La Presse Bisontine 263 - Mai 2024

30 Économie

La Presse Bisontine n°263 - Mai 2024

BANQUE

Le directeur du Crédit Agricole Franche-Comté

“Nous sommes persuadés que l’avenir est à la banque “phygitale”

La Crédit Agricole Franche-Comté a présenté ses comptes annuels 2023. Dans un contexte écono mique tendu, la caisse régionale s’en sort bien. Les éclairages de Franck Bertrand, son directeur général.

bilan 2023, vous avez aussi réaffirmé que le Crédit Agricole Franche-Comté continuerait en 2024 à soutenir les forces vices du territoire. Concrètement, comment cela se traduit-il ? F.B. : C’est justement grâce à ce bon résultat annuel qui nous permet de conforter nos fonds propres que nous pouvons conti nuer à investir sur le territoire et accompagner les structures, associatives, sportives, cultu relles ou autres qui animent la Franche-Comté. En 2023, notre caisse régionale a ainsi reversé plus de 2,4 millions à ces struc tures à travers différentes opé rations de partenariat. Cette somme est assez équitablement répartie entre le soutien au déve loppement local, l’environne ment et l’agriculture, le sport, la solidarité internationale, le tourisme et le patrimoine, ou encore la culture. L.P.B. : Les banques sont de plus en plus scrutées par les citoyens concer nant leur financement des activités polluantes (énergies fossiles, etc.). Comment le Crédit Agricole se posi tionne-t-il sur cette question ? F.B. : Le Crédit Agricole a d’abord

L.P.B. : Confirmez-vous le véritable écroulement de l’activité immobilière en2023 ? F.B. : On peut en effet parler d’écroulement avec une baisse de plus de 40 % de la production de crédits habitat à l’échelle de la région. Cette baisse n’est évi demment pas liée à une modi fication de notre stratégie, nous n’avons fait que subir les contraintes imposées par le haut conseil de stabilité financière (H.C.S.F.) ainsi que le taux d’usure que nous n’avions pas le droit de dépasser. La hausse brutale des taux (dix augmen tations consécutives de la B.C.E.) explique évidemment aussi cette baisse. Dans ce contexte, nous n’avons pour autant jamais modifié notre stratégie d’accom pagnement de nos clients. L.P.B. : Comment s’annonce la suite sur ce volet immobilier ? F.B. : Il y a toujours un grand attentisme de la part des clients potentiels. On est dans une période dans laquelle le client doit se réhabituer à des taux plus hauts que les années pré cédentes, mais il faudra encore du temps à ce qu’ils s’y habi tuent. Et deuxièmement, dans ce contexte calme, les clients attendent en parallèle que les prix baissent. D’où l’atonie du marché. Les taux devraient se stabiliser sur les années 2024 et 2025, et on peut penser que le marché de l’immobilier repar tira d’ici 2026. Une chose est quasiment sûre : on ne retrou vera jamais les niveaux de prêts tels qu’on en a connu les années précédentes. Nous continuerons de toute façon à accompagner tous les projets.

L a Presse Bisontine : Vous venez de présenter les résultats 2023 du Crédit Agricole Franche Comté avec un bénéfice de 69,3 millions d’euros, presque aussi bon qu’en 2022. On aurait pu s’attendre à un fort recul de ce résultat au vu de la conjoncture 2023. Comment expli quez-vous ce bon chiffre ? Franck Bertrand : Il est vrai qu’on a vécu une année 2023 excep tionnelle compte tenu de l’impact sur l’économie de plusieurs fac teurs internationaux, de la mon tée des prix, et de celle des taux d’intérêt qui ont grimpé de 4 %. Cette hausse a eu un effet direct sur l’augmentation de nos coûts de refinancement et sur le prix à payer pour l’épargne de nos clients, en hausse également.

Le résultat pour nous est une augmentation de nos charges de près de 42 millions d’euros par rapport à l’année précédente. Malgré tout, on a réussi en effet à maintenir de bons résultats grâce à plusieurs facteurs. Le groupe Crédit Agricole d’abord a fait un très bon exercice et nous en avons bénéficié. La par tie assurances a également contribué à augmenter notre résultat. Et enfin la maîtrise de nos charges. Si notre chiffre d’af faires global, à cause de ce ralen tissement économique a baissé de 10 % et notre excédent brut d’exploitation de près de 30 %, le résultat net a pu se maintenir à ce niveau très satisfaisant vu le contexte. De par son organisation et son rayonnement, ce sera sans conteste l’événement agricole de l’année dans le Doubs. Près de 100 000 visiteurs et 1 000 bénévoles sont attendus du côté de Mamirolle pour participer à cette grande fête de la ruralité. “La manifestation ayant lieu non loin de Besançon, c’est aussi une belle manière de rapprocher deux mondes qui finalement ne se connaissent pas beaucoup, le monde rural et le monde urbain. C’est une grande fierté pour nous d’accompagner cet événement” note Franck Bertrand. n

Franck Bertrand, directeur général du Crédit Agricole Franche-Comté (photo Antoine Boillon).

