La Presse Bisontine 240 - Juin 2022
12 Besançon
La Presse Bisontine n°240 - Juin 2022
HISTOIRE
600 ans de l’Université de Franche-Comté
300 ans après, Dijon refait le coup à Besançon L’histoire, un éternel recommencement. En 1691, le transfert du siège de l’Université de Dole à Besançon se réalise dans la douleur. Il permet le rayonnement bisontin. En 1723, c’est l’ouverture à Dijon d’une faculté de droit qui jette le trouble. Le début d’une concurrence.
S es 600 bougies, l’Univer sité de Franche-Comté les soufflera à la rentrée de septembre, dans un contexte particulier, celui de son rayonnement européen. Autour du gâteau, le voisin dijon nais apportera-t-il un présent, celui d’une véritable coopération de gagnant-gagnant ? La réponse doit être tranchée rapidement (lire plus loin). L’histoire prouve que la construc tion universitaire fut un chemin tortueux, voire violent, où le jeu politique a joué un grand rôle. Dole ne prétendra pas le contraire. C’est là-bas, en 1423 que le duc Philippe le Bon ouvre l’Université
des deux Bourgognes (la “ducale”, l’actuelle Bourgogne et la “com tale”, l’actuelle Franche-Comté) qui comprend trois facultés : théo logie, droit canon et droit civil,
Nicolas Belloni, qui donnent à Dole un rayonnement internatio nal. En 1562, Dole compte 268 étudiants, dont 45 Comtois et 223 étrangers. La suite se complique pour la ville jurassienne. Punie pour avoir trop longtemps résisté, perd son rôle de capitale de Franche-Comté au profit de Besançon où Louis XIV transfère l’Université en 1691. “Ce transfert ne se réalise pas sans difficulté, puisque l’Université, qui a trouvé refuge dans une partie du couvent des Carmes (en bordure du jardin de Granvelle), doit avoir recours aux hommes d’armes pour pénétrer dans l’enclos que les Carmes avaient muré pour obtenir un prix
médecine. Le corps professo ral, essentielle ment comtois, est renforcé de temps à autre de quelques “ténors” étran gers recrutés à prix d’or, notam ment des juristes italiens, dont Anselme de Marenches et
Le transfert de Dole à Besançon mouvementé.
logie, droit, médecine - participe au grand épanouissement que connaissent la ville et la province au XVIII ème siècle. Besançon, assurée par Louis XV qu’il n’y aurait qu’une université pour les deux Bourgognes, va déchanter, en 1723, avec l’ouver ture d’une faculté de droit canon
et de droit civil. Sous Louis XVI, les crises politiques, sociales, éco nomiques et financières, relèguent dans la pénombre l’Université dont les ressources s’amenuisent. Le coup de grâce est donné par le décret de la Convention du 15 sep tembre 1793 qui supprime toutes les universités de l’ancien régime.
de location plus avantageux” raconte l’Université de Franche Comté. C’est Louis XIV qui octroie des subsides de fonctionnement à l’Université, la ville ayant refusé toute aide financière. Malgré ces débuts difficiles, l’Université, qui se compose de trois facultés - théo
UNIVERSITÉ
Fusion, bi-site, convention de coopération…
La réunion de la dernière chance Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le 20 mai, a convoqué les deux universités, le Préfet de Région, la rectrice d’académie, pour surmonter la crise, qui pourrait, à terme, reléguer au second plan nos établissements.
Après les temps som
bres, place à une éclaircie pour la coopé ration des deux universi tés de Bour gogne et de
R éunies autour d’unemême table après s’être écharpées, les Uni versités de Bourgogne et de Franche-Comté ont évoqué leur avenir auministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le 20 mai, alors que le nouveau ministre n’était pas désigné. Un avenir commun ou dis socié, voilà la nouvelle destinée à laquelle doit répondre l’État. La séquence n’a débouché sur aucune déci sion officielle selon nos informations. Cette réunion à laquelle participaient le Préfet de Région, la rectrice d’Aca démie et les directeurs des sept éta blissements d’enseignement supérieur et de recherche des deux régions, res semblait à celle de la dernière chance après les déclarations polémiques qui ont ponctué ce début d’année. La der nière en date est celle de Vincent Tho mas, le président de l’Université de Bourgogne, qui, invité par le Président de l’Agglomération du Grand Dijon à un conseil communautaire, a clairement indiqué la création d’un établissement unique au sein duGrand Campus dijon
nais. Il a posé un ultimatum. Si au 31mai, l’État n’accède pas à sa demande d’un bi-siège à l’Université de Bour gogne-Franche-Comté (U.B.F.C.), conjointement au siège bisontin, il sou haite tout bonnement supprimer l’U.B.F.C., au profit d’une convention de coopération territoriale. Une annonce, sinon une attaque, que ni l’Université de Franche-Comté par la voix de sa présidenteMachaWoronoff, ni le président d’U.B.F.C. Dominique
Franche Comté ?
actuelle à des fins de délocalisation” et réclament le “respect des accords poli tiques établis lors de la fusion des régions.” Accords devenus caducs pour le président bourguignon : “L’U.B.F.C. montre une fois de plus son incapacité à offrir aux chercheurs, aux enseignants et aux personnels un cadre institutionnel adapté. La C.O.M.U.E. (communauté d’établissements) rencontre aujourd’hui une nouvelle crise, qui s’apparente à celle qui a abouti à une année complète d’opposition entre les établissements il y a quatre ans, suivie de deux ans d’ad ministration provisoire, puis d’un an de tentative de reconstruction, avec de
nouvelles têtes, d’un modèle de coopé ration qui est en train d’échouer” estime Vincent Thomas. Une attaque non com mentée par Dominique Grevey, le pré sident fédérateur d’U.B.F.C., ou les Francs-Comtois, qui mettent leur poing dans la poche. Seul la Première ministre peut officia liser un bi-siège qui, s’il est accepté, ferait jurisprudence. Nancy et Metz, par exemple, demandent lamême chose. Quant à une fusion, elle semble difficile au regard des antagonismes séculaires des deux entités dijonnaises ou bison tines. n E.Ch.
entités devait être portée par l’U.B.F.C. laquelle a vécu des crises internes, avec la démission de son président Nicolas Chaillet en décembre 2018, et des vic toires avec l’inscription au classement de Shanghai de la production scienti fique. Une convention de coopération territoriale (C.C.T.) comme le voudrait la Bourgogne ferait tomber tous les établissements de ce classement mon dial. Les élus francs-comtois ne veulent pas s’y résoudre. Dans un courrier commun, les prési dents d’agglomération de Besançon, Montbéliard, Belfort et Vesoul “refusent de voir déconstruire l’organisation
Grevey n’ont souhaité commenter. “Il y a beau coup de condescendance du côté dijonnais envers la Franche-Comté. L’Uni versité de Bourgogne, parce qu’elle représente 50 % des effectifs (35 000 étudiants), a un sentiment de puissance” estime un protagoniste franc-com tois qui préfère ne pas apparaître. Depuis 2015, la puissance universitaire des deux
Seul la Première ministre
peut valider un bi-siège.
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