La Presse Bisontine 265 - Juillet 2024

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

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2024 ET 5 ET 6 JUILLET ERIE

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JUILLET 2024

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

N° 265

Laurent Croizier, Benoît Vuillemin, Dominique Voynet, Séverine Véziès, Daniel Roy… Après le choc de la dissolution et des législatives anticipées La nouvelle donne politique bisontine

l’événement en pages 6 à 9

P. 29

le dossier P. 18 À 24 Ce qu’il y a derrière cette ambition… Besançon, la nouvelle capitale de l’outdoor

conflit

Une facture d’eau de plus de 19 000 euros… Le casse-tête d’une copropriétaire à Beure

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024

Collecte du carton : de nouvelles habitudes à prendre

Philippe Cremer, de la rue au conseil municipal

L’ élu municipal membre de la majorité Philippe Cremer est décédé le 11 juin dernier. C’était un élu aty pique dont nous avions dressé le portrait il y a deux ans dans nos colonnes. Un homme qui avait connu la précarité, et la rue, dont la délégation aux dispositifs des sans-abri et à l’accompagnement des migrants prenait tout son sens au sein du conseil. Entier, l’élu membre de Génération.s avait émaillé sa présence au conseil de quelques sorties franches, provoquant une ou deux polémiques avec l’opposition. “Il menait ses missions avec passion, parce qu’il avait un grand cœur et qu’il était convaincu de la politique à mener dans ces domaines. Il a assumé ses délégations, avec conviction, sans se ménager” note la maire de Besançon dans un hommage. Ce père de famille de 69 ans avait combattu un cancer, surmonté des problèmes car

diaques, puis le Covid, était un personnage atypique qui détonnait dans la vie politique locale. Il avait traversé plusieurs vies : comme chauffeur routier, puis créateur de sa propre entreprise. Et puis, après un aléa de la vie : un divorce, la perte de son emploi, et le voilà au R.S.A. puis sans domicile stable. L’homme a connu la rue, des hivers passés sans se chauffer dans un logement de fortune. Il parvient à se relever, se soigne mentalement et physi quement, bien aidé par les services sociaux de Besançon. Cet ancien anarchiste, qui avait toujours voté blanc depuis la prési dentielle de 1981, avait donc fini par s’en gager dans ce mandat en 2020. Pleinement, comme il était entier. En mars 2022, il avait donné de sa personne pour accueillir les réfugiés ukrainiens dans le cadre de sa délégation relative aux réfugiés. Dans son hommage, la maire ne manque pas de L e délicat dossier des aménagements de circulation dans le secteur nord est de Besançon continue à animer les débats entre les associations de riverains et la collectivité. De nombreux habitants et collectifs de riverains ont témoigné des effets positifs pour certains, ou négatifs pour d’autres, du plan de circulation mis en place à titre expérimental à l’automne dernier dans les quartiers de la Combe Saragosse et du Point du Jour. À la suite de plusieurs rencontres, G.B.M. a décidé d’apporter des modifications. Ainis des feux tricolores provisoires ont installés au niveau des carrefours Montarmots-Selle Retraite Sentimentale et Palente-Planches Relançons. “L’objectif est de réduire en heures de pointe le trafic de transit, d’amé

Le déploiement de 48 points d’apport

volontaire dédiés aux

(photo Ville de Besançon)

cartons a été effectué par G.B.M. (photo D.R.).

L’élu de 69 ans est décédé le 11 juin.

L a collecte des cartons au cen tre-ville par les camions-pou belles, c’est terminé à partir du 1 er juillet. Elle sera remplacée par une collecte en conteneur pour ainsi mettre un terme à la collecte manuelle des cartons des commer çants “qui impliquait des manipu lations de charges lourdes et dan gereuses pour tous” justifie Grand Besançon Métropole, gestionnaire des déchets. Le déploiement de 48 conteneurs dédiés au carton a été effectué ces dernières semaines au centre-ville par les services de G.B.M. Le dis positif s’étend donc au carton, après le renouvellement de l’ensemble des stations de tri verre et recyclable du centre-ville de Besançon. “L’ob jectif principal de cette initiative est de valoriser plus efficacement la matière carton en triant mieux. Le service de collecte des cartons, actuellement rendu aux seuls com merçants, sera désormais accessible à tous les résidents du centre-ville” note Daniel Huot, l‘élu chargé de la gestion des déchets. C’est après une phase de test menée sur 5 adresses du centre-ville que la col lectivité a choisi de généraliser le

souligner en parlant de M. Cremer, “la conviction profonde et intacte du devoir d’humanité, d’apporter l’accompagnement, l’aide et le soutien aux sans-abri, aux plus fragiles et aux plus démunis.” ■ liorer la sécurité des traversées piétonnes et de diminuer les vitesses de circulation” justifie Marie Zéhaf, l’élue bisontine en charge de cette question. Le sens de cir culation sur le chemin des Relançons est également modifié : un sens unique montant a été mis en place depuis le chemin de Palente jusqu’au chemin du Point du Jour. Le chemin de Vieilley quant à lui est à nou veau ouvert à double sens de circulation entre le chemin de la Selle et le chemin des Relançons. “Une chaussée à voie cen trale banalisée y sera aménagée” précise G.B.M. qui précise que “ces mesures s’ac compagnent d’une optimisation du fonc tionnement des carrefours à feux sur le boulevard Blum en particulier au niveau des carrefours des 4 vents et de la rue de Vesoul.” Afin d’évaluer les effets de ces nouvelles mesures, l’expérimentation enga gée à l’automne dernier sera donc prolongée jusqu’en octobre prochain. “En effet, l’apai sement de la circulation dans les quartiers nécessite des temps d’adaptation liés aux changements de comportements des usa gers” justifie M me Zéhaf. ■

dispositif. Du côté des associations de commerçants, on reste prudents. “On n’avait pas vraiment eu de retour de l’expérimentation effectuée dans certaines rues. Nous espérons seu lement que ces P.A.V. seront régu lièrement vidés, sinon on risque de se retrouver avec des monceaux de cartons autour des conteneurs, et donc de tourner en rond. Il faut aussi que ces P.A.V. soient vraiment réser vés aux cartons et comme ils seront accessibles à tous les habitants, que les gens ne mettent pas n’im porte quoi dedans” juge l’Union des commerçants de Besançon. G.B.M. prévient : “Seuls les cartons pliés, aplatis et coupés dénudés de polys tyrène, cerclage ou autres plastiques seront acceptés.” Avant de disséminer ces points d’ap port volontaire (P.A.V.) dans la plupart des secteurs du centre-ville ancien, une réflexion avec l’Architecte des Bâtiments de France et les asso ciations de commerçants avait été engagée pour “déterminer un mail lage structuré et cohérent de ces nouveaux dispositifs.” Pour l’U.C.B., ce maillage est encore incomplet, notamment pour les commerçants du haut de la Grande rue. ■ Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George, Rémi Girardet. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. équipe commerciale : Virginie Girardot, Anthony Gloriod. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr

