La Presse Bisontine 258 - Décembre 2023

Le dossier 21

La Presse Bisontine n°258 - Décembre 2023

l Réactions

Paroles d’habitants Valoriser la jeunesse, le combat des habitants

Nadia, Bariza et Joëlle habitent Planoise depuis plus de 40 ans. Témoins de l’évolution du quartier, elles s’investissent pour valoriser la jeunesse, entre autres au sein de l’association de Planoise Valley. Surtout, elles se battent pour mettre en lumière le quartier, bien au-delà des problématiques de délinquance.

des habitants” , resitue Zina. Emploi des jeunes et sécurité ont été les sujets les plus développés mais l’en trepreneuriat, l’Éducation nationale (manque de mixité sociale dans les classes, la sécurité aux abords de l’école, le manque de moyens pour les profes seurs des écoles et les A.E.S.H.) n’ont pas été oubliés. “Il y a aussi eu le volet sur la misère sociale, avec de grosses inégalités. Certaines familles n’ont pas les moyens de sortir du quartier, même pour aller au centre-ville. Pour l’emploi, il faut aller chercher les jeunes, les accompagner du début à la fin, le pren dre par la main. Car tout part de la déscolarisation, finalement” , continue Zina. D’où l’importance capitale des actions de Planoise Valley. Joëlle Cailleaux, habitante de Planoise depuis 40 ans, ancienne principale du collège Diderot connaît bien ses pro blématiques. Elle travaille notamment pour La Passerelle, un trimestriel du quartier. “Il y a déjà eu des essais, des tentatives. Aujourd’hui, une cohésion de quartier commence à se faire sentir, les associations se connaissent et finis sent par travailler ensemble, apprécie t-elle. Une espèce de pâte commune se crée, les associations travaillent davan tage avec les structures, les média thèques, les maisons de quartier.” Encore une fois, la solidarité, la mixité, et l’en traide racontent Planoise et sa vie quo tidienne. Pour conclure, Bariza, Nadia et Zina résument leur engagement: “On ne se battrait pas si on n’aimait pas notre quartier.” n L.P.

A ttablées autour d’un café et de petites gourmandises arro sées de miel, Nadia et Bariza, bientôt rejointes par Zina, la fille de Bariza, discutent de leur quartier. Par la fenêtre, les couleurs d’automne chatoient sur un immeuble. “Vous ver riez la vue l’hiver, c’est magnifique!” , relève Bariza. Depuis 1970, la dame vit dans ce quartier, et ne s’en lasse pas. “Jamais je ne penserai à m’en aller. La précarité existe partout mais Pla noise, c’est la richesse du cœur. C’est un quartier ultra-riche dans sa mixité.” À cet instant, la sonnette retentit. Bariza disparaît quelques secondes puis revient. “C’est mon voisin qui me demande si j’ai besoin de quelque chose en courses. Vous voyez, c’est ça, Planoise, c’est l’entraide, la solidarité.” Nadia, elle, habite Planoise depuis plus de 50 ans. Elle était aux premières loges lors des émeutes de l’été dernier. “Quand vous voyez ça, vous pleurez, c’était bou leversant.” Toutes deux s'accordent à dire que Pla noise, ce n’est pas ça, pas que ça, malgré l’image renvoyée dans les médias, assombrie par des affaires de trafics et de violences. Au fil des années, elles ont vu leur quartier évoluer de manière positive. Même si elles se sentent moins

en sécurité qu'il y a 20 ans, elles notent des améliorations depuis deux-trois ans. “Il y a eu un travail formidable sur les rodéos, on a passé un été magni fique, et là, c’est calme” , observe Nadia. “Il n’y a pas si longtemps, Planoise était abandonné mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de nouveautés, on propose plein d’activités”, poursuit Bariza. Comme souvent malheureusement, il aura fallu des drames pour que la situa tion bouge, en l'occurrence le décès en quatre mois de deux jeunes en 2022. “Si on tue nos enfants, où on va? On ne veut plus de tout ça , se désole Bariza. On est impuissant face à ça mais ça ne nous empêche pas d’agir” , renchérit Nadia. Cette dernière décide de créer

Bariza et Nadia habitent Planoise depuis 50 ans. Elles s’investissent au quotidien dans l’association Planoise Valley pour la jeunesse et sa réussite.

et Bariza attendent la suite qui va être donnée au projet F.A.R. (Force d’action républicaine). “On attend beaucoup de l’État, surtout pour les jeunes, il faut les moyens adéquats” , glisse Bariza. “Il y aura des moyens avec la F.A.R., mais comment vont-ils être dispatchés? La priorité absolue, c’est la jeunesse, il faut miser gros, on est dans l’urgence” , précise Nadia. Cette dernière, accompagnée de Zina, 36 ans, ont participé à la réu nion en préfecture début novembre sur ce projet. “On a été surprises par le fait que la discussion était ouverte, les échanges étaient très intéressants, ils nous ont demandé d'identifier les besoins

