La Presse Bisontine 253 - Juillet 2023
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon
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JUILLET 2023
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
N° 253
TÉLÉPHÉRIQUE URBAIN Et si c’était finalement la solution pour Besançon ? CES VILLES QUI CHOISISSENT CETTE NOUVELLE OFFRE DE MOBILITÉ
À l’image de Brest (photo), ou de Toulouse plus récemment, de plus en plus de villes optent pour le téléphérique urbain.
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politique
l’événement
Justice et pénurie d’inspecteurs Les auto-écoles bisontines font face
Jugée par les associations et les opposants Anne Vignot en fait-elle assez pour l’écologie à Besançon ?
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2 Retour sur info - Besançon
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
Le musée de l’anesthésie va être vidé
Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise : des résultats positifs, mais à améliorer
S itué au premier étage des bâtiments historiques de l’hôpital Saint-Jacques, dans un ancien bloc opératoire inscrit au titre des monuments historiques, le musée d’anes thésie et des techniques médico-chirurgicales créé par le P r Alain Neidhardt est en sur sis. À partir du 3 juillet, les objets de ce musée, petite pépite encore méconnue de nombreux Bisontins, seront déménagés et mis en sécurité pour permettre le déclassement des bâtiments et ouvrir le champ libre aux futures opé rations de réaménagement du site Saint-Jacques. “Nous sommes obligés de vider le
musée pour que ces locaux soient déclarés inactifs et inoc cupés. Il est inimaginable de laisser le musée en l’état pen dant les travaux du site Saint Jacques” résume le P r Joseph François Étiévent, le président de l’association des amis du musée, qui a succédé à M. Nei dhardt il y a deux ans. Des dis cussions sont en cours avec la direction de l’hôpital pour trouver le meilleur endroit pour entreposer le matériel muséal. En attendant une hypothétique réouverture de ce musée, au même endroit, ou ailleurs. Une chose est sûre : certains élé ments ne pourront pas être déplacés, comme ces éclai
D ébut juin, le préfet Jean François Colombet, préfet du Doubs, accompagné des partenaires a établi un premier bilan du Pacte pour l’éman cipation des jeunes de Planoise. Lancé en début d’année, ce pacte vise à engager des actions pour émanciper les jeunes, majoritaires dans ce quartier de Besançon (41,5 % de la population de Planoise a moins de 25 ans), de “la pression de l’économie souterraine et de la violence.” Pour permettre aux jeunes de décider de leur avenir et leur don ner tous les clés en main, une tren taine d’actions est déclinée en cinq axes: découverte des métiers et
entreprises, Emploi et insertion, diversité culturelle, accès à la santé et Famille et parentalité. Pour le Pré fet, les résultats sont “positifs même si certains domaines restent à peau finer.” En l’espèce, la découverte des métiers et des entreprises ainsi que la famille et la parentalité. Ce pacte pour l’émancipation, issu d’une réflexion partenariale impulsée par la Préfecture, a pour objectif de porter des actions communes des pouvoirs publics. Il réunit l’État, la Région, le Département, la Ville de Besançon et l’Agglomération, l’A.R.S., l’académie du Doubs, Pôle Emploi et la C.A.F. Son budget est d’1,2 million d’euros. ■
Tous les objets de ce musée méconnu s’apprêtent à être déménagés (provisoirement ?) en lieu sûr.
rages appelés “coupoles de Walter” (du nom de l’ingénieur montbéliardais qui les a inven tées), dont il ne reste que ces deux exemplaires en France. C’est un vrai patrimoine que ses défenseurs veulent préser ver. La Maire de Besançon ne
s’est pas encore clairement positionnée pour savoir si ce musée bisontin pourrait être pérennisé. La plupart de ses défenseurs s’accordent à dire que sa réinstallation n’aurait de sens que dans le bloc opéra toire qui l’a abrité jusque-là. ■
La Maison Colette reprend vie
J oyau du patrimoine bisontin trop peu exploité, la maison où a séjourné l’écrivaine Colette au début du XX ème siècle, niché dans son écrin de verdure sur les hauteurs du quartier des Mont boucons, a repris vie l’espace de quelques semaines. Pour célébrer les 150 ans de la naissance de l’écrivaine, des élèves de
l’Institut supérieur des beaux-arts (I.S.B.A) de Besançon ont investi les lieux. Sous la houlette de l’artiste Nathalie Talec, celle là même qui a créé la sculpture dédiée à Colette accueillant les voyageurs sur le parvis de la gare Viotte, une dizaine d’étu diants de l’I.S.B.A. ont laissé libre cours à leur imagination pour décorer plusieurs
murs de la villa appartenant à la Ville de Besançon. Le résultat de ce workshop sera visible pour le public l’espace de deux jours à l’occasion des prochaines journées du patrimoine les 16 et 17 sep tembre prochains. Une exposition éphé mère que souhaiterait voir perdurer Aline Chassagne, l’adjointe bisontine à la Cul ture : “Je souhaiterais d’abord qu’on renou velle tous les ans cette belle expérience, note l’élue. Mais je voudrais aller plus loin avec cette Maison Colette : imaginer des visites plusieurs fois dans l’année, et à terme en faire une résidence d’écrivains. C’est un lieu de nature suspendu à Besan çon, une telle résidence aurait tout à fait sa place. Pour cela, je fais appel à des mécènes privés vu que les finances publiques ne sont pas extensibles…” ajoute Aline Chassagne. Rachetée en 2001 par la Ville, la Maison Colette n’a - toujours - pas la nouvelle destination qu’elle mériterait pourtant. ■
étudiants et encadrants de l’I.S.B.A. avec, à gauche, Aline Chassagne, l’adjointe
Le Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise regroupe les pouvoirs publics, réunis dans des actions communes (photo archive L.P.B.).
bisontine à la Culture.
