La Presse Bisontine 258 - Décembre 2023

L’événement 7

La Presse Bisontine n°258 - Décembre 2023

l Avis La F.N.A.U.T. Les usagers des

transports soutiennent le projet sous condition La fédération des associations d’usagers des transports continue à conditionner les travaux à la mise en service du service express régional de l’étoile ferroviaire de Besançon et à la réalisation de la halte ferroviaire au pôle santé

l Association Beure Respire “On est au bord de la route avec le sentiment de ne pas être visible” L’association Beure Respire qui regroupe une cinquantaine d’habitants de la commune et des alentours se mobilise pour dégager des solutions alternatives à l’aménagement de la R.N. 57 entre Beure et l’Amitié. Car les Beurots, dans ce projet, ont le sentiment d’être laissés au

Patrick Noblet, vice président de la F.N.A.U.T. Bourgogne Franche

Comté (photo archive L.P.B.).

M ême en pleine matinée, hors heures de pointe, la circulation - et les nui sances qui l’accompa gnent - ne s’arrête jamais. Les camions et voitures s’engagent au niveau du rond-point de l’Escale en un défilé continu avant de poursuivre vers le rond-point des Mercureaux puis de Micropolis. “Vous voyez, dès qu’un camion s’arrête quelques secondes au carrefour, ça bouchonne tout de suite derrière” , constate Cyril Amourette, membre de l’association Beure Res pire. Créée il y a plus de deux ans, l’asso ciation regroupe des habitants de Beure et des alentours afin d’améliorer la qualité de vie dans la commune et réduire les nuisances sonores et la pollution atmosphérique. Il faut dire que la commune de près de 1 500 habi tants constitue un véritable nœud au niveau de la circulation. Au carrefour de deux routes nationales, la 83 et la 57, Beure connaît également des pro blématiques au niveau de la route de Levier en montant sur Arguel, notam ment de vitesse pour cette voie de délestage prisée par les automobilistes désireux d’éviter les ralentissements en contrebas. Alors lorsque l’aménagement de la R.N. 57 entre Beure et l’Amitié a refait surface ces dernières années, Beure Respire s’est mobilisée pour essayer d’influer dans de bonnes directions. “Cette route, il faut évidemment l’amé nager, convient Cyril Amourette, mais pas sur des dogmes et une idéologie d’il y a trente ans. Ce qu’on reproche, c’est qu’il n’y a pas de vue d’ensemble, on voudrait que le territoire dans son ensemble soit pris en compte.” Or, Beure, dans ce projet, a l’impression d’être laissé sur le bord de la route. “On a le sentiment de ne pas être visible, souligne le membre de Beure Respire. Beure est pas mal oubliée.” Ainsi, avec le nouvel aménagement, il ne sera plus possible de sortir des Mercureaux direction Beure, il faudra

milite par ailleurs pour une obligation faite aux poids lourds en transit de rester sur l’autoroute. L’association regrette également la situation du tout-voiture et de l’au tosolisme. “Beure est à 5 km de Besan çon, à 2 km du tram à Micropolis. Rien n’est fait pour les transports en com mun, on a seulement deux bus le matin et le soir. Pourquoi ne pas imaginer comme solution alternative une voie de covoiturage, ce n’est même pas envi sagé dans le projet tel qu’il est présenté ? Une passerelle pour les vélos et piétons est prévue, c’est très bien mais c’est la loi qui oblige, poursuit Cyril Amourette. En 2023, il y a des besoins d’aména gements et ce n’est pas une lubie de bobo-écolo comme on peut l’entendre.” D’ailleurs, la dénomination même du projet Contournement ouest de Besan çon fait grimacer le Beurot. “On ne contourne pas Beure ni même Besançon, c’est une saillie, une autoroute urbaine qui coupe la ville en deux avec Planoise qui se verra traverser par des murs de 4 m de haut pour sécuriser la route. On n’a d’ailleurs jamais vu de plans, ni de 3 D pour voir à quoi ça va ressembler, ça aurait été bien au moment de la consultation publique.” n L.P.

aller vers le nouvel échangeur au niveau des Vallières pour effectuer un demi-tour. “Les gens ne feront pas ça, ça va bouchonner route de Levier qui voit déjà passer 3000 véhicules par jour, ce sera la même situation qu’il y a 15 ans sans les Mercureaux.” L’association reproche au projet d’être pensé pour fluidifier les Mercureaux seulement, “une route qui a coûté très cher et qui ne roule pas” , souligne Cyril Amourette qui dénonce en outre la non prise en compte du trafic induit. “Il y a ce que j’appelle un biais d’op timisme. Parce qu’on augmente la capa cité des voies, ça va mieux rouler. Oui, peut-être que pendant un an, ça va

