La Presse Bisontine 238 - Avril 2022
Le portrait 39
La Presse Bisontine n°238 - Avril 2022
BESANÇON Philippe Crémer, conseiller municipal atypique De la rue à élu Au cœur d’une polémique l’opposant à l’équipe “ Besançon Maintenant”, le retraité découvre la vie de conseiller municipal, et avec elle, ses codes. Sa délégation aux dispositifs des sans-abri et à l’accompagnement des migrants prend tout son sens chez cet homme qui a connu la précarité. Un parcours qui façonne.
P hilippe Crémer, 67 ans, ne s’est pas engagé en poli tique pour que l’on se sou vienne de lui. Le retraité qui entame son premier mandat de conseiller municipal au sein de la majorité préfère l’action. Derrière une santé fragile, le Bison tin encarté chez “Génération.s” s’est fait remarquer en début d'an née pour ses déclarations envers l’opposition “Besançon Mainte nant”, de droite, qu’il a associée à un parti “se rapprochant du fas cisme” occasionnant un clash et une demande d’excuses, que l’op position n’a pas eues. Philippe, peut-être maladroit sur le coup, ne souhaite plus en parler. La maire l’a d’ailleurs recadré en réunion de municipalité. Il sera plus prudent la prochaine fois. “J’aurais dûmodé rer mes propos” lâche-t-il. Du haut de ses 67 ans et derrière ses larges épaules légèrement voû tées, ce père de famille qui a com battu un cancer, surmonté récem ment des
voire parfois de manière hâtive comme ce fut le cas ce soir du 30 janvier, en séance publique. Avant de faire valoir ses droits à la retraite, Philippe bourlingue durant vingt ans comme chauffeur routier et crée sa propre entreprise. Et puis, survient un aléa de la vie : un divorce, la perte de son emploi, le voilà au R.S.A. puis sans domi cile stable. L’homme connaît la rue, des hivers passés sans se chauffer dans un logement de for tune. Il parvient à se relever, se soigne mentalement et physique ment, bien aidé par les services sociaux de Besançon qu’il remercie chaleureusement. Cette histoire, peu commune, fait de lui le candidat idéal pour occu per la délégation relative “aux dis positifs d’accueil des sans-abri et accompagnement des migrants” , une délégation nouvelle voulue par l’équipe Besançon par Nature. C’est Anne Vignot qui a souhaité qu’il embrasse cette fonction dans laquelle le “jeune” élu s’engage à fond. Paradoxal sachant que la politique n’a jamais été sa tasse de thé. “Je dis qu’un élu ne doit pas faire plus de deux mandats ! Sinon, il est déconnecté et devient un professionnel de la politique.” Philippe a préféré par le passé le militantisme avant de s’engager dans les municipales 2020 aux côtés de Génération.s : “Mes enfants m’ont toujours entendu râler pendant plus de trente ans. Je voulais leur montrer que l’on peut faire bouger les lignes. Je les
Philippe Crémer, un conseiller municipal qui détonne. Ici, lors de l’accueil d’Ukrainiens.
Bio express l 67 ans, retraité, père de famille l Il travaille comme chauffeur routier durant 20 ans l l a créé son entreprise l En 2020, il décide de se lancer en politique avec Génération.s l Il est élu conseiller municipal délégué sous la liste Besançon par Nature l 30 janvier 2022, il s’emporte au conseil municipal face à l’opposition l Mars, il accueille les réfugiés ukrainiens dans le cadre de sa délégation relative aux réfugiés
le conflit ukrainien. Le conseiller municipal s’est associé dès le début - avec les autres élus bisontins - à l’élan de solidarité entrepris par le boulanger Stéphane Ravacley, a accueilli les réfugiés à l’arrivée du premier convoi. Dans une de ses idées, Philippe Crémer aimerait créer une carte d’identité bisontine pour les S.D.F. et migrants, une carte qui pourrait ouvrir le droit à un pass culture à ces personnes, et à un pass sport. Tout ceci n’est que réflexion. L’élu craint 2022 et un afflux de personnes ayant recours à l’aide alimentaire “du fait de la précarité énergétique et de la réforme des allocations-chômage. Qui va récupérer ces personnes en grande difficulté ? Le C.C.A.S. et les asso ciations comme la Banque Alimen taire, la Croix-Rouge, le Secours populaire, le Secours catholique… ” déplore le Bisontin qui assure que la Ville sera présente, au rendez vous. Philippe, malgré des douleurs récalcitrantes, sera lui aussi toujours là pour aider les autres. n E.Ch.
chiens, à des femmes d’être accueil lies dans un espace où elles peuvent rencontrer un travailleur social ou bénéficier de soins esthétiques. Parmi les autres projets : trouver 10 logements pour des femmes à la rue afin qu’elles puissent se poser, trouver unmoment de répit. Renou veler le contrat avec la Maison d’ar rêt de Besançon afin d’anticiper la sortie de détenus pour leur éviter qu’ils ne se retrouvent seuls dans la rue, voués à un échec de réinser tion. S’il avoue ne pas maîtriser les codes politiques, l’élu ne rate pas une occasion pour égratigner le gouver nement : “Emmanuel Macron avait promis qu’il n’y aurait plus de S.D.F. à la fin de sonmandat.Aujourd’hui, on en a 300 000. On peut me répon dre que je n’ai pas le droit de dire cela, mais c’est la réalité !” poursuit Philippe avec son franc-parler. Comme de nombreux élus, il a découvert “que le temps politique n’est pas le temps humain.” Ce “temps humain”, il a toutefois pu le mettre en application depuis
ai scotchés quand je leur ai dit que je m’engageais” explique celui qui a toujours voté blanc après l’élection présidentielle de 1981. Tous les jours ou presque, Philippe est sur le pont dans un mandat qu’il juge “prenant et passionnant.” C’est le seul élu qui n’a pas de services municipaux dédiés, ce qui ne l’em pêche pas, avec la collaboration du cabinet de la maire et du Centre communal d’action sociale, de met tre sur pied des dispositifs précis pour les sans-abri et pour les migrants. Peut-être est-ce sa façon de remercier ceux qui lui ont tendu la main par le passé : “Je connais bien les problèmes que rencontrent les personnes dont je m’occupe au sein de ma délégation” , dit-il, un peu comme un “pair-aidant”. Sous son impulsion, il permet depuis quelques mois aux S.D.F. de Besan çon d’obtenir des repas chauds sept jours sur sept et non plus cinq, per met aux femmes en difficulté de leur éviter la précarité menstruelle, a encore permis à des S.D.F. de loger dans des appartements avec leurs
“Je connais bien les
problèmes car diaques, puis le Covid, est un per sonnage aty pique. Il détonne dans la vie poli tique locale. Son parcours mérite que l’on s’inté resse à lui. Il per met, sans doute, de comprendre pourquoi il parle avec ses tripes
problèmes que rencontrent les personnes dont je m’occupe.”
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