La Presse Bisontine 256 - Octobre 2023

38 Économie

La Presse Bisontine n°256 - Octobre 2023

FORMATION

2 250 jeunes concernés dans le Doubs Apprentissage : certaines formations locales menacées de disparaître

précise Manuela Morgadinho. Parmi les plus mis à mal loca lement, figurent les C.A.P. pein tre carrossier et plombier chauf fagiste, qui voient se creuser un peu plus le déséquilibre entre leurs coûts de revient et le niveau à la baisse de leur prise en charge. Ou encore les C.A.P. boulanger, coiffeur ou esthétique. “Le risque est d’amener à des arbitrages. On ne pourra plus les ouvrir pour ne pas mettre en péril le système, car cela sera trop cher de les maintenir. C’est contradictoire alors qu’il y a une demande des jeunes pour les intégrer.” Les formations en bou cherie-charcuterie pourraient aussi en subir les conséquences. À moyen terme, ses coupes bud gétaires pourraient également impacter la qualité des forma tions et conduire à fermer les C.F.A. de proximité, pour regrou per les effectifs. Un signal néga tif envoyé à tout le milieu de l’artisanat, alors que même que certains établissements rou

La nouvelle baisse de financement des contrats d’apprentissage annoncée par le gouvernement fait bondir le réseau des Chambres de métiers et de l’artisanat (C.M.A.). En région et dans le Doubs, on évoque des “conséquences désastreuses.”

“N ous étions sur une dynamique posi tive avec de nou veau des effectifs en hausse, et voilà qu’on nous impose une nouvelle baisse des coûts contrats. Cela revient ni plus ni moins à mettre en péril nos C.F.A.” , s’indigne Manuela Morgadinho. L’incompréhension prédomine pour la présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Doubs (également vice-présidente de la C.M.A. de Bourgogne-Franche-Comté), qui ne s’attendait pas à ce coup dur après une première baisse des niveaux de prise en charge l’an passé. Cette fois, l’enveloppe que le gouvernement consacre au financement des contrats d’ap

prentissage connaît une réduc tion globale de 5 % (plus ou moins variable selon les certi fications avec un maximum de - 10 %). Une mise à la diète encore plus importante qui a du mal à passer. “On ne s’atten dait pas à ce montant, et la mesure se montre d’autant plus injuste qu’elle va toucher en prio rité les formations de premier niveau (C.A.P.). Ce qui signifie que 57 % des formations devien draient déficitaires en région. Ce qui représente 55 % de l’ef fectif des apprentis” , souligne Manuela Morgadinho. Appliquée depuis le 1 er septem bre, cette baisse des coûts contrats “pourrait condamner les formations à faibles effectifs et déjà fortement déficitaires” ,

Les C.A.P. en boulangerie pourraient devenir déficitaires (photo C.M.A.R. B.F.C.).

offre de formation selon elle. “On a affaire à des métiers en tension, qui demandent de la transmission de savoir-faire. Le risque est d’accentuer cela en coupant les financements. Nos entreprises artisanales ont besoin des C.F.A. pour former leur personnel, elles n’ont pas les moyens de les auto-former” , note Manuela Morgadinho. “C’est pourquoi on demande au gouvernement que cette baisse soit reportée et qu’on lance une véritable concertation sur le financement durable de l’ap prentissage en France.” n S.G.

vrent des sections, comme le C.F.A. Hilaire de Chardonnet à Besançon qui est passé à deux classes de C.A.P. boulanger en cette rentrée. “On touche au vivier de demain” , insiste la présidente de la C.M.A. du Doubs, qui rappelle compter plus de 13200 entre prises artisanales dans le dépar tement (et plus de 73000 en région). “Plus de 80 % de nos jeunes sortent avec un emploi dans le Doubs et près de 60 % d’entre eux deviennent chef d’en treprise.” Dans un contexte de main-d’œuvre déficitaire, il y a tout intérêt à conserver cette

Manuela Morgadinho demande un report de cette baisse.

