La Presse Bisontine 257 - Novembre 2023
22 Le dossier
La Presse Bisontine n°257 - Novembre 2023
l Initiatives Lycée Saint-Jean Ici, le harcèlement, ce sont les élèves qui en parlent le mieux Un groupe s’est constitué pour mener des actions contre le harcè lement. Les lycéens de Saint-Jean ont même obtenu l’an dernier le premier prix académique pour leur vidéo qui a fait sensation.
L e fléau du harcèlement n’épargne aucun établisse ment scolaire, fût-il dans le privé. Pour tenter de mesurer son ampleur, les élèves ont eux-mêmes initié un questionnaire à destination de leurs camarades. “Ce questionnaire a été distribué aux élèves de seconde, soit 281 élèves. Il révèle d’abord que 26,5 % d’entre eux ont dit déjà avoir subi une situation de harcèlement avant leur arrivée en seconde. Et que près de 15 % d’entre eux disent avoir contribué à une situation de harcèle ment, soit en tant que “meneur” (6 sur 281) soit comme “suiveur” (35 sur 281) au cours de leur scolarité au primaire ou en collège” indique Véronique Sen dral, enseignante responsable du C.D.I. et impliquée dans le suivi des travaux des lycéens pour la prévention du har cèlement. Cette implication avait valu en fin d’année dernière au lycée Saint-Jean de recevoir le premier prix académique au concours “Non au harcèlement” grâce à une vidéo qui mettait subti lement en scène sur un ton volontai rement décalé “la journée idéale” d’un élève harcelé. “Cette vidéo montrait
aussi qu’une situation de harcèlement peut être stoppée par une simple main tendue” ajoute la documentaliste. Constitué l’an dernier, ce groupe har cèlement renforce cette année son implication, avec des élèves très actifs et d’une belle maturité. Parmi eux, il yaAnna. “Je suis d’autant plus motivée que j’ai moi-même subi ces situations. Pas à l’école, mais dans un club sportif. Je sais ce que ça fait, je connais l’ap
préhension qu’on ne nous croie pas quand on raconte les choses, alors c’est avec une grande motivation que je m’implique” raconte-t-elle émue. Flavie, qui planche également cette année dans ce groupe consti tué, a vécu le harcèle ment à travers sa sœur qui l’a subi. “C’est encore trop tabou, il faut absolu ment en parler” dit elle. Même motivation pour Nahawi qui a subi du harcèlement
La journée nationale contre le harcèlement le 9 novembre.
Anne, Flavie, Nahawi… et les autres. Avec leurs enseignants, ils disent non au harcèlement.
l’an dernier dans l’établissement. “Heu reusement, ça s’est calmé” soupire-t il. Avec deux autres élèves de 1 ère ,Maëlly et Anahit, ce petit groupe encadré par plusieurs enseignants s’apprête à pré senter pour la journée nationale contre le harcèlement le 9 novembre, ses pre mières actions de sensibilisation. “Nous
élèves relais les collent sur leur ordi nateur. L’objectif de ce projet global est la création d’un film d’établissement sur le thème. “Tout le travail que nous menons sur ce sujet, nous espérons sur tout qu’il se pérennise chaque année dans ce lycée” notent ces anges gardiens anti-harcèlement. n J.-F.H.
animerons un stand le matin dans le hall du lycée, nous ferons des inter ventions l’après-midi dans les classes de seconde pour inviter d’autres élèves à nous rejoindre, et nous participerons à nouveau cette année au concours national” résume Anna. Une nouvelle vidée, une affiche et même des auto collants seront édités pour que des
Direction Martial Gaillard, chef d’établissement “Ça ne me dérangera aucunement de déposer une main courante” La direction de l’institution Notre-Dame-Saint-Jean met un point d’honneur à faire de cette question une de ses priorités. Des élèves relais jouent les médiateurs.
L a Presse Bisontine : Comment abordez-vous cette question dans votre établissement ? Martial Gaillard : Sous la responsa bilité de leurs enseignants, ce sont les élèves ici qui s’impliquent sur ces questions. Depuis quelques années, on participe systémati quement au concours “Non au har cèlement” organisé par le minis tère. Le prix que les élèves ont obtenu l’an dernier au niveau aca démique a débouché cette année sur un groupe de travail qui ira beaucoup plus loin que le seul concours. Un autocollant spécifique est sur le point d’être déité, que les élèves qui s’engagent à être référents sur cette question col leront sur leur ordinateur et que pourront facilement repérer les élèves qui seraient concernés par du harcèlement. Cette action s’ac compagnera d’une campagne d’af fichage au sein de l’établissement.
que ça ne me dérangera en aucun cas de déposer une main courante en cas de nécessité. Ça s’est tout de suite calmé. D’où l’importance vraiment d’avoir des élèves relais dans chaque classe et c’est notre priorité. Ça permet d’éteindre l’in cendie avant qu’il ne se propage. L.P.B. : Le phénomène est-il selon vous enhausse ? M.G. : Pas forcément. Mais c’est plus vicieux par rapport à l’époque précédente car un cas se repérait facilement dans la cour d’école alors que maintenant, ça se voit moins forcément parce que ça se passe aussi sur les téléphones por tables. On reste d’autant plus vigi lant. Nous sommes aussi dans un établissement qui permet au per sonnel encadrant de connaître tous les élèves, et on a des temps de rencontres avec les familles qui sont assez nombreux au cours de l’année. n Propos recueillis par J.-F.H.
supprimer totalement le problème. Saint Jean est-il aussi confronté à ces cas ? M.G. : Il ne faut évidemment pas mettre des œillères sur cette ques tion et rester sans cesse vigilants. L’an dernier, une élève de seconde a eu le courage de venir nous en parler. Elle avait eu le malheur de contredire ses camarades sur un débat et s’est fait traiter de fayotte, s’est
retrouvée à être insultée sur les réseaux sociaux, avec des allusions douteuses sur son prénom. Une de ses camarades est venue prévenir la vie scolaire. Je suis immédiate ment intervenu dans la classe en menaçant les élèves de porter plainte contre eux. Ils savent
“D’où l’importance d’avoir des élèves relais.”
L.P.B. : Ces actions n’empêchent pas de
Le lycée Saint-Jean n’est pas épargné par le phénomène dont on a fait une des priorités.
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