La Presse Bisontine 235 - Janvier 2022

12 Besançon

La Presse Bisontine n°235 - Janvier 2022

EMPLOI

7 ou 10 départs en deux ans G.B.M. recherche mécaniciens désespérément

Alors qu’elle propose des conditions de travail optimales avec un bâtiment flam- bant neuf, Grand Besançon Métropole peine à recruter des mécaniciens. La faute à des rémunérations beaucoup trop basses avancent agents et syndicats.

5 millions d’euros investis dans les nouveaux ateliers il y a deux ans avenue Cle- menceau, et bientôt plus personne pour travailler dedans ? C’est ce que craignent agents et syndicats qui ne cachent plus leur ras-le-bol. Selon le syndicat C.F.T.C., dix d’entre eux ont cla- qué leur démission ces deux der- nières années, sur 25 mécanos que compte le parc auto logistique du centre technique municipal. Un chiffre que rectifie la direction générale des services de G.B.M. “Au cours des deux dernières années, nous avons connu 7 départs. Dans le même temps, nous avons procédé à 5 recrute- ments. L’une des 5 personnes recrutées vient de démissionner. Le déficit est donc aujourd’hui de 3 postes. Des procédures sont en cours pour recruter sur ces 3 postes” précise-t-elle. Une hémorragie que rien ne sem- ble arrêter, pas même les annonces et autres banderoles

Les ateliers du centre technique municipal sont flambant neufs.

C.F.T.C., “on assiste à un lent délitement de la collectivité.” Comme les mécaniciens, 28 métiers seraient actuellement en tension au sein de G.B.M. Avec ces effectifs en berne, de nombreuxmécaniciens estiment que les ateliers ne sont plus en mesure d’assumer l’entretien des 1 000 engins roulants (camions, tracteurs, bennes à ordures…) et 500 engins deux temps (tondeuses, débroussail- leuses…) que la collectivité assure en régie directe. Ces mêmes agents se disent dés- emparés et surtout ne s’estiment pas soutenus. “On n’a aucun espoir d’évolution. Récemment, quand le S.M.I.C. a augmenté, je me suis retrouvé en dessous du S.M.I.C. sur ma fiche de paie car nos rémunérations ne sont pas indexées sur le salaire mini- mal, il a fallu que la collectivité ajoute une prime pour que j’at- teigne le niveau du S.M.I.C.” se désole ce mécanicien. “Moi, on

affichées sur les bâtiments annonçant les recrutements. En cause selon les agents, des rému- nérations beaucoup trop faibles par rapport au savoir-faire tech- nique de ces agents. 1 250 euros par mois, c’est à ce prix que les mécaniciens de catégorie C sont engagés. “Il y a bien des jeunes qui répondent aux annonces,mais quand on leur annonce le salaire d’embauche, ils se sauvent en courant” note un de ces agents. Trois d’entre eux seraient partis récemment côté suisse, d’autres ont rejoint des entreprises pri- vées, “où ils gagnent tout de suite

catégorieCde la fonctionpublique, qui prendra effet au 1 er janvier. Auniveau local, les élus souhaitent accompagner ce mouvement en revalorisant une nouvelle fois les régimes indemnitaires les moins élevés (depuis 2017, nos trois col- lectivités (N.D.L.R. :Ville, G.B.M. et C.C.A.S.) aont déjà revalorisé leurs régimes indemnitaires pour un coût de plus d’1 million d’eu- ros en année pleine). Un travail est en cours à ce sujet dans le cadre de la construction du bud- get primitif 2022” répond la direction générale des services de G.B.M. n J.-F.H.

y a une grille indiciaire. Mais il faut absolument queG.B.M. revoie son régime indemnitaire au risque de voir tous les bas salaires partir” prévient cet autre mécanicien. Sur les mécaniciens qui restent, plusieurs cherchent un travail ailleurs. L’un d’entre eux avait unentretien cette semaine auprès d’un autre employeur. Des dis- cussions ont pourtant été ouvertes avec la direction générale consciente du problème. Selon elle, d’abord, “des discussions entre le gouvernement et les orga- nisations syndicales ont permis d’aboutir à une décision d’évolu- tion des grilles indiciaires de la

m’a clairement fait comprendre que si je n’étais pas content, je pouvais aller chercher du travail ailleurs.C’est désolant…” déplore cet autre agent. “Et à moi, on m’a répondu que si je voulais gagner plus, je n’avais qu’à jouer au loto !” Tous pourtant disent aimer leur métier et l’exercer avec passion. “Avec les prix qui augmentent, nous ne pouvons plus suivre…” dit cet autre agent qui a comparé sa rémunération avec celle d’au- tres collectivités locales. Si la grille indiciaire et la même, le régime indemnitaire est bien dif- férent. “On a bien conscience qu’il

