La Presse Bisontine 244 - Octobre 2022
14 Besançon
La Presse Bisontine n°244 - Octobre 2022
SOCIÉTÉ
Des lieux refuges Besançon veut en finir avec le harcèlement de rue
Le dispositif “Où est Angela ?” arrive à son tour dans la capitale comtoise. En déploiement dans plusieurs villes de France, il permet de trouver refuge auprès de commerçants en cas de vulnérabilité dans la rue.
tion sur les Droits de Femmes et des Familles (C.I.D.F.F.), chargé de former les profession nels intéressés. Pour l’heure, une quarantaine de commerçants (essentiellement de la Boucle) ont adhéré et débuté leur formation à la mi septembre. Les sessions se pour suivront jusqu’à la mi-octobre. “Cela dure 2 heures. On évoque la posture à avoir (bons gestes et bons mots) et la législation.” Si quelques bars-restaurants comme le Tandem, le Pixel ou le Kilarney ont décidé de jouer le jeu, les lieux de nuit - pourtant directement concernés - sont encore peu représentés. Ce que déplorent certains pour qui “la démarche coule de source” , comme “C’est aussi une
C ela faisait partie des pro positions portées en 2020 dans le programme d’Anne Vignot. Proposer des lieux refuges au sein de l’es pace public aux victimes de har cèlement ou de violences sexistes et sexuelles. Repoussée jusqu’ici par la crise sanitaire, elle entrera officiellement en application le 25 novembre : journée symbo lique de lutte contre les violences faites aux femmes. “Le harcèlement de rue est un vrai problème” , souligne Élise Aebischer, adjointe bisontine en
charge de l’égalité hommes femmes. Selon les chiffres natio naux, 86 % des femmes en ont déjà été victimes. “76 % disent également avoir déjà été suivies dans la rue et 8 femmes sur 10 ont peur de sortir seules le soir” , rappelle l’élue. Une réalité qui n’échappe bien sûr pas à Besan çon. “On s’est toutes déjà senties harcelées.” Pour répondre aux situations de vulnérabilité, la Ville a donc décidé d’adhérer au dispositif “Où est Angela ?” Importé d’An gleterre et déployé depuis peu
en France (Nîmes, Reims, Rouen…), il consiste à demander de l’aide auprès de commerçants en cas de problème, en pronon çant ce code “Où est Angela ?” (en référence au mot anglais “angel” et à la notion d’ange gar dien) “Toute personne qui se sent importunée ou en danger dans la rue pourra aller trouver refuge dans un bar ou unmagasin par tenaire, identifiable grâce à un macaron apposé sur la vitrine” , explique Valérie Haller, conseil lère municipale déléguée aux droits des femmes et à la lutte contre les discriminations. Et de préciser que cela pourra aussi servir “en cas de trans ou homo phobie, de harcèlement scolaire...” Ce simple geste permettrait à lui seul d’être dissuasif. Ou dans les cas les plus extrêmes, demet tre la personne en sécurité, appe ler un taxi, la police ou la faire sortir par une autre porte en lui donnant les numéros utiles (urgences, associations…). Ici, la démarche est mise en place en partenariat avec l’Union des Commerçants de Besançon (U.C.B.) et le Centre d’Informa
façon de sécuriser le centre ville.”
Doubs Direct. “C’est aussi une façon de sécuriser le centre ville. On est une majorité de filles dans le magasin et on se sent concer née” , indique Karine Dietsch, la co gérante. “D’autant qu’on le fait sans doute déjà, sans même s’en rendre compte : comme
Élise Aebischer et Valérie Haller veulent développer une cartographie répertoriant les commerces partenaires.
Doubs Direct y voit une façon de tenir les harceleurs à distance.
Infos et inscriptions des commerçants au 03 81 87 84 77 ou mlcd@besancon.fr
lorsque ce jeune ado était venu se réfugier chez nous et dont on a compris après, qu’il évitait des camarades.” n S.G.
