La Presse Bisontine 239 - Mai 2022

Le portrait 39

La Presse Bisontine n°239 - Mai 2022

BESANÇON Le photographe Jean-Christophe Polien

Flash avec

les stars Voilà bientôt six ans que Jean-Christophe Polien est revenu à Besançon pour réaliser une série de portraits sur les commerçants et habitants du quartier Battant. Depuis, il n’a plus quitté la cité bisontine. Rencontre avec le “photographe des stars” qui auparavant a shooté les plus grands noms du rock à Paris ou ailleurs.

F aire le portrait d’un spé cialiste du portrait. Un plaisir d’autant plus grand que dresser le por trait d’un artiste est sou vent faire le portrait de quelqu’un de secret.Avec le Bisontin Jean-Christophe Polien, la photo graphie a eu de la chance car le natif de Gray aurait très bien pu finir comptable. Et on n’en aurait peut-être jamais entendu parler. “J’ai eu mon diplôme de C.A.P.

gée sur le ventre avec une pâque rette. Je l’avais prise avec un vieux Canon AE-1.” Les spécialistes apprécieront. Lancé, il se met en tête d’acheter un Contax R.T.S., la “Rolls” des appareils de l’époque. Et de mêler sa passion de la photo avec celle de la musique. Habitué au Lux et auMontjoye, les temples bisontins de la musique dans les années quatre-vingt, ses terrains de jeu étaient tout trouvés. “J’ai shooté des groupes comme Charles Bau delaire ou Certain General. Je pas sais mes journées chez Ladret, un bistrot rue Pasteur à Besançon. Après, on allait au “Chemin des Loups” rue Courbet où on refaisait le monde. Concernant les bistrots, il y avait des chapelles à l’époque, il fallait choisir son camp !” pour suit celui qui, dans le même temps, avait lancé son association “Équi libre précaire”, un repaire de musi ciens, de graphistes. D’artistes. Pour vraiment travailler dans l’univers de la musique en tant

Fan absolu de Raymond Depardon, Jean-Christophe Polien a navigué entre Paris et Besançon pour vivre de sa passion. Ses souvenirs sont gravés dans sa tête… et sur pellicule (photo : S. Bouaziz)

Bio express l I964 : naissance à Gray l 1980 : première photo importante l 1989 : première photo dans Libération au lendemain d’un concert de Jad Wio (groupe de rock français des années quatre-vingt) à l’Élysée Montmartre de Paris. Le groupe avait Étienne Daho comme invité. l 2002 : rencontre avec Carla Bruni à l’occasion de la sortie de son premier album “Quelqu’un m’a dit”. Rencontre au domicile de l’ancien mannequin pour une séance de photos de presse, où Carla Bruni s’est dit ravie de voir Jean Christophe Polien utiliser le même appareil… qu’Helmut Newton ! Une référence.

le tour du monde…” Spécialisé dans la musique, Jean-Chris tophe Polien n’est pas complè tement insensible à la politique. Quand on l’interroge sur l’un des douze candidats du premier tour de 2022 qu’il aurait aimé mettre en boîte, il répond sans hésiter. “Jean Lassalle, car il a une vraie gueule. Je suis sûr qu’il doit être capable de faire des trucs complètement décalés. Si tu lui demandes de mettre des oreilles de lapin, je suis sûr qu’il le fait…” n A.A.

que photographe, il prend la direction de Paris à la fin des années quatre-vingt. “Grâce à Marion Guilbaud, qui est aujourd’hui programmatrice musicale à France Inter, j’ai rencontré beaucoup de monde.” Parmi les nombreux artistes qu’il a pu shooter, ACDC, Blur, les Red Hot Chili Peppers, les Rita Mitsouko, Rachid Taha, M. Ou encore Oasis. “J’étais avec eux dans les loges” se sou vient Jean-Christophe en se remémorant un soir de concert à Paris où Oasis était pro

grammé pour un concert excep tionnel en présence d’une autre légende, Neil Young. “Neil Young frappe à la porte. C’était mon idole. En une fraction de seconde, je me suis revu dans ma piaule d’ado. Je venais de voir Dieu le Père.” Dans la série grosse pointure, il y a eu aussi la dernière séance photo de Noir Désir pour Rock’n’Folk. “ Mais ma photo préférée reste celle du chanteur des Clash faite peu de temps avant sa mort en 2000. Une photo en argentique qui a fait

comptable mécano graphe mais je n’ai jamais exercé” relate cet autodi dacte. “Je ne me voyais pas derrière un bureau.” Il s’imaginait plutôt derrière un appa reil photo. “Je me souviens de mon premier modèle, c’était une petite amie d’adolescence, en Bretagne, allon

Son cliché des Clash fera le tour du monde.

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