La Presse Bisontine 247 - Janvier 2023

34 Économie INDUSTRIE

La Presse Bisontine n°247 - Janvier 2023

Anciennement Armstrong Knauf Ceiling Solutions décrète six mois d’activité partielle

Le fabricant de laine de roche et de faux plafonds installé à Pontarlier a signi fié à ses 190 salariés qu’ils seront potentiellement en activité partielle à partir de janvier et au moins jusqu’en juin. L’entreprise est le plus gros consomma teur de gaz du Haut-Doubs, elle prend de plein fouet la crise énergétique.

P lusieurs millions de kWh de gaz sont utilisés chaque mois dans l’usine pontissalienne pour sécher la matière produite ici, la laine de roche et les dalles de faux plafonds. Pour Knauf Cei ling Solutions (ex-Armstrong), l’augmentation subie de la fac ture de gaz depuis le début de l’année se chiffre donc à plu sieurs millions, voire dizaines de millions d’euros. Ajoutés à cela la pénurie de matière et le ralentissement du marché de la construction : la situation est devenue intenable pour un des plus gros employeurs privés du bassin pontissalien qui vient de prendre une décision radicale : la mise en activité partielle d’une grande partie des salariés à partir du 1 er janvier et ce, pour une période d’au moins six mois. Selon Lau rent Callard, le directeur du site, “la mise en œuvre de ce plan dit d’activité partielle de longue durée (A.P.L.D.) sera effective dès le 1er janvier prochain. Elle concernera essentiellement l’ac tivité “plafonds” et sans doute tous les services liés à cette acti

en début d’année prochain” pré vient le patron. Ici, pas d’espoir d’être protégé par un quelconque bouclier tarifaire, “il y a toujours une condition qui fait qu’on ne peut pas en bénéficier” déplore le dirigeant pontissalien qui a pris un autre engagement vis à-vis des salariés : aucun licen ciement économique n’aura lieu dans la période de six mois d’A.P.L.D. et dans les trois mois qui suivent. Et après ? Impos sible de le prévoir… Le gaz (de provenance algé rienne) qui alimente le site pon tissalien valait encore 20 euros le MWh il y a un an. Après un pic à 300 MWh au cours de l’été, il est retombé à 130 euros fin novembre, et pourrait donc remonter à au moins 160 euros en début d’année prochaine. Soit huit fois plus qu’un an aupara vant ! En parallèle de la crise énergé tique mondiale, Knauf Ceiling Solutions a encaissé cette année plusieurs autres coups durs. “Les clients finaux n’acceptent plus les hausses de tarifs qu’on a bien été obligés d’instaurer en cours d’année. Résultat : certains

vité. Nous aurions pu procéder à une réduction d’effectifs, à un plan de licenciement, mais nous avons préféré garder tout le monde pour être prêts à repartir quand il le faudra” note le res ponsable qui a annoncé la nou velle au Comité social et écono mique de l’entreprise fin novembre. Une douche froide pour l’ensemble des salariés qui ne toucheront plus que 70 % de leur salaire brut, soit 80 % du net, tempérée cependant par l’annonce du maintien des emplois pour l’instant. L’usine pontissalienne prend de plein fouet la hausse vertigi

Laurent Callard,

directeur du site : “Nous faisons tout pour pérenniser ce site.”

vue contrainte d’accélérer la nécessaire transition technolo gique qu’elle avait commencé à amorcer. “Nous avons engagé un vaste plan d’investissement sur de nouveaux process de fabrica tion afin de limiter nos consom mations de gaz, d’électricité et de coke. L’objectif est de baisser nos consommations de 5 à 10 % d’ici deux ans dans un premier temps. Nous essayons en paral lèle de trouver des nouvelles matières premières moins éner givores, les essais sont en cours, et le groupe Knauf a engagé des investissements dans des dispo sitifs destinés à récupérer la cha

se tournent vers des produits moins techniques ou mettent leurs projets d’investissement en pause” note Laurent Callard. Premier écueil. Pour tenter de compenser cette baisse de la demande, l’usine pontissalienne s’est tournée vers d’autres marchés plus lointains, comme l’Inde ou l’Australie. “Cela nous a permis de faire du volume cette année mais ce n’est pas une solution pérenne car les coûts de transport et l’impact écologique sont trop élevés” ajoute le responsable. Face à l’explosion du coût des énergies, l’entreprise s’est donc

leur dégagée par les fours pour la réinjecter dans le circuit de production. Mais tout cela pren dra encore un certain temps” reconnaît M. Callard. En croisant tous ces paramètres, Knauf Ceiling Solutions n’a donc eu d’autres choix que d’actionner le levier de l’adaptation du per sonnel. “Nous espérons que ça repartira après le printemps” veut croire le directeur du site qui assure que dans l’immédiat du moins, la pérennité du site pontissalien de Knauf Ceiling Solutions “n’est pas remise en cause.” n J.-F.H.