L e vélo a la cote, qu’on se le dise! Il s’est vendu en France l’an der nier plus de 2,5 millions de bicy clettes, dont 700 000 à assistance électrique, générant un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros. Près du double par rapport à 2019, au temps d’avant-Covid. Et aucune catégorie de cycle n’échappe à cette tendance haus sière, même les vélos-cargos qui permet tent de transporter un ou plusieurs enfants ont vu leurs ventes bondir, presque doubler l’an dernier. Et cet engouement est aussi une bonne nouvelle pour l’économie française car la montée en gamme du parc de vélos en France bénéficie en bonne partie à des fabricants nationaux qui ont misé sur le Made in France (le succès de la marque vosgienne Moustache dans les vélos électriques Éditorial Àbicyclette !
touriste qui suit le massif jurassien. Sans oublier, innovation signée Doubs Tou risme, ces points-nœuds que le comité de promotion du tourisme dans le Doubs est en train de créer sur tout le dépar tement pour encourager un peu plus la pratique. On n’évoquera même pas les efforts des villes - Besançon ne manque pas une occasion de le faire -, pour déve lopper les pistes cyclables urbaines. Petit à petit le territoire est irrigué d’itinéraires cyclables ou de pistes dédiées aux vélos. Le potentiel de développement est encore immense quand on sait que 3 % seule ment des déplacements du quotidien se font à vélo. Mais cette pratique est avant tout un loisir et cette période estivale sans doute l’occasion rêvée de découvrir notre territoire et plus largement les petites routes du département autrement, au grand air et au rythme plus paisible du vélo. Bel été à tous ! ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
n’est qu’une illustration de cette suc cess-story). L’aspiration au grand air, à plus de liberté peut-être, est d’ailleurs encouragée de toutes parts par les pou voirs publics, à tous les échelons, qui poussent cette croissance des pratiques cyclistes. Que ce soit l’État qui a récem ment présenté son plan vélo, les collec tivités territoriales, à l’image du Conseil départemental du Doubs qui s’est fixé pour objectif de passer, à l’échelle du département d’ici 2026, de 800 à 2 000 km d’itinéraires cyclables. Et plus près de nous, les collectivités locales misent éga lement sur le développement du deux roues, en encourageant comme à Grand Besançon Métropole les itinéraires V.T.T., ou les circuits balisés pour cyclotouristes. On peut aussi évoquer à l’échelle dépar tementale le formidable succès de l’Eu rovélo6 qui traverse notre département de Saint-Vit à Allenjoie via la vallée du Doubs et Besançon, ou de la G.T.J. cyclo
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr
Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George. Mise en page : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot.
équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.
Crédits photos : La Presse Bisontine, L. Cheviet, Brest Métropole, Maison du Directeur, Service presse Tisséo - P. Nin, Silmach, S.N.C.F. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2023 Commission paritaire : 0225 D 80130
4 L’interview du mois
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
BILAN MI-MANDAT
Anne Vignot et l’écologie
“La ville devient résiliente du fait de nos actions” À l’occasion de son bilan de mi-mandat, Anne Vignot et son équipe municipale ont notamment mis en avant, parmi les quatre axes de développement, celui sur l’adaptation au changement climatique et la protection du vivant. Selon le collectif Pacte pour la transition, Besançon a réalisé 62 % de ses objectifs fixés lors de la campagne municipale.
L a Presse Bisontine : Le collectif Pacte pour la Transition qui regroupe des associations à visées écologistes ou environnementales a suivi depuis votre élection les mesures que vous aviez fixées lors de la campagne pour la lutte contre le changement climatique. 62 % des objectifs ont été réalisés, ce qui place Besançon en tête du classement. Comment avez-vous reçu ce résultat ? Anne Vignot : Nous sommes très fiers et très heureux. La trajectoire est bonne mais on ne relâche pas l’effort. Élus, agents municipaux et acteurs locaux sont tous mobilisés pour écrire l’avenir de notre ville de Besançon. L.P.B. : Comment qualifiez-vous votre bilan de mi-mandat sur l’adaptation au changement cli matique et la protection du vivant ? A.V. : De manière générale, c’est un bilan relativement exhaustif. Tous les chantiers sont ouverts, c’est important d’avoir ce travail systémique. Au moment de l’écri ture du programme électoral, nous nous sommes basés sur un diagnostic du ter
liente du fait de nos actions. Claudine Caulet (en charge des écoles) : L’humanité se rapproche dangereuse ment d’un point de bascule irréversible. Nous avons besoin d’institutions qui prennent soin des citoyens en améliorant les conditions d’apprentissage. On par ticipe à l’adaptation climatique et à l’at ténuation du changement climatique. C’est la même chose avec la biodiversité qui est l’assurance vie de l’humanité. On réinvente les espaces verts, on réin troduit la biodiversité. L.P.B. : Vous évoquez une ville résiliente mais également protectrice… A.V. : On repense l’urbanisme pour pro poser une ville plus protectrice. L’urba nisme repense le logement mais aussi les mobilités, avec les transports en com mun, la voiture, les piétons, la mobilité adaptée à ceux qui ont le plus de diffi cultés, notamment ceux qui ont un han dicap. Et puis, il n’y a pas de réunions publiques sans que l’on aborde la question des mobilités douces. Il est question de
ritoire. Ce dernier a permis d’anticiper les actions portées aujourd’hui par le gouvernement. L.P.B. : Comme par exemple ? A.V. : Nous sommes en avance sur le Plan École (mi-mai, le gouvernement a lancé ce programme visant à isoler les écoles du territoire national, N.D.L.R.). Ce n’est plus possible d’exposer les enfants à des températures extrêmes dans les écoles.
Grâce aux rénovations, nous avons baissé la consommation énergé tique et l’impact envi ronnemental. Nous avons démontré à tra vers des modes constructifs comment transformer notre façon de vivre. Quand la crise énergétique est arrivée, Besançon était déjà en marche pour répondre à ces enjeux. La ville devient rési
“On réinvente les espaces verts, on réintroduit la biodiversité.”
projets avec une économie qui se pose des questions, qui cherche le sens même de son action. Il faut que ce soit en cohé rence avec le territoire résilient que nous voulons développer.
