La Presse Bisontine 265 - Juillet 2024
14 Besançon
La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024
MUSIQUE
Jean-Michel Mathé, le directeur du Festival de Besançon “Sans nouvelle salle, à terme, le Festival de Besançon est en danger” La programmation du 77 ème Festival de musique de Besançon a été dévoilée. Installée dans de nouveaux locaux au centre-ville, l’équipe du Festival espère retrouver la fréquentation d’avant-Covid. Son directeur lance un nouvel appel aux élus pour la création d’une salle digne de ce nom.
demment un handicap pour le festival, mais aussi pour l’Or chestre Victor-Hugo. Je pense clairement que sans nouvelle salle, à terme, le Festival de Besançon et l’Orchestre Victor Hugo sont en danger. L.P.B. : Vous y croyez encore ? J.-M.M. : Prendre la décision de construire une salle de musique adaptée est un acte politique. Quand le maire de Mulhouse a décidé de faire la Filature il y a une trentaine d’années, il était critiqué et aujourd’hui tout le monde plébiscite cet outil. Cette question de salle est à mon sens un vrai sujet pour les prochaines élections municipales. Ce n’est pas un caprice, sachant qu’une salle participe aussi au rayon nement d’une ville. S’il n’y a pas un geste fort d’ici quelques années, nous sommes menacés de disparaître. En septembre en plus, toutes les salles de Besan çon sont sollicitées. Ce ne doit pas être un tabou non plus d’évo quer cette question de calendrier. L.P.B. : Vous avez passé une dizaine d’années à Lyon, puis une autre dizaine à La Chaise-Dieu, et cela fait 12 ans que vous êtes à Besançon. Avez-vous des envies de changements ? J.-M.M. : Je me sens très bien à Besançon. Jamais je me suis ennuyé à ce poste. Même s’il y a quelques frustrations parfois, qu’il faut se battre pour attirer de nouvelles sources de finan cement, notamment avec le mécénat actuellement, je me sens bien à ce poste. Après, dans la vie, il y a des cycles, ça fera peut-être du bien aussi au Fes tival d’avoir du sang neuf un jour, mais pour l’instant, je reste ! n Propos recueillis par J.-F.H.
ville. Le risque qu’on prend, c’est évidemment avec la météo, et il n’y aura pas de repli en cas de pluie. L.P.B. : Et pour le reste ? J.-M.M. : On garde l’A.D.N. de ce festival qui est basé sur les grandes formations sympho niques. Nous aurons de très beaux rendez-vous, à Besançon bien sûr, mais aussi à Dole, Vesoul et Arc-et-Senans notam ment. Et toujours de nombreux rendez-vous gratuits, les apéro jazz place Granvelle, etc. L.P.B. : Les festivals comme celui de Besançon doivent-ils être de plus en plus vigilants concernant leur bilan carbone ? J.-M.M. : Nous y veillons, bien sûr. Quand on programme une for mation étrangère, c’est désor mais dans le cadre d’une de leurs tournées. On évite maintenant les allers et retours d’un orches tre juste pour venir à Besançon. C’est aussi de notre responsa bilité de veiller à cela. Les col lectivités nous donnent de l’ar gent, on se doit d’être vigilant sur ces points. L.P.B. : Le Festival de Besançon a été créé en 1948, il est un des plus anciens festivals d’art en France avec Cannes pour le cinéma et Avignon pour le théâ tre. Mais il n’a jamais eu la notoriété de ces derniers. Comment l’expliquez vous ? J.-M.M. : L’axe principal de ce fes tival est la musique sympho nique, avec des formations de
renom mais qui reste, depuis toujours et de par son créneau qui est la musique classique, un événement régional. Et avec un budget qui n’a rien à voir avec les rendez-vous internationaux comme Salzbourg, Édimbourg ou Aix-en-Provence dont le bud get dépasse les 20 millions d’eu ros, contre 1,2 million pour le Festival de Besançon. On ne pourra jamais rivaliser. Les pro grammations haut de gamme qu’on propose, les mélomanes peuvent également les retrouver ailleurs dans le monde. Ce qui reste unique au monde à Besan çon, c’est son concours de chefs d’orchestre. De plus, on n’a pas les structures adaptées pour changer de dimension. L.P.B. : On en revient à la sempiternelle question du manque de salles à Besan çon. Vous continuez à le déplorer ? J.-M.M. : Ce problème existe depuis 1958, quand le théâtre a brûlé et qu’on la reconstruit trop vite, et mal. Depuis, il y a eu plusieurs autres ratés, avec Micropolis d’abord où on aurait pu prévoir une telle salle de musique. Ensuite avec la Cité des arts, qui est un magnifique outil mais dans lequel on aurait pu imaginer une salle de 1 000 à 1 200 places. Et avec Saint Jacques enfin où Jean-Louis Fousseret avait esquissé l’idée d’un centre des congrès modu lable en auditorium. Mais ce projet a été enterré par l’actuelle municipalité qui a fait d’autres choix. L’absence de salle est évi
