La Presse Bisontine 244 - Octobre 2022

Le dossier 25

La Presse Bisontine n°244 - Octobre 2022

Quand le bâtiment tousse… l Construction Fédération Française du Bâtiment Les professionnels du bâtiment ne cachent pas leurs inquiétudes même si le travail ne manque pas pour l’instant. Le point avec Dominique Viprey, le président de la F.F.B. du Doubs.

O n a l’habitude de dire que quand le bâtiment va, tout va…Et quand le bâtiment tousse, à quoi faut-il s’at tendre ? Depuis la rentrée de septembre en effet, le moral des professionnels du bâtiment en a pris un coup. La faute à un contexte international qui grippe une machine qui pourtant se portait encore à merveille en début d’année. Les explications de Dominique Viprey, le président de la Fédération du Bâti ment du Doubs (F.F.B.) qui représente plus de 4 000 salariés du bâtiment à l’échelle du département : “En début d’année, tous les carnets de commandes des entreprises étaient pleins pour les 24 prochains mois. La crise ukrainienne a tout bouleversé, les matières premières sont venues à manquer et de nombreux chantiers ont été décalés. Les entreprises ne feront pas leur chiffre d’affaires pour 2022” constate le président qui est aussi à la tête de l’entreprise E.I.M.I. et du Groupe 1000, entreprise de construction tous corps d’État. La guerre en Ukraine, on le sait, a fait exploser les délais de livraison dumaté riel pour les entreprises et flambé les prix. Ajouté à ces facteurs le prix de l’énergie dont les entreprises du bâti ment sont gourmandes, et on enraye la belle mécanique du début d’année.

Dans ce contexte, la concurrence, voire une certaine méfiance entre les entre prises, et entre les entreprises et leurs donneurs d’ordres, commence à s’ins taller créant un climat assez délétère. Les entreprises confrontées à ces hausses brutales du prix des matières peuvent éventuellement demander des plus-values, sous réserve d’apporter des éléments factuels à leurs comman ditaires. Une situation délicate pour les professionnels du bâtiment. Le dernier facteur, concernant cette fois les clientèles de particuliers, c’est le resserrement des conditions de prêts accordées par les banques. “On com mence à voir des chantiers qui s’annu lent. Jusqu’à la fin du premier trimestre 2023, ça devrait tenir. C’est après que l’on a les plus grandes craintes” prédit Dominique Viprey qui ne se veut pas pour autant défaitiste. Il entrevoit tout de même quelques éclaircies dans ce ciel bien sombre de rentrée, notamment grâce “aux nombreux chantiers de per formance énergétique et d’isolation thermique qui se profilent. Les entre prises sur ce créneau-là pourront avoir de bonnes perspectives.” À l’inverse, ce sont les maçons qui pourraient subir les plus fâcheuses conséquences de cette période agitée pour la profession. Une profession qui s’estime à un tour

“Les plannings 2022 sont donc étalés sur 2023” complète Dominique Viprey qui craint un second phénomène : “La baisse du nombre d’appels d’offres de la part des collectivités locales. Depuis cet été, c’est flagrant. Jusqu’en juin, on chiffrait un devis par jour.Aujourd’hui, c’est à peine un par semaine.” La baisse annoncée des dotations de l’État après deux ans de perfusion et la hausse des prix de l’énergie qu’elles doivent assu mer pousseraient donc les collectivités

territoriales à freiner leurs investissements. C’est donc une rentrée inédite que vivent les entreprises du bâti ment dans le Doubs, devant encaisser une hausse du prix des matières estimées entre 15 et 20 %. Les salaires dans le bâti ment s’en trouvent blo qués, de fait. “Ne pou vant pas avoir de levier d’action possible en ce moment sur les salaires, beaucoup d’en treprises ont utilisé la prime Macron faute de mieux” note le prési dent de la F.F.B.

“On chiffrait un devis par jour. Aujourd’hui, c’est un par semaine.”

Dominique Viprey, président de la F.F.B. du Doubs.

Paradoxalement, dans ce contexte, le bâtiment continue à recruter : les besoins sont estimés à près d’unmillier de bras actuellement à l’échelle du Doubs. n J.-F.H.

nant. “Avec les changements liés au climat, nous aurons de vraies remises en question à faire dans les prochaines années. C’est forcément perturbant, mais c’est un vrai challenge à relever” conclut le patron de la F.F.B.

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