La Presse Bisontine 243 - Septembre 2022
L’événement 7
La Presse Bisontine n°243 - Septembre 2022
l Besançon Un nouveau scénario La psychiatrie attend toujours sa remontée à Minjoz Le service psychiatrie est un des derniers à être encore installé dans les vieux locaux de l’hôpital Saint-Jacques. Sa remontée n’est pas program mée avant 2025. La construction d’un nouveau bâtiment est évoquée.
“N ous ne sommes plus à six mois près…” constate le Professeur Emmanuel Haffen dans un demi-sourire. Le chef du service psychiatrie de l’adulte, comme ses collègues toujours installés à Saint-Jacques, prend sonmal en patience. Le déménagement du service dans les locaux de Minjoz n’est toujours pas pro grammé.D’autres services sont passés avant eux, notamment la direction générale du C.H.U. qui est désormais installée là-haut. La psychiatrie, comme les tout derniers ser vices encore à Saint-Jacques (médecine légale et laboratoire du sommeil notamment) attend. Les retards pris dans le lourd chantier de désamiantage de la Tour Minjoz, opération à tiroirs longue et complexe, explique en partie cette longue attente. Historiquement, il faut aussi avouer que les services de psy chiatrie ont souvent été mis à l’écart. Mais Emmanuel Haffen est philosophe. Dans le scénario ébauché lors des premières études de remontée de Saint-Jacques à Minjoz (les premiers services ont quitté Saint-Jacques il y a déjà dix ans), la psy chiatrie était censée intégrer le dernier étage du nouveau bâtiment vert de Minjoz. Deux options se dégagent désormais. La première
tient toujours, elle ne semble pourtant pas satisfaire pleinement les professionnels. “Des services de psychiatrie au dernier étage d’un bâtiment, ce n’est pas idéal” estime le Professeur Haffen qui se réjouit de voir se dessiner un deuxième scénario, très récent : la construction d’un nouveau bâtiment 100% dédié à la psychiatrie sur le site Minjoz. Ce plan B qui semble faire l’unanimité n’est pas encore validé, il fait actuellement l’objet de discussions en plus haut lieu. “Pour avoir des conditions de travail optimales, ce second scénario serait préférable” ajoute le chef du
l Psychiatrie
Une équipe mobile de prévention du suicide
Des projets malgré la pénurie de personnel Des lits sont également fermés en psychiatrie faute de personnel. Mais un hôpital de jour dédié à l’addictologie s’apprête à ouvrir à Saint-Jacques.
service, conscient que la construction d’un nouveau bâtiment prendrait forcé ment plus de temps qu’un simple emménagement dans des locaux existants. L’échéance est fixée à 2025 pour le scénario A, et pas avant 2026 pour le B. “À quelques mois près, nous préférons bien sûr bénéficier d’un bâtiment dédié.” La décision doit être prise dans les tout prochains mois. n J.-F.H.
Les services de psychiatrie ont souvent été mis à l’écart.
D ans ce contexte, l’ouverture d’un nouveau service est plutôt une bonne nouvelle. Début septembre,unhôpital de jour doté de 8 lits dans un premier temps, “et sans doute 12 d’ici l’année prochaine” ouvrira donc ses portes sur le site de Saint-Jacques, répondant ainsi à “une vraie nécessité dans le contexte actuel” note leProfesseurHaf fen, tant les pathologies liées à l’alcool ont augmenté ces derniers temps. Comme les troubles de l’humeur qui ont fait un bond de 30%ces deux der nières années selon le spécialiste. “Ce sont les effets directs du Covid sur le cerveau.Entre unCovid et une grippe, on constate que la toxicité neurologique est multipliée par deux.” L’activité auxurgences psychiatriques connaît également une hausse fulgu rante,avec “despopulationsplus jeunes et plus précaires.” La hausse signifi cative des consultations et des hospi talisations en psychiatrie expliquent donc en partie les difficultés rencon
trées par le service du C.H.U. “On n’échappe pas à la règle confirme Emmanuel Haffen. On manque de personnel médical et para-médical et on a de grosses difficultés à recruter.” De plus enplus d’étudiants terminant leur cursus préfèrent aujourd’hui se tourner vers la pratique libérale de la psychiatrie. Le service est confrontéàunparadoxe : “Jusqu’à maintenant, on avait du mal à obtenir des postes.Maintenant qu’on en a, on n’arrive pas à recru ter…” déplore le chef de la psychiatrie adulte. Résultat : la psychiatrie est contrainte de fermer des lits. Sur les 54 lits d’hospitalisation de Saint-Jacques, une quarantaine seu lement pourront rester ouverts à la rentrée. Une situation inédite dans le service. Ces 10 à 15 lits fermés devraient être transformés en lits de jour de psychiatrie générale dès l’an prochain. Résultat de ce manque de lits actuels : les listes d’attente s’allongent pour les patients néces
sitant des soins, jusqu’à 10 jours au maximum pour une hospitalisation en psychiatrie. Une équipe mobile de prévention du suicide tente de pallier les manques. Le Professeur Haffen, qui reste opti miste, compte sur une réorganisa tion du service et l’arrivée de nou velles thérapies innovantes pour attirer du personnel à partir de l’an prochain. n J.-F.H. Un nouvel hôpital de jour dédié à l’addictologie ouvre ses portes en septembre dans les locaux de Saint-Jacques.
Le professeur Emmanuel Haffen est chef du service psychiatrie de l’adulte depuis 2020.
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