Cadran nord-est : encore des modifications de circulation

De nouvelles règles de circulation - provisoires ou pas - sont à nouveau mises en place pour les riverains des quartiers nord-est de Besançon.

Éditorial Fautes

a provoqué un tel chaos. Mais on l’a vu aux dernières Européennes, on le verra sans doute encore lors de ces Législatives, la diabolisation du R.N. ne fonctionne plus depuis longtemps. L’erreur commune de tous les autres partis, et du président actuel en tête, c’est d’avoir méprisé les légitimes questions que les Français se posent depuis des années sur les sujets de société tels que l’insécurité, l’identité, l’immigration, le pouvoir d’achat, les retraites, en refusant de voir ces problèmes en face et laissant ainsi le champ libre au Rassemblement national sur ces ques tions. Si on peut accuser ceux qui aujourd’hui se rallient artificiellement pour des raisons électoralistes de com mettre des fautes morales, on peut qualifier de faute politique l’attitude du président Macron de n’avoir pas pris à bras-le-corps ces questions essentielles, et d’en arriver à cette situation qui pourrait vite se trans former en une inédite crise de régime. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

aussi efficace soit-il. Et même si ce dernier se targue d’avoir le soutien de plusieurs dizaines de milliers de militants L.R. qui approuvent cette alliance avec le Ras semblement national, que fait-il des cen taines de milliers d’autres militants de la droite républicaine qui avaient encore l’illusion que le Général De Gaulle, Georges Pompidou ou Jacques Chirac avaient des héritiers dignes de la mémoire de la France ? Il en est de même pour tous ceux à gauche, qui, sous couvert d’une unité de façade justifiée par la nécessité de faire barrage à l’extrême droite ont ravalé, pour un temps, leurs divisions et leurs convictions, comme une potion amère, en empruntant aux heures glorieuses de l’Histoire jusqu’au nom de Front populaire. On ne peut également qu’en vouloir au président Macron qui, en atomisant le paysage politique français depuis plusieurs années pour demeurer le seul rempart possible contre le Rassemblement national,

“N e composez jamais avec l’ex trémisme, le racisme, l’an tisémitisme ou le rejet de l’autre. Dans notre histoire, l’extrémisme a déjà failli nous conduire à l’abîme. C’est un poison : il divise, il per vertit, il détruit… Tout dans l’âme de la France dit non à l’extrémisme. Le vrai combat de la France, le bon combat, c’est celui de l’unité, de la cohésion.” Ces phrases ont été prononcées en 2007 - cela semble une éternité… -, par un certain Jacques Chirac, alors président de la République, dans un message d’adieu aux Français au moment de passer la main à son suc cesseur. Que ne penserait-il aujourd’hui de ses indignes successeurs, Éric Ciotti en tête, qui ont vendu l’âme républicaine de leur parti au diable au nom de la com promission ? Par pur calcul électoraliste,

Crédits photos : La Presse Bisontine, 53x11 studio, Slah Bouaziz, D.R.E.A.L., Pierre Antoine, L’Étal, J.-C. Sexe.

Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130

4 L’interview du mois

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LAURE HUBIDOS

Collectif national des Maisons de vie

“Le déploiement des Maisons de vie est une nécessité, arrêtons de tergiverser” En l’espace de quelques semaines, Laure Hubidos est passée d’une intense joie au désarroi et à l’incertitude. La présidente du col lectif national des Maisons de vie est restée sidérée à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, stoppant net les travaux sur le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie. Projet de loi dans lequel un article adopté actait le déploiement des maisons d’accompagnement, dont la première a été expérimentée à Besançon grâce à Laure Hubidos.

L a Presse Bisontine : Qu’avez-vous res senti le soir du 9 juin en découvrant la dissolution de l’Assemblée nationale et donc l’arrêt de tous les travaux par lementaires dont ceux sur la loi relative à l’ac compagnement des malades et de la fin de vie ? Laure Hubidos : On est tous tombés de haut. Il y a eu un sentiment mitigé. D’une part, du découragement. Se dire qu’à 48 heures près, la loi aurait été votée. De l’incertitude aussi, et Dieu sait si j’en ai eu ces dernières années, qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Et en même temps, j’ai ressenti de la motivation. dans tous les cas, il faut que les Maisons de vie, quoi qu’il arrive, puissent se développer. J’ose espérer qu’on peut quand même faire confiance au monde politique pour réaliser que les enjeux sont bien au-delà de tous les clivages politiques. En tant que présidente du collectif, je ne rentre pas dans un débat politique à proprement

loppement. Et les Maisons de vie sont bien sûr complémentaires aux unités de soins palliatifs, le Docteur Régis Aubry m’a d’ailleurs toujours soute nue. L.P.B. : Lors des débats à l’Assemblée nationale, avant l’adoption de l’article actant le déploiement des maisons d’accompagnement le 31 mai, un député de l’opposition a qualifié ces struc tures de maisons de la mort, car l’aide à mourir peut y être pratiquée au même titre qu'à domi cile. Que répondez-vous ? L.H. : Je pense qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent. Pour être très sincère et en toute humilité, depuis 20 ans, tout ce que j’ai dû affronter comme épreuves pour mettre en œuvre cette maison, la faire vivre et dans l’accom pagnement de ces personnes, la chose que j’ai apprise en premier lieu, c’est l’importance de rester humble. Et aujourd’hui, la seule qui sait vraiment ce qu’est une Maison de vie, c’est moi,

