La Presse Bisontine 248 - Février 2023
8 L’événement
La Presse Bisontine n°248 - Février 2023
l Politique Anne Vignot, sans fard “Clairement, oui, je me projette au-delà de 2026” En marge de ses vœux pour 2023, la maire de Besançon et présidente de G.B.M. réaffirme le cap de sa politique. Au-delà des bonnes intentions, quelle est sa vraie vision de la politique locale et du mandat que lui ont confié les Bisontins il y a bientôt trois ans ? Entretien.
9h - 16h Samedi 11 mars 16h - 19h edi 10 mars endr 23 OUVERTES 20 PORTES V
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Anne Vignot reconnaît qu’une partie du programme municipal de 2020 prendra plus de temps que prévu pour être appliqué.
L a Presse Bisontine : Si on ne doit en retienir que trois, quelles sont vos prio rités pour Besançon en 2023 ? Anne Vignot : D’abord l’accompagnement de nos enfants. Les priorités en la matière se concentrent sur la rénova tion de nos écoles. Les 64 groupes sco laires de Besançon seront concernés, c’est un plan inédit sur le plan local, inédit même à l’échelle nationale. Mais il prendra plus de temps que prévu. Nous avions tablé sur deux mandats ou deux mandats et demi pour rénover l’ensemble de nos écoles, mais les dif férentes crises étant passées par là, ce plan devra s’étendre sur quatre man dats. Ma deuxième priorité, c’est le partage de l’espace public et la problématique du vivre ensemble. Cette priorité pas sera par la participation du plus grand nombre de Bisontins. L’action symbo lique de ce thème sera la façon dont on traitera la place de la Révolution. On a déjà testé la méthode rue Gam betta, aux abords du lycée Jules-Haag, on le fera aussi rue de la République. Quand on travaille très en amont sur cette question de partage de l’espace public, avec les questions de circulation, de voirie, de cyclable, de pollution, de silence, de mobilier urbain, on aboutit forcément au final à des projets par tagés et largement fédérateurs. C’est une nouvelle culture que nous mettons en place à Besançon. Nous bâtissons avec les habitants une nouvelle façon de travailler. Il faut évidemment un certain temps pour que tout le monde s’approprie la démarche: habitants, élus et services. Ma troisième priorité sera de trouver la meilleure façon de régénérer la ville en créant, sur l’existant, du logement proposant plus de mixité, donc plus de justice sociale.
partout avec un bon niveau de service, ou réaliser des travaux d’assainisse ment partout en même temps ? Je peux concevoir que certains maires qui n’ont plus la prise directe sur ces compétences se sentent parfois impatients et vou draient qu’on aille plus vite, mais par fois ces revendications sont aussi tein tées de politique et je ne suis pas dupe. Pour la question de gouvernance, on a organisé une première conférence des maires qui s’est très bien passée et je suis bien décidée à reprendre cette relation directe avec les maires des différents secteurs en multipliant les conférences des maires, je me suis enga gée à assister au moins une fois par an aux réunions de secteurs. Ce besoin de rencontrer les équipes municipales des communes de G.B.M., je le ressens aussi. L.P.B. : Sur le plan de la gouvernance, seriez vous ouverte à un changement de système où comme à Lons-le-Saunier ou à Dole, le maire de la ville-centre n’est pas président de l’agglomération ? A.V. : La charte qui régit G.B.M. est à mon sens équilibrée, on ne peut pas nier les 60 % de la population globale que représente la ville de Besançon. Ce serait anti-démocratique. L.P.B. : Est-ce vraiment plus compliqué de diriger une ville de 120 000 habitants et une agglomération de 200 000 quand on est une femme ? La misogynie existe-t-elle ici ? A.V. : Dans la tête de certains élus, il reste en effet je pense un rapport de virilité par rapport à l’exercice du pou voir. Mais sur ce point, dans ma vie politique comme dans ma vie person nelle, rien de tout cela ne m’a jamais empêchée d’avancer et ne m’empêchera jamais de le faire. n Propos recueillis par J.-F.H.
