La Presse Bisontine 252 - Juin 2023

30 Le Grand Besançon

La Presse Bisontine n°252 - Juin 2023

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Encore trop de freins Pour étudier avec un handicap, il faut s’accrocher

“C’ e st un combat de tous les instants. Quand je vais en cours, je me demande ce qui va encore m’arriver ?” Pour la jeune femme, c’est même quasiment devenu une angoisse. “Peu de choses me sont adap tées en tant que non-voyante. Il m’est déjà arrivé de tomber dans les escaliers de l’amphi Arsenal, qui ne sont pas droits, ou de casser mon matériel braille lors d’un examen, faute de place et d’aménagements adéquats.” Bien sûr, Coralie s’attendait à un cer tain nombre d’obstacles, en raison ne serait-ce que de la configuration de la faculté, qui amène à se déplacer d’un bâtiment à un autre dans toute la Bou cle (Canot, Mégevand…). Elle a, en revanche, été plus étonnée du manque de sensibilisation des équipes ensei gnantes et de la scolarité. “Certains profs sont complètement paniqués même s’ils essaient de ne pas le montrer, et ne savent pas comment faire avec mon handicap. J’ai souvent des problèmes avec des documents qui sont scannés et que je ne peux pas lire. J’ai récemment été dispensée de statistiques et de gra phiques, faute d’autres possibilités.” Son emploi du temps, y compris, ne lui est pas accessible. “Je devais à chaque fois solliciter la médecine préventive de l’Université.” Elle a fini par rentrer en contact avec une association spé cialisée à Paris, par qui elle passe aujourd’hui systématiquement pour régler ces problèmes de transcription

Originaire de Thise, Coralie Cachot est non-voyante. Elle a naturellement choisi de poursuivre ses études à Besançon. Mais en deuxième année de psychologie, elle rencontre bien des difficultés pour pouvoir suivre ses cours et mener une vie sociale ordinaire.

l’avoir. Les actifs sont prioritaires, tout comme, semble-t-il, les personnes en fauteuil roulant.” Si bien que ses acti vités extrascolaires en pâtissent. “On me conseille pourtant de sortir pour éviter l’isolement, mais si je n’ai pas les moyens de m’y rendre… C’est un comble pour une ville soi-disant inclu sive.” Le passage de son diplôme d’accès aux études universitaires, au sein de l’Uni versité bisontine déjà mais en cours du soir (avec l’appui de ses parents pour les déplacements), s’était montré moins difficile. “J’en viens à remettre en cause la poursuite de mes études supérieures. On m’en avait averti, mais je suis une personne battante et je ne pensais pas atteindre mes limites” , se désole Coralie. D’autres amis déficients visuels auraient carrément choisi de changer d’Université. Elle, ne l’envisage pas encore, mais a déjà décidé de passer sa deuxième année de licence en deux ans, pour ne pas trop impacter sa santé physique et morale. Elle souhaite également créer un groupe de parole au sein de la faculté, pour permettre à tous les étudiants porteurs de handicap “de ne plus subir et d’oser dire ce qui ne va pas.” n S.G.

ou d’adaptation de cours. “Je n’en veux pas spé cifiquement à l’Uni versité. Il y a un manque de moyen général, que le monde associatif local (inexis tant sur ces questions) ne comble pas” , observe Coralie. La jeune étudiante aime rait pouvoir se reposer sur un organisme. “On est bien suivi par le C.R.E.E.S.D.E.V.* jusqu’à 20 ans et la

“Certains profs sont complètement paniqués.”

Terminale. Mais à l’Université, c’est fini. On est seul face à nous-mêmes.” Elle se félicite toutefois de l’accompa gnement d’une étudiante preneuse de note, rémunérée par l’Université, au sein même de sa promotion. Un coup de pouce bien utile, tout comme les 20 heures de cours de locomotion, aux quels elle a droit. “Mais là encore, il n’y a que deux instructeurs pour toute la Franche-Comté. Ce qui est insuffisant. Ils m’ont appris à me rendre seule à l’Arsenal, mais j’aurais besoin de faire avec eux tous les autres trajets.” Coralie a l’impression d’être moins soutenue, au moment où elle en aurait justement le plus besoin. Son statut d’étudiante la dessert y compris, aujourd’hui, dans l’offre de transport. “Il m’arrive de réserver un Ginko Access un mois à l’avance, sans certitude de

Coralie, au pied de sa résidence C.R.O.U.S., aimerait

poursuivre ses études sereinement.