sécurisation du Bisontin dans tous ses déplacements. Nous travaillons beaucoup sur la coopération avec des temps de participation de nos citoyens. Le collectif fait partie de l’A.D.N. de cette ville, qui est aussi une ville éthique. Y compris dans la façon dont nous finançons les
L.P.B. : Quelles sont vos motivations pour continuer
PACTE POUR LA TRANSITION Collectif bisontin Les engagements sont tenus mais manquent d’ambition
enfants à la question de biodiversité.” En revanche, les militants notent l’énorme contresens que constitue le dossier de la R.N. 57. statu quo l Le vélo : Bien que Grand Besançon Métro pole ait voté le triplement du budget alloué au vélo, l’A.V.B. dénonce un manque de volonté explicite et des freins extérieurs à l’équipe Vignot. “Les changements sont encore décevants. On attendait un marqueur fort comme à Grenoble.” Selon l’association, il faudrait 30 euros par an par habitant sur cinq ans pour faire de Besançon une ville cyclable sécurisée. Aujourd’hui, le budget vélo revient
pas une volonté politique forte.” Les points négatifs l La publicité : les militants dénoncent un flou autour du règlement local de la publicité. “Les citoyens n’ont aucune visibilité sur la limitation de la publicité pour les prochaines années.” Si le but est de continuer le dia logue, les militants espèrent que ce travail ira piquer la mairie pour faire avancer les choses. Les asso ciations notent d’ailleurs avec dépit que les oppositions au sein du conseil municipal ou de l’agglo mération freinent de manière récur rente les dossiers sur la transi tion. n
à 15 euros par habitant par an. l La restauration scolaire : la municipalité s’est engagée en 2026 à servir 100 % de produits bio, locaux ou de qualité. En 2023, le chiffre est de 56 %. l L’accessibilité : Yves, de l’association Trottoirs libres dénonce une “dissonance cognitive énorme dans les discours des élus.” “L’accessibilité est opé rationnelle, de l’argent a été injecté. Mais cet argent est efficient à condi tion de faire respecter la loi.” Dans sa ligne de mire, la tolérance de la mairie vis-à-vis des arrêts de 15 minutes sur les trottoirs, contraire au Code de la route. “Cela se traduit par une insécurité et cela n’affiche
Le Pacte pour la transition de Besançon* a évalué, trois ans après les élections municipales, les actions écologiques et sociales de la municipalité. Pour ces citoyens, l’équipe d’Anne Vignot respecte ses engagements mais il manque de mesures ambitieuses à la hauteur de l’urgence climatique.
L es associations bisontines, qui font partie de ce collectif apartisan dressent un bilan plutôt positif. Avec néanmoins des bémols. “Besançon, à l’échelle nationale, c’est très bien, souligne Marion d’Alternatiba. Mais nous, on veut changer de niveau de lec ture. Les engagements sont tenus mais la municipalité semble se reposer sur ses lauriers. Sur les déchets notamment, il n’y a pas eu d’avancée substantielle. Il n’y a pas quelque chose de révolu
l La biodiversité : “à part le problème des Vaîtes” , Patrick de la F.N.E. 25 (France Nature Environnement) loue les avancées sur les espaces et la végé talisation des cours d’école. Estelle, de l’association Vélo Besançon (A.V.B.), professeure des écoles, constate au quotidien la différence. “Les choses ont été bien faites, une animatrice est venue pour élaborer le projet avec les enfants et sensi biliser à la désimperméabilisation, il y a une volonté de former les
tionnaire mais on avance sur tous les points.” Jean-Pierre d’Ancov 21 abonde : “Si on demande à la Ville un marqueur fort, je ne sais pas ce qu’elle pourrait répondre.” LES POINTS POSITIFS l Le financement éthique : le collectif “salue le travail poussé, entamé par la Ville de Besançon, pour écarter les banques les plus nocives de leurs financements (et notamment un prêt de 2 millions d’euros auprès de la Nef).”
L’interview du mois 5
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
RÉACTION Nathalie Bouvet “Anne Vignot n’invente rien en matière d’écologie !”
venance et à destination du pla teau, c’est de l’écologie pragma tique. Même chose avec la cou verture des espaces de parking par des panneaux photovol taïques. La liaison de la Citadelle avec un transport par câble, pareil. Ou encore une proposition concernant le taux de vacances, ou plutôt de rotation des com merces au centre-ville : pourquoi ne pas proposer aux producteurs des cellules temporaires pour vendre en circuit court leurs produits de saison? Mais sur aucune des propositions qu’on avance en matière d’environne ment, jamais cette majorité n’a accepté de travailler avec nous. C’est désolant. n Propos recueillis par J.-F.H. émise, mais qui n’a encore une fois que suscité du mépris, part du constat suivant: 41 % des déplacements effectués dans Besançon le sont à pied, et 3 % seulement à vélo. Notre idée est de créer des parcours piétons fléchés, ombragés, végétalisés, qui pourraient être un élément d’attractivité de plus pour Besançon. Le tram-train entre le plateau de Saône et l’Ouest bisontin, avec la desserte du C.H.U., est une autre idée innovante que nous proposons, tout comme les bus à hydrogène. Mais sur ce dernier point, encore une fois, c’est Dijon qui est parti bille en tête… L’équipe d’Anne Vignot n’a aucune vraie vision en matière d’écologie. L.P.B. : Le constat est sévère ! N.B. : Non, juste réaliste. On l’a bien vu avec la R.N. 57 où ils n’ont pas compris que de termi ner cette route permettrait de faire baisser les gaz à effet de serre en diminuant les bouchons et en même temps de traiter les eaux usées beaucoup mieux que maintenant. Même chose pour le plan de circulation dont on réclame depuis des mois la refonte. Demandons aux habi tants de la rue du Clos-Munier ou de la rue Midol ce qu’ils en pensent… L.P.B. : Finalement, selon vous les pos tures idéologiques de l’équipe Vignot empêcheraient toute avancée nota ble ? N.B. : C’est exactement ça. Ce sont des écologistes dogmatiques qui ne comprennent pas qu’on peut concilier écologie et progrès. Leur méthode n’est pas la bonne, je le regrette. D’autant plus qu’on pourrait très bien travailler ensemble sur ces questions, mais ils refusent catégoriquement le dialogue. n Propos recueillis par J.-F.H.