EN BREF

COMMERCE

Sur les foires et marchés de Noël Il exporte un peu du Canada à Besançon

Loto Loto organisé par Lions Club Besançon Lumière au profit de la jeunesse en difficulté dimanche 1er octobre à 13h30 à la salle des fêtes de Nancray. Accès possible à partir de 12h30. Cet événement est animé par Mimi Loto (contact 0614554742). Une buvette est prévue sur place. Pédiatrie La Crédit Agricole Franche-Comté a offert des casques de réalité virtuelle thérapeutique, un nouvel outil contre la douleur et l’anxiété chez les enfants, au service pédiatrie du C.H.U. de Besançon. Grâce au casque vidéo et audio, l’enfant est transporté dans un monde virtuel. Un voyage thérapeutique dans le milieu naturel de son choix. Cet outil thérapeutique facilite le soin, diminue la consommation des antalgiques et a un réel intérêt pour la qualité du soin et le confort de l’enfant. Le Crédit Agricole Franche-Comté a soutenu la mise en place de ce projet à hauteur de 37000 euros, ce qui permettra au pôle médico-chirurgical de l’enfant et de l’adolescent de s’équiper d’au moins 6 nouveaux casques au bénéfice des jeunes patients.

Installé au Québec depuis 23 ans, Vincent More s’est spécialisé dans l’exportation de sirop et de produits d’érable. Originaire du Haut-Doubs, il a fait le lien entre ses deux pays de cœur.

C omme beaucoup de jeunes Français, Vincent More est arrivé au Qué bec pour un stage de fin d’études en commerce interna tional du bois. L’histoire aurait pu s’arrêter là et le ramener à exercer dans le Haut-Doubs, une fois son expérience acquise. Mais c’était sans compter la découverte de ce pays et de son sirop d’érable. “Un produit connexe au bois” , comme il le dit lui-même, et dont il n’avait pas mesuré l’importance. “Le Bas-Saint-Laurent est la deuxième région productrice de ce nectar au Québec. C’est un gros secteur de l’économie.” Cinq ans après son arrivée dans cette région et poussé par son esprit entrepreneurial, il décide alors de lancer son entreprise Nokomis. Elle figure aujourd’hui parmi les plus gros acteurs du pays dans le domaine de l’em bouteillage et l’exportation de sirop d’érable et produits connexes. “On vend 2 000 tonnes de sirop d’érable chaque année dont 98 % à l’exportation. On est présent dans 30 pays, notam ment en Europe” , précise Vincent More.

Il avoue avoir gardé, de ses années passées en Franche Comté, le goût du terroir et de l’authenticité. Ce qui explique sans doute son attachement aujourd’hui au sirop d’érable. “C’est un produit noble et natu rel. Nous travaillons avec 225 familles de producteurs. Tous des passionnés, qui se transmet tent généralement le savoir-faire de génération en génération.” Vincent More dit s’en être fait naturellement une spécialité. “J’ai toujours été élevé là-dedans, mes parents mangeaient bio et nous étions proches et respec tueux de la nature.”

Vincent More dirige l’entreprise Nokomis et a racheté en juin dernier “La Cabane à Mario”.

deaux…). Chaque stand est décoré et plongé dans l’atmo sphère canadienne. On fait des dégustations et on propose toutes sortes de produits (biscuits, vin de glace, bison…) et de petite restauration.” Parmi d’autres projets en tête, Vincent More n’exclut pas aussi, un jour, d’être présent sur les festivals, en station de sports d’hiver ou de développer un food-truck. Histoire de partager un peu plus son aventure cana dienne. n S.G.

Son aventure entrepreneuriale démarrera aussi, pour finir, en partie ici. “Croc Nature à Pon tarlier figurait parmi mes pre miers clients à l’export.” Et comme pour boucler la boucle, Vincent More, qui vient de racheter “La Cabane à Mario”, se rapproche un peu plus de Besançon. Cette entreprise événementielle est, depuis quelques années, leader sur les produits québécois et canadiens sur les foires et marchés français. “L’ancien gérant, Mario Fortier, a démé

nagé une partie des décors et de la logistique dans un entrepôt à Châtillon-le-Duc, dont on a repris le bail. C’est un heureux hasard, je suis content d’être installé là.” Cela permettra au Franc-Comtois de revenir un peu plus souvent. “Je serai sur place durant les mois de fin d’année” , qui correspondent aux plus grosses périodes d’activité de “La Cabane à Mario”. “Cette année, on prévoit de faire 15 foires et 30 marchés de Noël entre septembre et décembre (à Paris, Bruxelles, Annecy, Bor

Le hasard de la vie veut que sa toute première expérience avec le sirop d’érable aurait même été faite, ici, en Franche Comté. “Ma grand mère, qui était com merçante à Besançon, nous en avait ramenés après un voyage aux chutes du Niagara. On en avait goûté sur des crêpes” , se souvient il.

2 000 tonnes

de sirop d’érable vendues par an.

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