dit. Ce qui compte, c’est que chacun vote en conscience en se mettant à la place des personnes qui ont besoin de ces structures. Car on est tous concer nés. L.P.B. : Comment appréhendez-vous l’avenir ? L.H. : Je reste confiante sur le fond. Avec le collectif, on va suivre de très près les évolutions. Mais à un moment donné, ça suffit. 20 ans après, le déploie ment des Maisons de vie est juste une

pagnement ? L.H. : Une Maison de vie est une nouvelle solution d’accueil, d’accompagnement et de répit. Les Maisons de vie sont destinées aux personnes gravement malades et à leurs proches aidants. Elles s’inscrivent en complémentarité du domicile et de l’hôpital. Elles per mettent d’apporter des solutions d’aval afin de désengorger les services hos pitaliers saturés, proposent des solu tions de répit au domicile, favorisent un accompagnement à dimension humaine et génèrent également des économies pour le système de santé. Le coût d’un séjour hospitalier est en moyenne de 1 500 euros quand le prix d’une journée à la Maison de vie est de l’ordre de 250 euros par jour. Mais l’écueil majeur réside dans le fait que ces structures sont à la croisée des champs sanitaire et médico-social. Et n’ont pas de cadre réglementaire propre. C’est toute la difficulté pour leur déve

nécessité, il n’y a plus à tergiverser. Arrêtons de se poser 1 000 ques tions sur un concept qui a fait ses preuves. Il faut qu’il y ait une hauteur de vue avec une vision humaine. L.P.B. : Pouvez-vous expliquer ce qu’est exactement une Maison de vie et d’accom

“C’est une question de bon sens et d’humanité.”

La Bisontine Laure Hubidos se bat depuis plus de 20 ans

pour le déploiement des Maisons de vie.

Témoignages La Maison de vie vécue de l’intérieur

R achel a été aide médico psychologique à la Maison de vie. Cela a d’ailleurs été son dernier emploi dans ce métier. Arrivée trois mois après l’ouver ture de la Maison de vie, elle retient de son expérience la pro fonde humanité qui nourrissait la Maison de vie. “On aidait les gens dans leur souffrance, se souvient Rachel. Avant, j’étais en maison de retraite, c’était complètement différent. À la Maison de vie, c'était humain, j’avais deux toilettes le matin, on avait le temps de rester avec eux, de discuter, ce sont des choses qu’on ne voit pas ail leurs. Les plus belles années pour moi sont les cinq ans passés à la Maison de vie. On était en civil, on partageait tout. Aujourd’hui, j’ai complètement changé de métier. Il faut prendre du recul mais c’est dur, on s’at tache aux gens. Il y avait un rela tionnel très très fort. Les familles

étaient très présentes et très proches des soignants.” Cela a été le cas de Monique. Sa fille Nadine, atteinte de la maladie de Charcot, a pu profiter des bienfaits de la Maison de vie. Diagnostiquée en 2005, Nadine est revenue par la suite vivre chez sa mère. “Tant que j’ai pu, j’ai fait, souligne Monique. Nadine avait fait quelques séjours aux Salins de Bregille mais ça devenait dif ficile pour les soignants. Elle faisait quelques séjours à l’hôpital aussi pour que je puisse me reposer. Nadine savait que Laure allait ouvrir une Maison de vie, elle voulait y aller. Elle y est entrée en 2011, elle s’y plaisait beau coup. C’était une petite structure, familiale, elle aimait partir à la Maison de vie. Et ça me donnait du répit pour faire autre chose. Elle est restée à la Maison presque jusqu’au dernier moment, elle ne voulait pas mourir dans

L’équipe soignante et les bénévoles prenaient le temps de chouchouter les personnes, qui trouvaient à la maison de vie en moment de répit (photo D.R.).

une autre structure.” En 2016, après un mois en soins palliatifs, Nadine décède. Sa per sonnalité a laissé un souvenir indélébile, tant à Rachel qu’à Laure Hubidos. “Pour la lever, il

fallait deux heures. Où peut-on faire ça à part dans une Maison de vie ? s’interroge Laure. Ce lieu permettait à l’équipe de pra tiquer le soin tel qu’elle le voulait.” “Je n’oublierai jamais Nadine,

c’était quelqu’un d’exceptionnel, souffle Rachel. Les gens en fin de vie ne se plaignent pas. ça m’a permis de voir la vie autre ment.” La Maison de vie pouvait accueillir

7 personnes lors de la phase expérimentale. Puis, une fois l’ex périmentation validée, la Maison de vie a pris place dans un bâti ment plus grand pouvant accueillir 12 personnes. n

L’interview du mois 5

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de Maisons de vie après. Je me suis lourdement trompée. On leur disait, comme on m’avait dit des années auparavant “Vos projets sont géniaux mais ça ne rentre pas dans les cases.” Donc depuis toutes ces années, l’ob jectif était de se battre et de se mobi liser pour que nous ayons enfin cette petite case permettant le dévelop pement des Maisons de vies. Fin 2022, il y a eu le lancement de la convention citoyenne. Puis, j’ai fait une tribune dans Libération pour interpeller le gouvernement en disant à quel point il était nécessaire de créer des lieux alternatifs d’ac compagnement entre l’hôpital et le domicile. J’ai également écrit au pré sident de la République et aux trois ministres concernés en sollicitant un rendez-vous que j’ai eu. Si aujourd’hui, ils ne prennent pas cette

Le détonateur a été la mort de mon père. Je me suis formée à l’accom pagnement en soins palliatifs Très vite, je me suis rendu compte qu’il manquait un maillon au système. Et puis, la Maison de vie est partie d’un rêve. À l’époque, j’accompagnais un monsieur à domicile, atteint de la maladie de Charcot, je pense beau coup à lui. Je me suis occupée de lui pendant trois ans. Et mon accom pagnement a permis de l’apaiser. À l’occasion d’un reportage sur son accompagnement, ce monsieur avait dit : “La seule chose que je pourrais dire, c’est qu’aujourd’hui, je suis heu reux.” C’était juste incroyable. C’est à partir de là que j’ai décidé de créer la Maison de vie, une petite maison pour chouchouter les gens et leur permettre de vivre ce qu’ils ont à vivre. Le nom d’ailleurs m’est venu comme ça car l’objectif, c’est être dans la vie. Ce n’est pas parce qu’on est malade, parce qu’on est en situa tion palliative qui peut durer des années avec les progrès de la méde cine, qu’on n’est pas dans la vie. L.H. : Quel chemin ! Un chemin semé d’embûches, mais un merveilleux chemin. Toutes ces années, une cita tion de Gandhi m’a beaucoup accom pagnée : “Soyez le changement que vous voulez voir dans ce monde.” Il faut oser. n Propos recueillis par L.P.. L.P.B. : Avec le recul, quel regard portez vous sur ces 20 années de combat ?