Zoom Les autres axes de travail M i-juin, Anne Vignot et une partie de son équipe municipale (Abdel Ghezali, Kévin Bertagnoli, Claudine Caulet, Hasni Halem et Pascale Billerey) ont présenté un bilan de mi mandat. Ce dernier est décliné en quatre axes : cultiver le collectif, s’adapter au change ment climatique et pro téger le vivant, faciliter la vie quotidienne des Bisontins et activer les solidarités, amplifier la dynamique et l’attracti vité de Besançon. n
un mouvement citoyen de végé talisation appelé “Demain, tous jardiniers !” qui permet à chacun de s’approprier devant chez lui une petite parcelle de trottoir pour le végétaliser ou le fleurir. L.P.B. : Anne Vignot ne serait pas assez novatrice en matière d’écologie ? N.B. : Je pense qu’au sein de son parti, elle a une position très radicale. La mairie d’Annecy, écologiste également, se vante d’avoir 1345 points de fleuris sement saisonnier et s’est faite remarquer encore l’an dernier avec son concours des maisons et balcons fleuris. Pourquoi Besançon n’ose pas ce genre d’initiatives ? La Ville de Lyon, là aussi avec un maire écologiste, a fait des “jardins de rue”, il y en a près de 1200 aujourd’hui dans toute la ville. Autre inno vation: il faudrait que la Ville de Besançon soit une facilitatrice en matière de production d’éner gie solaire. Nous proposions dans notre programme l’opération “1 000 toits solaires pour 2030”. La ville d’Utrecht aux Pays-Bas a équipé l’intégralité de ces abri bus de panneaux solaires. En la matière, Besançon ne fait rien, n’incite à rien. L.P.B. : D’autres propositions dans votre catalogue ? N.B. : On propose aussi de déve lopper la réutilisation des eaux traitées pour un usage urbain. Un décret de 2022 l’autorise mais là encore, Besançon ne fait quasiment rien. Sous prétexte qu’il y aurait des risques sani taires à le faire, on préfère rejeter ces eaux traitées dans le milieu ! Une autre proposition que j’ai
Écologue de profession, Nathalie Bouvet est membre du groupe d’opposition Ensemble Bisontins ! emmené par Laurent Croizier. Elle donne ses pistes pour l’environnement à Besançon.
L a Presse Bisontine : Validez vous les orientations prises par l’équipe Vignot en matière éco logique ? Nathalie Bouvet : Anne Vignot n’in vente rien en matière d’écologie ! Tout ce qu’elle a engagé en matière de végétalisation de cer taines places ou cours d’école, ou de rénovation énergétique des bâtiments publics, toutes les villes de France le font, c’est dans l’air du temps pour rattra per les erreurs du passé, et tant mieux. Mais la végétalisation, ça doit aussi être de l’embellis sement, du fleurissement, ce qui n’est pas du tout le cas ici.
L.P.B. : Quelles sont vos suggestions en matière d’environnement ? N.B. : En 2020, nous avions pro posé dans notre programme des corolles végétales, modulables et déplaçables - une idée que s’est ensuite appropriée Ludovic Fagaut -, et qui seraient par
faites pour un endroit comme la place de la Révo lution. Mais Anne Vignot nous méprise quand on lui pro pose ce genre de solutions. Nous proposons aussi
“On peut évidemment concilier écologie et progrès.”
Anne Vignot se dit fière de “repenser
l’urbanisme pour proposer une ville plus protectrice.”
des réponses très concrètes. Le gouvernement suit les orientations dans lesquelles nous nous inscri vons depuis le début du mandat. Nous sommes en train d’ouvrir une perspective d’un territoire démonstrateur qui fera son attrac tivité. n Propos recueillis par L.P.
la suite du programme et atteindre tous les objectifs ? A.V. : C’est le concret qui nous anime. Nous n’avons pas encore atteint 100 % de nos projets mais nous avons multiplié les panneaux pho tovoltaïques, les surfaces désim perméabilisées, les projets qui concernent les enfants… Ce sont
Nathalie Bouvet, élue de la liste Ensemble Bisontins !, regrette que la majorité refuse tout dialogue avec l’opposition sur le sujet de l’environnement.
RÉACTION
Ludovic Fagaut “Besançon est le laboratoire d’une écologie punitive” La liste Besançon Maintenant à travers
prime, on contraint, on stigma tise, on punit. Anne Vignot porte sciemment une idéologie poli tique extrême contre la civili sation industrielle. Elle veut nous réapprendre à manger, nous déplacer, nous habiller… Ce n’est pas de l’écologie prag matique. L.P.B. : Quel est alors pour vous le concept d’écologie pragmatique ? L.F. : Dans un territoire qui avance, l’innovation doit avoir toute sa place en matière d’éco logie. Une ville connectée permet de régler les flux de circulation. Portland aux États-Unis a décidé de supprimer des feux tricolores pour fluidifier la cir culation. Pourquoi ne pas ten
ter ? Le projet d’autoroute cycla ble, sorte de périphérique dédié au vélo et qui irriguerait le cen tre, est aussi une innovation qui permettrait de ne pas opposer la voiture au cyclable. La ferme urbaine que nous défendons pour les Vaîtes, là aussi c’est de l’innovation. La mise en place
L.P.B. : Quelles mesures plus innovantes proposez-vous ? L.F. : Il faut par exemple travailler sur les déperditions d’eau. Ce n’est pas normal que 20 % de la production d’eau s’échappe à cause des fuites dans les cana lisations. Je demande qu’on mette en place des capteurs numériques pour détecter toutes ces fuites. La question des transports publics est cruciale également. Dans une ville comme Stock holm, tous les bus roulent aujourd’hui au biocarburant. À Vienne, le numérique permet de déployer le concept de smart city qui régule au mieux la cir culation. Rien de tout cela n’est engagé à Besançon. Ici, on sup
son leader Ludovic Fagaut juge elle aussi qu’en matière d’environnement, l’équipe Vignot n’a pas de cap clair, ni de vision d’avenir.
L a Presse Bisontine : Les actions menées en matière d’écologie par l’équipe Vignot trouvent elles, au moins en partie, grâce à vos yeux ? Ludovic Fagaut : Je me mets à la place des riverains de la rue Midol, ou encore des commer çants de la place du Jura : qu’ont apporté les changements opérés sur ces secteurs au nom de l’idéo logie de cette majorité? Sous couvert de l’adaptation (néces saire) au changement clima
tique, on crée de la zizanie et on punit. Nous sommes depuis trois ans et le début du mandat, en matière d’environnement comme dans de nombreux domaines, dans un mauvais théâtre d’improvisation. Besan çon est pour M me Vignot et son équipe le laboratoire d’une éco logie punitive. Pour le reste, tout ce qui se fait en matière de réno vation énergétique, ce n’est que du bon sens et tout le monde le fait ailleurs en France.
de petits bus électriques dans la Boucle, c’est aussi de l’inno vation. Réfléchir à la création d’un taxi-rail, un concept qui existe en Bre tagne, avec des lignes régulières de train en pro
“Ici, on supprime, on contraint, on stigmatise, on punit.”
6 L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
Le permis de conduire va-t-iL caLer ?
