La Presse Bisontine 255 - Sepetmbre 2023

18 Besançon

La Presse Bisontine n°255 - Septembre 2023

PLANOISE

Veilles citoyennes “Nous sommes en train d’inventer une solidarité citoyenne” Depuis les violences urbaines de fin juin, Aly Yugo, habitant de Planoise et élu au Département,

bien précis. Aujourd’hui, le sen timent d’insécurité grossit dès le domicile, il est partout. La meilleure thérapie, c’est cette solidarité citoyenne, dire aux jeunes que ce n’est pas le bon choix de penser qu’il faut tout casser. Planoise est une cité opti miste, il y a des gens très positifs qui s’en sortent, c’est la grande majorité. C’est une richesse pour nous. L.P.B. : Les habitants de Planoise se sentent-ils abandonnés par les insti tutions ? A.Y. : Planoise accueille une den sité de services publics, leur pré sence est très bien proportionnée. Il n’y a aucun autre endroit sur le territoire où il y a autant de services publics. La difficulté est que les gens doivent s’ap proprier leurs droits et leurs devoirs. Mais quand on perd sa dignité, on ne voit plus les choses. Les gens ne se rendent pas compte des services qu’on apporte. Il faut que les habitants s’approprient leur espace public. Ils peuvent participer à l’apai sement du quartier en se rap prochant des associations, ou se rendre dans une structure de proximité pour une démarche citoyenne. On reconstruit nos cités par nous-mêmes de façon pacifiste, les habitants doivent réinventer leur quartier. n Propos recueillis par L.P.

L.P.B. : Qu’est-ce qui vous pousse, vous ? A.Y. : Je vis ici, ma vie associative est ici. Et en tant qu’élu, je ne peux pas rester sans rien faire. Mon ventre et mon instinct m’ont poussé à mettre en place ces parents veilleurs citoyens. Et les gens en redemandent. Les habitants de ce quartier dorment dans un calme de village de péri phérie. Les actions des forces de l’ordre sont efficaces. Mais ces veilles donnent la possibilité aux habitants d’être des para vents. Je suis fier en tant que citoyen de me sentir utile pour une cause qui nous pousse à requestionner notre place dans la cité. L.P.B. : Vous avez vécu les émeutes de 2005. Quelle évo lution constatez vous avec les vio lences de fin juin ? A.Y. : Avant, les violences “Reconstruire la cité de manière pacifiste.”

a mis en place des veilles citoyennes. Composées d’habitants, ces rondes ont pour but d’apaiser les tensions dans une recherche de paix.

L a Presse Bisontine : Pourquoi ima giner ces veilles citoyennes ? Aly Yugo : Ce quartier a droit à la tran quillité comme les autres. Cer tains commerçants qui ont pignon sur rue veulent partir du quartier car ils sont excédés, lassés. Nous avons besoin de nous parler pour éviter les inci vilités qui pourraient mener à des violences. Nous avons besoin d’un retour à l’humain. L.P.B. : En quoi consistent ces veilles citoyennes ? A.Y. : Ces veilles sont composées

d’habitants volontaires. Nous ne sommes pas des miliciens. Nous sommes dans l’idée d’une recherche de paix, de tranquillité et d’apaisement. Nous sommes là pour canaliser l’énergie de certains jeunes dans un sens positif. On entame la conversa tion pour tenter d’apaiser, les mots ont une force très conte nante. Dans la journée, tout le travail mené est excellent. Mais la nuit, il reste toujours des zones rouges dans lesquelles il y a une absence de la communauté d’adultes, veillant, prévenants, surveil lants. C’est tout sauf une corvée ou un risque qu’on prend la nuit. Nous sommes en train d’inventer une solidarité citoyenne. Quels risques prend-on d’être proches les uns les autres ?

étaient osten tatoires et van dales. En cas sant, les jeunes pensaient atti rer l’attention sur un besoin du moment. L’insécurité était un senti ment dosé sur des endroits

Aly Yugo, habitant de Planoise et élu ne laisse jamais tomber son quartier.

