La Presse Bisontine 264 - Juin 2024

Le portrait 35

La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024

VORAY-SUR-L’OGNON

Photographe, vidéaste, romancier

Jack Varlet conserve la magie de l’image intacte Photographe reconnu, Jack Varlet est aussi un conteur d’histoires. De ceux qui mettent l’humain au centre et qui aiment que l’image fasse sens.

Comme en atteste son dernier film vidéo, réalisé sur le travail du sculpteur bisontin Paul Gonez.

V enu à la photo profession nelle très tôt, Jack Varlet dit n’avoir jamais vraiment voulu faire autre chose. “J’ai bien eu la période pom pier à 7 ans comme beaucoup” , s’amuse-t-il, “mais dès le collège, j’ai commencé à photographier les copains. Je n’étais pas à l’aise avec le verbe et la photo a ce côté univer saliste. C’est un silence parlant.” S’il a commencé par des études de droit, le photographe est ainsi vite revenu à sa passion. Par envie aussi de mieux approcher l’humain. “J’adore les gens. Si je fais de la photo, c’est aussi pour ça” , explique t-il. Installé en Haute-Saône, il partage aujourd’hui son temps entre ses projets personnels et ses reportages photos pour des magazines (Le Point, Nouvel Obs…) ou des pro fessionnels (artistes, entreprises, industriels…) entre Doubs, Jura, Vosges, France et Suisse. Il a éga lement déjà participé à une qua rantaine d’ouvrages portant sur les paysages, les musées, le patri moine… Tout en élargissant sa palette de compétences au gré de l’évolution de la profession. Il s’est ainsi formé, il y a 10 ans, au pilotage de drone et a également fait un stage à l’Institut national de l’audiovisuel (I.N.A.). Dans une sortede “suite logique” à ses yeux. “J’avais cette deuxième passion du cinéma et ce côté frustrant de la photo qui reste instinctive et émotive, mais pas narrative.” Le photographe s’est peu à peu mué en vidéaste.Son dernier film vidéo, qui appuiera la prochaine exposition d’automne de Paul Gonez, invite à découvrir le travail du sculpteur bisontin, depuis le processus de création à la fonderie

d’art, jusqu’à la finition et la patine du bronze dans l’atelier de l’artiste. Un format de 11 minutes, à contre pied des teasers et clips habituels, que Jack Varlet assume. “J’aime bien avoir une certaine longueur. N’être que dans l’émotion ou l’ins tantané n’est pas suffisant et je pense qu’il y a un besoin de faire sens.” Il y privilégie là encore une approche humaine et emphatique, jouant de la lumière et de mouvements de caméra mesurés. L’utilisation du drone fait tout autant partie “des extensions” de son métier. “Un photographe cherche tout le temps un angle de vue (un instant, un cadrage…), le drone a ceci de bien qu’il augmente le champ des possibilités.” Jack Varlet y voit toutefois un écueil “en ce qu’il éloigne de l’humain et qu’il rapproche plus du métier de géo graphe.”

“Les limites créent la liberté” dit-il.

Philosophe, il s’at tend bien sûr à une nouvelle évolution de la pratique avec l’arrivée de l’intel ligence artificielle. Lui avait déjà connu le boulever sement du passage à la photo numé rique, après 25 ans passés à utiliser un appareil argen tique. “On s’est retrouvé à acheter un nouvel appareil photo tous les ans, alors qu’on en ache tait un tous les 30 ans. Cela a marqué un vrai tournant.” Il avoue même avoir déjà été

Spécialisé dans le portrait et le reportage, Jack Varlet fait aussi de la photo pour l'édition, la gastronomie, l’art.

Bio express l Originaire de Vesoul, il est né le 10 avril 1961 l Diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles l Il a monté et dirigé une agence de communication pendant 7 ans l Photographe et vidéaste indépendant depuis le début des années quatre-vingt-dix

cours que je donne à l’I.U.T. de Besançon. Le choix est encore plus fondamental aujourd’hui” , souligne Jack Varlet. “Il y a cette idée que les limites créent la liberté”. Lui n’hésite pas à s’en imposer comme dans cette série de portraits, réalisée avec une chambre photographique et un seul cliché par personne, ou ce livre “Lumières à l’ombre” (né du confinement), où il se

contraint à l’espace de son salon avec une photo et un texte par jour. Pour boucler la boucle et par amour de la narration, Jack Var let a également déjà écrit deux romans. Des textes une fois encore guidés par des images, dont le photographe nous rap pelle qu’elles ne sont pas l’ana gramme de “magie” pour rien. n S.G.

amené à faire des photos avec son téléphone et s’étonne de leur qualité et de l’efficacité. Pour autant, il tient à conserver cette dimension de la photo rare et précieuse. “L’abondance apportée par le numérique oblige à avoir cette réflexion avant la prise. On le voit comme une forme de liberté, mais c’est finalement une liberté restrictive dans sa forme créative. Je le rappelle dans les

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