je le dis en toute humilité. Puisque je l’ai inventée, je l’ai vécue, je l’ai dirigée. Et également Delphine Cali cis qui est la responsable de la Mai son Astrolabe ouverte l’an dernier (maison de vie et d’accompagnement dans le Tarn N.D.L.R.). Nous sommes deux en France à savoir de quoi on parle de tous ceux qui disent “maison de vie, maison de mort”, ce sont des discours du jeu politique qu’on connaît. L.P.B. : La fermeture de la Maison de vie de Besançon-Saint-Ferjeux en 2019 a été un coup terrible pour vous. Comment avez vous trouvé la force de continuer ? L.H. : La Maison de vie a changé d’orientation pour des problèmes de gouvernance à ce moment-là mais en aucun cas en raison de sa mission. La Maison de vie fonctionnait et la fermeture est d’ailleurs un grand regret pour toutes les familles, les personnes en répit et cela a été très difficile pour l’équipe de la Maison de vie. ça a été terrible pour moi, c’est l’impression qu’on détruit l’œu vre de votre vie pour des raisons qui ne devraient pas être. Mais comme quoi, dans la vie, rien n’est figé. Depuis 2017, avec le collectif national des Maisons de vie, on se mobilise pour que ces structures puissent se développer et que naisse un cadre juridique adapté permettant ce déve loppement. J’ai essuyé les plâtres et je me suis dit que ce serait plus simple pour les porteurs de projet

opportunité de développer ces pro jets, c’est un non sens. Il s’agit juste d’une question de bon sens et d’hu manité. L.P.B. : Vous évoquez 20 ans de combat. Comment est né votre engagement dans l’ac compagnement de per sonnes en fin de vie ? L.H. : Mon engage ment remonte à 2001, j’avais 30 ans.

“La fermeture de la Maison de vie a été terrible pour moi.”

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6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024

Éric Alauzet hors course après 12 ans de mandat parlementaire, Laurent Croizier déjà bousculé après deux ans seulement à l’Assemblée, une extrême droite plus que menaçante et une gauche unie jusqu’aux extrêmes : le paysage politique local a lui aussi été bouleversé par les législa tives anticipées provoquées par la dissolution. C’est une nouvelle donne politique qui s’ouvre après le 7 juillet dans le Grand Besançon. Nous avons rencontré les candidats les mieux placés dans les sondages nationaux, à l’exception des deux candidats R.N. dont nous n’avons pas eu le retour. La nouvelle donne politique bisontine

l Politique Élections législatives Un scrutin inédit et incertain Ces législatives anticipées ont bouleversé la donne politique nationale avec

Zoom Les résultats de 2022 Première circonscription Premier tour

Deuxième circonscription Premier tour

Zoom Les candidats sur les 2 circonscriptions bisontines 1 ère circonscription : Député sortant Laurent Croizier (MoDem) l Nicole Friess (Lutte ouvrière) l Alain Ruch (extrême gauche) l Thomas Lutz (R.N.) l Marielle Pernin (écologistes) l Élisa Moré (régionalistes) l Séverine Véziès (Nouveau Front Populaire) l Laurent Croizier (Ensemble) 2 ème circonscription : Député sortant Éric Alauzet (Renaissance) l Dominique Voynet (Nouveau Front Populaire) l Brigitte Vuitton (lutte ouvrière) l Éric Fusis (R.N.) l Benoît Vuillemin (Ensemble) l Daniel Roy (L.R.)

l Séverine Véziès (N.U.P.E.S.) ....29,78 % l Laurent Croizier (Ensemble) .....26,75 % l Thomas Lutz (R.N.) ...................17,82 % l Michel Vienet (L.R.) ...................11,01 % l Fabrice Galpin .............................4,34 % l Salima Inezarène ........................3,90 % l Marielle Pernin ............................2,87 % l Candice Mallol ............................1,22 % l Nicole Friess ...............................1,12 % l Pauline Tournier ..........................0,87 % l Doïna Courbaron ........................0,33 % l Célia Keck ...................................0,01 % Second tour l Laurent Croizier ........................51,88 % l Séverine Véziès ........................48,12 %

l Stéphane Ravacley (N.U.P.E.S.) ....32,51 % l Éric Alauzet (Ensemble) .................31,36 % l Éric Fusis (R.N.) .............................17,49 % l Chafia Kaoulal (L.R.) ......................10,80 % l Barbara Carrau .................................3,65 % l Brigitte Vuitton .................................1,93 % l Jim Prenel .........................................1,72 % l Geoffrey Thomassin ........................0,54 % l Claudine Meyer .................................0,00 % Second tour l Éric Alauzet .....................................52,25 % l Stéphane Ravacley ........................47,75 %

des répercussions dans tous les territoires. Avant même les résultats, le paysage politique bisontin est d’ores et déjà bouleversé.