Arrivée du système RDV Permis pour l’attribution des places à l’examen du permis de conduire, abaissement à 17 ans l’âge légal pour passer son permis… Le monde de l’apprentissage de la conduite connaît des évolutions. Au risque de provoquer des bouchons ? Point d’étape à Besançon.
l Besançon Apprentissage de la conduite Pénurie d’enseignants et afflux d’élèves, le système est-il en surrégime ? À Besançon, il faut être patient pour décrocher son permis de conduire. Si le département du Doubs ne connaît pas de pénu rie d’inspecteurs, il manque cruellement d’enseignants. Ce qui peut rallonger les délais pour passer l’examen. Explications.
L a Région Bourgogne-Franche Comté est, avec celle du Grand Est, l’une des dernières à voir se déployer RDV Permis. Depuis quelques mois, les auto-écoles doivent réserver sur cette plateforme numérique les places de façon nominative pour que leurs élèves puissent passer l’examen de permis. “C’est un nouveau système effectif depuis mai. Il faut le temps que cela se mette en place, et s’habituer à l’outil, remarque Gaëlle Bourgeois, gérante de l’auto-école du même nom et présidente pour le Doubs de Mobi lians-Éducation routière, une organisa tion patronale des métiers de l’automo bile. Je pense que ce sont les petits centres comme Morteau ou Maîche qui risquent
de rencontrer des difficultés.” Concrètement, chaque auto-école possède un seuil de places disponibles par mois, qui correspond au nombre de moniteurs. On estime que ce dernier peut former
dans le mois environ 4 élèves aptes à se pré senter à l’examen. Or, ce métier rencontre une pénurie. “Par rapport à cette nouvelle attri bution, c’est compliqué d’atteindre le seuil de formation alors que der rière il y a une demande des élèves, reprend Gaëlle Bourgeois. En juin, j’ai un seuil de 13
Gaëlle Bourgeois, de l’auto-école du même nom, est également présidente pour le Doubs de Mobilians-Éducation routière, syndicat patronal.
Une pénurie d’enseignants
dans toute la France.
de fraude (voir ci-contre). Selon la D.D.T. (direction départementale des terri toires), il n’y a pas de “pénurie d’inspec teurs du permis de conduire sur Besan çon. La durée pour obtenir une date d'examen après un premier échec dans le Doubs est en particulier largement inférieure à la durée moyenne natio nale.”
gérante qui estime, en 16 ans de métier, que les délais ont tout de même aug menté. Si un de ses élèves rate l’examen en juin, il ne pourra pas le repasser avant fin août. Ces délais ne sont pourtant pas la faute d’une pénurie d’inspecteurs du permis de conduire, malgré la suspension d’un fonctionnaire, suspecté dans une affaire
places alors qu’on a 25 élèves à présenter.” Une monitrice a ainsi beaucoup de conduites accompagnées, elle peut en l’espèce présenter au permis plusieurs élèves, plus que le seuil autorisé. “Avant, nous avions le planning le 20 du mois pour le mois d’après. Là, on a une visibilité sur 15 jours, on ne peut pas se projeter sur les dates de permis” , regrette la
L’événement 7
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
Et un week-end sur deux, je serai à Pier refontaine-les-Varans pour travailler” , explique la jeune femme. Un peu perdue, Elsa réfléchit à prendre une auto-école à Besançon. Mais laquelle choisir ? En attendant, elle regrette amèrement de ne pas avoir fait de conduite accompa gnée. Gaëlle Bourgeois constate, elle aussi, le manque de places pour les nouveaux arrivants. “J’ai eu de nombreux appels pour récupérer des dossiers à la suite de la fermeture des auto-écoles (mises en examen pour fraude, N.D.L.R.). Je ne peux pas les absorber. Avec 220 inscrip tions par an, j’ai suffisamment d’élèves.” L’engouement pour s’inscrire dans les auto-écoles ne risque pas d’être au point mort avec la dernière annonce du gou vernement. La Première ministre Éli sabeth Borne a confirmé récemment que l’âge pour passer l’examen sera abaissé à 17 ans à partir de 2024. Mobilians se dit favorable à cette idée si des mesures à l’instar de celles pour la conduite accom pagnées sont prises. Gaëlle Bourgeois avance une question de maturité : “Est ce qu’on est capable à 17 ans de se retrou ver seul sur la route ? Est-ce qu’on n’aurait pas meilleur temps de rééduquer les conducteurs actuels avec des remises à niveau ? Le permis, c’est un papier, mais il faut parler d’éducation routière qui doit être faite tout au long de la vie.” Une chose est sûre : l’abaissement de l’âge va automatiquement nécessiter d’ouvrir plus de places à l’examen du permis de conduire. Donc plus d’inspec teurs, donc plus de moniteurs… La route est encore longue. n L.P.
RDV Permis permet en revanche de pho tographier à quelques semaines près l’état de santé au niveau départemental, observer s’il manque des inspecteurs, des enseignants, des candidats. Et le constat est sans appel pour le syndicat Snica-F.O. des inspecteurs du permis de conduire : il manque des enseignants dans tous les départements. “La majorité des retards sont dus à un manque d’en seignants et non d’inspecteurs” , relève Stéphane Besanceney, délégué pour la B.F.C. du syndicat et secrétaire général adjoint (voir son interview complète page 8). Comment expliquer cette pénurie d’en seignants ? “Manque d’attractivité du métier, c’est fatigant, répétitif, un peu stressant également, et pas très bien payé, énumère Gaëlle Bourgeois. Vu la pénibilité du travail, ça ne donne pas forcément envie, même si on est en train de le reva loriser. Le métier, outre l’enseignement, se tourne plus sur la sensibilisation à l’éco-conduite, aux risques routiers faite dans les entreprises. On trouve un autre public.” La formation post-Bac de 9 mois pour devenir enseignant est dispensée à Chemaudin. Résultat de ce manque de moniteurs, les auto-écoles sont saturées. Elsa, 18 ans, en a fait l’amer constat. La jeune fille habitant près de Valdahon a préféré attendre ses 18 ans en mai et d’avoir son Bac (presque) en poche pour se lancer dans l’aventure de la conduite. Elle prend alors contact avec les auto-écoles de Val dahon, les plus proches de son domicile. Désillusion : ils n’ont pas de place avant septembre. “Le problème, c’est que moi en septembre, je serai à la fac à Besançon.
