup de boost” réclame le vice-président du pôle Habi
tat qui dit sentir, “enfin, une prise de conscience et une mobilisation au niveau national.” Parmi les motifs d’espoir de la profession, qui restent à confirmer, il y a ce projet d’extension du prêt à taux zéro à l’ensemble du territoire national et non plus seulement aux zones considérées comme tendues. La légère baisse des taux et le comporte ment des banques qui communiquent à nouveau sur les prêts immobiliers jouent dans ce début de reprise. Avec la baisse d’activité ressentie depuis plus d’un an, les sous-traitants auraient également tendance à baisser un peu leurs prix. Pour tirer leur épingle du jeu, les constructeurs de maisons individuelles misent notamment, comme c’est le cas de Lionel Jacquet avec sa société Haut
Vice-président du pôle Habitat à la F.F.B., Lionel Jacquet est aussi à la tête d’une entreprise de construction dans le Haut-Doubs.
terrain. “Sur 10 ares, au lieu de faire une seule maison comme avant, on en fait trois, et on arrive à proposer des prix très corrects pour des maisons à haute performance énergétique” illustre le professionnel. n J.-F.H.
Doubs Créer Bâtir, sur des opérations menées sur des terrains maîtrisés, avec des plus petits projets correspondant à une nouvelle demande d’accédants qui souhaitent être propriétaires, mais d’une petite surface, sans avoir la contrainte de l’entretien d’un grand
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