L a Presse Bisontine :Avec 19 000 festivaliers et le concours de chefs d’orchestre remporté par un Français, le cru 2023 du Fes tival a été excellent. Qu’attendez-vous de l’édition 2024 dont la billetterie vient d’ouvrir ? Jean-Michel Mathé : En effet, nous avons vécu une superbe édition 2023. Avec 19 000 spectateurs (dont 11 000 payants), on n’a pas encore retrouvé les 25 000 spectateurs de 2019 (dont 15 000 payants). La crise sanitaire nous a beaucoup affectés comme de nombreuses manifestations cul turelles de ce type. Cette année, sans le concours, on ambitionne
de retrouver la fréquentation de 2018 qui était de 18 000 spec tateurs. L.P.B. : Quelle sera la couleur de cette édition 2024 programmée du 13 au 22 septembre ? J.-M.M. : La grande nouveauté, c’est le déplacement du concert d’ouverture des Prés-de-Vaux à la Gare d’Eau. Pour deux raisons. D’abord pour une question de coût. Avec un budget de 75 000 euros avec la grande scène installée aux Prés-de-Vaux, on estime qu’il y avait sans doute des économies à faire, d’où cette décision d’organiser ce concert
à la Gare d’Eau, avec une scène plus petite, et des spectateurs qui pourront s’installer dans les espaces verts, comme pour un pique-nique. D’ailleurs, le concert débutera à 19 heures. Cette for mule nous permettra d’écono miser au moins 20 000 euros. L’autre raison, c’est pour ouvrir encore plus le Festival sur la ville. Aux Prés-de-Vaux, ne venaient finalement que les per sonnes déjà intéressées par la musique classique. L’organiser à la Gare d’Eau nous permettra sans doute de sensibiliser ou de toucher plus de monde, notam ment ceux qui se baladeront en
Jean-Michel Mathé est à la tête du festival de musique de Besançon depuis 12 ans. La Festival dispose de nouveaux bureaux au 9, rue du Palais de Justice à Besançon.
FORMATION Hôtellerie Une deuxième vie commence pour le Cours Cheval L’histoire de l’école hôtelière bisontine, fermée il y a quelques mois faute de trésorerie et de candidats, n’est pas achevée. Elle se poursuivra sous un autre nom et dans de nouveaux locaux après le rachat des actifs par la Chambre de commerce et d’industrie (C.C.I.) Saône-Doubs.
Une page se tourne pour le Cours hôtelier qui va quitter le centre-ville et a vu le décès récent de l’une de ses plus emblématiques directrices, Denise Cheval.
D es générations de gouvernants, réceptionnistes et majordomes sont passées ici depuis plus d’un siècle, avant de rejoindre les plus grands palaces. Faisant du Cours hôtelier de Besançon (souvent appelé Cours Cheval, du nom de l’une de ses ex-directrices d’ailleurs très récemment décédée), une véritable référence dans le milieu. Mais si sa réputation d’excellence n’était plus à faire, elle n’a malgré tout pas suffi à sortir l’établissement de ses difficultés financières à l’automne dernier. Au moment où le conseil d’administration a choisi de prononcer la liquidation judiciaire.
Une fin au goût amer pour l’équipe en place qui comptait une dizaine d’em ployés, mais aussi pour les acteurs locaux. Surpris de ne pas avoir vu l’une des deux offres de reprises menées à leur terme. Le conseil d’administration
nomique qui puissent permettre au cours hôtelier de conserver son A.D.N. et son savoir être” précisait ainsi la directrice de l’école, Sophie Courvoisier, à l’automne dans le Journal des Palaces. Attaché au prestige et à la rigueur de ses formations, l’établissement sou haitait pouvoir se maintenir dans sa forme actuelle, sachant que ses locaux en centre-ville avaient été fraîchement rénovés par le biais d’une subvention de la municipalité. Mais il n’en sera finalement rien. Le tribunal bisontin a choisi, en mai dernier, de retenir l’offre d’acquisition des actifs présentée par la C.C.I. Saône-Doubs. Si les contours du futur cadre de formation
la C.C.I. La chambre consulaire avait cette envie de faire perdurer ces formations hôte lières, “qui participent à faire rayonner notre territoire, ce qui constitue aussi l’A.D.N. de la C.C.I.” Et de rappeler qu’elle jouit déjà d’une expertise en matière de formation, au travers son école de commerce I.M.E.A. et son cen tre de formation continue S.I.F.C.O., mais aussi d’un réseau d’entreprises et de partenaires. n S.G.
restent à préciser, le fonctionnement, basé sur des frais autrefois élevés de scolarité (plus de 10 000 euros par an et par élève), va indéniablement chan ger. Le nouvel établissement portera un nouveau nom et aura ses locaux au sein même de la C.C.I., avenue Villar ceau, avec une première rentrée prévue dès septembre 2025. “Nous devons tra vailler et formaliser tout cela. On pro posera des choses concrètes et viables d’ici la fin d’année ou début 2025” , nous fait-on savoir à la communication de
de l’école ne voyant pas une issue souhaitable dans les propositions de transformation en C.F.A., initiée par la C.C.I. Saône-Doubs, ou de for mation reconnue d’utilité publique par la fondation I.N.F.A. “Il n’y avait pas un projet pédagogique travaillé et un modèle éco
Une rentrée
espérée en 2025.
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