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03 81 53 83 66 - www e Vale Espac ent.com dex L’affaire du trafic de permis de conduire L’ affaire a éclaté au grand jour en mars dernier. Trois auto-écoles bisontines et un inspecteur du permis de e .maisons-vinc 66 - www on ce ntin - 25048 Besanç obat Village Expobat
sésame par l’inspecteur complaisant lors d’un examen officiel. Certains n’avaient même jamais eu d’heures de conduite. Fait encore plus navrant, s’il était possible, les auto-écoles concernées, pour maintenir un taux d’échec normal à l’examen du per mis et ainsi ne pas attirer l’attention, auraient envoyé des clients légaux passer le permis alors qu’ils étaient insuffisamment préparés. Pour mieux le rater tout en facturant évi demment les frais habituels. Si le préjudice financier est énorme - la fraude est estimée à 400 000 euros par le Parquet - le danger que représentent
sur la route ces personnes peu scrupu leuses fait froid dans le dos. Entre 200 et 300 permis ont été ainsi attribués fraudu leusement. Le procureur de la République Étienne Manteaux avait prévenu dès mars : le travail se poursuit pour identifier les per sonnes et procéder à des annulations administratives. Quant aux élèves des auto-écoles incri minées, ils ont trouvé du jour au lendemain porte close. Et ont dû se démener, depuis, pour dénicher une autre auto-école afin de terminer, plus sereinement, l’appren tissage de la conduite. n
conduire ont été démasqués pour trafic de permis de conduire. Sept personnes ont été mises en examen pour escroquerie au permis de conduire en bande organisée. L’inspecteur et le gérant de l’auto-école bisontine ont été placés en détention pro visoire au moment où l’affaire a été révé lée. Contre une somme allant de 2 000 à 2 500 euros en liquide, les apprentis auto mobilistes se voyaient attribuer le précieux
8 L’événement
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
l Syndicat
Inspecteur du permis
“Notre bataille est la préservation de nos missions de service public”
Stéphane Besanceney est inspecteur du permis de conduire et de la sécurité routière. Il est également délégué pour la région Bourgogne-Franche-Comté et secrétaire général adjoint de Snica-F.O. Le syndicat national des inspecteurs du permis se bat pour que les missions du service public soient préservées et non marchandisées.
d’un département, et d’observer le nombre de places disponibles, de candidats, d’auto-écoles, d’en seignants, d’inspecteurs. La majorité des retards sont dus à un manque d’enseignants, pas d’inspecteurs. L.P.B. : Votre avis sur l’annonce du gouvernement d’abaisser l’âge du per mis à 17 ans ? S.B. : Nous sommes contre, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Cette mesure permettrait aux jeunes des zones rurales d’ac céder plus facilement à l’emploi. Si le permis était déclencheur d’emploi, ça se saurait. L’âge moyen de la population qui passe le permis est de 23 ans, le para doxe est là. À 17 ans, quelle est la maturité du futur conduc teur ? Aujourd’hui, nous sommes face à une génération qui a eu un écran très tôt entre les mains. Dans le développement cognitif, il y a moins d’actes réflexes à regarder autour de soi, la for mation prend plus de temps. Et puis quid de la conduite accom pagnée ? D’un coup, elle ne sert plus à rien. Pourquoi s’enqui quiner à la passer? Les béné fices-risques qui en découlent tombent. L.P.B. : Pourquoi cette mesure alors ? S.B. : C’est du clientélisme. Le permis de conduire a toujours été un tampon pour apaiser les tensions sociales. n Propos recueillis par L.P.
L a Presse Bisontine : Y a-t-il une pénurie d’inspecteurs du permis de conduire ? Stéphane Besanceney : Il y a eu une pénurie qui est en train d’être résorbée. Dernièrement, le ministre de l’Intérieur a annoncé 100 inspecteurs supplémen taires sur trois ans. C’est plutôt une bonne nouvelle. Nous récla mions 200 supplémentaires. La gestion des équivalents temps plein fonctionne très bien sur un fichier Excel mais ça ne prend pas en compte les congés, les formations, les arrêts maladie. Ce chiffre de 200 devait permet tre à l’ensemble des départe ments de pouvoir vivre correc tement et que ses inspecteurs puissent réaliser leurs missions de sécurité routière. Nous pas sons 95 % de notre temps en examen alors que ça devrait être 50-50 avec la prévention sur la sécurité routière pour tous les publics. Si par ailleurs, il y a autant de fraudes à l’examen théorique général (le Code de la route, N.D.L.R.), c’est bien parce que nous n’avons pas le temps de contrôler. L.P.B. : Le syndicat dénonce justement la fraude au Code de la route, qui
S.B. : C’est indéfendable. Heu reusement, ce genre d’affaires reste exceptionnel. À cause de cette marchandisation du code, c’est peut-être une porte ouverte supplémentaire sur la corruption d’un agent. Le corps des inspec teurs du permis, qui sont 1 300 agents au niveau national, reste intègre dans ses fonctions. On se bat pour que le permis de conduire reste au sein d’une mission de service public, les fonctionnaires ont des obliga tions comme l’égalité de traite ment et l’équité. Si le permis de conduire était externalisé, il y aurait des disparités de terri toires. Il faut qu’il reste une fonction d’État. L.P.B. : Que pensez-vous du nouveau système RDV Permis ? S.B. : C’est le même raisonnement que pour le code où le candidat s’inscrit sur Internet. On inverse la tendance, le candidat va cher cher sa place. Les trois quarts donnent mandat aux auto-écoles pour prendre sa place à l’exa men. Pour nous, cela ne change pas notre quotidien. Ce qui est intéressant, c’est qu’à quelques semaines près, il permet une photographie de l’état de santé
concernerait 40 % des examens, soit presque un sur deux. Quelles en sont les raisons selon vous ? S.B. : C’est l’un des gros sujets qui occupe le syndicat, avec les agressions des inspecteurs. La décision d’il y a dix ans d’exter naliser l’examen avec un opé rateur agréé est dramatique aujourd’hui. Quand les examens étaient gérés par les inspecteurs, il y avait très peu de fraudes. c’était un épiphénomène. Là, quasiment un examen sur deux n’est pas valable. Un opérateur agréé, on lui rajoute une fonction supplémentaire, il y a quelque part la notion de marchandisa tion. Nous ne sommes plus dans la notion de service public, de rigueur, de contrôle. Nous avons l’obligation d’être incor ruptibles. “La fraude au permis qui a éclaboussé
L.P.B. : Justement, que pensez-vous de l’affaire de fraude au permis qui a éclaboussé Besançon, avec notamment un inspecteur du per mis mis en cause ?
Besançon, c’est indéfendable.”
