La Presse Bisontine 254 - Août 2023

18 Le dossier

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2023

l Interview

Isabelle Guillame “La Loue, c’est notre poumon, à nous de le préserver !”

Première femme maire d’Ornans, élue en 2020, Isabelle Guillame est à la tête d’une commune

fond de la Loue. Ces travaux seront engagés dès la fin de l’an née ou début 2024. Ensuite, nous devrons réhabiliter notre station d’épuration qui a une quaran taine d’années. 8 millions d’euros seront investis dans l’assainis sement, dont pas moins de 6 mil lions pour la station. Sur ces points, nous nous devons d’être exemplaires. Concernant la sta tion, les phases d’études seront engagées l’an prochain afin que nous soyons prêts à démarrer au moment du transfert de la compétence assainissement à la communauté de communes en 2026. Avec l’ampleur de ces travaux d’assainissement, il faut que les gens prennent conscience qu’à l’avenir, ces questions coû teront forcément plus cher à cha cun. L.P. : Quels autres projets pour Ornans occuperont la suite du mandat ? I.G. : Nous nous apprêtons à atta quer la rénovation et la requa lification du centre-ville qui en a bien besoin. Nous avons com mencé par l’entrée de ville côté Besançon en supprimant le rond point. Des concertations avec les habitants et les commerçants vont démarrer pour voir ce qu’on peut faire de mieux pour ce cen tre-ville, en réalisant notamment de vrais trottoirs et en donnant aux piétons et aux cyclistes une meilleure place. Actuellement, 6 000 voitures traversent tous les jours le centre-ville et 3 000 prennent le contournement par le haut. L’idée est d’inverser ces chiffres, afin de donner plus d’es paces et de place aux piétons, de les sécuriser, et de rendre plus visibles les commerces du centre-ville. Dans un autre regis tre, nous prévoyons la création d’une maison de pleine nature qui sera construite du côté de Nautiloue, destinée à toutes les associations de la ville. Le pro gramme d’investissement de la ville sur le mandat est chiffré à 24 millions d’euros. Ces sujets là participent aussi à l’attracti vité d’une ville. n Propos recueillis par J.-F.H.

qui vit - en partie - grâce au tourisme,

L a Presse : Le tourisme est-il vital pour Ornans ? Isabelle Guillame : Il représente un atout économique évident, même si c’est difficilement chiffrable. Rien que fin juin avec le pow wow qui revenait après cinq ans d’absence, ce sont des milliers de visiteurs accueillis, et des gîtes et structures d’héberge ment qui ont fait le plein. Mais Ornans n’est pas une cité-dortoir ni une ville-musée. Avec les trois grosses entreprises que sont Guillin, Alstom et I.T.W. Rivex, c’est déjà près de 1 000 emplois. Rivex est en train d’investir 25 millions d’euros dans son nouveau bâtiment. Et on compte 1 000 autres emplois avec les P.M.E., artisans et commerçants installés ici. Il y a ici un écosys tème favorable qui permet à Ornans d’atteindre quasiment le plein-emploi. J’ai régulière ment des appels d’entreprises désireuses de s’installer ici. Seu lement, je n’ai quasiment plus de terrain à leur proposer… L.P. : Qu’est-ce qui fait l’attractivité d’Ornans du point de vue touristique selon vous ? I.G. : On a d’abord ce formidable musée départemental Courbet qui attire au moins 50 000 visi teurs par an. Et ce qui fait d’abord l’attractivité de notre territoire, ce sont les activités de pleine nature comme la ran donnée, le kayak, le V.T.T. Tout cela se ressent sur la fréquen tation des hébergements. 2022 a été la meilleure année de tous mais qui n’a rien d’une ville-dortoir puisqu’elle abrite notamment trois grandes multinationales.

