La Presse Bisontine 240 - Juin 2022

28 Le dossier l N.U.P.E.S.

La Presse Bisontine n°240 - Juin 2022

Stéphane Ravacley “Si on ne rentre pas dans le système, on est morts” Attaché aux valeurs sociales défendues durant sa grève de la faim, Stéphane Ravacley porte le vent d’un renouveau, la voix des artisans, et la volonté d’une politique écologiste.

L a Presse Bisontine : Vous avez souhaité nous recevoir à la Rodia, ancien site industriel en cours de réhabilitation. Pourquoi ici ? Stéphane Ravacley : C’est le monde ouvrier, un site important à Besançon. Architecturalement, c’est très beau, désormais on s’y amuse, la jeunesse s’en empare. C’est encourageant. L.P.B. : À l’image de la Rodia, il y a une vie après la mort. De votre côté, une nouvelle vie se dessine, celle d’homme politique. Avez-vous enfilé le costume après celui de boulanger ? S.R. : Je l’ai à 50 % pour l’instant, car la nuit et le matin tôt j’ai le costume de boulanger. Ce cos tume me va bien car ce n’est pas de ma faute si je suis rentré en politique, c’est le fait d’un silence administratif de onze jours suite à ma grève de la faim. Si la Pré fecture de Haute-Saône m’avait appelé après mon premier jour de grève de la faim que j’ai faite pour mon apprenti menacé d’ex pulsion, on n’aurait jamais entendu parler demoi (N.D.L.R. : M. Ravacley demandait que Sa mesure symbole Défendre et améliorer la loi “Ravacley” “Je veux défendre et améliorer la proposition de loi que j’ai faite. Protégeons ces gamins qui sont dans nos sociétés, car ils bos sent, ils consomment. C’est une gabegie de les voir partir d’autant qu’ils font le job. Cette proposition de loi m’appartient” dit-il. n

Laye, apprenti Guinéen, soit régularisé. Il a obtenu gain de cause). C’est cela qui a fait que je suis devenu un monstre. L.P.B. : Pourquoi ce terme ? S.R. : Il y a une telle différence entre celui que j’ai toujours été et celui que je suis, que c’est une métamorphose pour moi. L.P.B. : Vous avez réussi à faire l’una nimité au sein des écologistes et de la gauche. Ils vous ont choisi pour représenter l’alliance. Ce n’était pas gagné. Comment l’analysez-vous ? S.R. : J’appelle depuis des mois, et bien avant la Présidentielle, l’union des gauches est des éco

nale, c’est pour y faire quoi ? S.R. : Quand j’y suis allé le 13 octobre dernier pour la pro position de loi (dite Ravacley sur le sort des mineurs non accompagnés), j’ai entendu de nombreuses contre-vérités mais je ne pouvais pas parler ! C’est à ce moment que j’ai compris qu’il fallait rentrer dans le sys tème, sinon, nous sommes morts ! L.P.B. : L’autre marche, c’est l’élection. Lorsque l’on est novice en politique, cela va coûter des points face au député sortant ? S.R. : Je ne fais pas dans la langue de bois. Si je dois répondre à une question que je connais, je le dis, et je m’entoure des bonnes personnes pour. Cela fait trois mois que je vais dans une aca démie politique. Tous les jours, des dossiers m’arrivent, j’ap prends. Par cette union, des per sonnes viennent dans notre groupe et travaillent avec nous. Toutes les intelligences sont là. Les gens sont prêts à élire des personnes qui ne sont pas des

croissant”. L.P.B. : Qu’est-ce donc ? S.R. : On doit avoir un regard sur l’apprentissage car on donne une allocation de 7 000 euros à une entreprise sans se soucier de savoir si l’apprenti est bien suivi. Des apprentis sortent de boulangerie et ne savent pas fabriquer un croissant. Je me dis qu’il n’avait pas un bon patron ! Est-ce normal alors que les caisses de l’État soient vides ? Moi patron, je veux être visité pour voir ce que fait le jeune. L.P.B. : Serez-vous un député à temps plein ? S.R. : Je suis un marathonien. Je me suis organisé pour être député et garder mon métier. Je reprends le slogan de l’abbé Pierre : “Aidez-moi à agir.” n Propos recueillis par E.Ch. Son parcours l Stéphane Ravacley a 53 ans l Il est divorcé, sans enfant l Son métier : boulanger l Sa suppléante est Nabia Hakkar-Boyer, 38 ans, conseillère régionale P.-S.