*Centre régional d’enseignement et d’éducation spécialisés pour déficients visuels de Besançon

Spectacle Dimanche 4 juin à EN BREF

DANNEMARIE-SUR-CRÈTE Les anciens de Dannemarie, 50 ans après Le lycée agricole de Dannemarie qui a formé des centaines de jeunes fêtait en cette fin avril les 50 ans de sa toute première promotion. Émotion et rigolade étaient au rendez-vous.

La première promo

formé depuis des générations de futurs exploitants agricoles, mais pas seulement : des tech niciens agricoles, des ingénieurs voire des futurs vétérinaires. Pour l’occasion, France 3 Franche-Comté leur avait même fait la surprise de diffuser pour eux un reportage datant de 1971, filmant les débuts du lycée. “Oh c’est Philippe Win gler !” , “Ah, c’est Jacques Pagnot !” , “Je reconnais la Michelle Perrot!” Tous les anciens aujourd’hui septuagé naires pour la plupart, y sont allés de leur petite anecdote, heureux de se retrouver là 50 ans plus tard. Ces élèves qui ont essuyé les plâtres préparaient alors leur Bac D’, un diplôme scientifique à vocation agronomique. Cer tains ont ensuite repris des fermes, d’autres se sont dirigés vers l’enseignement, d’autres encore ont choisi une autre voie qu’un métier à vocation agricole. “Je me souviens avoir débarqué ici début juin 1970, le lycée n’était pas terminé, les meubles étaient encore dans les cartons, nous avons aidé à tout installer dans un esprit très joyeux” se remémore un ancien. “Nous sommes arrivés ici dans un esprit d’autodiscipline issu des idées un peu foireuses de Mai 68, raconte un autre ancien. C’est vrai que nous n’étions pas très

16 h 30 au Petit Kursaal de Besançon, l’école de chant Vocal Mania présente son spectacle “Nuit Blanche”. Les bénéfices seront reversés à l’association OncoDoubs, qui œuvre au mieux-être des personnes en chimiothérapie. Une vingtaine d’élèves (adultes) de l’école emmèneront le public, pendant 1 h 45, à travers un spectacle musical poétique sur le thème de la nuit. Tarif : 10 euros (enfant 7 euros). Jeux d’argent Sommes-nous prédisposés à la dépendance aux jeux d’argent en ligne ? Pour tenter de répondre à cette question, le C.H.U. de Besançon recherche 25 joueurs de poker en ligne.

Denis Roy, ancien de Dannemarie était à l’initiative de cette journée, aux côtés de Fabienne Martin, la proviseure du lycée.

I ls ont apparemment retrouvé le chemin de l’école facilement. Ils étaient venus en nombre, des quatre coins de la région. Ce mardi 25 avril, c’étaient les

pare près de 500 autres appren tis que son deuxième site de Châteaufarine. Le site de Dan nemarie abrite aussi une ferme pédagogique dotée d’une cen taine de vaches laitières, d’un atelier viande et d’un atelier porcin depuis 2015. “Au total sur nos deux sites, il y a donc plus de 1 000 élèves et 200 per sonnes pour les accompagner. Nous affichons un taux de réus site de 97 %” se félicite la pro viseure de l’établissement Fabienne Martin. Les anciens de Dannemarie n’ont - presque - pas changé. Une chose est sûre: ils ne se sont pas départis de leur bonne humeur. n J.-F.H.

disciplinés…” Cette journée était organisée à l’initiative de Denis Roy, un ancien de Dannemarie. “Mes parents tenaient la dernière ferme de Palente précise l’ancien élève. À Dannemarie, on y venait pour se préparer à toutes sortes de métiers liés à l’agriculture et plus largement à l’agronomie. Cet établissement a été un bon tremplin pour des centaines de jeunes.” Lui prendra un autre chemin puisqu’il deviendra gra veur, un métier qu’il a exercé pendant plus de 40 ans à Besan çon. Aujourd’hui, le lycée de Dan nemarie forme chaque année plus de 500 jeunes (85 % d’entre eux sont logés sur place) et pré

grandes retrouvailles pour les anciens du lycée agricole de Dannemarie-sur-Crète réunis à l’occasion des 50 ans de la pre mière promotion de cet établis sement d’enseignement qui a

Les services de psychiatrie et

d’addictologie du CHU de Besançon conduisent plusieurs projets portant

sur les éventuelles prédispositions à la dépendance sans

substance, parmi lesquels la dépendance aux jeux de hasard et d'argent et

celle aux jeux vidéo, notamment en ligne. Renseignements au 03 81 21 90 07.

Séquence retrouvailles pour les anciens élèves.

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