Isabelle Guillame estmaire d’Ornans depuis mai 2020. C’est la première femme à occuper ceposte.

les temps des deux campings situés sur la commune. Et c’est bien parti cette année pour avoir les mêmes chiffres de fréquen tation. Ornans fait partie de ces destinations en milieu rural qui bénéficient d’un vrai boom lié à cette tendance d’un tourisme proche de la nature. On souhai terait toutefois que les touristes restent une semaine complète alors que ce sont souvent des courts séjours de deux ou trois

ger de manière constructive. Cet été, nous organisons des ran données sur le thème des fon taines, il y aura également un concert. À l’automne, nous orga niserons des tables rondes. Il y aura aussi une grande opération nettoyage de la rivière, une expo sition autour du karst et un spec tacle “Le cabaret aquatique” le 6 octobre au C.A.L., ainsi qu’un cinéma en plein air. La Loue, c’est notre poumon à Ornans. On sait aussi qu’elle est polluée depuis sa source, donc le sujet dépasse le cadre strict de la Loue. Nous avons ici à Ornans notre propre responsa bilité. C’est ce qui a motivé le lancement d’un schéma directeur d’assainissement dont on connaît les résultats depuis quelques mois. Il faut passer cette fois à l’action. L.P. : Que prévoyez-vous ? I.G. : Nous avons du travail. Il faudra notamment changer de nombreuses canalisations fichues, dont certaines sont au

cun qu’il a une responsabilité et un rôle à jouer. Depuis les mortalités piscicoles de 2010, les associations lancent, à juste titre, des cris d’alarme, mais qui ont peut-être rebuté un peu les élus de l’époque. Je considère qu’il est indispensable d’avoir tous conscience de l’état de la rivière. Il y a tout un tas de rapports rédigés sur cette question, mais je déplore que les résultats de ces rapports ne soient pas plus partagés avec le grand public. De belles choses sont faites, je pense par exemple au travail de l’E.P.A.G.E. Haut Doubs Haute-Loue. Un des objec tifs de cette année de la Loue est justement de partager ces sujets avec le grand public, et les jeunes notamment. L.P. : Le sujet intéresse ? Quelles ani mations sont encore au programme ? I.G. : Oui, le sujet intéresse beau coup. La conférence d’ouverture de cette année de la Loue le 22 mars a fait le plein. Les gens de divers horizons ont pu échan

elle toujours un argument pour attirer les visiteurs ? I.G. : Il est évident que la pêche n’est plus un argument comme il y a une trentaine d’années. Il y a encore un tourisme lié à la pêche, bien sûr, mais l’état de la Loue nous inquiète tous. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons lancé une “année de la Loue” cette année. I.G. : C’est une initiative de la Ville d’Ornans, cette proposition faisait partie de nos engage ments électoraux dans notre campagne en 2020. Nous l’avons concrétisée cette année. Elle a été lancée le 22 mars (journée mondiale de l’eau) et elle se pour suivra jusqu’à l’automne. L’idée de cette “année de la Loue” est de faire passer un message grand public sur la rareté de l’eau et l’indispensable protection de la Loue touchée par des pollutions multifactorielles qui devraient faire prendre conscience à cha L.P. : Quel est le sens de cette initia tive ?

jours qui sont actuellement majoritaires. Il y a enfin tout un volet ani mations qui participe aussi de l’attractivité de notre com mune, avec une cinquan taine de dates dans l’année, et en particu lier l’été.

“J’ai régulièrement des appels d’entreprises désireuses de s’installer ici.”

L.P. : La pêche est

Zooms

La Tricote bientôt réhabilitée ?

Le pont qui enjambe la Loue sur la D 492, qui mène notamment au musée Courbet et à la rive gauche de la ville va faire l’objet d’une grande phase de travaux à l’automne. Consolidation des piles du pont et réfection de la voirie sont au pro gramme. Ce chantier n’est pas piloté par la Ville d’Ornans mais par le Conseil départemental du Doubs gestionnaire des routes départe mentales. Ce pont emblématique d’Ornans n’avait pas subi de travaux depuis 1973 (photo Happiness Pro duction - M. Naegely). n Le “vieux” pont bientôt en travaux

Elle était une des dernières usines textiles de la région jusqu’à sa mise en liquidation définitive en 2015. La S.A.S. Tricotage et Confection d’Or nans que les Ornanais ont toujours appelée la Tricot’ (créatrice notamment en 1994 de la marque “Le Phare de la baleine”) a employé des générations d’Ornanais(es). Depuis, les locaux de cette entreprise fondée en 1895 par la famille Chabod sont en friche, devenus une verrue à l’entrée d’Ornans côté Montgesoye. “Les bâtiments sont en bonne voie d’être repris par des investisseurs privés” note la maire d’Ornans. Des cellules commerciales pourraient être aménagées dans ce bâtiment emblématique situé en bord de Loue. n