Stéphane Besanceney est le délégué régional du syndicat Snica-F.O. des inspecteurs du permis et son secrétaire général adjoint.
l Illustration
Des délais à rallonge
C ertains parents s’impatien tent, les élèves aussi, mais les responsables d’auto-école n’y sont pour rien dans cette situation dont le principal coupable se nomme “R.D.V. permis”, la nouvelle plateforme d’inscription au permis de conduire mise en place par le gouver nement il y a déjà plusieurs mois. Le résultat, “c’est qu’on a deux fois moins d’attributions de place qu’avec l’ancien système” déplore Samuel Valion, gérant de l’auto-école du même nom à Mor teau. Auparavant, c’était le centre des permis de conduire de la Direction départe mentale des territoires à Besançon qui attribuait à chaque auto-école du Doubs les places aux examens, chaque mois. Le nouveau système “R.D.V. permis”, entièrement dématérialisé, permet aux candidats de s’inscrire n’importe où en France, mais ce nouveau système d’attribution automatisé ne prend aucunement en compte les réalités du terrain. “Nous avons dans le Haut Doubs beaucoup de personnes qui vien nent pour travailler en Suisse, beaucoup de conjoint(e)s qui vivaient en ville et blème. La D.D.T. du Doubs a récemment fait parvenir une note interne aux pro fessionnels de l’auto-école reconnaissant que “l’équipe éducation routière du Doubs connaît depuis quelques mois des difficultés concernant l’effectif d’ins pecteurs. Si des remplacements sont prévus à terme, nous n’avons pas la maîtrise de ces échéances” reconnaît la direction des territoires qui semble impuissante, d’autant que depuis la crise sanitaire de 2020, le principe des renforts nationaux n’existe plus. “L’offre de places d’examens ne pourra donc plus atteindre le niveau très élevé de ces trois dernières années” prévient la D.D.T. qui compte sur les auto-écoles pour “envisager le lissage des examens sur une période un peu plus étendue.” Rien que sur son auto-école, Samuel Valion a actuellement une trentaine d’élèves dans l’attente d’une date pour passer leur examen et il est contraint régulièrement de refuser d’inscrire de nouveaux élèves en formation. En attendant que le système se dégrippe, le professionnel, comme les candidats au permis, rongent leur frein. n J.-F.H. Ça bouchonne dans les auto-écoles du Haut-Doubs Les professionnels de l’auto-école déplorent là-bas une dégradation de la situation liée notamment à ce nouveau système national d’inscription à l’examen du permis. Explications. Samuel Valion, comme ses confrères du Haut-Doubs, alerte sur l’engorgement du système. “Nous n’avons pas la maîtrise des échéances” reconnaît la direction des territoires. qui une fois arrivés ici s’aperçoivent qu’un permis de conduire est indispen sable et au final, on a beaucoup moins de places attribuées chaque mois pour passer l’examen que de besoins. Avec l’ancien système, nous avions une tren taine de places par mois, nous sommes tombés à une quinzaine tout juste. Les candidats aux permis et les parents sont mécontents” détaille Samuel Valion qui a récemment alerté la députée Annie Genevard de cette situation devenue critique. Un deuxième phénomène explique les retards pris dans le passage de l’examen au permis de conduire : la pénurie d’inspecteurs dans le département, renfor cée récemment par la suspension de l’un d’entre, soupçonné d’avoir été impliqué dans une affaire de permis frauduleux. Les autorités préfec torales elles-mêmes reconnaissent le pro
10 Besançon
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ÉDUCATION
Ouverture en septembre Besançon se dote à son tour d’un collège alternatif
Le collège, baptisé “Colette” (en réfé rence à l’écrivaine), sera géré par l’As sociation pour une éducation alterna tive (A.D.E.P.A.) constituée par ces parents. Il prévoit d’accueillir une quin zaine d’élèves. Tous évolueront dans une classe unique, qui mixera les niveaux. 6 à 7 enfants sont déjà inscrits, issus pour la moitié de l’école bisontine Montessori. Les autres ne se recon naissaient pas dans le système “clas sique” ou ont pu subir du harcèlement scolaire. Ils seront, ici, encadrés par deux édu cateurs, avec l’appui régulier des parents. “Les apprentissages intégreront bien sûr le socle commun de compé tences de l’Éducation Nationale” , rap pelle Philippe Barreteau. “L’idée n’est pas de créer une bulle à l’écart du monde, mais d’offrir une autre façon d’apprendre. Sachant qu’on n’a pas tous appris à marcher ou parler au même âge.” Ces méthodes alternatives, qui sont souvent taxées d’individualisme ou de nivellement par le bas, ont au contraire fait la preuve de leur intérêt, selon lui. “L’expérience montre qu’il n’y a pas plus de problème pour les enfants qui sortent de ces écoles.” Reste le problème du coût de ces sco larités “hors normes”, financées par les familles et les dons. Ici, il faudra compter 400 euros en moyenne men suelle (évolutif selon le quotient fami lial). En contrepartie, l’établissement
Proposer un autre cadre d’apprentissage aux adolescents : telle est l’idée portée par un groupe de parents d’élèves de l’école bisontine Montessori, qui ouvrira à la rentrée une classe unique rue de Chalezeule.
C e collège privé, hors contrat, qui prendra place dans d’anciens locaux commerciaux de la rue de Chalezeule, sera à bien des égards différent des autres. Ici, pas de rangées de chaises ou d’emploi du temps millimétré, découpé par heure ou par matière. Mais des journées cal quées sur le rythme des élèves, avec par exemple un accueil élargi de 8 h 30 à 9 heures. “Les matinées seront consa crées aux projets individuels, à divers
temps d’échanges ou de travail d’une matière académique. Et les après-midi porteront plus sur des visites ou activités extérieures (sport, jardinage, musique… )” , explique Philippe Barreteau, son directeur. “Nous voulons proposer un cadre pédagogique un peu semblable à ce qui se fait pour les 3-11 ans dans l’école Montessori, “Grandir ensemble”, qui invite à l’autonomie des appren tissages, la coopération et l’ouverture sur le monde.”