U n élu bien installé depuis 12 ans qui disparaît du jour au lendemain - Éric Alauzet. Un autre élu depuis deux ans seulement qui met tout en œuvre pour réaffirmer son ancrage local - Laurent Croizier. Une candidate du nouveau Front Populaire - Séverine Véziès -, gonflée par l’engouement actuel du ras semblement de gauche et encouragée par son score du premier tour il y a deux ans où elle avait émargé en tête avec près de 30 % des suffrages obtenus au premier tour. Sur l’autre circonscription, deux surprises avec l’émer gence de Benoît Vuillemin, le

maire de Saône, qui arrive à la rescousse suite au retrait de M. Alauzet. Et une reve nante dans la région - Domi nique Voynet -, elle aussi sous les couleurs du nouveau Front Populaire pour tenter de chiper cette circonscription à la majo rité qui la détient depuis 2012. Avant-dernière pièce du puz zle, une droite républicaine prise en étau, absente de la première circonscription par loyauté au MoDem Laurent Croizier, issu de la droite modé rée, et plaçant sur la deuxième circonscription Daniel Roy, militant L.R., adjoint de la petite commune de Malbrans, presque inconnu à Besançon mais sur lequel la droite mise

autant de l’élimination des candidats macronistes, mais le combat s’avère encore plus compliqué qu’en 2022. Le rejet assez large du président Macron, et une dissolution dif ficile à avaler ne plaidaient pas en leur faveur. Verdict final le 7 juillet. n J.-F.H.

Éric Fusis sur la deuxième (17,49 % en 2022). Droite républicaine comme majorité présidentielle appa raissaient à l’aube du premier tour comme prises en étau entre une gauche unie et un Rassemblement national hégé monique au plan national. Cela ne présumait pas pour

pour rameuter les électeurs de la périphérie. Sans oublier, enfin, le Rassem blement national qui envoie les deux mêmes candidats qu’en 2022, avec l’espoir de faire beaucoup mieux qu’il y a deux ans avec Thomas Lutz sur la première (il avait ras semblé 17,82 % des voix) et

L’événement 7

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l 2 ème circonscription Majorité Présidentielle Benoît Vuillemin, l’homme du président La deuxième circonscription compte cinq candidats au premier tour. Si Éric Fusis (R.N.) et Brigitte Vuitton (Lutte ouvrière) étaient déjà sur les rangs en 2022, Daniel Roy (L.R.) et Dominique Voynet (Nouveau Front Populaire) se présentent pour la première fois sur ce territoire. Le cinquième, Benoît Vuillemin a déjà été candidat en 2012, sans étiquette. Cette fois-ci, il prend le parti d’Emmanuel Macron.

Benoît Vuillemin

reçoit le soutient d’Éric Alauzet qui ne se représentait pas.

D ans les allées du supermarché, il serre les mains à tout va, sourire aux lèvres, très à l’aise. Tracts sous le bras, Benoît Vuillemin fait ici campagne pour les législatives pour la majorité présidentielle-Renaissance “de la droite républicaine à la gauche social-démo crate.” A ses côtés, Éric Alauzet, député sor tant qui s’est désisté à son profit, et sa sup pléante, Agnès Martin, conseillère municipale à Besançon. Et s’il explique la raison de s’engager pour faire barrage aux extrêmes (droite et gauche), l’un des axes principaux de sa campagne est de redonner du pouvoir d’achat. À 50 ans, le chef d’entreprise et maire de Saône depuis 2020, charismatique, partage quelques traits communs avec le président Macron. Dont sa connaissance du monde économique et de quelques huiles politiques, telles que le premier ministre Gabriel Attal, le sénateur Longeot, Édouard Philippe, Éli sabeth Borne. “Je vais être taxé de candidat

de l’économie, de la consommation. Mais j’assume, face à une extrême gauche décrois sante et une extrême droite incapable de gouverner” , assène Benoît Vuillemin, vigou reusement soutenu par Éric Alauzet qui renchérit : “Avec le programme du Nouveau front populaire, on court au chaos écono mique.” Pourtant, dans le même temps, Esther Duflo, prix Nobel d’économie, estimait que “le Nouveau Front populaire, joue le jeu du pragmatisme : il y a une liste précise de mesures échelonnées, un chiffrage des recettes et des dépenses, qui sont plus ou moins en phase (source radio France)” , et Matthieu Pigasse, banquier d’affaires et patron de presse, incitait à voter pour le programme du N.F.P. Reste que Benoît Vuillemin, arguant être le candidat de la proximité (notamment face à Dominique Voynet dont il dénonce le parachutage) avance quelques propositions concrètes comme instaurer une T.V.A. sur les ventes Internet qui permettrait de baisser

la même taxe sur les produits de première nécessité. Il milite pour un plan prospectif de la consommation. Par ailleurs, il souhaite défendre le statut de maire. “Je pense que les élus nationaux ne sont plus écoutés, les maires ont encore cette capacité, la confiance de la population. Les maires ont une très bonne parole à porter au niveau de l’État. Il faut des députés issus des territoires.” Benoît Vuillemin souhaite aussi une tran sition écologique raisonnée, sereine, apporter en cas d’élection, son concours pour de grands projets structurants sur le territoire, notam ment sur la mobilité (soit le projet de contour nement de Besançon). Celui qui a fait aboutir le projet d’une gendarmerie à Saône vise également la sécurité des citoyens. Mais s’il est résolu à combattre, l’homme du pré sident sait que sa position est compliquée. n L.P.

Réaction Après 12 ans de mandat “Je n’avais plus de jus pour continuer” Le député sortant Éric Alauzet n’a pas eu l’énergie de repartir au combat après des dernières années parti culièrement éprouvantes selon lui. Il s’en explique. La Presse Bisontine : Vous avez renoncé à repartir en campagne pour ces législatives. Un mélange d’amertume et de soulagement ? Éric Alauzet : Je n’ai aucune amertume. En repartant en 2022, je m’étais dit que c’était la dernière fois. Une fois la dissolution passée, après l’engouement d’une nouvelle perspective de campagne, et après avoir pris un peu de recul, je n’ai pas eu l’énergie nécessaire pour repartir à la bataille. Les deux années qu’on vient de vivre ont été particulièrement difficiles à l’Assemblée nationale avec une inquiétante dégradation du débat dans notre société. Pour moi qui aime le débat, la confrontation d’idées, l’argumentation, la nuance, voir la vio lence et la volonté d’en découdre de certains éléments d’extrême gauche et d’extrême droite m’a découragé. Je n’avais plus de jus pour continuer. Mais je n’ai aucune amertume par rapport à ma décision. L.P.B. : De l’amertume peut-être alors par rapport au manque de recon naissance concernant votre travail durant 12 ans à l’Assemblée ? É.A. : Je crois avoir fait la preuve de mes engagements politiques depuis 35 ans, je n’ai plus rien à prouver sur ce plan. Et je sais aussi qu’il ne faut pas attendre de reconnaissance de quiconque, cela fait longtemps que j’ai intégré cela, dans une société qui tire sur tous ceux qui prennent des responsabi lités. L.P.B. : Vous avez tout de même soutenu Benoît Vuillemin pour la campagne. Et que ferez-vous après ? É.A. : Oui, parce que dans ce contexte de démagogie permanente, entendre les deux campas extrémistes promettent tout et n’importe quoi, ça ne peut pas durer. L’extrême droite est évidemment à rejeter car elle stigmatise une partie de la

l 2 ème circonscription Le retour de l’ancienne ministre Dominique Voynet, come-back

