La Presse Bisontine 243 - Septembre 2022

Le portrait 39

La Presse Bisontine n°243 - Septembre 2022

SCIENCES

Lauréat à l’Institut universitaire de France

Daniel Hissel, l’hydrogène est son moteur de recherche Professeur à l’Université de Franche-Comté, Daniel Hissel fait partie des huit enseignants-chercheurs de la région lauréats à l’Institut universitaire de France en 2022. Cette nomination aussi rare que prestigieuse promeut la qualité exceptionnelle de son travail scientifique et de sa recherche. Portrait d’un scientifique qui roule à l’hydrogène.

Daniel Hissel est lauréat de l’Institut universitaire de France, une nomination prestigieuse qui récompense l’excellence de ses recherches sur l’hydrogène. (photo C. Fresillon - Femto-S.T. C.N.R.S. photothèque).

I l baigne dans l’hydrogène depuis plus de 20 ans. Et si tout un cha cun risque de couler dans la complexité de ce gaz, Daniel Hissel, professeur en génie élec trique et système pile à combustible, chercheur à l’institut Femto-S.T., explore les multiples utilisations de cet objet de recherche en chimie depuis longtemps. Daniel Hissel et son équipe sont précurseurs dans son intégration système en tant qu’énergie.Demanière globale, l’hy drogène peut contribuer à décarbo ner certains secteurs industriels, assurer le stockage de l’électricité ou alimenter le secteur des trans ports. “Cela fait 20 ans qu’on déve loppe des activités autour de l’hy drogène dans sa production, le stockage, la conversion/utilisation dans des piles à combustibles, explique-t-il très simplement. L’idée est d’utiliser l’électricité produite dans les transports mais aussi dans l’alimentation des bâtiments via des groupes électrogènes.” Le tout dans une filière aussi verte que possible. L’hydrogène n’existant pas seul à l’état naturel, il faut le produire. “Il faut séparer l’hydrogène de l’eau grâce à une électricité qui est décar bonée (ce qui inclut le nucléaire) et/ou verte” , poursuit Daniel Hissel. Si l’électricité est verte, toute la filière le sera. “Il y a plein d’appli cations sur l’ensemble de la chaîne avec aucune émission de gaz à effet

de serre. Par exemple, une partie de la batterie des véhicules élec triques est remplacée par une pile à l’hydrogène, le seul polluant, c’est l’eau qui sort du pot d’échappe ment.” Ingénieur électricien et non chi miste, le scientifique planche sur les aspects systèmes, soit intégrer l’énergie de l’hydrogène pour une meilleure efficience, un meilleur rendement, une meilleure durée de vie, un impact environnemental le plus faible possible et une dimi nution des coûts. “J’ai été nommé à l’Institut universitaire de France pour l’intégration de tout ce qu’on a développé dans un outil matériel et logiciel qui intègre le diagnostic/pronostic des piles à hydrogène.On le propose aux indus triels pour augmenter/améliorer les performances de leur matériel, la durée de vie et le coût, car certains objets restent chers” , illustre-t-il. Cette nomination s’accompagne d’un financement de l’État pour faciliter la recherche. Le professeur des Universités est également déchargé de deux tiers de ses cours pendant 5 ans, lui permettant de se dégager du temps pour la recherche. En 2017, Daniel Hissel a reçu la médaille Blondel, décernée par la société des électriciens/électroni ciens qui regroupe des chercheurs et des industriels. Cette médaille

Bio express l 1994 : diplôme d’ingénieur à l’école nationale supérieure d’ingénieur électricien de Grenoble l 1998 : Thèse de doctorat sur la commande floue de systèmes électromécaniques. Il rejoint ensuite Alstom Transports à Tarbes. Il travaille sur des projets de bus hybride et à pile à combustible l 2000 : Maître de conférences en automatique à l’I.U.T. de Belfort-Montbéliard l 2006 : Professeur des Universités en génie électrique et Hydrogène-énergie à l’Université de Franche-Comté l 2008 : Il rejoint le département Énergie au sein de Femto-S.T. l 2017 : Récipiendaire de la médaille Blondel Il co-fonde l’entreprise H2SYS à Belfort dont il est le conseiller scientifique l 2020 : Médaille de l’innovation du C.N.R.S. Il devient la même année directeur adjoint de la Fédération nationale de recherche sur l’hydrogène. Il est également administrateur du Pôle compétitivité Véhicules du futur l 2022 : Membre senior de l’Institut universitaire de France Vice-président de l’Université de Franche-Comté en charge de l’innovation

présent les solutions de recyclage de ces piles à combustible. “Les matériaux impactants sont très largement moindres que les bat teries classiques. L’élément le plus fragile est le platine qui est un métal extrêmement rare mais qu’on sait très bien recycler” , sou ligne Daniel Hissel, qui reste vigi lant sur l’origine des produits. En 20 ans, les performances des objets fonctionnant avec une pile à combustible ont considérable ment augmenté - “dans un ratio de 50” - tandis que le prix a été divisé par 30. Le filon de l’hydro gène dans ses applications est loin de s’épuiser. Et Daniel Hissel reste l’un des premiers chercheurs de cet or vert. n L.P.

récompense son activité de recherche transférée dans l’in dustriel. En 2020, il est lauréat de la médaille de l’Innovation du C.N.R.S., qui couronne ses travaux novateurs dans le domaine de l’hydrogène et de ses applications. Offrir des retombées intéressantes pour le citoyen est son objectif. “J’ai une sensibilité particulière, j’ai toujours le côté application en tête sur des objets qui peuvent ren contrer des attentes sociétales, comme la réduction de l’impact environnemental” , relève-t-il. Outre des exemples concrets comme la flotte de bus à hydro gène àBelfort et Dijon, les travaux de recherche de Daniel Hissel et son équipe peuvent générer des

retombées économiques sur la région avec une filière d’emploi. En 2017, le scientifique cofonde avec Sébastien Faivre, la start up H2SYS, devenue aujourd’hui une P.M.E. de 30 salariés. L’en treprise développe des groupes électrogènes à l’hydrogène, sans bruit ni pollution. “Une application intéressante serait dans les festi vals de musique. Comme ils ne font pas de bruit, on peut les ins taller près des scènes” , avance le scientifique. Avec son équipe d’une centaine de chercheurs au sein de Femto S.T., qui constitue l’un des plus gros laboratoires de France au sein duC.N.R.S. travaillant autour de l’hydrogène, il imagine dès à

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