300 ou 400 euros de plus par mois.” Le dernier méca- nicien arrivé ici est parti au bout de six mois. Le plus ancien n’est là que depuis trois ans et demi. Selon Jacques Desoche, représentant

“On n’a aucun espoir d’évolution” se désole ce mécanicien.

À Viotte, les agents essuient toujours les plâtres Pas d’eau chaude à certains endroits et des fenêtres qui ne s’ouvrent pas. Étonnant pour un bâtiment flambant neuf… PÔLE VIOTTE Les 800 agents vont de surprises en surprises

Des fissures dans le parking souterrain, lequel devra sup- porter un immeuble de logements. Ces fenêtres qui ne s’ouvrent pas… sans compter les tuyaux de chauffage qui obstruent le passage.

situées dans le patio du bâti- ment A2-A3 ont grillé avec la chaleur. Dans les bureaux, cer- tains agents ne peuvent pas ouvrir les fenêtres. “Ça fait pri- son” témoigne l’un d’eux. Tous ne sont pas déçus d’être ici mais tous avouent que le déménagement fut trop préci- pité. “On travaille avec le bruit des perceuses parce que tout n’est pas fini ou parce qu’il faut corriger une erreur” nous explique un homme. Du côté des citoyens qui doivent se déplacer pour venir déposer un dossier lié à l’inspection du tra- vail, à l’agriculture, à l’environ- nement, c’est un peu l’enfer. Le Pôle Viotte, c’est fort Knox. Les syndicats notent que le Préfet du Doubs a entendu leurs demandes concernant ces soucis du quotidien. Quant à la question du parking, c’est toujours le même sujet. La navette qui conduisait les agents de Viotte au parking gratuit de la rue de Trey ne fonctionnera plus en février prochain, faute de candidats. Pour se stationner, les agents utilisent le système D comme les parkings des Gla- cis… ce qui agace les commer- çants de Battant puisque la rotation sur ce parking - encore gratuit - ne se fait plus. Reste la solution du futur parking Pomona quand le recours judi- ciaire sera levé. n E.Ch.

“O n est en droit de s’interroger quand autant d’argent est investi dans un bâtiment et que les finitions sont réalisées à la mousse polyuré- thane.” Julien Deléglise n’est pas un technicien du bâtiment mais un agent des services de l’État - syndiqué - agacé par les “malfaçons” d’un bâtiment annoncé comme avant-gardiste. Il aura coûté plus de 60 millions d’euros pour environ 12 000 réserves retenues. L’État débourse 300 000 euros par mois de loyers pour y loger ses 800

qui arrive seulement à 14 °C au niveau du bâtiment de l’Agence régionale de santé et de la Direc- tion départementale de l’emploi, du travail des solidarités. Dans le bureau de cet agent qui fait front aux voies ferrées, les fils électriques des stores pen- dent à 2 mètres de hauteur : “Ils ne sont pas reliés car l’en- treprise chargée de les installer ne veut pas percer dans le coffret, sinon la garantie décennale tombe.” Conséquence : impos- sible de se protéger du soleil. C’est l’hiver direz-vous… Cet été, les magnifiques plantes

agents. “Savoir si des économies ont été réalisées ici en regroupant les services, on l’ignore, mais nous comptons poser la question d’ici peu” témoigne François De Pasqualin, du syndicat U.N.S.A. Cet exemple de mousse poly- uréthane venue remplacer un joint thermique oublié est une broutille au regard des mésa- ventures apparues dans ce bâti- ment neuf. Outre ce camion de 20 tonnes qui doit passer tous les deux jours pour remplir en granulés l’immense chaudière (le local de stockage se révèle trop petit), il y a cette eau chaude

Syndicalistes, François De Pasqualin et Julien Deléglise, défendent les intérêts des agents.

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