Dominique Voynet entend apporter tout son poids politique, héritée d’une longue expérience, au Nouveau Front populaire pour obtenir un siège à l’Assemblée nationale.

et parachutage Incontestablement, l’annonce de sa candidature pour le Nouveau Front populaire (suppléée par Anthony Poulin, adjoint d’Anne Vignot) dans la seconde circonscription a suscité bien des remous.

D ominique Voynet, ex retraitée de la vie poli tique, peut se targuer, à l’inverse de ses adver saires, d’avoir embrassé de nom breux mandats nationaux : dépu tée du Jura, députée européenne, sénatrice, maire, conseillère régio nale et bien sûr ministre. Elle compte sur sa longue expérience pour que les urnes penchent en sa faveur. “On a cherché à allier de la jeunesse à de l’expérience. J’ai bien conscience que si on se rate cette fois-ci, on ne pourra plus faire barrage à l’extrême droite. On (le N.F.P., N.D.L.R.) a cherché des députés expérimen tés et enracinés dans le réel, des gens qui ont une approche de la complexité des décisions, et ne pas se contenter de mesures, de symboles. Je pense que j’ai ce pro fil-là. Je me suis présentée à la

demande des forces de gauche. Cette mission qui m’est confiée, je la vois comme une tâche et un service à rendre qui vise à empê cher l’accès au pouvoir à l’extrême droite.” Immédiatement, des voix mécon tentes se sont élevées contre un parachutage “venu de Paris ou de Dole.” Qui n’en est pas un pour certains membres d’E.E.L.V. Pourquoi par ailleurs ne s’est elle pas présentée dans le Jura, comme lors de son dernier man dat de députée? “Nous avions un bon candidat en 2022 à Dole, qui souhaitait repartir. J’ai répondu aux militants du Doubs après avoir bien réfléchi. J’ai commencé à militer à Besançon, j’y ai été candidate aux munici pales, j’ai porté la lutte contre le grand canal pendant des années jusqu’à la victoire finale… Je

elle botte en touche non sans déverser quelques piques à ses adversaires. “La mission d’un député est de faire la loi et de contrôler le gouvernement. Et non de s’immiscer sur les projets locaux. On peut donner son avis, cette mission de service, tous les députés l’assument. Dans la cam pagne, on va entendre des pro messes démagogiques, une cer taine tentation d’annoncer des travaux pharaoniques sur les quels ils n’ont aucune prise, car ceux qui décident sont la Région, l’État, etc. Les Français attendent du sérieux, est-ce qu’ils entendent encore les promesses démago giques ?” Dans tous les cas, parachutage ou pas, une question se pose: Dominique Voynet va-t-elle sur voler l’élection ou se crasher au sol ? n L.P.

pense bien connaître cette cir conscription” , rétorque l’ancienne ministre. Redonner foi en l’avenir, restau rer la confiance dans l’action publique, mettre en œuvre une écologie non pas punitive mais raisonnée, empêcher un “député brun de plus” d’accéder à l’As semblée nationale… telles sont ses axes de campagne. “Le contrat de législature que l’on a adopté ensemble, il est plus concret, plus responsable, plus acceptable et moins clivant que les 600 mesures de la N.U.P.E.S., éditées en 2022 lors des dernières élections. Ce document fait consensus, souligne Dominique Voynet. Remettre un peu d’humain et de sens fait partie de mes missions.” Quant à savoir sur quels projets locaux, la possible future députée pourrait apporter son soutien,

population, c’est un parti dangereux. Du côté de l’extrême gauche, c’est du point de vue économique et budgétaire qu’elle est très dangereuse en promettant qu’elle dis tribuera de l’argent à tout le monde, en méprisant le travail, l’effort, le mérite. L.P.B. : La colère des électeurs n’est pas légitime ? É.A. : Je ne dis pas cela, mais c’est aussi un raccourci de tout mettre sur le dos des diri geants actuels et passés. On traverse dans le monde de multiples crises, il est devenu de plus en plus difficile de régler les pro blèmes car on est de plus en plus interdé pendant avec le reste du monde, avec des citoyens de plus en plus exigeants et au final, ça fait des étincelles. Il faut impé rativement retrouver le sens du débat. n Propos recueillis par J.-F.H.

“Il faut impérativement retrouver le sens du débat.”

8 L’événement

La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024

M. BANFA Voyant Medium

l Première circonscription Pour la majorité présidentielle Laurent Croizier, “seul en capacité de faire barrage aux extrêmes” Le député sortant (candidat MoDem pour la majorité présidentielle) de la première circonscrip tion du Doubs veut y croire. Et il n’est pas le seul. Sa candidature, derrière laquelle se sont ran gés les Républicains (L.R.), bénéficie de nombreux soutiens politiques dans le Grand Besançon.

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D e ses deux années passées au Palais Bourbon, l’élu bisontin garde une envie d’agir. Il mise d’ailleurs sur son bilan et l’engagement dont il a fait preuve sur le terrain pour convaincre une nouvelle fois. “J’ai mené beaucoup de combats et je souhaite les poursuivre” , souligne-t-il, en évoquant tour à tour

Le principal intéressé y voit un message de rassemblement et de démocratie. “Cela montre bien que ma façon de faire la politique est concrète et qu’elle rassemble, contrairement aux candi datures en face comme celle de M me Véziès qui divise” , souligne-t-il. “J’ai démontré que j’étais un député de terrain. Ce qui fait ma force, c’est ma proximité avec les citoyens, les com munes, les associations…” Et d’évoquer pêle-mêle les dossiers qu’il a portés au niveau local, comme le second commissariat de police à Pla noise dont il revendique l’obtention. “Il a fallu se battre et convaincre, en multipliant les rendez-vous au ministère de l’Intérieur.” Mais aussi la défense du service postal sur le secteur de Quingey, le financement du contour nement de Besançon, entre Micropolis et Beure, ou le lancement “d’une étude déterminante” pour restreindre les poids lourds sur la R.N. 83, avec le concours du sénateur Jean-François Longeot. n S.G.