Stéphane Ravacley, le candidat soutenu par la N.U.P.E.S.

professionnels de la politique. Il y a un vent d’espoir pour chan ger l’Assemblée, notamment la jeunesse. L.P.B. : Dans quelle case vous placer politiquement ? Écologiste, de gauche, mélenchoniste ? S.R. : Vu ma structure corporelle, je ne rentre dans aucune (rires). Je suis libre. Dans tous les partis, il y a de bonnes choses à prendre, je suis dans la positivité de l’ad dition des gauches. L.P.B. : Quel bilan tirez-vous du député sortant, Éric Alauzet ? S.R. : C’est un client de ma bou langerie. Il nous a aidés, sans y arriver, pour l’Ukraine. Je ne suis pas celui qui va taper sur les uns et les autres. Je ne l’ai jamais fait. J’ai du respect. L.P.B. : Pensez-vous pouvoir faire bas culer la circonscription ? S.R. : L’addition des gauches et des écologistes fait que nous sommes beaucoup plus forts qu’avant. À nous de bien tra vailler pour changer la méthode.

des transports publics ? S.R. : Je n’aime pas ce terme de gratuité car c’est toujours payé par quelqu’un. Je préfère dire une aide à nos jeunes. Écologi quement, nous en avons besoin, l’aide doit venir de l’État. L.P.B. : Le dossier des éoliennes divise le plateau de Saône. Quelle est votre vision de la transition environnemen tale ? S.R. : On a besoin de tous les mix. L’éolienne, personne n’en veut dans son jardin. On doit parler. Il ne faut pas bétonner les terres agricoles et il faut utiliser les friches industrielles. Faisons un plan urbain de tout ce qui est vide. On a besoin d’entreprises, mais du béton, il y en a assez. L.P.B. : Le social, on l’a compris, c’est dans votre A.D.N. Faut-il faire plus ou mieux ? S.R. : L’allocation jeunesse, je suis pour. On a une jeunesse perdue, on doit leur redonner espoir avec une politique de l’em ploi, de l’apprentissage en démontrant que l’apprentissage est un ascenseur social mais il faut une loi que j’appelle la “loi

logistes. Ils m’ont choisi, moi, une personne de la société civile, c’est rassurant. Il y a des pistes vers un renou veau de l’Assem blée. L.P.B. : Si vous allez à l’Assemblée natio

“Vu ma structure

corporelle, je ne rentre dans aucune case.”

Stéphane Ravacley accompagné de sa suppléante, Nabia Hakkar-Boyer.

L.P.B. : Votre position sur la gratuité

l Parti Pirate Les autres candidats de la 2 Geoffrey Thomassin, un pirate aux législatives Le micro-parti Pirate a basé son programme sur la protection des droits et libertés fondamentales, dans le domaine numérique, mais pas que.

coup trop laxistes par rapport à son impact sur le climat mais aussi l’éco logie dans son sens originel.” Sur le plan local, le candidat souhaite s’intéresser “à la vie des habitants de la circonscription, déployer des solu tions pour le télétravail, le coworking… ce qui rendrait du pouvoir d’achat et du temps aux travailleurs. Je souhaite également mettre en place une plate forme pour une remontée des doléances beaucoup plus rapide” dit-il. Titulaire d’un bac scientifique, ce céli bataire de 35 ans travaille aujourd’hui à temps complet en tant que rédacteur sur le site alloforfait.fr, en lien avec l’univers des télécommunications et les médias-plateformes. “J’ai donc un

Geoffroy Thomassin, 35 ans, candidat du Parti Pirate sur la 2.

G eoffreyThomassin, 35 ans, céli bataire, sans enfant, repré sentera le Parti Pirate dans cette circonscription. Logiquement, il

dit vouloir défendre dans cette cam pagne “l’univers du numérique qui fait partie intégrante de nos vies et sur lequel nous déplorons des études beau

de grimper à bord du bateau pour cette aventure des législatives” ajoute t-il. n J.-F.H.

profil assez technique qui m’a natu rellement orienté vers quelques per sonnes de cet univers qui étaient pour beaucoup au Parti Pirate et j’ai décidé

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