La Presse Bisontine 244 - Octobre 2022

Le portrait 43

La Presse Bisontine n°244 - Octobre 2022

ORNANS

Militaire depuis 18 générations

Jean-Étienne Grizard fait partie des combattants de la vie Membre des Gueules cassées, cet ex-plongeur parachutiste démineur, passé par les régiments bisontins, peut se targuer d’avoir eu une vie bien remplie. Un parcours que l’on pourrait croire sorti d’un film.

D ans la famille Grizard, l’engagement pour autrui, sans restriction, fait partie d’un héritage immuable. Ce patri moine : Jean-Étienne Grizard s’est employé à le perpétuer tout au long de sa carrière militaire, comme les 18 générations qui l’ont précédé, mais aussi en dehors. Comme lorsqu’il secourut deux accidentés de la route en 1995 ou permis l’arrestation d’un voleur armé dans une banque, en civil en 2002. Ce qui lui vaudra les honneurs pour acte de courage et de dévouement. Investi dans diverses associations caritatives et patriotiques, cet ancien responsable des scouts d’Europe de Besançon est aussi un donneur de sang invétéré, avec plus de 460 dons à son actif. Il traversera d’ailleurs différents massifs montagneux (Jura, Vosges…) pour en faire la promo tion. “Ce geste, qui peut sauver Bio express l Né le 23 juillet 1964 dans les Ardennes l Militaire pendant 37 ans, il est aujourd’hui réserviste opérationnel pour l’Armée de terre l Installé sur le canton d’Amancey, il a habité Besançon pendant 20 ans (enfant et en service actif) l Détenteur de la Médaille militaire, Croix de chevalier de l’ordre National du Mérite, Croix de la valeur militaire, Acte de courage et dévouement

plongeurs et des parachutistes. L’exercice devenant incompatible. “J’ai développé à partir de là un syndrome post-traumatique avec sueurs froides, troubles de l'hu meur…” À force de caractère et de traite ment, il se relèvera et exercera des emplois divers dans le domaine des ressources humaines, notamment au Liban. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais divers facteurs professionnels, personnels et médicaux (dont la maladie de Lyme avec troubles neurologiques majeurs) le feront rechuter psy chologiquement, jusqu’à nourrir des idées noires. De cette période, le militaire bison tin garde une certitude : “On reste marqué par ce que l’on a vu et vécu en service. Il y a souvent une fragilité émotionnelle qui se carac térise par une hypervigilance et une agoraphobie dans certains cas.” Lui a acquis une sorte de résilience depuis son enfance au Burundi (heureuse mais confron tée à des exactions) et sa scolarité compliquée. “L’ex-enfant bègue et dyslexique que j’étais a été forcé à se surpasser” , reconnaît-il. “J’ai aussi trouvé un accomplissement dans la course et la natation, comme j’étais un peu rond étant petit.” Des épreuves sans les quelles il n’aurait pu réussir, plus tard, la sélection drastique de l’école de plongée de l’Armée de terre et connaître ce riche par cours. n S.G.

des vies, m’est cher. Tout comme le soutien apporté aux blessés, que j’ai notamment été amené à repré senter lors de deux mandats au sein du Conseil supérieur de la fonction militaire.” La prochaine assemblée générale de l’Union locale des blessés de la face et de la tête (dite des “Gueules cassées”), organisée le 13 octobre à Pirey, sera également l’occasion pour lui de renouveler “cet accompagnement social, moral, matériel, financier…” Une aide aujourd’hui dispensée surtout aux combattants engagés sur des opérations extérieures (O.P.E.X.), et aux victimes d’attentats. “J’ai eu moi-même deux blessures de guerre et quinze accidents de ser vice (fractures, entorses, septicé mie…)” , explique sobrement le major Grizard. L’une d’entre elles surviendra auKosovo, àMitrovica, où il sera blessé par polycriblage à la main droite et blast sérieux aux oreilles. Alors muté à Besançon, après un passage en Allemagne et en Alsace, il officiera pendant sept ans au 19 ème régiment du génie, puis deux ans ensuite au 6 ème régi ment dumatériel sur des missions notamment de déminage et recon naissance à l’étranger. Un grave accident de la route le conduira dans l’intervalle à subir un poly traumatisme. “J’ai dû suivre six opérations avec de graves blessures à l’avant-bras droit et au rachis.” Ce coup du sort l’amènera fina lement à être radié du corps des

Jean-Étienne Grizard a l’engagement chevillé au corps.

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