à Thomas Lutz (Rassemblement natio nal) et Séverine Véziès (France Insou mise et Nouveau Front Populaire) sur la première circonscription du Doubs, sa candidature fait figure de rempart aux votes clivants, appuyée par des soutiens de tous bords : maires locaux (Chemaudin-et-Vaux, Saint-Vit, Pelou sey, École-Valentin…), présidents de communautés de communes voisines (Loue-Lison, Val Marnaysien), séna teurs… Le premier vice-président de G.B.M.

tion, bien déterminé “à incarner l’esprit de rassemblement.” “Je ne me résoudrai jamais à ce que notre pays soit gouverné par l’extrême droite, comme l’extrême gauche, qui sont pour moi les deux faces d’une même pièce.” Les priorités de l’élu res tent claires et son envie de fédérer s’est renforcée face à “la brutalisation du débat politique” observée ces deux dernières années dans l’hémicycle. “J’ai vécu les outrances, les insultes, les propos racistes et antisémites” , indique-t-il avec un brin de colère dans la voix. “C’est ça aussi le visage des extrêmes et j’ai envie de lutter contre cette indignité des institutions répu blicaines.” Beaucoup lui reconnaissent au niveau local un vrai engagement pour le ter ritoire. Conseiller municipal d’oppo sition et conseiller communautaire de Grand Besançon Métropole (G.B.M.) depuis 2014, Laurent Croizier bénéficie pour ce scrutin de l’absence de candidat L.R. et d’un champ assez libre. Jugée seule en capacité de faire barrage

ses positions en faveur de l’école, de la formation, du travail, du pouvoir d’achat ou de l’agriculture. S’il avoue avoir été surpris, comme beaucoup, du choix de la dissolution de l’Assemblée nationale, cela ne paraît pas l’avoir découragé. Laurent Croizier dit même ne pas avoir hésité une seule seconde à se représenter à la députa

et maire de Serre-les Sapins, Gabriel Baulieu, a décidé d’apporter y compris et pour la pre mière fois son soutien public au candidat Croi zier. Voyant dans les pro chaines élections du 30 juin et du 7 juillet un “énorme enjeu, qui dépasse ô combien les querelles partisanes et les discours du Président de la République.”

“Ma façon de faire la politique est concrète.”

Deux ans à peine après la première, Laurent Croizier est reparti en campagne (photo D.R.).

l Les Républicains Une stratégie floue À droite, c’est comme si on, avait déjà perdu

Pas de candidat sur la première circonscription au nom d’une logique républicaine, et un candidat peu connu sur la deuxième. La droite ne se berce pas d’illusion.

Zoom Daniel Roy, l’ultra local

P as d’illusion non plus dans le ton de Jacques Grosperrin, le leader bisontin des Républi cains quand il demande à Benoît Vuillemin de se retirer de la course. Au nom de quoi ? L’explication, il faut sans doute aller la chercher dans

la haine recuite de la droite bisontine envers le maire de Saône, en conflit personnel ouvert avec Ludovic Fagaut depuis bien longtemps, et pas du tout en odeur de sainteté avec Jacques Gros perrin depuis la défaite de ce dernier aux législatives de 2012 qui ne lui avait pas apporté le soutien escompté et a priori promis. La droite bisontine mise donc sur un seul cheval pour limiter la casse, en la personne de Daniel Roy, qui était le suppléant de Chafia Kaoulal lors du dernier scrutin en 2022. “Daniel Roy est un excellent élu de terrain qui en tant que premier adjoint à Malbrans représente très bien le secteur d’Ornans, tandis que son suppléant, le maire de Moncey Fabien Thernier représente très bien le secteur de l’Ognon. L’élection dans cette deuxième circonscription se jouera dans le milieu rural” veut croire Jacques Grosperrin. En creux, inutile d’envoyer un membre des L.R. urbain à l’échafaud. Pour la circo 1, encore moins de débats : “On soutient quelqu’un de loyal, de répu blicain, de transparent vis-à-vis des extrêmes. C’est le soutien à un homme Laurent Croizier, mais pas à un parti qui a affaibli la France” nuance Jacques Grosperrin. n J.-F.H.

S uppléant lors des élections en 2022, Daniel Roy endosse cette fois-ci le premier rôle pour tenter de faire gagner un siège dans l'hémi cycle aux Républicains. Avec comme bannière Le cœur à l’ouvrage. Du cœur, il en faut à l’adjoint au maire de Mal brans, petite commune près d’Ornans, pour tracer sa campagne alors que son parti Les Républicains était en proie à des turbulences. Pour autant, l’élu restait confiant et ne doutait pas de sa légitimité que certains adver saires mettent en doute. “J’ai toute légitimité en ayant été suppléant en 2022. Je suis celui qui connaît le mieux la circonscription, puisque j’y suis né, et j’ai travaillé pendant des années aux côtés des élus en tant que chargé de clientèle des collectivités.” Malbranais depuis toujours, il se lance en politique en 1995 en prenant sa carte au R.P.R. après la victoire d’un certain Jacques Chirac qui l’inspire. À 21 ans, Daniel Roy entre au conseil municipal et devient ensuite adjoint en 2001. “J’ai plus d’années d’élus que de travail” , s’amuse-t-il. Comme en 2022, il poursuit ses objec tifs de représenter la droite républi caine tout en combattant les extrêmes. Et ne manque pas de soulever l’inco

