La Presse Bisontine 244 - Octobre 2022

L’événement 7

La Presse Bisontine n°244 - Octobre 2022

l Interview Anne Vignot “Tout le monde comprendra

l Coût énergétique Une augmentation d’1 million d’euros “Les piscines resteront ouvertes aux mêmes tarifs”

maintenant pourquoi la Citadelle s’éteint” La maire de Besançon ne s’interdit aucune mesure pour limiter la consommation d’énergie

L a Presse Bisontine : Existe-t-il un risque que les piscines ferment, à l’instar de celles gérées par Vert Marine ? Abdel Ghezali : Nous ne sommes pas dans la même situation que celle des Fins, qui est gérée en délégation de service public (D.S.P.). Depuis de nombreuses années, Besançon a fait le choix d’une gestion en régie municipale, nous y sommes attachés. Les pis cines sont une mission de service public que doit la collectivité aux Bisontins et Grands Bisontins. Malgré la situation et les explosions des coûts de l’énergie, nous avons la volonté demaintenir ouvertes nos piscines. L.P.B. : À combien se monte l’augmentation des coûts éner gétiques ? Simon Devaux : En 2022, l’augmentation du coût éner gétique pourMallarmé et Lafayette est de 1,1million d’euros. Pour Lafayette, en 2021, l’augmentation Devaux, chef du service piscines et patinoire rassurent tout en alertant sur une nécessaire optimisation. Avec la hausse du coût de l’énergie, la piscine des Fins a été contrainte de fer mer ses portes. Peut-on imaginer un tel scénario sur les piscines de Mallarmé et Lafayette ? Abdel Ghezali, premier adjoint en charge des sports et Simon

était de 400 000 euros. En 2022, c’est de l’ordre de 700 000 euros. Et ça va encore augmenter en 2023. Le coût énergétique de Mallarmé en 2021 était de 215 000 euros, actuellement, on est déjà à 320 000 euros. A.G. : C’est une augmentation que se prend de plein fouet la Ville qui ne bénéficie pas du bouclier tari faire. L.P.B. : Quelles solutions peuvent être apportées ? A.G. : Jusqu’à fin 2022, on maintiendra nos équipe ments ouverts avec les mêmes tarifs.Mais il faudra faire des efforts. Certaines pistes envisagées sont une baisse de la température de l’eau, un process d’entretien et de nettoyage qui intègre ces nouvelles contraintes, des fermetures dans des périodes creuses. Pourquoi pas une optimisation de certains créneaux mutualisables pour une cohabitation entre public et associations. Soit on optimise, soit on ferme. L.P.B. : Et d’un point de vue technique ? S.D. : Sur le système de circulation d’eau et de trai tement de l’air, des réductions sont faites la nuit ou lors de périodes creuses. Mais nous sommes soumis à des règlements très stricts, on ne peut pas juste appuyer sur off ou couper le disjoncteur. La réglementation nationale a baissé le nombre de vidanges de deux à une fois par an.Et des dérogations commencent à être accordées. À Lafayette, nous n’avons pas fait la vidange en septembre car nous étions avec une bonne qualité d’eau. Lafayette est chauffée grâce au réseau de chaleur urbain,Mallarmé grâce au bois, ce qui permet d’économiser par rapport à ceux qui chauffent au gaz. Mais 70 à 80 % d’aug mentation concernent l’électricité, et on ne peut pas s’en passer. L.P.B. : Quant à la patinoire ? A.G. : Elle a été mise en glace début septembre. S.D. : Du froid est produit en continu mais il y a un jeu de récupération calorifique entre la piscine Lafayette et la patinoire. Le chaud évacué par la patinoire sert à la piscine et inversement. n Propos recueillis par L.P. Le manque de maîtres-nageurs et de surveillants de baignade est également un problème à prendre en compte. Des postes en remplacement de sur veillants de baignade sont toujours vacants ainsi qu’un poste de maître-nageur. Sur toutes les piscines, y compris estivales, la Ville a enregistré 500 000 entrées annuelles, une année record. n La pénurie de maîtres-nageurs, l’autre problème

L a Presse Bisontine : Besançon est-il un bon élève en matière d’économies d’énergie ? Anne Vignot : Cette préoccupation n’est pas nouvelle à Besançon. La semaine dernière, nos deux élus chargés de cette question ont reçu le grand prix de la “tran sition, du climat et de l’énergie”, c’est un niveau de reconnais sance international qui salue notre travail de longue date sur la baisse des consommations énergétique, la lutte contre les gaz à effet de serre et le déve loppement des énergies renou velables. Nous sommes engagés sur ce combat depuis des années ici. Mais il est vrai que dans le contexte actuel, il va falloir faire encore plus. L.P.B. : Quelles mesures allez-vous prendre à court terme ? A.V. : Tous les services de la Ville et de G.B.M. travaillent depuis plusieurs semaines sur tous les scénarios possibles, y compris celui d’une coupure d’électricité générale. Il faut s’y préparer aussi, raison pour laquelle nous avons analysé tous les points vulnérables et étudié la façon de les sécuriser. Pour le reste, nous allons acter le 19 °C, même s’il faudra appliquer cette mesure avec discernement à certains endroits comme les écoles qui ne sont encore toutes rénovées éner gétiquement, et également en cet automne. Et en appelle à l’État pour soutenir les finances de la collectivité.

Anne Vignot : “On peut très bien imaginer que la Citadelle ferme un mois et demi cet hiver.”

quartiers la nuit. Quant à la Citadelle, tout le monde com prendra maintenant pourquoi elle s’éteindra. Je n’ai pas ce genre de tabou. L’attractivité de notre territoire se mesure ailleurs que dans l’éclairage de la Citadelle. Les touristes ne viennent pas ici comme des petits papillons attirés parce que la ville est allumée. On étu die précisément cette question de l’éclairage avec plusieurs fac teurs entrant en ligne de compte : la consommation, la compatibilité avec la biodiversité et la sécurisation du site. L.P.B. : Comment financerez-vous la hausse de la facture énergétique qui pourrait passer de 4,5 millions d’euros cette année à 12 millions l’année pro chaine ? A.V. : Une augmentation des impôts est inenvisageable. Je pense qu’un bras de fer va s’en gager avec l’État à ce sujet. Sans un pas du gouvernement vers les collectivités, on irait vers une crise majeure. Nous refu sons que nos collectivités se retrouvent étranglées et sans leviers pour leurs finances. n Propos recueillis par J.-F.H.

lien avec le C.C.A.S. pour les per sonnes âgées. Tout cela se fera au cas par cas. La température de nos piscines peut aussi baisser d’1 °C, on regarde pour investir dans des couvertures à poser sur les bas sins pour éviter une baisse de la température. Nous étudions aussi la possibilité de réduire les horaires d’ouverture de nos musées et d’autres lieux cultu rels. On peut très bien imaginer que la Citadelle ferme un mois et demi cet hiver, en saison creuse, plutôt que trois semaines. La baisse de l’éclairage public est également à l’étude. Tout comme le décalage de la mise en route du chauffagemi-octobre

dans les bâti ments publics.

“Le décalage de la mise en route du chauffage mi-octobre.”

L.P.B. : Éteindre la Citadelle et d’autres monuments publics n’est plus un tabou ? A.V. : Cette ques tion n’a jamais été taboue pour moi. Nous réflé chissons à étein dre certains

La piscine Mallarmé est chauffée au bois, ce dont se félicitent Simon Devaux et Abdel Ghezali, ici devant le système de filtration de la piscine Mallarmé.

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