La Presse Bisontine 252 - Juin 2023
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La Presse Bisontine n°252 - Juin 2023
Un coup de pouce aux artistes de la Région Les élus régionaux ont adopté un nouveau dispositif de soutien à la création artistique, dans le domaine des arts visuels. Une aide de 3 000 à 5 000 euros pourra être versée aux artistes locaux. CULTURE ARTS VISUELS
cette année. 1 600 artistes pro fessionnels (affiliés à l’Urssaf fin 2021) sont pourtant poten tiellement concernés en Bour gogne-Franche-Comté. C’est la première fois que la Région intervient aussi directement auprès des artistes du secteur, son soutien se bornant jusqu’à présent aux structures de dif fusion (centre d’art, fonds régio nal d’art contemporain…). À noter que son aide ne pourra être sollicitée qu’une fois tous les deux ans par les artistes dans les deux catégories (recherche ou création).Des bourses individuelles similaires sont déjà octroyées par la Direc tion régionale des affaires cul turelles (D.R.A.C.), qui accom pagne dix artistes en moyenne par an, sur une quarantaine de demandes. n S.G.
M éconnu, le travail des photographes, pein tres, sculpteurs, céra mistes… nécessite souvent une phase amont de recherche et de production. Une phase généralement coûteuse et difficile à absorber pour ces artistes auteurs (qui n’ont pas le statut d’intermittent), tout le temps passé à la création de leur œuvre étant considéré comme du temps bénévole, avant sa vente à proprement parler. C’est dans ce contexte et suite à une étude menée dans le cadre de la mise en place du Schéma d’orientation des arts visuels (S.O.D.A.V.I.), engagé dans chaque région, que la collectivité régionale a décidé de voter cette nouvelle aide. Pour en bénéficier,
de pouce serviront à financer toutes sortes de dépenses tel que l’achat de matériel (un four pour un céramiste, un socle pour une sculpture…), les formations com plémentaires, les déplacements ou même les interventions exté rieures. Jusqu’ici, une vingtaine de dos siers ont été déposés. C’est le service culture de la Région qui se charge de leur instruction, appuyé au besoin d’un comité technique, composé de profes sionnels dans le domaine de l’art contemporain. La collectivité, qui se prononcera à l’automne, n’avait pas d’objectifs arrêtés sur le nombre de dossiers rete nus. Fraîchement instaurée et peu médiatisée, cette aide régio nale pourrait passer inaperçue
il faut bien sûr résider en Bour gogne-Franche-Comté ou y avoir son siège social. Seuls les artistes professionnels, disposant d’un numéro S.I.R.E.T. et d’une expé rience significative sont par ail leurs éligibles. Sont donc exclus tous les étudiants ou personnes en cours de formation artis tique.Mais comment cela marche dans les faits ? Formulées directement en ligne sur le site de la Région (www.bourgognefranchecomte.fr) , jusqu’au 31 mai, les demandes de subvention peuvent concerner un projet de recherche ou un projet plus global de création. Dans le premier cas, l’aide sera plafonnée à 3 000 euros et dans le deuxième cas, elle pourra mon ter jusqu’à 5 000 euros. Ces coups
La Région instruira les demandes à la rentrée.
