La Presse Bisontine 252 - Juin 2023

LE DOSSIER 20

La Presse Bisontine n°252 - Juin 2023

Cinémas à Besançon : le film n’est pas terminé

l École-Valentin Vers les 350 000 entrées “Le cinéma est indestructible !” Après des mois de disette, le cinéma reprend des couleurs dans le Grand Besançon. Pour le directeur du Mégarama, le 7 ème art a encore de beaux jours devant lui. L’édition 2023 du festival de Cannes est le prétexte pour La Presse Bisontine de tâter le pouls du cinéma à Besançon. Meurtries par près de deux années blanches, les salles obscures ont enfin commencé à retrouver leur public. Ce dossier nous donne également l’occasion de raconter, en textes et en images, la belle saga du cinéma dans la ville qui a vu naître ses créateurs.

Passion intacte pour le Monsieur Cinéma de Besançon

aurait dû avaler en 5 ou 6 ans, notam ment la montée en puissance des plate formes, il l’a fait en à peine un an et demi à cause du Covid. Et le cinéma est encore debout. Mieux : j’estime que le cinéma est indestructible !” Si les spectateurs ont repris le chemin des salles obscures, Dans ces années-là, comme les gros films américains ne sortaient pas pendant l’été, on passait alors des grands classiques ou des rediffusions de films récents à succès. L’ an prochain, il fêtera ses 50 ans de cinéma. Jean Roy est tombé dans la marmite tout petit, à l’époque où il passait chaque fois émerveillé devant le Pax, le cinéma du quartier Saint-Claude. “Puis ado, je me suis mis à collectionner les affiches. Passionné par cet univers, je passais toutes mes vacances au cinéma le Building rue Proudhon. Et dès 1977, j’ai commencé à faire de la cabine en donnant un coup de main au projectionniste” se sou vient Jean Roy.

formes ! Et le cinéma est encore là. Et si tous ces supports ou existé ou existent aujourd’hui, c’est bien grâce aux films et au cinéma ! Les plateformes sans le cinéma, ça n’existerait même pas” ajoute le directeur qui nuance toutefois en esti mant que le jeune public est peut-être plus attiré aujourd’hui par les séries. Malgré le rebond actuel du cinéma, l’in dustrie devra forcément aussi s’adapter. D’ici un an, le Mégarama devrait s’équi per de la technologie 4 D et pour cela, devra rénover une partie de ses salles. “Le cinéma évoluera vers un confort plus premium, sans doute avec moins de fau teuils ” prédit Jean Roy. Ouvert en 1999, agrandi en 2015 (il compte 13 salles), le Mégarama Valentin fonctionne tous les jours de l’année de 13 h 15 à minuit. Il est loin d’éteindre son dernier projecteur et de baisser le rideau. n J.-F.H. Jean Roy ne s’est jamais lassé de cet univers où l’on travaille tous les jours de l’année. “J’ai loupé quelques Noëls et jours de l’an en famille… avoue-t-il. C’est impossible de faire ce métier si on n’est pas passionné. Et chez moi, cette passion est intacte.” Pour celui qui a démarré dans les cinémas de Besançon à 17 ans, le clap de fin ne semble pas encore près d’arriver. Il garde en tête la période la plus faste du cinéma selon lui, dans les années soixante-dix, “une époque où on avait des films et des acteurs incroyables.” Puis le numérique est arrivé et a permis les sorties simultanées des gros blockbusters américains partout en même temps.

L a crise sanitaire a bien failli mettre à bas l’industrie du cinéma. Mais tel un phénix, le 7 ème art semble renaître de ses cendres. Et si les chiffres des entrées ne sont pas encore revenus à leur niveau d’avant-Covid, l’année 2023 semble être - enfin - celle de la résurrection. “Nous devrions atteindre les 350 000 entrées cette année au Méga rama Valentin, contre moins de 250 000 l’an dernier” prédit son directeur Jean Roy. Et dans les deux ou trois ans à venir, l’objectif des 500 000 entrées semble à nouveau atteignable selon le gérant. Soit un niveau d’avant-Covid, sachant que le record absolu de fréquentation remonte à l’année 2004 où le Mégarama avait accueilli près de 600 000 specta teurs. Pour Jean Roy, c’est le film Avatar 2 qui symbolise le nouveau départ du cinéma. “Nous étions à plus de 10 000 spectateurs par semaine rien que pour Avatar. C’est là que je me suis vraiment dit que le ciné était loin d’être mort.” Pour Jean Roy, ce loisir “qui reste quoi qu’on en dise le moins cher de tous” a encore de beaux jours à vivre. “Tout ce que le cinéma

les habitudes ont néan moins changé. “On voit beaucoup moins de monde la semaine, et les gens se précipitent le week-end.” Il faut dire qu’en plus de 45 ans de pratique, Jean Roy en a vu d’autres. Il énumère d’un trait : “L’ar rivée des magnétoscopes et des V.H.S., le lancement de Canal + avec un film par jour, les D.V.D., les Blu-ray, puis Internet, puis le piratage, le streaming, et maintenant les plate

“Les plateformes sans le cinéma, ça n’existerait même pas.”

Après des mois de disette, le Mégarama Valentin, comme son cousin des beaux-arts, retrouve une activité satisfaisante.

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