La Presse Bisontine 250 - Avril 2023
Le portrait 35
La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023
JUSTICE
Membre du conseil municipal
Appelez-la Madame le bâtonnier ! M tre Claude Varet, avocate au barreau de Besançon
depuis 1994 est le nouveau bâtonnier de l’ordre, veillant sur les 201 avocats locaux. L’élégante femme de loi doit savoir allier la souplesse à la rigueur. Parcours.
L e regard sait se faire doux, il peut aussi s’assombrir et trans mettre l’autorité nécessaire à la fonction. Avocate au barreau de Besançon depuis 1994, M tre Claude Varet est depuis le début de l’année et pour deux ans, à la tête de l’ordre des avocats du barreau de Besançon, soit 201 avocats en exercice et une trentaine d’avocats honoraires. Tous ces praticiens ou ex-praticiens du droit ont porté la brune sexagénaire à la tête de leur ordre. Sa mission : veiller au bon fonctionnement de la profession, coordonner l’action de ses consœurs et confrères, et les représenter à l’égard des autres autorités civiles ou judiciaires. Loin d’être honorifique, cette fonction a échu à l’avocate bisontine alors que les candidatures ne se bousculaient pas. “C’est une responsabilité assez lourde que j’exerce en plus de ma pro fession d’avocat, mais j’ai la chance d’être épaulée dans cette tâche par un vice-bâtonnier, et c’est nouveau à Besan çon, en la personne de M tre Jérôme Pichoff” indique le bâtonnier Varet (un terme qu’elle se refuse à féminiser). Au titre de bâtonnier, c’est elle notam ment qui gère les avocats désignés d’office à la demande des justiciables ou des forces de l’ordre, c’est encore elle qui gère le personnel de l’ordre, elle toujours qui peut être amenée à exercer un pouvoir disciplinaire envers ses confrères. “C’est à moi d’intervenir par exemple dans les litiges qui pour raient opposer deux avocats, et cela arrive de temps en temps, ou dans le cas où un avocat du barreau ne res pecterait pas les règles déontologiques de la profession, ou encore quand il y a des réclamations de justiciables à l’encontre de leurs avocats, ce qui ten drait, il faut bien le reconnaître, à être plus fréquent qu’avant” note Claude
Varet qui assume cette fonction de bâtonnier pour la seconde fois de sa carrière, douze ans après la première. Pour ce nouveau mandat, les sujets d’actualité ne manquent pas : “Le regroupement des bureaux d’aide juri dictionnelle pour lequel Besançon est un site pilote, la mise en place des cours criminelles départementales traitant des crimes pour lesquels on encourt moins de 20 ans de prison, c’est-à-dire essentiellement les viols ou les violences ayant entraîné la mort. Puis la réforme de la procédure pénale, puis celle de la procédure civile engagée depuis 2021, sans parler de la fusion des C.A.R.P.A., les Caisses autonomes de règlement pécuniaire entre avocats… Bref, la jus tice est en perpétuel mouvement et ce n’est pas toujours facile à suivre” énu mère la “patronne” des avocats bison tins. Depuis cette année, Claude Varet par tage donc son temps entre son bureau de l’ordre des avocats, situé dans la partie historique et quelque peu inti midante du Palais de justice de Besan çon, et son cabinet situé rue de la Répu
C’est la seconde fois que M tre Claude Varet est élue par ses pairs bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Besançon.
s’adonner à ses activités privées : ses deux fils, deux petits-enfants qu’elle va voir “trop peu souvent” auxÉtats Unis, et une passion secrète pour les circuits automobiles et les voitures anciennes… On n’en dira pas plus. Pudique, “très attachée aussi au secret de l’instruction dans les affaires trop souvent médiatisées à l’excès” , lebâton nier de l’ordre des avocats de Besançon sait faire la part des choses entre sa vie publique et ses activités privées. Jamais le temps de gamberger ou de s’ennuyer, et toujours en veille sur l’ac tualité judiciaire locale et nationale, Claude Varet avoue : “À 64 ans, je n’ai pas vu le temps passer !” Le bâtonnier de Besançon a encore de l’énergie à revendre. n J.-F.H.
quels qu’ils soient” se dit quelque peu “frus trée” dans un mandat où “la parole n’est même pas libre. On est muse lés, on n’a même pas l’impression d’être en démocratie avec cette municipalité. C‘est for cément décevant” constate-t-elle, sans doute échaudée par cette première expé rience d’élue munici pale.
j’ai repris mes études à l’école d’avocats de Dijon. Je suis retournée à l’école en même temps que mes enfants enta maient leur scolarité” se souvient-elle. Claude Varet a obtenu son diplôme en 1994. “J’ai été avocate stagiaire à 35 ans ! Deux ans de stage au cabinet de Philippe Cadrot auprès duquel j’ai beaucoup appris” dit-elle. Puis vient le temps de l’indépendance pour elle, avec le rachat du cabinet de l’avocat Edmond Maire rue de la République, là où cette avocate généraliste est tou jours installée et reçoit ses clients. En parallèle de ses fonctions juridiques, Claude Varet a également mis un pied en politique en 2020 en devenant conseillère municipale d’opposition aux côtés de Ludovic Fagaut. Celle qui dit “ne pas aimer les partis politiques,
blique. La femme de loi n’est pas issue du sérail. “Je viens d’un milieu modeste, avec des parents ouvriers” confesse-t-elle. Et pour elle, la profession d’avo cat ne s’est pas offerte spontanément. Après une maîtrise de droit obtenue en 1981 à Besançon, elle n’a pas pu réaliser un premier projet professionnel, happée par un mariage assez précoce, et deux enfants en bas âge. Ce n’estdonc “que dix ans après ma maîtrise que
“Je viens d’un milieu modeste, avec des parents ouvriers.”
Elle cultive une passion secrète pour les circuits automobiles.
Alors à côté de son métier, de ses res ponsabilités de bâtonnier et du conseil municipal où ses interventions posées ne manquent jamais de pertinence, Claude Varet se donne le temps de
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