La Presse Bisontine 240 - Juin 2022

14 Besançon

La Presse Bisontine n°240 - Juin 2022

PATRIMOINE Donation 5 000 dessins originaux de l’Abbé Garneret rejoignent le Musée Comtois L’association Folklore Comtois, propriétaire d’un vaste fonds de dessin laissé par l’abbé, a décidé d’en faire don à la Ville. Cette collection est rassemblée au Musée Comtois à la Citadelle.

P arce qu’il lui devenait difficile de continuer à conserver ce fonds dans de bonnes conditions et pour le valoriser au mieux, l’as sociation s’est naturellement tournée vers le Musée Comtois, dont l’Abbé Garneret était justement à l’initiative. Une façon de boucler la boucle, en pour suivant son œuvre de préservation et de transmission du patrimoine régional. “Il ne les considérait sans doute pas comme des pièces d’intérêt ou des œuvres d’art à proprement parler. Ses dessins ont pourtant une valeur réelle, à la fois pécuniaire et historique” , remarque Bruno Chaton, président de Folklore Comtois. Ils font aujourd’hui partie de ces témoignages qu’il affectionnait tant. L’abbé Garneret est d’ailleurs connu pour sa collecte matérielle et imma térielle de tout ce qui faisait le mémoire populaire comtoise. Né en 1907 à Cler val, il avait permis de créer quatre musées, entièrement consacrés au ter ritoire. On en compte aujourd’hui encore deux : le Musée des maisons comtoises à Nancray et leMusée Comtois, d’abord implanté en centre-ville puis déménagé

Aurélie Carré et Bruno Chaton sont heureux de faire vivre la mémoire de l’Abbé Garneret.

trait. “On voit une évolution dans son travail. L’approche est au début très artistique, puis plus ethnographique et se tourne finalement vers la tech nique” , observe la conservatrice. Une bonne partie concerne la Franche Comté, même si l’on découvre que l’Abbé Garneret a aussi beaucoup voyagé. En 2007, l’association Folklore Comtois avait déjà fait don au Musée Comtois d’un peu plus de 69 000 clichés et négatifs. Une exposition hommage, l’année de son décès en 2002, avait permis de découvrir une partie de ses réalisations. D’autres présentations pourront avoir lieu ponctuellement. “On mettra en ligne peu à peu ce nou veau fonds de dessins sur le portail Mémoires vives” , préciseAurélie Carré. Une façon “de conserver au peuple son butin’’ selon la propre expression de l’Abbé Garneret. n S.G.

à la Citadelle. Ce qu’on connaît moins en revanche, c’est l’œuvre considérable qu’il a laissé derrière lui : écrits, archives sonores, photographies et dessins. “Il a com mencé à dessiner adolescent. Ce fonds s’étend des années 1923 à 1998. C’est le travail de toute une vie” , reconnaît Aurélie Carré, conservatrice en chef du patrimoine et directrice du Musée Comtois. Entre 4 500 et 5 000 feuillets, de for mats divers, ont été remis par l’asso ciation. Un premier dépôt a été effectué en 2019. L’intégralité est aujourd’hui réceptionnée dans les réserves du Musée. Reste désormais à les inven torier et les numériser. On retrouve dans cette collection aussi bien des croquis d’architecture et de paysages de villes étrangères, que des représen tations des remparts de la Citadelle ou de végétaux, et même un autopor

Lors de la signature de la convention pour le don, à la

Citadelle le 13 mai dernier.

EN BREF

NATURE

Insolite, le retour du castor Le castor s’établit et bâtit à Besançon Le rongeur, aperçu entre Besançon et Chalezeule, est présent depuis quelques années déjà sur les berges du Doubs. À ne pas confondre avec les ragondins de Micaud.

Chaucenne La société T.H. (Dole), spécialisée dans la construction à impact environnemental et sociétal positif installe 9 logements sociaux à Chaucenne, en collaboration avec le bailleur social Néolia. Il s’agit d’habitats modulaires bas carbone en bois, sans eau et sans déchet depuis 2014 dans sa première fabrique de 5 000 m2 implantée à Dole. L’opération globale de montage ne prendra que quelques semaines. Versatile C’est une soirée concert gratuite co produite par la Rodia, entièrement sonorisée et mise en lumière par les étudiants en fin de cursus de régie de spectacle son et lumière, comme une épreuve du feu. Ce projet est aussi le premier en présence de public depuis la pandémie du Covid pour ces étudiants. Plus d’infos sur http://dnmade.besan con.free.fr/Bienvenue. html

L es castors de Besançon n’ont pas - encore - construit de barrage et ne le feront probablement jamais. La profondeur d’eau du Doubs, de l’avis d’Ondine Dupuis, est suffisante pour que ce mam mifère puisse discrètement entrer et sortir de son terrier hutte ou simplement nager, comme il sait si bien le faire. Chargée d’études à la Ligue de Protection des oiseaux, cette spé cialiste des mammifères suit la progression des castors dans nos rivières de Bourgogne-Franche Comté, une espèce qui a failli disparaître de nos cours d’eau. En 1900, il restait une dizaine d’individus en France. Discret, l’animal sort exclusivement la nuit. Pourtant, sa présence le trahit par les bois qu’il ronge à la manière d’un crayon ou en flûte. Cette image, nous avons pu la constater sur une berge du Doubs, en amont de laMalate à Besançon. Rien d’exceptionnel

pour la spécialiste de la L.P.O. “puisque le castor a colonisé la vallée du Doubs depuis 2002. Sa présence dans notre région remonte à 1996, dans le Jura. Il remontait de la Saône” explique Ondine Dupuis. Depuis, cet excellent nageur - dont l’effectif de population n’est pas clairement défini - est remonté jusqu’à Montbéliard via le Doubs et depuis un an dans le Territoire-de-Belfort, au fil des naissances. Il est égale

Un castor sur le

Doubs (photo Wildmedia).

ment dans la Loue. Sa présence n’a d’ail leurs aucun lien avec la qualité de l’eau. Il s’adapte. À Besançon, des traces de sa présence ont été confirmées dès 2015 au niveau de l’île de Malpas. Le rongeur, à ne pas confondre avec le ragondin qui n’a pas la queue plate, est

considéré comme le jardinier des rivières. Espèce ingénieuse, elle remodèle la morphologie des berges par ses coupes, assure la pousse de buissons dont les racines fixent les berges. Suivi par l’Office français de la biodiversité (O.F.B.). l’espèce protégée parvient à franchir les seuils. “Dans certains endroits, des passages sont confectionnés pour lui permettre de passer” témoigne la L.P.O. Il n’a pas de

prédateur… hormis s’il s’aven ture sur la berge. Jusqu’à présent, peu de conflits d’usage sont à noter avec ce bâtisseur des rivières : “Avec les barrages, il se peut que l’eau déborde à certains endroits.Notre rôle est d’aller à la rencontre des propriétaires” poursuit la L.P.O. Là où sa présence est attestée, des arrêtés municipaux peuvent être pris pour éviter le piégeage des ragondins, piège qui pourrait

se refermer sur le castor. Quant à ces rongeurs que vous voyez à Micaud ou à Saint-Paul, ce sont des ragondins. Et pour le moment, aucun castor n’est venu manger une carotte dans lamain d’un homme, ce que font les ragondins de Micaud.Attention, le ragondin transmet la leptos pirose, une maladie qui peut causer des insuffisances rénales. n E.Ch.

Ses effectifs sont peu connus.

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