votre famille politique ne va pas arranger la situation ! A.V. : Je ne sais pas ce que signifie cette notion de décroissance. On sait que la logique de la croissance pour la crois sance, ça ne marche pas ! D’autant que la croissance n’implique pas forcément le partage. Si on part du constat que les ressources sont désormais limitées et qu’il est nécessaire de réajuster notre modèle économique et que cela s’appelle de la décroissance, alors oui, j’approuve. Et je suis persuadé que même les acteurs économiques d’aujourd’hui, les industriels sont conscients qu’ils doivent inventer un nouveau modèle de crois sance. Les industriels locaux avec qui je parle, quand ils disent devoir chercher un nouveau marché, en sont bien
plus vite que prévu : le dossier Saint Jacques qui a été débloqué, Grette Brulard où nous avons modifié le contrat avec l’État pour pouvoir recons truire plus vite que prévu, les inves tissements consentis dans la rénovation du campus Bouloie-Témis, etc. L.P.B. : Vous vous projetez donc déjà dans un second mandat ? La violence des débats muni cipaux, intercommunaux parfois, ne vous ont jamais incitée à jeter l’éponge ? A.V. : Je n’ai jamais eu envie de claquer la porte! Jamais! On jette l’éponge quand on ne sait pas pourquoi on est là. Ce n’est pas mon cas. Je suis au contraire toujours aussi convaincue de la pertinence de mon programme. Et clairement, oui, je me projette au delà de 2026. Nous avons une très belle équipe, et il est clair que j’aurai envie de continuer avec. L.P.B. : Un programme et une façon de gouverner (vous êtes parfois taxée d’autoritarisme) qui crispe notamment l’opposition et rend les débats municipaux souvent inaudibles pour les citoyens… A.V. : Le fait que je provoque des réac tions aussi nettes des oppositions, j’en suis presque à le comprendre, car nos propositions et notre programme illus trent une telle différence entre le conser vatisme de ceux qui s’opposent et le côté innovant de notre programme! J’estime que la violence des propos de l’opposition exprime le gouffre qui existe entre leur vision des choses et les innovations et l’audace de nos pro positions et du modèle économique que l’on défend. Quant au procès en auto ritarisme, je le réfute totalement. L.P.B. : Un modèle basé sur la décroissance ? Besançon compte 22 % de familles sous le seuil de pauvreté. La décroissance prônée par
L.P.B. : En reprenant la liste de vos principales pro messes de 2020, on voit que trois ans plus tard, beaucoup ne sont pas mises en œuvre ni même engagées (cantine 100 % bio, centre de santé dans l’Est bisontin, mani festation culturelle “La rue est à nous”, création d’un Témis “développement dura ble”, transport gratuit pour les moins de 26 ans, d’un revenu minimal jeune…). De quoi décevoir beaucoup de vos électeurs ?… A.V. : Pour l’instant, aucun de ces projets n’est abandonné. Mais tout le monde est bien conscient que la crise sanitaire, sociale, finan cière, inflationniste nous oblige évidem ment à devoir revoir l’ensemble de nos inves
“On réajuste nos projets, mais on ne perd pas le cap.”
conscients aussi. Plus globalement, nous sommes à une époque où tous les travailleurs cherchent du sens à ce qu’ils font, et pas à tout prix de la croissance matérielle. L.P.B. : La hache de guerre est-elle enterrée avec les maires de la périphérie qui vous reprochent votre façon de gouverner G.B.M. ou la façon de traiter certains dossiers dans leur com mune ? A.V. : Ce territoire du Grand Besançon pré sente une hétérogé néité, avec un tissu dense à certains endroits et une ruralité et un certain isolement à d’autres. Comment fait-on pour amener les transports en commun
“La misogynie ne m’a jamais empêchée d’avancer.”
tissements. Les contrats dits de Cahors présentés par le gouvernement aux collectivités locales nous obligent à réduire nos dépenses, il faut composer avec. Cette réorientation des dépenses publiques en fonction de nos moyens impactera aussi des manifestations que la Ville soutient comme le Carnaval, le Marché de Noël, les Instants gour mands… Toutes ces initiatives devront prendre de nouvelles orientations en concordance avec les moyens de la col lectivité. Mais concernant les projets, rien n’a été abandonné. Certains pren dront forcément plus de temps à émer ger. On réajuste nos projets, mais on ne perd pas le cap. Certains projets n’arriveront à maturité qu’au cours du mandat suivant. Il y a aussi des dossiers sur lesquels nous avançons
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