hérence, pour lui, de la candidature de Dominique Voynet. “Je combats le parachutage parisien en la personne de Dominique Voynet. Surtout quand on voit les fractures entre les élus natio naux et la population…” Épris de poli tique locale, Daniel Roy aimerait porter plusieurs projets pour renforcer l’at tractivité du territoire : “Travailler la partie touristique en mettant en valeur nos trois rivières, le Doubs, l’Ognon, la Loue, et mettre ainsi en relation l’ensemble des territoires de la 2 ème circonscription. Il faut aussi faire une accessibilité sur Besançon en accélérant le contournement de Besançon car les ruraux se détournent de la ville, de ses commerçants, il faut aussi revaloriser la zone Thise-Cha lezeule.” Sur les questions de l’écologie, le candidat L.R. souhaite instaurer un système pour inciter tout le monde à la récupération d’eau, et “porter une aide importante qui aura de l’impact.” Le covoiturage et les transports font également partie de ses priorités. “Quand j’étais gamin, on montait à 5 dans une voiture, même s’il fallait attendre 10 minutes de plus. Il faut retrouver ça. Ce qui permet en plus de relancer le vivre ensemble.” Sécurité, pouvoir d’achat, et revaloriser

le travail sont également ses thèmes de campagne. Tout comme son sup pléant Fabien Thernier, maire de Mon cey, il se targue de ne pas être un can didat bisonto-bisontin, encore moins parachuté. Mais bien celui de la proxi mité. Le même mantra anime son adversaire du parti présidentiel Benoît Vuillemin. Reste à savoir si l’atout de proximité est suffisant face à une ancienne ministre. n L.P. Encarté depuis 1995 (alors R.P.R.), Daniel Roy espère porter la parole des Républicains dans l’hémicycle.

Selon le L.R. bisontin Jacques Grosperrin, c’est le milieu rural qui fera basculer ce scrutin sur la deuxième circonscription.

L’événement 9

La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024

l Réaction

Séverine Véziès, candidate N.F.P. “Le bilan de Laurent Croizier est le bilan d’Emmanuel Macron”

qui a rempli sa fonction d’ascen seur social, ce qui n’est plus le cas. L’école publique est en bien mauvais état mais c’est une volonté des libéraux : faire en sorte que les services publics dysfonctionnent pour justifier que le privé fonctionne. C’est une stratégie depuis plus de trente ans. L.P.B. : Un mot sur la coalition de gauche, le Nouveau Front Populaire, qui a vu finalement le jour assez rapidement. S.V. : Je suis très fière de l’éclosion du Nouveau Front Populaire. En même temps, nous n’avions pas le choix face à deux périls, le péril macroniste et le péril fasciste. On a été à la hauteur. Oui, on n’est pas d’accord sur tout mais nous sommes d’accord sur l’essentiel, et sur un pro gramme. Nous ne sommes pas le candidat d’un parti mais du Nouveau Front Populaire et d’un programme. Marie-Guite Dufay nous soutient, tout comme Raphaël Krucien (chef du groupe d’opposition au département Doubs social et solidaire), Domi nique Voynet pour E.E.L.V. fait partie du N.F.P., mon suppléant Frank Laidié, maire de Pugey, vient de la société civile… On fait la synthèse à gauche. n Propos recueillis par L.P..

La candidate L.F.I. pour le Nouveau Front Populaire croit plus que jamais en ses chances après avoir échoué de peu il y a deux ans face à Laurent Croizier.

L a Presse Bisontine : Quelle réaction avez-vous eue à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale ? Séverine Véziès : ça fait sept ans qu’Emmanuel Macron nous amène au chaos. Et la dissolution de l’assemblée nationale est un nouvel épisode d’un caprice de quelqu’un qui décide tout, tout seul. Les élections européennes, c’est son échec. Au lieu de remet tre son mandat en cause, il remet en jeu les mandats nationaux. Et puis, il a laissé 24 heures aux gens pour se réinscrire sur les listes. Dans quelle démocratie fait-on ça ? Les personnes avaient moins de 24 heures pour faire les démarches, comprendre ce qui est train de se passer dans le pays. Plus de 10 millions de personnes ne sont pas inscrites ou mal inscrites. L.P.B. : Vous aviez perdu l’élection de peu en 2022 face à Laurent Croizier. Quel sentiment quant à celle-ci ? S.V. : Je n’ai aucun doute d’être au deuxième tour. Le climat est particulier, les gens ont ras le bol de Macron. Laurent Croizier est celui qui a voté toutes les

alternative crédible à avoir un programme sur la table. L.P.B. : Quelles propositions mettez vous en avant concrètement pour la première circonscription ? S.V. : Il y a beaucoup de sujets. Le pouvoir d’achat évidemment, pour que les gens puissent vivre dignement du travail. C’est la question du partage des richesses, de la justice fiscale. Nous sommes une région indus trielle et la plus rurale de France. Il faut relocaliser les activités économiques. Je suis une fille de la “Peuge” comme on dit, j’ai vu l’évolution de ce fleuron indus triel. 40 000 ouvriers dans les années 1970, moins de 6 000 aujourd’hui. C’est une question d’emploi mais aussi de survie de tout un bassin de vie. La ruralité pose la question du service public qui se délite. Les gens se sentent abandonnés et c’est sur cette colère que prospère le R.N. Nous avons la volonté de reconstruire deux services publics essentiels : la santé et l’école. Je suis issue d’un milieu ouvrier, et si je suis arrivée là aujourd’hui, c’est grâce à l’école

mesures de casse sociale et du service public ces dernières années. Qu’on me donne un exemple de choses qui se sont améliorées pour les habitants de la première circonscription ? Qu’a-t-il fait pour améliorer le service public, pour que le C.H.U. de Besançon soit en meilleure posture ? Qu’est-ce qu’il a fait concrètement pour protéger les Français ? Le bilan de Laurent Croizier est le bilan d’Emmanuel

Macron. La pre mière circonscrip tion est à l’image du pays avec trois blocs qui s’oppo sent : le parti de la majorité prési dentielle, l’ex trême droite et l’extrême gauche. Le rassemble ment national, c’est beaucoup de parlotte. Comme pour le parti de Monsieur Macron, c’est une arnaque sociale, le racisme en plus. Nous sommes la seule

“Relocaliser l’économie et recons truire le ser vice public.”

L’insoumise Séverine Véziès, ici en compagnie de son suppléant Frank Laidié, est repartie en campagne pour les législatives cette fois-ci sous la bannière Nouveau Front Populaire.

KOK Pierre Asian D Vladimir C M M

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