Silicon Valley. Car l’objectif est bien la réussite du quartier et de sa jeunesse. “On veut valoriser le quartier, donner une meilleure image et travailler avec la jeunesse, des jeunes de 12, 13, 14 ans qui sont sortis des radars, on souhaite trouver des solutions pour les faire par ticiper à la vie du quartier, les motiver à avancer” , explique Nadia. L’association projette de créer un groupe de gilets roses, sur le modèle de ce qui se fait en Corbeil-Essonnes. Ce collectif de mamans part à la rencontre des jeunes pour rétablir la paix et le dialogue. Mais si les idées ne manquent pas, il faut des moyens. C’est pourquoi Nadia

le collectif Stop à la vio lence en décembre 2022 “pour taper du poing.” Le collectif a écrit une lettre ouverte aux auto rités publiques pour aler ter sur les violences. “C’est à partir de là qu’on s’est senti écouté.” Outre le collectif, les habitantes s’investissent depuis trois ans dans l’association Planoise Valley, en référence à la

“On ne se battrait pas si on n’aimait

pas notre quartier.”

l Animation

Projection de deux documentaires Avec KAA7 Production, Planoise brille sur les écrans

taires, des habitants de Planoise de tous âges, de 18 à 80 ans et de tous horizons ont travaillé sur ce spectacle. “L’idée, c’est comment ça danse chez vous. Chacun avec son vécu, son par cours, développe des gestuelles, poursuit Alexandre Lamboley. J’ai vraiment été porté par ce que dégageait ce spectacle.” La création, en partenariat avec Miroirs du monde et le théâtre Les 2 Scènes, a été jouée en novembre 2022 lors du festival Villages du monde. “On voulait s’emparer de ces sujets, en être les témoins, les porte-voix, on a été beaucoup en immersion et c’est ça qui nous plaît, parce qu’au final, on ren contre les gens, on fait connais sance” , souligne Alexandre Lam boley. Les deux documentaires ont été projetés le 9 novembre au théâtre de l’Espace. KAA7 Production enregistre pas mal de demandes de nouvelles projections, notam ment dans les écoles. Une belle manière d’infuser à Planoise et ailleurs une image de quartier pleine de lumière. n L.P.

Sauvegarde, un club, une famille”, suit le club Sauvegarde de Besançon qui œuvre beaucoup pour la jeunesse tout en formant des athlètes de haut niveau en karaté. “Le documentaire montre la vie du club et les actions qu’il mène pour faire grandir les plus jeunes dans cette exigence de haut niveau pour les préparer aussi à l’avenir” , explique le documentariste. Le club Sauve garde porte entre autres la cara vane des pieds d’immeuble. Le documentaire met aussi en avant le travail du centre de loisirs jeunes de Planoise qui œuvre pour rapprocher la jeunesse et la police au quotidien.

L’association KAA7 Production, spécialisée dans les documentaires vidéo, a réalisé deux courts-métrages sur et avec les habitants et structures de Planoise, dans le cadre du projet “Ma cité va briller.” Une façon de mettre en lumière l’image - positive - du quartier trop peu souvent mis en avant où les habitants sont acteurs de leur vie.

S i l’amour brille sous les étoiles, Planoise, star de deux documentaires, brille sur les écrans et face à la caméra d’Alexandre Lamboley et Alexandre Bou hand, les co-fondateurs de l’as sociation KAA7 Production. Ces derniers ont réalisé deux docu mentaires dont l’acteur principal est Planoise, ses habitants, et les porteurs d’initiatives, dans le cadre du projet “Ma cité va briller”. “Quand on a créé l’as sociation en 2020, on voulait faire des documentaires pour mettre en lumière des théma tiques qui ne sont pas forcément mises sur le devant de la scène comme le handicap ou des struc tures de soutien à la population” , resitue Alexandre Lamboley. Le projet “Ma cité va briller” part à la rencontre des porteurs d’ini tiatives à Planoise, et les valorise. Il se scinde en deux documen taires, l’un sur le sport et l’autre sur la culture. Le premier “Club

Le second docu mentaire “Karma, se retrouver pour danser, danser pour se retrouver” suit les répétitions et l’aboutissement d’une création autour de la danse autobiographique. Sous la direction du chorégraphe Sarath Amarasin gam, 14 volon

Un véritable travail en immersion

L’association KAA7 Production a réalisé deux documentaires valorisant les habitants de Planoise dont le club Sauvegarde. Covid (photo KAA7 Production).

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