La Presse Bisontine 266 - Août 2024

6 L’événement l Grand Besançon

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2024

Le risque incendie désormais

Les forêts périurbaines sous surveillance Feux de camp, barbecues, mais aussi circulation de véhicules à moteur, cueillette de champignons ou d’espèces protégées… Les agents de l’O.N.F. veillent au grain également dans le bas du département.

C e jour-là, c’est dans la forêt communale de Beure que la patrouille O.N.F. se dirige. Un binôme constitué de Thomas André, ingénieur forestier et de Fabien Schaal, technicien, arpente les sous-bois de la commune dans le cadre d’une patrouille de surveillance. Signe distinctif : leur revolver à la ceinture. Ils font partie de la dizaine d’agents O.N.F. commis

sionnés et assermentés, avec un port d’arme, sur la centaine d’agents O.N.F. dépendant de l’agence de Besançon. Le temps humide a sans doute retenu les prome neurs ce jour-là, ils ne constateront pas d’infraction en flagrant délit. Juste, une heure plus tard dans la forêt communale d’Avanne-Aveney, ils constatent les restes d’un dépôt sauvage abandonné là il y a

sans doute une petite semaine. “Dans le cadre de cette mission de police de la nature, nos missions de surveillance et de constatation d’infractions sont très variées. Nous réalisons également des enquêtes, nous lançons des procédures judiciaires, tout cela en cohérence avec la politique du parquet local en matière d’atteintes à l’environnement” observe Tho mas André. Les infractions sont aussi diverses que l’allumage de feu (strictement interdit), la cueillette excessive de champignons ou autres plantes sauvages, les dépôts de déchets, les vols de bois en bord de chemin, la circulation de véhicules à moteur, etc. “En milieu périurbain comme ici à Besançon, il y a forcément beaucoup de monde, donc les risques de commissions d’infractions ou de conflits d’usage sont relativement élevés.” À ces missions de contrôles et de répression s’en est ajoutée une, plus récente : la défense des forêts contre l’incendie, ou D.F.C.I. Pour cela, les agents O.N.F. se postent sur les points hauts du Grand Besançon, comme ce jour-là sur les hauteurs de la Chapelle-des-Buis. “Cette mission D.F.C.I. a été étendue à notre région en 2022, depuis les incendies qui avaient ravagé 700 hectares dans le Jura” note

Fabien Schaal, jumelles en main. “Le risque incendie est un risque naissant ici, mais qui est sans doute amené à s’accentuer dans les années futures” pense Thomas André. n J.-F.H.

Tous les secteurs boisés du Grand Besançon sont régulièrement surveillés par les patrouilles de l’O.N.F

l Protection

Office français de la biodiversité

La nécessité de contenir le tourisme d’espèces emblématiques

Le tourisme d’espèces emblématiques D ans un article paru récemment dans la presse quotidienne régio nale, l’O.F.B. indiquait avoir ver

dans les mœurs.” Le chef du service départemental de l’O.F.B. tient aussi à relativiser l’impact des activités de loisirs. “Ce n’est pas toujours légal mais pas non plus catas trophique. On a plus de souci avec la destruction des haies.” n F.C. vêchette.” Christophe Guinchard revient aussi sur la problématique des pièges photos posés la plupart du temps sans aucune auto risation du propriétaire. Le phénomène s’est amplifié avec l’arrivée du loup dans le massif. “Certains des pièges posés pour capter des images de loup sont ins tallés au cœur des zones Grand Tétras.” Photographe animalier, Cyrille Donier qui vit dans le Haut-Doubs n’apprécie qu’à moitié l’attitude répressive des agents de l’O.F.B. “Je suis tout à fait d’accord de sanctionner un photographe animalier sur une place de chant à Tétras. Par contre, sur le guêpier, je ne pense pas nécessaire d’en arriver là sachant qu’on n’est pas sur une espèce vulnérable. À partir du moment, bien sûr où l’on est dans une tente d’affût et que l’on dérange le moins possible.” n

parfois des panneaux sont bien pré sents. “L’O.F.B. répond aussi aux sol licitations. On donne systématiquement un avis sur les parcours utilisés par les organisateurs de manifestations sportives ou de pleine nature, type trail. Il y a eu quelques incompréhensions au départ mais aujourd’hui, c’est entré balisé plusieurs photographes animaliers installés sur des places de chant à Grand Tétras ou près des carrières où nichent des guêpiers. “Nous suivons nous mêmes ces places de chant en s’y dépla çant une fois par an dans le respect d’un arrêté. On a trouvé sur place des traces d’affûts qui semblaient indiquer une sorte de tourisme du Grand Tétras, on y est retourné et on est intervenu pour mettre un terme à cette activité perturbante. On a juste dressé une simple contra vention. Sur le plan judiciaire, il n’y a rien de gravissime mais c’est primordial pour la survie de cette espèce. Le grand tétras est une espèce parapluie. En le protégeant, on protège aussi d’autres espèces comme la gélinotte, ou la che

Chargé de prévenir ou de sanctionner les atteintes à la biodiversité sur les espèces et les habitats, l’Office Français de la Biodiversité (O.F.B.) veille dans la mesure de ses moyens à la préservation des sites sensibles.

L’ Office Français de la Biodi versité dans le Doubs, c’est un service de 16 agents notamment en charge de faire respecter les réglementations en vigueur sur la protection des espèces et des habitats naturels. “On ne s’inscrit dans l’objectif de condamner mais on est là pour rappeler la nécessité de faire attention à la préservation de la bio diversité jurassienne qui est déjà bien dégradée. Les causes sont connues et multiples : réchauffement climatique, activités humaines” , explique Chris tophe Guinchard, chef du service dépar temental de l’O.F.B. De par son accessibilité et son relief en forme de montagne à vaches, le Jura est un massif très fréquenté comparé aux Alpes ou au Massif Central. Tous les acteurs du tourisme ou des activités de loisirs constatent depuis quelques années un accroissement significatif

de la fréquentation humaine. La dyna mique du travail frontalier, le déve loppement du tourisme 4 saisons, l’ar rivée de nouveaux moyens de déplacement comme les Vélos à Assis tance Électrique contribuent au déve loppement de la pression de loisirs sur les espaces naturels. “On est d’abord

là pour faire de la pédagogie car on note encore beaucoup d’ignorance, de mécon naissance des prati quants d’activités de loisirs vis-à-vis des atteintes à l’environ nement.” Christophe Guinchard admet qu’il n’est pas toujours facile de trou ver l’information indi quant qu’on est sur un site sensible même si

L’arrivée des Vélos à Assistance Électrique.

“On note encore beaucoup d’ignorance vis-à-vis des atteintes à l’environnement”, explique Christophe Guinchard en montrant la richesse floristique visible sur les affleurements calcaires de la montagne jurassienne.

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