Les apprentissages
se feront en groupe et en autonomie.
eux dès la rentrée : prospecter les par celles, trouver des subventions, réfléchir à l’architecture… Cela fait partie d’un fil pédagogique qu’on veut instaurer.” En attendant, les collégiens évolueront dans ce local de 130 m 2 , non loin de la Boucle. Un appel aux dons est d’ailleurs lancé pour réunir matériel (micro scopes, livres, équipements sportifs… ) et mobilier. Des enseignants extérieurs, intéressés par le projet, se sont déjà manifestés pour aider notamment à l’élaboration d’outils pédagogiques. “Toutes les per sonnes qui souhaiteraient s’investir dans l’association sont également les bienvenues” , conclut Philippe Barre teau. n S.G.
qui a sa propre pédagogie (inspirée de diverses méthodes : Freinet, Montes sori, Steiner…), promet des enseigne ments “en rapport direct avec la vraie vie.” L’équipe souhaite ainsi nouer divers projets avec des partenaires culturels, associatifs… ou intervenants extérieurs. “Nous sommes partisans de la biodiversité éducative” , résume le directeur, “et nous aurons également à cœur de pratiquer la démocratie concrète au quotidien.” Un conseil du collège se réunira ainsi tous les jours pour discuter des projets, des envies… À moyen terme, il est également prévu que les élèves construisent leur propre collège en terre-paille, implanté au sein d’un terrain en permaculture. “On va commencer à travailler dessus avec
Philippe Barreteau devant les locaux provisoires rue de Chalezeule. En attendant l’auto construction d’un collège en terre-paille.
En savoir plus sur collegealternatifbesancon@gmail.com
EN BREF
BATTANT
En travaux La fontaine Bacchus s’offre une cure de jouvence Des problèmes d’étanchéité conduisent
Passeports La commune de Roche-lez Beaupré a engagé une démarche auprès de la Préfecture pour mettre en place un dispositif de recueil des documents d’identité. Il est désormais possible de réaliser sa demande à la Mairie de Roche-lez-Beaupré pour les Cartes Nationale d’Identité (C.N.I.) et les passeports. Ce service est ouvert à tous, quel que soit leur lieu de résidence. Le délai moyen pour un rendez-vous est de 24 à 48 heures. Depuis le 10 juin, la commune a doublé les horaires d’ouverture. Les rendez vous se font par téléphone au 03 81 60 52 99. B.G.E. 870 entreprises ont été créées en 2022 avec le soutien de B.G.E. Franche Comté. Avec 3 735 personnes accueillies, 2 754 personnes accompagnées, 870 entreprises aidées dans leur création pour un total de 921 emplois créés. Dans un contexte marqué par la relance économique et un dynamisme entrepreneurial sans précédent, B.G.E. a connu une hausse de son activité avec une augmentation de 43 % du nombre d’entreprises créées et 665 entrepreneurs à venir se faire accompagner. Plus d’infos sur https://www.bgefc.org/
l’élue. Le site fait en tout cas partie des points centraux du quartier, entouré par une piste cyclable et matérialisé par un arrêt de bus. Il n’est pas sûr en revanche qu’il soit immédiatement remis en eau, à réception des travaux. Les fontaines de la ville restant pour le moment toutes à l’arrêt (qu’elles soient sur le réseau d’eau potable ou en circuit fermé), par arrêté préfectoral de restriction d’eau. Exception faite de celle de Velotte, prise sur une source. Il y aurait pourtant tout intérêt à les faire fonctionner. “Ces fon taines ont leur importance, car elles participent à maintenir des îlots de fraîcheur en ville, au-delà de leur fonction patri moniale” , rappelle Annaïck Chauvet. Sous condition bien sûr qu’elles fonctionnent en cir cuit fermé. Or, pour l’heure, seules 12 sont dans ce cas. Reste donc du chemin, qui ne pourra être atteint d’ici la fin du man dat. Mais qu’importe. “On tra vaille dessus et on a cette volonté de préserver la ressource, en témoignent aussi les 24 nouvelles mesures prises dans notre plan “O” pour lutter contre la séche resse” , conclut l’élue bisontine. n S.G.
à rénover l’ouvrage, situé en haut du quartier Battant. Les travaux devraient durer trois mois et s’achever à la rentrée.
L a Ville, qui a décidé en début de mandat de réha biliter ses bassins, s’at taque ici à un nouveau chantier. La fontaine Bacchus, située en haut du quartier Bat tant, en avait bien besoin, souf frant comme d’autres des affres du temps. “Des problèmes d’étan chéité ont commencé à se poser ici dès 2005” , remarque Annaïck Chauvet, adjointe en charge de la transition énergétique et des bâtiments. “La difficulté est qu’on compte 29 fontaines sur Pour la petite histoire Réalisée par Alphonse Dela croix en 1854, la fontaine Bac chus n’en a que le nom puisque le dieu romain du vin n’y figure pas. Elle remplace en fait une ancienne fontaine, datant de 1579, ornée d’un Bacchus de pierre, qui rappelait l’activité viticole du quartier. n
la ville, dont une vingtaine en activité. Les remettre toutes en eau implique d’importants inves tissements. C’est pourquoi on travaille dessus progressive ment.” La Ville qui a déjà rénové la fon taine des Clarisses (rue Mége vand), celles de Chamars et du square Saint-Amour, prévoit de mobiliser 150 000 euros pour ce nouveau chantier à Battant. Deux phases de travaux se dérouleront, ici, durant l’été. L’entreprise Pateu et Robert se chargera d’abord de la partie maçonnerie et étanchéité, puis C.C.A. Perrot, spécialiste de la fontainerie ornementale, inter viendra sur la partie hydrau lique. “Il s’agit de refaire toute l’étan chéité du bassin et de réaliser un diagnostic de la structure des vasques. L’ouvrage, qui avait déjà été passé en circuit fermé, n’aura pas besoin d’être modifié à ce niveau” , précise l’élue. “On va procéder aussi à l’hydrogom mage de l’ensemble pour un écou lement d’eau plus fluide et tra
Annaïck Chauvet voit dans ces fon taines, des îlots de fraîcheur indispen sables.
tier pour créer un point d’eau potable à proximité, comme cela a pu être fait sur d’autres réha bilitations. “On s’est rendu compte que cela manquait.” Ins crite de façon plus large dans le projet de requalification de la place Bacchus, la rénovation de la fontaine pourrait à moyen terme s’accompagner d’une revé gétalisation, de mobilier urbain, etc., “mais on n’en est qu’au début de la réflexion” , tempère
vailler à un meilleur accès de la chambre sous œuvre, pour les interventions techniques.” S’ajou tera à cela le remplacement de quelques pierres d’emmarche ment et margelles en mauvais état. “Ce travail a été mené avec l’Architecte des bâtiments de France et les pierres viendront des carrières voisines de Com blanchien, en Bourgogne.” Les services de la Ville devraient également profiter de ce chan
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