La Presse Bisontine 258 - Décembre 2023
Le dossier 19
La Presse Bisontine n°258 - Décembre 2023
l Police
Trafics de stupéfiants Moins de points de deal, mais un trafic qui se déplace À Planoise, le nombre de points de deal s’est effondré sous l’action conjuguée de la police et de la justice. Le nouvel enjeu des forces de l’ordre est d’enrayer les livraisons de stupéfiants à domicile.
Besançon. Une des nouveautés dans l’ar senal policier sera la brigade de sécurisation des transports en commun que les services de l’État prévoient de créer à Besançon (voir en page sui vante). “Cette nouvelle brigade permettra aux services de police de marquer leur emprise sur ces transports en commun qui sont également beaucoup utilisés par les trafiquants pour transporter les stupéfiants” confirme Yves Cellier. Pour renforcer encore son effi cacité, la police va bientôt pouvoir compter sur 16 personnels sup plémentaires affectés spécifique ment à la circonscription de police de Besançon dans les toutes pro chaines semaines. En trois ans, les effectifs de voie publique à Besançon ont augmenté de 16,5 %. La police bisontine est humainement bien armée pour poursuivre la lutte. n J.-F.H. Le directeur départemental de la sécurité publique, chef de la police du Doubs, Yves Cellier.
Q uelques mois après la création du Quar tier de reconquête républicaine de Pla noise en 2019, on dénombrait dans le quartier 28 points de deal différents où il était aisé pour les consommateurs de venir se fournir en drogues en tout genre: cannabis, cocaïne et héroïne pour l’essentiel. Au prin temps 2021, après le déploie ment de moyens humains poli ciers et judiciaires contre ce fléau, il subsistait encore 11 points de deal. En cet automne 2023, sous l’action conjuguée de la police et de la justice à Pla noise, 2 points de deal sont encore actifs, “peut-être un troi sième qui renaît actuellement” constate Yves Cellier, le patron de la police départementale, bien conscient qu’en matière de stu péfiants, “les choses sont très volatiles et évolutives. Il n’em pêche, le nombre de points de deal a considérablement diminué et nous ne pouvons que nous en satisfaire” ajoute-t-il.
marché de la drogue ne va pas non plus éradiquer totalement les points de deal, la police en est bien consciente et c’est la raison pour laquelle elle continue à intensifier ses efforts sur ce point. Tout en tentant de s’adapter à ce que l’on nomme aujourd’hui les “ubershits”. Un système beaucoup plus sécurisant pour les usagers, et contre lequel les forces de l’ordre déploient de nouvelles méthodes. Comme la surveillance des messageries (parfois cryptées) et des réseaux sociaux. “Qui nous permettent d’interpeller régulièrement des livreurs à domicile et de déman teler des trafics” confirme Yves Cellier. La sûreté départemen tale a récemment interpellé plu sieurs individus opérant des livraisons, “et notamment des femmes, un phénomène nouveau” confie le chef de la police qui note aussi, même si ce produit n’entre pas dans la catégorie des stupéfiants, l’existence éga lement du protoxyde d’azote à
La politique de harcèlement des dealers , au cœur de la stratégie de la police bisontine depuis deux ans, semble donc payer. En même temps, les forces de l’ordre bisontines sont bien conscientes que le mode opéra toire en matière de trafic est en train de changer. “Bien sûr, on assiste à une ubérisation du mar
ché de la drogue avec des livraisons à domicile. Mais la forte diminution des points de deal est déjà une grande satisfaction car c’est bien ça qui nuit le plus à la population du quartier” argu mente Yves Cellier. Et au même titre que l’ubérisation de l’économie n’a pas supprimé, et heureusement, tous les commerces physiques en ville, l’ubérisation du
Des femmes, parmi les livreurs de drogue interpellés.