point, nous avons des trajectoires précises de diminution des émis sions en accompagnant les filières dans lesquelles nous investissons. Nous sommes actuellement en plein dans cette transition entre le soutien aux énergies fossiles et celui dirigé vers les énergies renouvelables. Bien sûr, tout ne peut se faire du jour au lendemain mais nous sommes sur la bonne trajectoire. Sur le plan régional cette fois, au sein de la direction “entre prises”, nous avons un pôle tran sition spécifique. Dans notre direction “particuliers”, une dou zaine de spécialistes ont été recrutés pour accompagner par exemple la rénovation énergé tique des logements de nos clients particuliers. Nous orga nisons les 4 et 5 juin, nos jour nées de la transition énergé tiques qui ont lieu cette année à Belfort et à Dole. Cette ques tion de la transition environne mentale est au cœur de nos

préoccupations.

l’étude, tiennent une place non négligeable. “Pensez à la sau cisse de Morteau, aux vins de Bourgogne, à l’horlogerie, etc. Ces productions artisanales créent également de la richesse” , insiste Xavier Monchois, chef de division Études I.N.S.E.E. Cette analyse révèle surtout le lien direct entre la richesse des habitants et la richesse dégagée par emploi. “On remarque, grâce à nos cartes et nos données, que la zone frontalière de la Suisse, Besançon, Dijon ou Mâcon sont des territoires dans lesquels la richesse dégagée est élevée, contrairement à l’est de la région, plus pauvre” , note Xavier Mon chois. n R.G. F.B. : Nous sommes désormais intimement persuadés que l’ave nir est à la banque “phygitale”, c’est-à-dire autant physique que digitale. Cela ne veut pas dire que dans dix ans nous aurons autant d’agences qu’aujourd’hui car en effet, les clients fréquen tent beaucoup moins qu’avant les agences. Notre A.D.N. est d’être présents partout dans les secteurs ruraux. Peut-être qu’en milieu plus urbain, avoir deux agences à 3 km de distance ne sera pas toujours aussi pertinent qu’avant. Nous ne nous inter disons donc pas la réflexion, le sujet est ouvert. Sur ce dossier comme sur d’autres, c’est le bon sens qui primera ! n Propos recueillis par J.-F.H. L.P.B. : Avec la baisse de fréquentation en agences et la hausse de la banque en ligne, conserverez-vous toujours vos 123 agences locales, y compris en secteur très rural ?

Un partenariat avec Terre de Jim 2024 À l’occasion de son assemblée générale statutaire le 27 mars dernier à Arc-et-Senans, Franck Bertrand et Christine Grillet, la présidente du C.A.F.C., ont signé un partenariat avec Terre de Jim, l’événement agricole majeur de la rentrée prochaine.

été le premier groupe bancaire à s’engager dans des objec tifs précis en termes de dimi nution de ses émissions car bone. Mais nos émissions ne concernent que 2 % du total, les 98 % restants concernent nos investissements dans différents pans de l’écono mie. Et sur ce

“Une baisse de plus de 40% des crédits habitat.”

Depuis 63 ans, l’événement Terre de Jim se déroule chaque année dans une région française diffé rente et cette année, en plus de la finale nationale, la France accueille la finale européenne de labour. La manifestation aura lieu à Mamirolle du 6 au 8 sep tembre prochains à Mamirolle.

L.P.P. : Lors de la présentation de votre

ÉTUDE

Poids économique Artisanat, une manne de 4 milliards d’euros pour la région

L’I.N.S.E.E., en partenariat avec la Chambre de métiers de la grande région, s’est livrée à une autopsie du monde artisanal pendant près d’un an et demi. Les chif fres apportés par ces recherches démontrent le poids important de ce secteur.

4 milliards d’euros de richesse dégagée à lui seul : le secteur de l’ar tisanat est loin d’être un Petit Poucet en Bourgogne Franche-Comté, dépassant même le domaine de l’automo bile en ce qui concerne le nom bre d’employés (2,5 fois plus). Il n’est cependant “pas assez mis en lumière” , admet David Martin, le président de la Cham bre de métiers de la grande région. C’est pour avoir plus de données économiques, et donc voir le

poids réel de l’artisanat en Bour gogne-Franche-Comté, que l’I.N.S.E.E, associée à la Cham bre de métiers, a procédé à une vaste étude qui a nécessité près d’un an et demi de recherches, de fin 2022 à début 2024. L’Ins titut s’est penché sur l’artisanat “traditionnel”, c’est-à-dire des entreprises de moins de 20 sala riés qui effectuent des activités de transformation, de réparation ou de services. Elle n’a néan moins pas pris en compte les micro-entreprises dans son ana lyse, en partie à cause de l’opa

cité des données financières. Ainsi, selon l’I.N.S.E.E. la Bour gogne-Franche-Comté compte près de 32 000 établissements relevant du secteur artisanal, qui comprend des métiers très variés, du maçon au garagiste, en passant par le boulanger. Ces entreprises employaient environ 100 000 personnes dans la grande région, en 2019, prin cipalement dans le bâtiment (35 000) et les services (30 000). Mais l’alimentation et la pro duction de biens, les deux autres grands secteurs retenus pour

L’artisanat est un domaine très vaste, regroupant 250 métiers répartis dans quatre grands secteurs : l’alimentation, le bâtiment, la production de biens et les services (photo D.R.).

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