neuse du coût de l’énergie. “Dès cette année, nous avons pris + 200 % sur le gaz, ça nous a fait évidem ment très mal” confirme Lau rent Callard. Et ce n’est pas ter miné. “Le prix du gaz pourrait encore doubler

Le gaz huit fois plus cher qu’il y a un an !

ENTREPRISES

Nouveau à Besançon Défaillance d’entreprise : une adresse pour rebondir Aider les entrepreneurs à reprendre pied après une liquidation,

tel est le but de l’association 60 000 rebonds, qui vient d’ouvrir une antenne à Besançon. L’accompagnement y est bénévole et gratuit.

O n l’oublie vitemais entreprendre peut être aussi synonyme d’échec. Une désagréable expé rience qui s’accompagne souvent de traumatismes (financier, émotion nel…). Un chef d’entreprise, qui a été lui-même concerné, a ainsi eu l’idée de créer en 2012 l’association “60 000 rebonds”, en référence au nombre de défaillances enregistrées à l’époque (retombées depuis la crise sanitaire à 30 000). “Notre mission est d’aider les chefs d’entreprise à se reconstruire per sonnellement et à rebondir vers un autre projet professionnel. Que ce soit à nou veau sur de l’entrepreneuriat ou du salariat” , résume Sophie Gauthey, res ponsable régionale Bourgogne-Franche Comté. Car s’il existe plusieurs struc tures d’aide à la création ou au développement d’entreprise, peu s’in téressent en revanche à “cet après”. Ce moment de l’entre-deux où l’entrepre neur, qui vient de perdre son entreprise, doit définir un nouveau cap. Implantée depuis janvier côté bour guignon, l’association intervient aussi bien post-liquidation qu’en cours de

procédure. Elle propose à la fois un accompagnement collectif (via des réu nions mensuelles) et individuel, avec la désignation d’un parrain et d’un coach. Le trio ainsi formé travaille conjointement au retour à l’activité. “Cela prend quelques mois à deux ans maximum, tout dépend des parcours de chacun” , observe la responsable régionale. L’arrivée de l’antenne bisontine (inau gurée fin novembre, avec les représen tants des tribunaux de commerce de Besançon et Belfort) va offrir une plus grande proximité aux entrepreneurs locaux en difficulté, rattachés jusqu’ici

Frédéric Liotard, président régional de

60 000 rebonds, lors de la soirée d’inauguration à Besançon.

à Dijon ou àAuvergne Rhône-Alpes. “On voit nos filleuls toutes les deux semaines ou tous les mois selon les besoins. Il y a un contact permanent. On est cette personne-ressource, qui permet la mise en rela tion avec des experts (banque, avocat en droit des affaires…)” ,

Pour repartir au plus vite et du bon pied.

un plan de prospection. En phase de démarrage et sans bureaux physiques pour l’heure, l’antenne bison tine est en recherche de bénévoles (coach certifié, dirigeant en activité ou à la retraite…) car son accompagnement pourrait vite monter en puissance. “On s’attend à une hausse des liquidations

explique Pascal Olive, l’un des parrains bénévoles installé à Besançon. Cet ex directeur d’une coopérative d’entrepre neurs salariés, à la retraite, trouve du sens dans cette démarche. “On procède par étapes, en assurant déjà leurs besoins immédiats, avant de se positionner sur l’avenir.” Lui a déjà pu accompagner deux anciens commerçants et une start up du numérique, avec qui il finalise

en 2023, avec la fin des aides de l’Urssaf, de l’État et le remboursement des P.G.E. On voit déjà sur le début d’année davan tage de procédures collectives (sauve garde, redressement ou liquidation) dans le Doubs” , souligne Sophie Gau they. n S.G.

Plus d’infos : sophie.gauthey@60000rebonds.com ou 06 50 63 77 55

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