pacte est de lutter contre le sentiment d’abandon qu’ont pu manifester les habi tants de ce quartier” résume Manon Redoutey, la déléguée du préfet dans les quartiers prioritaires de Besançon. L’emploi à travers la découverte des métiers est un des axes majeurs de ce plan. Des actions entreprises par Pôle Emploi sur le terrain ont déjà permis aux jeunes du quartier de découvrir les métiers du numérique au début de l’été. “Plus de 200 jeunes ont participé à cette journée-découverte, des jeunes avec qui nous avons établi un premier lien et qu’on a revus ensuite sur d’autres actions. C’est encourageant” note la déléguée du préfet. Autre exemple : l’association Raid Aven tures Organisation animée par des poli ciers bénévoles est intervenue auprès des jeunes du quartier pour des activités sportives, “permettant par la même occa sion de rapprocher la police de ces jeunes souvent critiques envers les forces de l’or dre.” Les domaines de l’insertion, de la santé, de la culture et l’accompagnement à la parentalité sont les autres axes principaux du dispositif. Au volet culture, une ini tiative originale implique des gamins de Planoise et de milieu rural avec l’orchestre Victor-Hugo : la création d’un opéra pour enfants qui sera joué en juin prochain à la saline d’Arc-et-Senans. Une autre entrée pour détourner les jeunes du quar tier des facilités d’une vie hors cadre. C’est bien là l’objectif de la trentaine de mesures contenues dans ce pacte dont le bilan sera titré en fin d’année. Les plus dubitatifs diront que c’est une goutte dans l’océan, les autres que c’est une pre mière pierre à l’édifice républicain pour ce quartier que les autorités locales, préfet en tête, n’ont aucune intention de consi dérer comme un territoire perdu. n J.-F.H.
Les 29 actions contenues dans le pacte
l Rencontres avec les équipes éducatives dans les collèges et lycées. l Déploiement d’événements d’information sur les métiers et les voies de formation au bénéfice des collégiens et lycéens. l Information des élèves sur les outils de découverte des métiers. l Présentation des outils d’information métiers à destination des parents. l Appel à projet Contrat Engagement Jeune. l Mobiliser les associations pour mobiliser les jeunes en matière d’emploi et d’insertion. l Activation d’un Service public de l’in sertion et de l’emploi (S.P.I.E.). l Organisation d’une Journée du numé rique. l Lancement du dispositif SÉSAME - donne-toi une chance. l Création du réseau FOQALE de lutte contre le décrochage scolaire. l Appuyer l’action et le déploiement de l’École de la deuxième chance (E2C) créée à Planoise. l Soutien des programmes d’actions por tés par les établissements culturels. l Organiser de la médiation culturelle avec les acteurs locaux (Musées du cen tre). l Aller à la rencontre de l’orchestre Vic tor-Hugo. l Organiser de la médiation culturelle avec l’espace de vie sociale P.A.R.I.
l Lancer une programmation culturelle et artistique renforcée avec la Ville de Besançon. l Créer un opéra pour enfants à la Saline Royale d’Arc-et-Senans. l Dynamiser l’Atelier Santé Ville (A.S.V.). l Mettre en lien avec les acteurs du relais santé de la direction Hygiène-Santé de la Ville. l Organiser une médiation hygiène santé avec l’association Miroir du Monde. l Mettre en place des formations théma tiques sur la santé avec l’A.R.S. l Fédérer une équipe de soins primaires dans la perspective de mettre en place une maison de santé participative. l Création d’un poste en médiation santé avec l’A.R.S. et la C.P.T.S. l Créer un lieu d’accueil parent enfant avec la direction Petite enfance de la Ville de Besançon. l Travailler à la réduction de la fracture numérique. l Organiser une médiation à destination des jeunes dans l’espace public avec l’A.D.D.S.E.A. l Organiser une médiation à destination des jeunes allophones avec l’association P.A.R.I. l Créer avec la Ville de Besançon une troi sième crèche à tarification conventionnée. l Favoriser les collèges ouverts en lien avec le Département du Doubs.
Manon Redoutey, la déléguée du préfet chargée de suivre la mise en œuvre du pacte pour l’émancipation des jeunes au sein du quartier de Planoise.
souhaitait voir mis en œuvre sans délai. Marqué qu’il fut l’été précédent quand le quartier de Planoise a été endeuillé par le décès de deux adolescents pris au piège des règlements de compte entre dealers. Un bilan officiel de la mise en application de ces mesures devrait être présenté dans les prochaines semaines, avant la signa ture au printemps prochain du nouveau
contrat de ville qui liera les collectivités locales, Ville de Besançon et G.B.M. prin cipalement, à l’État pour les 5 prochaines années. En attendant, qu’en est-il ? “Les mesures contenues dans ce pacte sont des tinées à aller plus loin que ce que le contrat de ville prévoit. L’idée est de tester des choses novatrices. La grande majorité des actions décidées en début d’année ont été engagées à ce jour. La philosophie de ce
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