EN BREF
UNIVERSITÉ
Un diplôme universitaire de médiation “Le métier de médiateur ne s’improvise pas”
Beau siècle Mai 1674. Louis XIV assiste en personne à la prise de Besançon. La vieille ville libre, enfin conquise, devient capitale de la province de Franche-Comté. Commence alors une période exceptionnelle de 120 ans, au cours de laquelle l’activité économique, démographique, politique, religieuse se développe. Cette vitalité et cette vie artistique sont le point de départ de la prochaine grande exposition Le Beau Siècle, qui sera présentée au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon du 10 novembre 2022 au 19 mars 2023. Slow-up La 2ème édition du slow-up Vallée de l’Ognon qui s’est tenue le 11 septembre dernier a été un vrai succès en réunissant plus de 25 000 personnes qui ont parcouru à pied, à vélo, à rollers, les 32 km sans voiture du parcours dédié à cette occasion. Pive La Pive, monnaie locale complémentaire comtoise fête ses 5 ans samedi 15 octobre. L’événement se déroule de 12 heures à 22 heures, place animations et lancement de l’App Pive ponctueront la journée. Plus d’infos au 07 49 14 75 49. de Lattre de Tassigny. Marché, restauration,
L’Université de Franche-Comté, en partenariat avec l’Institut régional du travail social, délivre le seul diplôme universitaire de la région. Catherine Tirvaudey, responsable de la formation à la faculté de droit, éclaire les enjeux de ce nouveau métier de plus en plus prépondérant, notamment dans les tribunaux.
Le travail de recherche de Catherine Tirvaudey porte notamment sur les modes amiables de règlement des différends dont fait partie la médiation.
L a Presse Bisontine : Ce diplôme univer sitaire a été créé en 2019. Pourquoi à ce moment-là ? Catherine Tirvaudey : À l’époque, l’ancien président du tribunal administratif (T.A.) de Besançon, Xavier Faessel, a encouragé à ouvrir ce type de formation car le T.A. avait des difficultés à trouver des médiateurs. Ils sont bien souvent parisiens, ou en tout cas, pas du coin. Pour des raisons de proximité, et éviter des frais de déplacement, un diplôme universitaire a donc été lancé. C’est à la base une réflexion de simple bon sens. Et les juges ont envie d’avoir des médiateurs locaux, il y a un lien de confiance entre eux. Le législateur incite à régler des litiges autrement que par le tribunal. La solu tion ne passe pas toujours par la rigueur du droit. L.P.B. : Le tribunal judiciaire fait déjà appel à des conciliateurs de justice. Quelle est la dif férence avec un médiateur ? C.T. : Les conciliateurs de justice sont des bénévoles, souvent retraités. Ils ont reçu une formation avec l’École nationale de la magistrature. Ils pro
posent une solution juridique pour que les parties s’accordent. La médiation est un peu différente. Ce n’est pas tant de trouver une solution que de rétablir la communication entre les parties. Le médiateur fait en sorte que les condi tions soient réunies pour que les parties trouvent seules la solution. Et ça, ça ne s’improvise pas. L.P.B. : D’où la nécessité d’ouvrir un diplôme universitaire ? C.T. : La médiation n’est pas une pro fession réglementée, il n’y a pas d’ordre, pas de syndicat professionnel. Il n’y a pas d’obligation légale de diplôme, ni de niveau de formation. D’un autre côté, la législation évolue pour encou rager la médiation avant la saisie d’un juge pour éviter le contentieux. Un juge peut aussi proposer une médiation judi ciaire. Dans tous les cas, les médiateurs sont formés à la gestion du conflit car ils interviennent à chaque fois que des personnes sont en désaccord ou sont obligées de continuer une relation, typi quement des parents séparés.
et sur le positionnement professionnel. Ce dernier point est important car il est essentiel d’inculquer une éthique et une déontologie. On est médiateur, pas manipulateur. Il faut les sensibiliser à l’analyse de la pratique car c’est un métier très engageant émotionnelle ment et psychologiquement, il faut trouver des espaces d’échange avec ses pairs. Dans la médiation, le seul risque est de tomber sur un mauvais média teur, un risque d’autant plus limité qu’on développe les formations. D’une durée de trois mois, renouvelable une fois, la médiation est prise en compte dans la protection juridique. On ne risque rien à tenter une médiation. n Propos recueillis par L.P.
avec l’I.R.T.S. (Institut régional du travail social). Concrètement, comment se décline le diplôme universitaire ? C.T. : L’I.R.T.S. forme déjà des médiateurs familiaux, il a les compétences pour les techniques de médiation. Et les juristes imbriquent la médiation dans le processus judiciaire. Le D.U. média tion implique de la médiation conven tionnelle ou judiciaire. La formation dure de janvier à juin, tous les vendre dis, soit 6 heures par semaine. C’est un D.U. autofinancé donc le public n’est pas étudiant mais adulte, beaucoup de juristes, des travailleurs sociaux. Il faut au minimum un Bac + 2. L’admis sion se fait sur dossier. Les cours portent entre autres sur les techniques de médiation, l’environnement juridique
L.P.B. : Le diplôme a été créé en partenariat
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