C’ est un “oui, mais” que pro nonce aujourd’hui la Fédé ration nationale des asso ciations d’usagers des transports (F.N.A.U.T.) représentée dans notre région par le Bisontin Patrick Noblet. Cette fédération qui prône le développement des solutions alterna tives à la voiture, et notamment le fer roviaire, ne s’oppose pas pour autant à la fin de l’interminable chantier de la R.N. 57 à Besançon. “Nous sommes bien conscients, notamment pour les gens du plateau qui continuent à être coincés dans les bouchons qu’il faut faire quelque chose et qu’on doit main tenant terminer ce qui a été entrepris. Même si selon nous ce projet était un peu trop ambitieux, avec encore deux ronds-points nouveaux à construire alors qu’il y en a déjà deux” estime Patrick Noblet, le vice-président régional de la F.N.A.U.T. Ce dernier estime par ailleurs qu’il aurait mieux valu privi légier dans le premier tronçon la section située entre Micropolis et l’Amitié, “avec des accès actuels très compliqués à hau teur de la rue de Dole” , plutôt que traiter d’abord la portion Micropolis-Beure. Mais si les usagers des transports se résolvent à soutenir désormais la fin des travaux, ils continuent à défendre ce qui à leurs yeux aurait résolu une bonne partie des problèmes de circu lation : la création d’une halte ferroviaire à la hauteur du pôle santé aux Hauts du-Chazal. “Cela fait 30 ans qu’on en parle et on nous balade d’études en études sur ce sujet. Ce projet fait dés ormais l’objet d’un large consensus poli tique, sauf de la Région B.F.C., et d’un soutien dans les conclusions motivées de la commission d’enquête. La Région estime que ce n’est pas une priorité alors que c’est la clé du problème” plaide Patrick Noblet. Partant du constat que 80 % du trafic sur ce tronçon Beure-Micropolis est

constitué de trajets domestiques (et 20 % seulement de transit national ou international), la pertinence d’une halte ferroviaire à proximité du C.H.U. est évidente selon la F.N.A.U.T. “Un usager pourrait prendre le train à Valdahon ou à Saône, s’arrêter à Viotte ou pour suivre vers le pôle santé, sans changer de train. Même chose pour ceux qui viennent de Saint-Vit. Il y a une solution locale idéale, mais la Région ne veut toujours pas en entendre parler” se dés ole son vice-président. La F.N.A.U.T. continue à plaider pour optimiser au maximum ce qu’elle appelle “l’étoile ferroviaire de Besançon” avec les lignes qui rayonne autour de la gare Viotte (ligne des Horlogers, ligne vers Les Auxons, ligne en direction de Dijon, ligne vers le Jura et ligne qui part sur Montbéliard). “Cette étoile est évidem ment sous-exploitée dans le bassin de Besançon, poursuit Patrick Noblet. On n’est évidemment pas contre la voiture, on a conscience que beaucoup de per sonnes sont encore obligées de la prendre, mais l’amélioration des cadencements ferroviaires et notamment aux heures de pointe résoudrait une grande partie des problèmes actuels.” À l’heure où les conclusions financières du nouveau contrat de plan État-Région sont attendues, la fédération déplore également de ne plus être impliquée dans les discussions ou les consultations. La F.N.A.U.T. craint également que lorsque le feu vert définitif sera donné pour l’engagement des travaux sur la section Beure-Micropolis, un mouve ment de contestation se mette en place, “comme on le voit actuellement sur le projet d’A 69, ou encore sur les projets actuels de déviation vers Strasbourg ou Rouen.” Une sorte de Z.A.D. qui pourrait, encore, retarder ce chantier attendu depuis plusieurs décennies. n J.-F.H.

désengorger la circu lation.” Mais il redoute un plus grand nombre d’automobilistes alors que la commune subit déjà le passage de 30000 véhicules par jour dont 10 à 15 % de camions. Un trafic qui augmente d’étude en étude et qui n’est pas pris en compte non plus dans le projet d’aménagement de la R.N. 57. Beure Respire

“Ce sera la même situation qu’il y a 15 ans sans les Mercureaux.”

À toute heure de la journée, la circulation draine son lot de camions et de voitures. 30 000 véhicules par jour traversent la commune.

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