Une grande dame entre aux musées Dès le 9 juin, une exposition aux musées de la ville rend hommage à Marie-Luce Cornillot. Celle qui était surnommée la Grande Mademoiselle a été pionnière dans le renouveau des musées français au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. BESANÇON EXPOSITION
naient ses collaborateurs, investisse les deux lieux. Celle-ci a été nourrie par de nombreuses archives et pho tographies conservées dans les centres de documentation des musées du centre, à la biblio thèque municipale, et aux archives de Besançon. Et étof fée par un appel à contribution auquel les Bisontins ont répondu: témoignages écrits ou oraux, photographies oubliées dans des albums per sonnels de ceux qui ont eu la chance de côtoyer Marie-Luce Cornillot. “Figure centrale incontournable de la vie culturelle et patrimo niale bisontine d’après-guerre, femme engagée dans son métier, figure de proue d’une fémini sation toujours plus grande des postes de direction dans les musées français et à l’étran ger” , la personnalité de Marie Luce Cornillot est inspirante. Et fait écho à l’arrivée toute fraîche de la nouvelle directrice des musées Laurence Made line. n
BESANÇON
CONFÉRENCE-CONCERT
Art Enchanté plonge au cœur Après une première conférence
Art enchanté, le 3 juin, 17h30 au centre diocésain. Tarifs 12 euros, 8 euros (réduit) et 5 euros (carte Avantages jeunes)
C’ est une exposition forcément dense tant la vie et la car rière de Marie-Luce Cornillot a été riche. Visage peut-être peu connu du grand public, celle qui fut conserva trice du musée classé de Besan çon entre 1946 et 1972 entre ici en pleine lumière dans non pas un, mais deux musées: celui du Temps et celui des Beaux-arts et d’archéologie. La Bisontine a marqué de son empreinte le paysage culturel et patrimonial. Après-guerre, l’une des seules conservatrices de musées en France impulse un renouveau des musées fran çais et a contribué à l’invention du métier de conservateur et directeur de musées. Comme le remarque Charlotte Foucher, dans “Marie-Luce Cornillot parmi ses pairs. Diriger un musée en région après-guerre”, extrait du catalogue de l’expo sition : l’après-guerre a été une “période qui marque une étape nouvelle, déterminante, dans les déploiements des carrières de femmes, la reconnaissance d’une légitimité professionnelle qui se traduit concrètement sur un plan statutaire… Doréna vant, les historiennes de l’art accèdent, non sans peine, à des responsabilités jusqu’alors inat teignables.” En tant que directrice de musée de Besançon, elle œuvre pour le legs Besson à l’origine
de la structure Louis Miquel au musée des beaux-arts, l’ins tallation d’un musée au Palais Granvelle réhabilitée, elle pré figure un musée de l’horlogerie, elle crée un musée lapidaire dans l’abbatiale Saint-Paul. Surtout, elle a été l’artisan bâtisseur du Palais Granvelle comme lieu patrimonial et de la métamorphose architectu rale du musée des Beaux-arts. Il était donc cohérent que l’ex position qui rend hommage à la Grande Mademoiselle, sur nom affectueux que lui don
Le trio Art enchanté est composé de Chris tiane Dotal, historienne de l’art, Élise Delecray, pianiste et Natalie Malit chenko, chanteuse
R eprésenter les sentiments humains à travers des œuvres d’art, qui trouvent leurs échos dans des morceaux de musique chantés, c’est le pari et l’origi nalité de la conférence-concert que propose Art Enchanté le 3 juin au centre diocésain. “Le fil conducteur est la représentation des sentiments, l’état de l’âme humaine en fait, raconte Christiane Dotal. Nous avons fait des choix, il y aura des présentations autour de la colère, la frayeur, l’ex tase, la mélancolie.” Sous forme de conférence, l’historienne de l’art présente ainsi des œuvres d’art. Élise Darlay au piano et Natalie Malitchenko au chant y répondent en musique. Ainsi Berlioz, Bizet, Liszt, Mozart, Koechlin résonne avec les œuvres de de Bernin, Munch, Hals, Pignon-Ernest… “L’idée est de présenter des œuvres célèbres et d’autres beaucoup moins connues du grand public. Que les gens découvrent quelque chose et ressortent enrichis de ce qu’ils ont entendu” , reprend Chris tiane Dotal. Cette dernière illustre ainsi l’amour par l’œuvre Malitchenko, chanteuse plongent le public dans la profondeur des senti ments, des passions et des émotions. concert axée sur la transmission dans les arts en février dernier, le trio Art enchanté revient le 3 juin au centre diocésain. Cette fois-ci, Christiane Dotal, historienne de l’art, Élise Delecray, pianiste et Natalie
Arrivée de la Collection Besson au musée des Beaux-arts en présence de Marie Lucie Cornillot, 1970 (photo M.B.A.A.).
du très connu Rodin Fugit Amor, qui fait partie de la Porte de l’enfer. L’historienne de l’art s’at tache également à mettre en valeur des œuvres conservées dans les collections des musées de la ville comme le triptyque de Van Orley et Notre Dame-des-Sept-Douleurs, exposés au musée des Beaux-Arts. La colère, quant à elle, est représentée via un tableau d’Arman, artiste contemporain. “Il s’agit de la représentation de sa colère à lui. Le tableau montre un piano qu’il a complètement détruit et recollé sur la toile” , souligne Christiane Dotal. La conférence-concert réserve bien d’autres surprises. Trouver le juste milieu pour répondre aux besoins de connaissances des novices sans ennuyer les amateurs d’art, c’est le difficile équilibre que joue Art enchanté. Sans dissonance. n L.P.
Exposition La Grande Mademoiselle, Marie-Luce Cornillot, une vie de musées Du 9 juin au 17 septembre au musée du Temps Du 9 juin au 7 janvier 2024 au musée des Beaux-arts et d’archéologie
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