EN BREF

ASSOCIATION Petite enfance Les tout-petits ont aussi leurs scènes musicales Plutôt dépourvu de propositions d’éveil musical jusqu’à l’arrivée de l’association Tralalère,

Écoles Afin d’inciter les voitures à ralentir, la Ville de Besançon a installé des pastilles de couleur sur la chaussée devant certaines écoles : Fontaine-Écu, Fourier, Boichard, Artois et Camus. Devant l’école des Chaprais, une borne escamotable a été installée. Aux prochaines vacances d’automne, les abords des écoles Pierre et Marie Curie, Jules Ferry et Bregille-Plateau seront eux aussi sécurisés. Recrutement Pour la rentrée 2023, la Ville de Besançon recrute encore des animateurs périscolaires. Leur mission: accompagner les enfants des écoles maternelles et élémentaires pendant les temps périscolaires. La Ville propose le financement du B.A.F.A. pour ceux qui le souhaitent. Le temps de travail est de 21 heures hebdomadaires sur les temps d’accueil du matin, midi et la fin d’après-midi. Les C.D.D. peuvent aller jusqu’à trois ans. Recrutement et modalités dans la rubrique offre d’emploi sur emploi.grandbesancon.fr

écoles primaires au sein des par cours culturels, avec notre pro gramme “100 cordes sensibles.” La mayonnaise a tellement pris que, depuis, d’autres acteurs sont venus les rejoindre et s’em parer de ce créneau jeune public, longtemps inexploré au niveau local. Mais l’association Tralalère ne s’en plaint pas. “Il y a une telle demande, qu’il y en a pour tout le monde, et on ne pourrait de toute façon pas répondre à toutes les sollicitations” , souligne philosophe Sonia Pignet. L’association est par ailleurs, désormais, bien identifiée dans le milieu musical régional et celui de la petite enfance. On lui doit notamment “le Bal des sales gosses” : ce spectacle adressé aux 3-12 ans, qui avait été joué à la Rodia après une résidence et qui a été retenu par la Plateforme jeune public (P.A.J.E.) Bourgogne-Franche Comté. “Il fera partie de l’opé ration “coup de projecteur” en octobre. Ce qui permettra de le faire connaître des programma teurs et de le tourner peut être en dehors de la région.” Parmi d’autres créations, les musiciens de l’association ont

e bassin bisontin a élargi peu à peu son public à celui de la petite enfance. Avec aujourd’hui une forte demande des parents, comme des structures.

A ttachée de longue date aux musiques actuelles et à la musique clas sique, Besançon serait elle en train d’ajouter une nou velle corde à sa guitare ? La ville s’offre en tout cas une autre voie de découverte, en s’adressant aux plus jeunes, comme lors de sa fête de la musique à travers son “Square des kids”. “C’est la deuxième année qu’on nous demandait de mettre en place cette scène spécifique au public familial, au square Saint-Amour, et cela marche plutôt bien” , remarque Sonia Pignet, chargée de l’administration de Trala lère. Cette association, créée en 2013 par Katia Berman (une musi cienne, chanteuse et chef de chœur bisontine), est en fait une petite école d’éveil à la sensibilité musicale. Elle figurait parmi les premières à l’époque à

s’adresser aux tout-petits dans les crèches, les services péris colaires et les maisons de quar tier. “Le cercle s’est assez vite élargi au-delà de Besançon, au fil des sollicitations, car très peu de structures le proposaient à ce moment-là” , concède Sonia Pignet. “Si bien qu’aujourd’hui, on intervient dans une cinquan taine d’établissements dans toute la Franche-Comté.” L’association a dû assez vite embaucher de nouveaux inter venants et s’est diversifiée en

L’association Tralalère intervient auprès du très jeune public, dès 3 mois.

les ados. Un partenariat déve loppé avec la médiathèque du Doubs depuis un an les amènera aussi à intervenir dans les biblio thèques du département. Et ils continueront à investir réguliè rement le milieu hospitalier ou médico-éducatif. En plus de leur volet formation, et du module d’initiation à l’éveil musical dis pensé depuis 3 ou 4 ans à l’I.R.T.S. Histoire de faire per durer l’aventure dans les salles de classe, indépendamment de leur prestation. n S.G.

aussi monté le “B.B. Bal” : un spectacle pour les 0-2 ans dans lequel “on s’éveille aux sons, on crapahute, on vocalise…” Ils bûchent dans la continuité, depuis cet été, sur “l’orchestre Tralalère” : un nouveau concert participatif pour les jeunes oreilles, fait de chansons origi nales et de reprises. Une fois la rentrée passée, ils pourront renouer avec leurs mini-stages durant les vacances scolaires aux Bains Douches, au Bastion, au Café des pra tiques…, y compris parfois pour

proposant, en parallèle, plu sieurs offres de spectacles. “On a développé tout un volet “compagnie”, en marge de nos séances d’éveil, et on intervient éga lement de plus en plus dans les

Du “Bal des sales gosses” au “B.B. bal”.

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